Cœurs Vaillants 1941

Lo gronde salle des fêtes du Collège de N ..., tenu aux JndcG par lce Pères Jé~uitca, était cc ooir-lù pleine à craquer. On y passait un film passionnant et, s i Io snlle clle-m~me ae trouvait plongée duns l'obscuri.é, il émanait assez de clarté de l'écran pour qu'on pu:3se à la longue J ia· corner les visogco, tous rcnduo vers Je même point et y lire le reflet d es sentiments qu i fai .. soient battre Je oœur dc9 collégiens. _Il y avoit lù tous les é!èvcs cruholiquc9 du Collège et eux seuls. cor, dans cc pCJys mystérieux oux castes furo uohcs, les t randcs familles hindoues ne con– fiaient icurs eniunts oux Pères qu'à la condition expresse qu'il ne leur serait jamais parlé de r eligion... Et k film pt"ojcté aujourd'hui au col· lè~c mettait moanifiqucmcnt en scène la vie de Notre Scir,ncur J é!:lus-Christ. Quand on en fut arrivé aux sanglanu épisodes de Io Passion, le oilcncc se fit plus grave encore dans Io solle : occrocllé à Io colonne de Ja fla~ 1!cllntion, le Chriat, dépouillé de aeo vêtement; et poings l'és, c;c tordait de i.louleur sous les coups de fouets des bourreaux et cette atroce vision fo6cinait les jeunes gens, dont on eut dit que le soulfie même s'arrêtait... C'est ulors qu'au food de la salle, brusG"uc– mcnt, jaillit un énlat de rire qui fit sursauter tout le monde. - Que se pasoe.-t-il ? interrogea rapidement à voix bas!ie le P. A ndré en se penchant vcro l'un dos survcillonts, ploc6 à aa !Jauche. - J e ne :;ois poa encore, Père, répondit celui .. ci... Il me semble reconnaître là , prèo de 1o cabine du cmcmo, le jeun_c Gopol, qui parait pria de fou-rlre. Je voio voar... - N on, Jaiosez-moi faire... je voiG m'occuper de Gopol. Il est dons ma closoc... Un iostant plue tord, Je Père André ac penchait sur un jeune ;li:uçon de 11 ù 12 ons qui s'effor· çcit de maitriser un violent fou-rire. - Gapul 1 L'enfanc tressaillit : Père ? Que foie-tu ici ? Ce n'est pas ta place 1 C'est vrai, Père. reconnut le petit que le ton / t·rc d'e...pace Gr.pal oalOIJGit d toute atlu1·< ... du ~1ii:;sionnoirc im.. presoionnait et rame• nait eu calme... Je ne suis pas de ta reli .. ition : maio j 'oi voulu voir c:e film dont mco comarades parlaient tant et je me suis ~lissé là tout à l'beu· re son9 être vu... - E t tout cela pour te moquer d'eux 60n!l doute ? Pourquoi ce rire ? L'enfant leva vero le Père se.a ycu:1: ooiro brillants et limpides : - Maie, Père, e,t.. il po::;siblc Ct"D'an hom– me juote poisse ja.. moio être battu corn.. me cela ? Tu oo.io bien que c' est fou et c'cot 1 pour cela que j'ai r i... - En tout cos, ton rire é:oit bien mol olocé ot, pour la pre– mière foie, je sufo méconteat de toi••• Viens avec moi haro de Io oalle. Conot erné de l'effet produit par Gon attitude et uo peu penaud, Gopal 5uivit sans bruit Je Père A ndré, qu' il rattrapa dans la cour : - f'èrc, demnnda-t.. il d'un ton hbiront, es-tu toujours fûchô contre moi ? L e Père André plongea oon regard dano celui de l'enfant hindou : - Non, Gopol, parce que tu n'as pas comprio Io portêc de ton gest e... Voyons, écoute·moi.... Tu as un ami ou coltègc ? - Oui, Père, tu le connais b 0 icn, ~'est Kittou... - Bien. Suppose, Gopnl, Qu un Jour on soit en troin de t e bnttre ; que dirais-tu si ton ami Kittou se mctt~it à l'ire devant cc spectacle ? Gopnl frémit .et se redressa ovec fierté : - Muis, Père, il est impossible que je sois jamais battu. Tu sais bien que je ouis un brnhme, et personne n'oserait porter Io m3in sur moi... - J'ai dit, Copal : suppose que cehi AC pro– duise... Eh bien, sache donc que cc Jésus que tu voyais tout ù l 'heure bnttu si durement est mon Ami, li moi, mon plr1s cher et 1>lus ~rand Ami , que j'a ime beaucoup. A couse de celo, tu ne dois pns rire de ses souffrancco•.. - A lors, Père, je te demande pardon ; je ne savais ;rns qu'il était ton Ami... Le Père A ndré fit quC'lques pas en silence . puis murmura, comme se parlnnt ù lui-même : - Et Lui aussi pourtant était un Jus· e : mais il n'n pas reculé devant le souffrnnce et le déshonneur... Père, · interrogea timidement Copal, pourquoi donc ne miai;-tu jamais parlé de Lui ? C'eot que, C opal, seuls peuvent le cor.nnitrc ceux C.'UÎ le désirent du fond du cœur et sont prêts à tout souffrir - même les coupo - par amour pour Lui. Moi!J je r.uis te dire cependant qur. j e Lui parle souvent de toi... Et comme l'enfant resteit rêveur, le Père André, lui indiquant Io cour où d'autres jeunes Hindous se réunissaient : - Va vite reioindre tee camarades, Gopnl ; l'incident du cinéma est oublié. Quelques scrnoinca plus tard, de courtes vacon& c!:s nltnicnt s'achever. Il fallait profiter de ces beaux jouro. Montés sur de beau" chevaux ric~1e· ment eap:iroçonnés appartenant au père de Gopal et Guivis de Bormao, chargé de veîller sur eux, Gopal et I<ittou reveno:cnt d'une folle ron.Jonnêe à travers bois et champs. Lancé9 comme des fouc;, ils ova:cnt aalopé à perdre haleine, ivres d'espace et de liberté. Vers le Goir, lassés de lc-urs cournes, tondis que Bcirmoo les devançait pour leur préparer un !ieu où faire halte er ee restaurer, Gopat et Kittou se trouvèrent à proximité d'un petit village pnuvre– ment bôti et dont les huttes étc ient recouvcr~es de chaume. Le village paraissait désert. - Tout semble mort ici, remorqua Kittou, comme ils attci~naient leG premières huttes. Gopnl jeta uo regard circulaire sur l'endroit. - La malad~e s'est abattue our le village, dit-il. - Oui, confirma Kittou, c'est le choléra ; oo l'o dit à la maison. Les chevaux a' ébrouèrent nerveusement. - Brrr t... lança Kittou, ce n'cat pas drôle de rcoter ici... AUons-~ouo en. 11 mit sen cheval au galop en demapdant : - Gopol, tu v iens ? Maïa n'entendant aucune réponoe, il arrêta sa monture et se retourna pour rester bouche bée devant l'attitude de ooc. Gmi. Au centre du v illage se trouvait un puito et. adossés à ta margelle de cc puits, ac tenaient côte à cO~e dcu'X enfanta à peine recouverte d'un lambeau d'étofie autour dee reins. deux enfante que Kittou n'avait pas vuo au passage et dont la maigreur cd :Jit Io misère et la foim... Or Copal, le fier Gopal avait fait halte à Io hauteur de ces petits et, pensif, les rcgarda~t du haut de son cheval••• - Eh bien, Gopal, cppelo Kittou. Comme tiré d'un rêve, G opnl !)ursauta, puis des· ccndit de sa monture. - Mois ta ea fou 1 cria Kittou en se rappro .. chant du groupe et se tenant à distance re~pec· tueu5c. Y penses-tu, toi, un brahme P Gopol lui fit signe de se taire : - Je t'expliqu eroi tout B l'heure, Kittou. Et o'adrensnnt ou petit garçon Qui Je regardait venir, craintif, Gopal demanda - Comment t'appelles-tu ? - Nathoo. - Quel ûgc ao-tu ? - Neuf one. ES, ceci est pour vous. u Quand on a fait ensemble une a scension aussi magnifique que la nôtre, an ne peut pas se séparer comme cela.•• o , C'est cc que vous disait l'Alpinlsto dans son énigmatique billet du numéro de Paques. Et je crois bien qu'il vous prépare une de ces surprises... fmais chut! je n'ai pos le droit d'en dire plus•••). Par contre, voici de sa part une consigne précise. Pour garder toujours le souvenir de notre ascension, chaque groi;pe fabriquer!' cette snmaine, en papiers de couleurs différentes, le panneau ci-contre qui résume no!l activités du trimestre. L'affichage de cc panneau aux murs du local donnera llcu à une petite fêto qui clôturera triomphalcmc11t notre ascension. oë9 - Paq~ 1.941 fn sui1Jo111t le.. <;}Uide, nous avo11s "tt:vis ci coHqi. .ie.rù" le. bol'l9eur JANVIER FEVRIER MARS LI~is ii fou~ l<.sCV. e.t AV nous oll~ t.Ot 'ldu.tt 900.000 famille.s '/t.r..\ le. bonbe.ur ;' etc est 411•51 91.te "< notrt. '1ai llo"c.<!. d noire c~ari-ti,11aus ovon6 t.. dVCllillt'. <i re.bâf1r ln.fr.anc:e.. Ce panneau aura 2 m ètres de long sur 1 mètre de haut. Vous ferez: les 2 bandes (haut et bos l en papier jaune. Le corré d e gauche sera en bleu foncé pour le hout et bleu clair pour la montagne, celui du milieu restero b lanc e t te dernier sera rouge de deux tons : foncé et clair. L'affiche y sera collée grondeur naturelle. Il faudra compléter les indications des deux derniers panneaux en y ajoutant ce que vous avez fait pour votre compagne de cha– rité e t le nombre d'affiches portées par vot re groupe. Je me suis approch é d e Fra n cis qui écrivait des clroses mystérienses sur un petit carnet. Silen cieux comme lloutak i, j e m e suis approché, et j'ai lu : 27 ma·rs, première réunion de man équipe : Présents : P ie rre, Pa ul, .Jules, André et son frèr e Sosthène. On a seulement lu un e histoire, et puis on a b~ ti la caba ne. Ç:i a très bien marché, sauf que la ce.ha ne s'es t é croulée. Ma is les ga rs ont tous dit qu'ils reviendra ient. Idées pour la prochaine réunion (6 avril) : Ne pas d emander tout de suit e à m es gars des ch o ses trop comp liquées. Il~ ne rcY' endraicnt peut-ètre plus. Me contenter de les fé liciter d'être tous là (s'ils y sont !) et les faire jo!.ler tou t de suit e. Comme on ne sera pas ncmhreux , il faudra j ou er à des jeux tranq nilles : J acques a dit, Pierre appelle Pa u l, le p ortra it... Puis, une partie d e chat perché pour se remuer un peu. Après, j e leur montrerai le jou rn a l, comme Ja dernière fo is, seu !ement au lieu de leur li re uniquemen t ll ne hi stoire d'aventures, je leur monti·erai Jean- François et j e leu r dirai qui il est. I l y en a bien un qui me dem a ndera alor s ce qu e c'est que les Cœurs Vai Jants. Alors je sortirai d e m a p och e : " A tous les ga r s qui ont du cran " et j e leur expliqu erai... ...(Pas tout , ça serait trop long. Je leur dirai seu– lement : Les Cœurs Vaillants, c'est d es gars qui ve11- lent auant tout être des chics i lj pes, joyeux, ayan t d 11 cran, cherchant to11jours à fa ire plaisir aux autres pour refaire une France plus belle et transformer l e mon de). Si on m e demande combien ils sont, j e d'rai : plus ieurs centa ines de mille. Avec les Ames Vaillan– tes, leurs sœurs, cela fait 1 mi llion. J 'e spère bien qu'il y en a ura un qui demandera : est-ce ql!'on ne pourrait pas ·en être '? Sinon, je ieur d ·rai moi-m ême : « Dites.- donc, les gars, si on fondait une équipe C. V. P ». Et comme j 'a imera is mieux q u'ils le trouvent t out seul s, j e vais aller de– mander à la Sai n ' e Vierge et à leurs Anges ga rdiens de leur souffler ça. ...Toujours silencieux comme Boutalâ , m ais bien content , tandis que Bou– taki, lui, d oit rager de uoir d es choses pareilles (Boulaki, c'est l e grappin, c'est Mé phisto, c'est le d iable, quoi /) j e s11is parti en m e fr otta nt les mains et je me suis dit : " Voilà une ch ic équipe quï démarre. J e voudrais qu'il y en ait des m il- liers comme ça "· Jean VAllLlAN"IJ'. - Que foi&·tu donc ici ? Où sont teo parents ? L'enfant Gecoua sa chevelure : - Us sont morts, dit-il... T ous '.ci oont morts... La maladie est t ombée sur le village et je reste ocul, avec mu jeune sœur qul est aveugle. - Mois que faieaicnt teo parents ? - Ils étaient des Téli!I (des presseurs d'huile) la m::ilndie les a emmenés en même temps. .......... Que vas ..tu devenir ? - Ma mère m'a dit O''Dnt de mourir d'aller la ville, là-bns, vern l'Est, chez les homme9 blonctJ qui reçoivent . Jc9 abandonnés... mais nous n'avons rien il manger et pas d'argent. Gopal fouilla dans sa ceinture et en tira une poiJ!née d'ann~s (monnaie hindoue) . - T iens, dit-il, preJlds cela ; tu auru assez pour t e nourrir avec to sœur jusqu'à cc qruc tu soies chez les hommes blancs. Vn jusqu'au viJJ.agc d'à côté ncheter du riz... mois ne dis pas que c'ec;t moi qui t'ai donné l'argent... Et tandis que le petit, émerveillé devant so bonne fortune, se jetait le front à terre pour remercier son bienfaiteur, Copal, sautant è cheval, se lonça à fond de train hors du village•., Kittou eut pC'Îne à le rattraper : Ah ! ça, m'expliqueras-tu ? demaod1 K;t. tou. Tu es fou... A ller te frotter à des T élis !... G opol tOU'.'"nn. vers Kittou un visage rayonnant : - E route, Kittou, je vais te dire mon secret, mois promets-moi de ne le d:re à oersonae. Encore irrité, Kittou fit pourtant un geste d'assentiment : - Bien sûr, puisque je suis ton emi... Gopnl mit eon che val ù ln hauteur de celui de Kittou et les bêtes marchèrent côte à côte : « - Tu "te souviens, commença Gopal, de « mon histoire ou cinéma du CoHê~e. l'e jour où « j'ai éc!a•é de rire pendant l e film ? Le Père « André m'avait expliqué G"Ue ce film racontait <l la vie de son grand ami... Depuis lo--s, plu- sieur~ fois je lui en ai parlé, mais Je Père re– fusait de me la ta·re connaître : « - Je ne puis en parler, disoit.. iJ, qu'à ceux « qui le veulent vraiment - et je ne puii:; le « foire pour toi eoas que tes parents le per– « mettent... « - Bien sûr, Père, mois il ne s'a~it pas pour « moi de chnnger de rergion... Je crois que mes « parents me tueraient plutôt que de me voir « devenir chrétien... je voudra;s seulement con– « naître mieux Io vie éie ton ami... « Finolement, sur mes instances, le Père me « raconte la vie de J ésus. Il me dit combien « il était juste et bo-n... comme Il a·mait leo « pe:its, les pauvres, les humbles, Je!; enfants... « comme li gué ..issoit les malades et enseignait « ù tous de s'aimer... Il faisait . des prodiges... « mois le plus grand, à mon sens. ce fut, lui le plus jus..e des Brahmes, de se laisser an-ê– '< ter, battre et insulter et enfin mettre à M'lrt « pour sauver les hommes. Le Père me dit en· « cnre que ce J ésus ava=t pensé à moi en mou– « rant et qu'll m'aimait sans q'Ue je le côn· ~ naisse. Un iour, j'étais monté sur un tas de « ~erres près des murs de la chopel1e et je re.. « ·~ord::iis par le fenêtre. l..e Père André m'a vu: « - Que fais ..tu là, Gopol, me demanda· .. j]. « - Père, ai-je répondu, je suis venn voir · ton « Ami, ou du moins son irriagc, sa statue. Quand « tu le ve--rns. dis~Lui oue je l'eim6l moi oussi. « - C'est promis, Copal... « J e me sent is alor~ tout heureux c" mm.. io· ~ mois je ne l'avais été, même avec toi, Ki•tou « - et il ne faut pas m'en vruloir - et je fus « convaincu oue moi aussi, un jéur, je verrais « l'A mi du Père..• « Auss ', tout à l'heure, continua G opal après « un momen~ de oqen~e. quand j'ai vu cei:: deux « pouv-e(! pet i..s Télis prèl'.i du puits, il m'a « semblé que ce Jésus lui..même m~ les envoyait « pour leur faire du bien, qu'l) me délé4uait « à su place pour cela..• et c'est pourquoi je me « suis approché d'eux... l\f oio pcroonne ne !e « Goura que toi, Kittou... c'est [)'!"nmis ? - Oui, Gopal, c'est prom is. l\:faia ne recom– mence pa s ces foJieG ou tu te •ieroig sérieuGc– meot punir... Voici Barmno qui revient ~·erG nous. Dépêcboao-noue, il oe fait tard... Et l es deux petito brabmes Ge laocèreot au ga– lop au-devant de Barmao. i.!l Au Collè~e de N ..., dcpu'.s huit jouro, Io rcn· trée est faite et le tr(lvail o reprio avec ordeur.. ~ Mais cc malin-là, le Père André remorque que Gopal , manque à l'• ppel. Il étni! déjà sbaeat toute Io journée précédente e t Kittou. interrogé, n'en savait pos la raison. Il devait s'informer du sort de son ami en passant chez lui... L e voici qui pnroit à l'entrée ~e Io cour .., Le Père, vivement, s'eat avnncé vere lui : - Eh bien ! Kittou, dcmondc-t-il d'ooc voix un peu inquiète, que devient ton ami Gopol ? Mais Kittou lève vers le Père un vis:J:ge b'Ja )e.. versé, tandis que sa voix s'altère, tremblante - Père, Gopol ne viendra pluo jamois au Col- lège mnintenent..• L e Père p ôlit : - Plus jamais ? que a'cst-iJ donc pese.é ? <t - Hier rnntin, Gopol s'est sent i malade... « Ses parents ont appe~é le médecin... C,était !e « cholérn... très vite dans Io journée, moio su r .. « tout cette nuit, !'état de Gopol s'est aggravé... « Ce matin, ou petit jour, il délirait et oppe.. « )ait « son $.?rond Ami... l) Ses porcnto m'ont « envoyé chercher : <t - C'est moi, Kittou. ton ami, ai..jc dit en « m'aoprochant de lui. Mois Gopel a secoué la « tête en sour iant : <e - Non, pas Kittou, a·t· =t murmuré, mais le « grand A mi dont le Père m'a par lé... Je veux « le voir... <r Et presque aussitôt, il est mot't tout douce.. ment... Ah... Père, pourquoi m'n·t .. il quitté ? Et Kittou se jeta tout en lermes dons les brn& oue le Père André venait de lui ouvrir·. tondi9 oue des larmes coulaient aussi sur oes joues. - Vu, Kittou, sois fort, m urmura le Père A.o .. dré, Gopal est parti vers un Ami, le plus beau de tous, qui, parce qu'il le désirait et l'aimait de tout ibn cceur; l'aura GÛrement accucifü avec ioiP. Là·haut, il ne t 1 oubliero pas•.. Ki~tou, un lon~ moment demeure~ silencieux, puis GB voix s'élève eupptioot:e : - Tu m'apprendras, Père, à le connoîtrc1 moi aua, i, ce nouvel Ami de Copal. Je te le prometa Kittou. En attendoat, viens, nous allons Le prier déjà touG les deux... X> Bt, dans le brouhaha de Io cour où les autre• garçons - encore ignorents du départ de Gopu! - eontinu6ient leuro jeux ardents. le Pè..c At:idré récita a mi-voix devont Kluou oui Tépétoit mf)t à mot sa 'P•ière : « NOT1'!E ·PERE. QUI ETES AUX CIEUX... » HERBE. A propos des histoires de cc numéro. Le secret de Gopol. - uond il meurt, Goool n'a pas pu être baptisé, pourquoi le Père dit -il quand même qu'il est eu Cie! ' la fontast iqu0 ave1>&.ir0 d'un gars de 12 ans. - Quelles sont les () choses q u i prou– vent oue Frcncis o bien combiné so 2• réunion d'équipe? Qui saura les trouver ? Jean-François, ehell d'équioe. - Comment peut-on retrouver, en · communia nt , ceu ,. dont on est séparés ? Commerit peut-on vhrre sa Messe ? * A propos des consignes du M aréchal. Pourquoi le Maréchal o - t- il demandé au · Mouvements de Jeunesse d'afficher leurs jour– naux ? - Quel est not re idéel ? Il n'y avait pas à chercher outre chose: il fallait aborder !... Lo p irogue ovo1t bu té contre un nocif et cornmençoit à taire eau de toutes ports. A ndré Dovril pest ait contre cet incident malheureux. 1 Que dirait son père, qui deva it déjà se rnontrer inqu iet qu'il ne f ut pas de retour ?... Quant à Bokoté, le fidèle Ban tou, t out son s.ouci se limitait à Io m onœuvre, pour touche:– terre sans anicroche. De nombreux ilots parsemo!ent le cours de l'Oubongu1 oui, pour l'instant en crue, rou lait des eaux torrentueuses et sa:es, d 'un jaune troubic que l 'ardent soleil du Congo ne par – venait p a s à illum.ner. C'étaient des terres dêscr tes, recouvertes d 'une luxuriant.a véqé· totron sons cesse a ccrue pa r les épa ves du fleuve, envohies de verdure. - Attention, Bokoté 1 .. Mois non, tout allait bien 1... Et enfin, Jo pirogue s"échouo entre des racines de poletu – v iers. André D ovr il et le nègre sautèrent à t erre lestemen t. C'éta it un rivage étroit, top1ssé d 'un sable mou; aussitôt, le bois commençait . Ils ha:èrent Io p irogue jusqu'à la lisiè re de celui-ci, désireux d"obord de se mettre à l'om– bre. Pu is, Io retourne nt, ils s'employèren t 0 exam iner les dégâts. - Ce!o ne sera rien, dccloro André Dovril, et s1 nous n 'étions déjà en retard pour rentrer a Fort-d e- Passel, l'incident serait sans imper .. t ance. V ite, ou travail, et va chercher du bois ! Bokoté ne se fit point répét er l'invite et , bientôt, muni d'un sobre d 'obot is et d "une petite hachette, il s'engagea dans le bois. Tout él o it désert et silencieux-. On ne percevait que le grondement du f leuve. Resté seul, André Dovril se prit à réfléchir. 11 ovai t d1x-seot ans. fils de colon fronçais. b:enfôt planteur lui-même. 11 rent rait à Fort– dc· Poss<0I, à la lim.tc de !'Oubangui-Chari. après s'être rendu à Chari •pour y traiter d 'of – taircs. M ais Io crue du f leuve l'avait retardé à l'a ller comme ou retour, et il lui tardait de regagner Io plontotion paternelle. Dons trois heures, nous pourrons repar– tir ! monologuo- t - il En ottendont... •. En attendant le retour de son f idèle Bantou . il se rn1t en devoir de déballer quelques pro– v1s1ons, C"I il cassait a Io croû te 11 a vec ardeur lorsque celui-ci reporu.t.. Bokoté roppor to1t ,,..du JEP..N--FRANÇOIS CBEF- D 1 tQUIPE A u milieu du grand silence qui règne sur Io petite chombre, Jésus est descendu dons le cœur de Louis. Maintenant, le prêtre, qui a bcrn .me dernière fois le oetit malade, se ret ire=. su ivi du papa et de la maman.. Très pôle. Louis n'a pas fait un mouvement. Il a les yeux fermés, mois une sort e de poix es! descendue sur son visoqe que fixent intensé· ment M arcel et Jean-François. Tout à coup , le petit gars ouvre les veux, de la main il fait ~orales, Jean- François et Marcel mettent leurs cqu1p1ers ou courant de l'état de Louis ; il fout entrer maintenant, Io messe va commen – cer... Les Cœurs Vo.llonts ont gagné leur place. Lo messe se déroule. ardemment vécue par les petits çiors qui, jamais, n'ont compris ove-: auta nt de force Io port que Jésus leur do,.,ne èJ son sacrif ice Voici l'instant de Io Commu– n ion. Jeon-Fronçoi~. oui fixe !'Hostie élevP.e bois et aut;e chose aussi d'assez imprévu dans cette île déserte. Qu"est-ce que c'est que ·ça ?... Y en a fil de fer, m iss:é. Moi l'ai arraché pour ne pas m 'écorcher... servir, peut-être ... - Hum !... Fois voir !... Un pli soucieux barrait garçon. Il f it une moue. inattendue le surprenait et qui varlle ! .. - Du f il de fer barbelé ci ? l'île ne serait pas aussi ~esert l 'air? Où os- tu t rouvé cel ? - Y en o tout plein m auva ises épines des - A llons voir. Le.s., deux hommes, l'un guidant l'outre, s'en– g agèrent dans le bois. Ils n'eurent pos à aller b ien loin pour découvrir une enceinte de barbelés. - 11 ne manque qu'un écriteau Chasse qordée ou Proorié té privée » 1 ironisa A ndré Davril. • Ma is il n'ét ait pas a u bout de ses surprises. 1/ s'en souviendrait, de cette ile soi-disant désert e !.. Il suivit une p iste soigneusement entretenue et ' parvint bientét devant un petit bât iment , - bas et lo ng, qui lui arracha lin cri de st u – peur. Cela res!,embloit à une serre. Entre des oorton ts de bois s'encastraient des vitres soles. 11 y ploqua le visage. et d'oba.-d ne vit rien. C'é Lait vague et confu s... Pourtant, son regard s'accoutumait à la pl?nombre émeraude q ui régnait serre étrange. 11 crut d istinguer bizarres, de couleur sombre, don t se tordaient comrne sous une brise - Le m ieux est d'y aller vo ir !. dans cette des f leurs les pétales art if icielle André Dovril airnait l'action. Par ~urcroit, il n' avait peur de rien 11 ouvrit Io porte, qui céda .sons difficultés, close oor un simple loquet. l i f it deux pas, et c"est o lors qu'il recula, heurtant Je Bantou derrière lui. - Y en o~ vilaine bete ! d it le nègre. Il l'avait déjà écrasée. à l'aide d 'une grosse pierre. C'était une immonde ara;gnée. Mois vo1c1 que d'autres surg issa ient, véloces, grouil- un signe.. Sur la oointe des pieds, Jeon– Fronçois et /llorcel s'approchen t du lit, les voici tout près Un loni::i moment, sans rien dire, ' cuis reoorde rnn chef d 'équipe, p uis il saisit Io mo.n toute proche de Io sienne et tandis qu'il la ~erre lonçiuement. un sour;re p asse sur ses lèvres... Eou isé par cet effort , le pet it gars o refermé les yeux IJ n'a rien d it , mais Jeon– Fronçois, lui, o tout co'TI:oris. Quel que soit le · sacri fice que lui demandera Jésus, il soit main- p ar le prêt re, tressaille s udain : là, à Io table so inté, cet te haute sdhouette qui vient de s'ogenou.ller, le chef d'équioe Io reconnaitrait ent re mille le pQj a de Raoul o entendu l'appel porté oor l'aÙ iche des Cœurs Vaillants, le p apa de Raoul, fidèle ou rendez-vous du Christ , ret rouve aujourd'hui, en faisant ses Pâques, le chemin du bonheur.. Et c"ést main– tenant, dons !'église à nouveau pleine, l'émou- !antes. il n'y avait pas de fleurs dan s cett e • serre • , ma is tous Jes aranéides les plus étranges, les plus hideux d'Afrique !... · n long frisson de dégoût, de répulsion, de terreur, porcnuru t André Dovril. Le bon Bokoté leurs efforts join ts denieuraient inu– Lo p ort e, vermoulue, s'était coincée à couse du sol humide. Et voilà que déferla ien t vers eux toutes Jes ara ignées du continen t noir, par dizoines, b ientôt par centaines !... Rien, semblait-il, ne pourrait endiguer ce f lo t d'épouvan te !... Il y e n avait d'énormes, d'au– tres plus p et it es, cer taines velues, certaines avec de• yeux rouges, Io plupart avec de lon – gues pa t tes qui se tordaient comme des pinces de crabes !... Et toujours il en surgissait, dans le soleil, de ces m onstres hideux à donner Io nausée, don t certains, à couo sûr, ét aient venimeux· !... - Au secours 1 ... Le jeune homme et son nègre battiren t en retraite, pour~uivis par les araignées !... Que foire>.. Ils eurent Io même idée et grim– pèrent à un arbre. Au p ied de celu i-ci, les bêtes immon des se grou!)èrent e t commen – cèrent leur siège. Elles grouillaient, se chevau – chaient e t . déjà certaines tentaien t de s'élancer le long du tronc ... - Une ma ison, !à-bas 1 .. dit André. Il apercevai t, en effet, parmi les feuillages, un bunga low, dont nul ne pouvait se douter qu'il put exister ou centre de cet îlot. Les moins en porte· voix, les deux robinsons de !'Oubangui se m irent à crier de plus belle - Au secours !... On les entendit . Du bungalow sortirent d'abord deux noirs. des Azondés, reconnaissables ô leur peti tè ta.lie. Puis, dons le sillooc des nains, s'élança un Européen. C'éta it un homme d'une cinquantaine d "onnées, taillé en athlète, coiffé d'un cosoue colonial et porteur de grosses lunettes. Les t rois inconnu s euren t vite at teint l'arbre au sommet duquel se t rouvaient les noufrogés assaillis pqr les a ra ignées. A la vue des mons– tres en liberté, l'homme au x lunettes laissa échapper u ne impréca t ion, gronda, la t ête levée : - Vous avez bien trav aillé !... tenant que Louis est orët, prêt à répondre OUI en vro· Cœur Vaillant... A lors, parce que les larmes l'étouff<0nt et qu' il ne veut pas p leurer devan t son ami, Jeon-Fronçois, brusquemen t , sort de Io p'èce, t ondis que résonnent ou loin les premiers coups de Io grand'messe Le long des rues toutes bruissontes de monde, Je clief d'équipe court sons rien voir . Les m inutes qu'il vient de vivre ont rempli son cœur d'émotions trop fortes pour qu'il ou1sse parler, il n 'a plu~ vante ceremorne d 'offrande de l'après-midi. Au grond complet . les Cœurs Vaillan ts sont grou – pés autour du reposoir. Déjà les chants et les mvocotions se sont succédés, chaque Commis– <·on offre mo .n tenont les effor ts réalisés pou r la campogne. voilà le tour de Jeon-François !?t de !'on éGuipe... Mo is t ondis qu'elle prononce les paroles très sim ::>!es préparées l'au tre jour ou Cons.,;; des Chefs, Io voix du petit gars Puis, en d ialecte azandé, iJ lança un ordre au x n ains. Ces derniers se m irent à courir vers le bungalow et en revinrent presque aussitôt, porteurs, chacun, d'un étr~nÇJe inst rument. Un petit cylindre pein t en rouge, qu i ressembla it à un extincteur d 'incendie... Ils le braquèren t immédia temen t sur les araignées, qui orouillèrerit de plus belle et manif estèrent une vraie p anique, ain~i que de s moust iques promis au • fly- t ox J) !... Ce fut un beau · remue- ménage, une inoubl iable vision. Ainsi, les immondes bêtes f urent-ellPs, non sons peine, et à queJoues égarées près, refou – lées jusque dans Io serre dont l'homme aux lunettes referma lui- même, solidement, Io por te. Poussant un soupir de soulagement. il revint à l'arbre d e ses hôtes imprévus. André Dovril et Bak oté, sur son injonction, se laissèrent glisser à terre, encore t remblants et se contondan t en eX'cu ses. A mesure qu'ils orogressaient dans leurs explicat ions, se f a isant pardonner leur ignorance, l'homme aux l unettes s'adoucissait. Qu and ils euren t terminé, il leu!'" dit : - C'est bon 1... Venez jusque chez moi... Dons le bungalow, ils reçurent une parfaite hospit aiité et apprirent enfin le mot d~ l'énigme : Je rn'opi:;elle Pascal DuJuc et m e livre ici à l'élevage de certaines espèces d'araignées dont j'en tends tirer un f il pour suppléer oux vers à so:e. Je n 'en suis en core qu'à une période expérimentale, m ais crois ma décou verte: digne d'a venir. Je ne suis p arvenu à disc.ipliner les aranéides que grâce à un insecticide de ma co·11posit1on, contenu dans ces cy lindres A llons ! mes A zandés vont vous a ider à réparer votre embarcation. Mais ne vou s attardez p as ici ; j'ai besoin de t ronqui;lilé et, jusqu'à nouvel ordre, de trava iller en secret. André Dovril et Bokoté, encore frissonnant< d'horreur, promirent tout ce que l'on voulut. Deux heures plus tord, ils prirent congé de Poscal' Duluc, qui les accompagna jusqu"ou rivage. Et ce n'est p as sons éprouver un intense soulagement qu'ils viren t d ispara itre à l'horizon du fleuve l" l le des Araignées, terre d'avenir peut-être, mais aussi terre d 'épouvan te, déten– trice d 'Lin des plus effarants mystères du ton– tinent noir. André Livreuses. PRÊT A TOUT•.•• qu 'un désir recevoir ce Jésus <lue Louis pos– sède dons son cœur et ~ui scro entre eux un lien vivant qu'aucune séparation •ne pourra briser .. Voici Io place . de l'église. Une ogitot1on inaccoutumée Io remplit . On se presse devant le porche tro'> pet it pour con tenir tous les arrivants. Dons un coin, un peL.1 à !' · cort, toute l'équipe est là, qui guette anxieusement l'arri– vée des deux Cœurs V aillants. En quelques s'étrangle tout d'un couo : ces sacrifices, ces efforts qu'il of fre là à Jésus pour tau~ ceux qui ont reçu l'a ffiche, ce sont ceLO<" des C.V. de la Fronce entière, ceux de la Chrétienté St - Jean, ceu x de l 'équipe... ce son t aussi ceux que Louis est en t ra m de vivre, là-bas, dans Io petite chambre où rôde l'ongoissontc menace de Io dernière heure... 1 A suivre.! Jean Bernard.

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