Cœurs Vaillants 1941

Lo colonne vie nt d e quitter Médine .. poste avancé du Haut-Sé né ga l, pour s'enfoncer à travers la brou•se ve rs les régio~s inconnue s qui s'éte nde nt e ntre le N:g er et le Sénéga l. Tirailleurs e t spahis d éfi lent e n bon ordre. Sur leur fla nc ma rche le che f blanc. De rrière ~i ,ennr.nl les indigè nes, ca:sscs et ballots sur 1t: p, '" '"'c 11 d es vivres et d es médicùments qu'ils portcn . 1 ma té riel d e campement , d os muni- tions, ; eu cc dont les ma itres ont besoin pour vivre ei s':I le faut, combattre. C 'r,,t que l'expé dit ion va avoir un'3 rude é : ·1pe à couvrir pour ex plorer le s espa ce s im– n, .>nscs compris ent re les de ux fl euves. Il fau– dra fourn ir des ma rches forcées, lutter contre Io fièvre et 10 climat malsain, contra le s fauves et les tribus barbares dont les pièce• d'é toffe et les me nus o bjets e mportés par le che f ne suffiront peut-ê tre pas à amadouer la sauva– ge rie... De leur pas balancé les porteurs ava nce nt, le visa ge luisa nt de sueur. Leurs pieds nus, dont la pla nte tannée a acquis la ré sistance et l'in– se nsi bilité du cuir, se joue nt des pie rre s et des ronces qui déchirera ient la peau t e ndre des blancs. Ils admire nt r aivemP. nt les chefs qui save nt marcher a vec ces choses •un pe u mystérieu•es et si be lles qu'on appelle des souliers... Mais aucun d'eux ne se plaint car le chef bla nc ne le souffre pas. Il veut qu'on ait du courage et qu'on lui obéisse. li a tre nte et un ans. So silhouette mince se d essi~e e n contours précis. Son visa ge un pe u osseux a des tra its nets. Trois ga lons brillent sur sa veste de to:lc. « Lui être ca pitaine Galliéni » disent les Hrailleurs. Et dans le ur bouche c ela signifie qu'il réunit l' ascend ant d e la personne et le prestige de l'officier fronçais. Parce qu'il est LUI et qu'il donne l'exemple, pa rce qu'il est just e et bo n, les noirs le suive nt ~t lui obé isse nt. Mois commo il fa ut alle r vite po ur suivre le grand blanc 1 La sueur ruisselle des fronts, La sill1oue11c du chef ,,e <l~S.'ii1l1' en ro11tor11·~ v ric1s... ..: Ltii ~/l'e "a1,1/a11ie 1,111/1<11i . . emperle les é paules nues et, sur la peau huilée, rc ulent comme de s g outtes de rcséo. Chaque fois que la colonne s'a pproche d'un village, Io capita ine d épêcho un message r et de ma nd e à parler au chef. · Par l'inte rmé dia ire do l'interprète, il l'e n– tretient du gra~d pays dont il est l'envoyé. Explique qu'il tie nt entre ses mains la guerre et la paix, qu'il préfè re la paix, ma is que , s'il Io fallait, il saurait impose r :a g ue rre. Un mot, un gest e d e sa pa rt et ks bât ons d es Fra nçais se mettront à cracher :e fe u qui tue. La pa ix d es bla ncs, c 'est Id protection contre los voisins plus puissa nts, agités ou que relleurs, contre los pilla rds. C 'est la vie assurée, bie n– tôt pout-être, l'a bonda nce. Et la paix fra nçaise, avec •es rassura ntes, ses e nrichissantes promesses, l'emporte. Des traités sont signés. La poig née de blancs quo commande le ca pitaine G a llié ni, dvoc ses t irail– 'leurs et ses spa his progre sse ef ' a s'e nfonça nt à l'intérieur ve rs le g rand fl euve qu'il faut atteindre. Il A travers la forê t sauvage eù la lumière du soleil ne pénètre que fai bleme nt, où les lian es s'e nroule nt autour des jambes et t entent d e vous ret enir, où les serpents gitent sous les broussa illes, il a fa llu lo ng uement , pénibleme nt, se frayer un passage. Mais vo:=i Dio que la colonne atteint B ns avoir été inq uiétée. C ependant, le capita ine Gallié ni n'est pas tronq uille. Il a mûreme nt pré paré l'expédition qu'il conduit. li sa it q u'il va mainte nant avoir affa ire a ux Béieris, ?OU commodes, aux Barn· baras féroces, et le grand sile nce qui règne de puis q uelq ues jours lui semble de mouv.ais aug ure. Soudain d es c ris affreux immobilisent la pe– tite troupe. Une nuée de nègres vient de sur· gir, barra nt la rout e. li e n sort de pa rlou' de partout ils se préc ipit e nt sur L:s blancs ave, la même fureur, la mê me sauv4ge volonté d'ex– te rmination. Les Français un instant s:.irpris se sont. immé– d iate ment ressaisis. Courageuse mont ils font faco, mettant e n action toute s leurs armes. Mais accablés par le nombre sans cesse renai:– sa nt des assaillants, ils sente nt petit à polit le urs forces décroitre, des blancs tombent, dos t ira illeurs sont tués... Arrachés aux mains des porte urs les bagage s sont_taillé s en pièces, em– portés par les Bambaras... La pe tite troupe .en– ce rclée va-t-elle abandonner la lutte... C e la serait peut-être si elle a va it un chef au tre que Galliéni. Le grand Fra nçais, lui, n'est pas d e ceux qui rec'ulc nt, mê me d evant un ennemi supérieur. Ralliant les survivants , da n1 u~ ma gnifique sursaut d'é nergie G a llié ni. pre– nant l'offensive s'é lance à 1., têt e d e ses hom– me s pour se tailler, parmi les sauvages, un chemin à la b4ionnette. Cet assaut inatte ndu de la part d e c eux qu'il croyait d éjà vaincus, déconcerte l'enne mi. Il lâ che prise un instant et voit les blancs s'ouvrir à tra vers ses rangs un passa ge sangla nt. Mais ~ientôt, conscient de sa supé riorité numé rique, d reprend d e plus belle ses furieuses attaques. Que va faire Galliéni 7 Bien d es homme; manquent, tous sont recrus d e fatigue. Faut-il b..ttre e n retrait e et reg4gne r Saint-Louis 7 Bea~coup l'auraie nt jugé sage, Gellié ni, lui, a de s loos personnelles auxquelles il obéit. Il sait que : « Aux yeux des indigè ne s, le parti le plus éne rgique est toujours le meilleur )). Au$sÎ dé cide-t-il de ne point abandonner sa mission e t de poursuivre son voyage. La gran– de ur, l'intérêt du pays l'ex'ge nt. Et l'expédition continue. Lame ntable exode, magnifique é popée 1 • La troupe exténuée garde ce pendant l'arme ha ute. Trainant ses blessés, ses ma lad es, e lle est ré.duite à une trentaine d e fusils. Elle doit tout en ma rchant, couvrir par d 'incessantes charges, ses arrières que l'e nne mi sans cesse 11a rcè le. Tap:s, embusqués d errière le moindre re pli du terrain, les noirs sont partout. ~D'un maigre buisson, diJ plus petit rocher, parten~ leurs coups de feu. C 'est alors qu'on peut voir combien le chef bla nc est aimé. Ind igè nes, tiraiile urs, spahis, lui font un rempart de le ur corps, préfé ra nt affron– ter Io mort plutôt que d e voir pé rir lofficier f rançais. C e penrlant, malgré t ant de co ura g e, la trou– pe se mble perdue. Il ne lui rest e que quelques c a rtouches. Mais c'est G allié ni qui la mè ne. G alliéni dont un a utre grand Français, Lyau– t ey, d ira plus tard qu'il forço la fortun e .\ ne pas tra hir sa volonté. La nuit tombe, la nuit t a nt redoutée des superstit:eux Bambaras. lis croie~+ alors voir l'air se peupler de s géann mauva is, de génies ma lfai:ants ; de guerriers cruels i!s d evie nne nt d e s e nfants peureux qui pleurent dans le noir ot qui tremble nt. Paralysés par la fr4yeur ils suspe nde nt leurs assauts ; les França is e n profitent pour gagner du t e rrain. Longeant des marigots, chemina nt à travers d es la cis monta gne ux, ils ava ncent en se gui– d a nt à la clarté des é toiles. Le jour, e n se levant, éclaire sur le versant opposé, un village. · - Approchons-nous 1 ord onne Gallié ni, je veux parlc?r a u chef. L"offic icr n'a plus po ur lu': q ue so n ëH.. t orité de bla nc , mais il va en user magistrale.men t. Avec é ne rgie, il somme les il'digènes d 'inte r– dire à l'ennemi de le po ursuivre. Sub jugués por cette froide a udace les ind i– gè nes obéissent et d éfend e nt a ux Bambar4s l'accès de leur t erritoire. A marches forcées, d e peur d'un revire ment toujo urs possible, le capita ine e ntraine ses hommes, Harassés, le pouls batfont la fi èvre, ils atteignent e nfi n le roya ume d es Toucou!eurs. C e roya ume est une mosaïque d e p euplades turbulentes ou fa,,., tiques opposéE>s entre elles mais hostiles à toute civil isation et prê t Gs à faire front commun contre :es blancs Le moind re signe de défaillance, la plus p etit e foible sse de le ur part seraie nt fota ls. Le capit aine G a lliéni e nveloppe d'un regard sa t roupe dé cimée et exté nuée. Sous l'œil du chef, les dos courbés se redressent . Une flam– mE> vie nt éclaire r les visag es creusés et mornes. Mülgré le ur fatigue , malgré le ur infortune, ils fe ront bonne fiqure devant les Toucouleurs, les ,ldats d e France. <a nt leurs dernières forces, spahis et t ira:I- L'AVENTURE FANTASTIQUE D 'UN GARS ~~""'!"'!!!!!!~~~~~~~~~~~~ DE i 2 ANS / FRANCIS fonde une 1 ~ ÉQUIPE [__ . •••••a•••••• F rancis, c'est le gars qu i ne se doutait de rien! J 'ai déjà parlé de lui il y a quelques semaines. C'est celui oui un beau soir, a senti que la Grande Aventure allait entrer dans sa vie, tout simplement parce qu'il venait de Lre : « A tous les gars qui ont du cra n )), DPpuis que F rancis a vu son en tra in de fai re le salut UNIS plus en place, il a décidé, avec portrait dans C. V. (Robert Rigot l'a dessiné en pyjama, à son réveil!) Francis ne tient l'autorisation de sa maman, de fonder une équipe C.V. Il n'y en a pas dans son pays, parce q ue Monsieur-l'abbé-qui-s'occupe-des– garçons est . pr:sonnier en Allemagne. F rancis est. un garçon malin. Il s'est dit q ue s'il expliquait tout ·de suite son affaire a ux camarades, il y en a qui se moqueraien t peut-être de lui et qui r enverraient pr ooener. (Comme c'est arr ivé à sa int Paul nuand il a voul:..i expliquer aux Athén iens qu'après notre · mort. nous ressusciterons. Mais Fran– cis n 'a pas fait la comparaison parce qu'il n'a pas lu ies aventures de saint Paul qui sont pourtant parmi les plus pass'.onnantes qui soient arri– vées). Aussi, Francis s'est contenté d'ap– peler quelques cama rades du voisina – ge à venir jouer avec lui dans le jardin. Oh ! pas n ''.mporte lesquels ! Pas Arthur qui dit des gros mots, ni J ulien qui est vraiment trop bête. Non ! rien que des gars capables de former le noyau de sa petite équipe, des types qui comprendront qu'il s'agit d 'u ne grande affaire, quoi ! Catastropfle !!! La cabane s'est ecrou/ée... Il leur a montré une cabane qu'il était en train de fin'.r au fond du jardin. Tout le monde s'est mis au travail ; à la fin, toute la bande est entrée dedans et la cabane s'est écroulée. Alors Francis a pris un air solennel et il a déclaré: cc Ça ne fait rien. Messieurs, jeudi, on la refera plus be lle 1 c'est ce>mme !a Fram:e ! Maintenant pour se reposer, je vais vous lire Wle histoire 1 > Et il a sort i « Cœurs Vaillants>> ' de sa poche, et il a lu qt:1elque chose de beau : la piste sans issue, du numéro du 23 mar s. « Ça, a lors, c'est chouette! » a dit le petit Marc, qui ne c~naissait pas encore « Cœurs Vaillants n. - (( Il 'y a tout le temps des histoires comme ça, dans mon journal )), a répondu Fran cis en r epl'ant soigneusement son numéro de « C. V. 1>. . De la maison, sa maman l'appelait. « J e vous reparlerai de tout ça la prochaine f01s n conclut-il. Pour cette première fois, la réunion d 'équipe n 'alla pas plus loin. Mais les gars étaient a ccrochés. Et main tenant, co'"'.lme Cœurs Vaillants qui prochain.a fois. on dit dans les romans, qu•arrlvera·t·il ensuite 'l voulez faire comme Francis, vous le saurez... la leurs défilent au p8s cadencé. Le rang clairse– mé d es porteurs a llonge sa maigre file. Le roi des Toucou!eurs est le sultan de Ségou: Ahmadou. L'officie r français va demander à traiter avec lui. Ahmadou a déjà ·senti peser sur ses é paules l'aut orité du gra ~d pays suze– rain, ma is il ne veut pas mé content er ses sujets. Il croit ha bile d'adopter une solution moye n– ne , d e gag ner du temps, Au lieu de recevoir le capitaine G alliéni à Sé gou, sa capitale , il le retiendra à Na ngo et entamera d es pourparlers qu'il compte faire traine r en longueur. Ma lheureusement G allié ni, dont les ba g4ges ont été pillés, arrive les mains vides. Rongé pa r la fièvre, mal nourri, il ne fero pourtant pas figure de cd ptif. C'est e n a m· bassadeur qu'il se présente ; en ambassadeur qu'il ente nd traite r au nom du grand pays qui l'a e nvoyé. . Ma is c'est en vain q u'il demandera à être reçu à Ségou, Dix mois durant, Ahmadou gardera les Fra n– çais à l~ango, se d emanda nt chaq ue matin s'il va don ner l'ordre d e les dé ca piter ou s' il lais– sera le poig nard accomplir son œ uvre dans l'ombre. Ni l'un, ni l'autre Malgré le ur dé nuement, fes blancs lui e n im r osent, on sent derrière e ux t oute la forc e , tout le prestige - de la France et pui1 il y a l'officier français qui, avec la seule flamme bleue de son regard, repousse l'arme qui rôde ... Ahmadou t e nte d es ma nœuvres sournoises destinées à sé parer le chef et les hommes. Mais c'est en vain, les soldats a iment G alliéni et veulent lui rester fid è les. En dé pit d e tout, ils l'en·~ourcnt, ils le servent et cc dévoue me nt, cette fidélité da ns le malhe ur, consolent l'of– fi cier. Aussi le sulta n a -t -il beau le considé rer comme un otage, c'est lui qui prévaut pa r l'as– cendant de sa personne et de sa volonté, et c'est lui q ui l'emporte. - J e veux fa ire la pa ix avec ton pays, d é– clare un jour Ahma dou, comprenant qu' il ne saurait mieux fo ire ni t arder davantage. ~v~~ - C 'est une volonté sage car mon pays est fort et puissant, répond Galliéni. Un t ra ité ava ntageux pour la France est pré– paré; Bambaras et Toucouleurs vont se sou· mettre. Mais Ahmadou, pris de regrets, hésite et tergiverse à nouveau, « La Fra nce est un grand pays, songe-t-il, mais ses guerriers sont loin 1 » Et la poignée de braves qui est l.li ne se trouve-t-elle pas à sa merci 7 >> Le sultan de Ségou a besoin d'avoir un peu plus peur, songe Galliéni. Alors, jouant sa de rnière chance, il menace. Lui qui est au pouvoir d u chef des Toucoule uTs signifi e à Ahmadou q u'il subira de terribles re– présailles s'il ne signe pas le traité immédia– t ement. C ette fois Ahmadou convaincu cède. La France obtie nt le protectorat du Niger, dep~is sa source jusqu'à Tombouctou. Et Gallië ni se représente le grand fleuve d evenu voie de pénétration française, le Soudan livré à l' in– fl uence de la Fra nce, ouvert à s(ln commerce, la terre cultivée qui porte ses fruits, los fana– tiques peuplad es refou léos, rendues inoffen· sives en a ttendant d'être assagies, la vie qui partout fl e urit à l'ombre du dra peau français. Grâce à l'é nergie d'un chef, C<' qui a urait pu être une défait e a été transformé e n victoire. Le _ g uet -apens de Dio est ocvenu pour la Fra nce, le point de déport d'une magnifique conquête. J. LEFRANÇOIS. Ils sont trois qui gravissent, sous le ciel pur de l'aprè s-midi printanière, les flancs abrup:s du Piégou. Là-haut, derrière la - Oh, hisse !... Parce que des pet its ga rs an béret brun ont porté dans tou– tes les maisons de France l'é– mouvan t appel du Christ e n croix, une même pr.ière mon te , de milliers d 'âmes, vers Celui Dans tous les b uissons le pt·in- qui veut nous unir à Lui pour temps chante sa chan son et la nous rendre le bonheur. olline , se dressent les premiers cont reforts des Alpes. En bas, au bord de la petite rivière qui c oule lentement au fond du v allon, un camp vient de se monter : depuis trois jours un Groupement de Jeunesse s'est installé dans la région. L s premiers travaux ache– vés, les jeunes sont partis en p et it s groupes explorer la ré– g ion q ue leur t r avail va enri- Un dernier effor t, et c'est le sommet. Un cri de joie échappe aux jeunes gens. Autour d 'eux un super be paysage déroule ses splendeurs jusqu'aux lim ites de l'horizon qui s'e stompe dans une brume bleutée. Les gars restent quelques instan ts im– mobiles, le regard perdu dans le lointain, mais Raymond, lui, fixe intensément un poin t im– précis, dissimulé derrière un bosquet à quelques centain.es de mètres. Roger qui explorait un 1.as de décombres enfouis sous l'es– calier vermoulu du clocheton, pousse tout à coup une excla– mation : terre féconde renaît à la vie... Au pied du Piégou de mys– térieuses réunions rassemblent le soir trois campeurs au regard énerg ique. Quand le s oir tombe sur le camp a pa isé , on les voit se glisser jusqu'à la baraque où les jeunes on t installé leur atelier de fortune... d es bruits réguliers ébranlent alors les échos de la forêt, puis tout re– tombe dans le silence et person– ne au camp ne peut rien savqir Et là-bas. au sommet du P jé– gou, u ne grande croix de bois sombre se dresse lentement dans le ciel clair... ia croix que trois gars de chez nous ont voulu replanter, ha te et fière sur la montagne comme un vivant symbole des temps nouveaux... Qu'est-ce q ue cela peut bien êt re ? On dirait une ch a– pelle ? - Venez voir ! on irait un Christ... C'e st un Christ en effe t, un grand Christ en bois dur dont les · mains étendues n 'étreignen t plus aucune croix... liu mystérieux t ra,1ail. Des bnuts mystér 1.euxs'ticha1n1en! de l'ateJrnr . chir. Et c'est ainsi que René, Raymond et Roger sont là, ce soir, u n peu e ssouff lés o ar la rude montée qu'ils v iennent de faire. En quelques foulées le s gar– çons franchissent les terres en frich es qui les séparaient du bosquet. Les voici tout près des vieux mu rs à demi-éboulés, d er– niers vest iges d 'un ancien pèle– rinage, aujourd'hu i bien délais– sé : Notre-Dame du Piégou ... Les trois amis ont salué d 'une ch anson la Madone de chez nous. Maintenant, avec atten– t ion, ils v isitent le sanctuaire . De vie ux tableaux, beauco1rn d'ex-voto, une belle statue de la Vierge en pierre du pays té– moignent d'un passé plus chré– tien... Très graves les garçons se reg ardent... Ce Christ, autrefois, devait se dresser au sommet de la colline, comme u n vivant sym bole... puis les mauvais jours sont venus, le ven t, les orages ont d û renverser la croix... personne n'a songé à l a rele ver... D Aucune parole n'a t roublé l a paix silencieuse du soir, mais par ce que les mots sont inuti– les pour expr imer ce que l'on vit intensément, les garçons, sans rien dire, ont ramassé l' an– tique statue et d 'un pas rapide, ils ont descendu en ·chantant le sentier d e la colline. Ce matin, à l'aube, trois jeu– nes ont quitté le camp. Avec la permission du chef d 'autres gars se sont joints à eux et c'est tout un petit groupe qui gravit main tenant le versant d e l a colline, lentement, gravement, les épaules courbées sous le lourd fardeau que leurs mains vaillan tes ont saisi fièr ement. l.entnnenr, !J,.O!'ement, le l'tlrl g1·01111e11t0flft'.. ...Ces temps nouveau x que préparent à travers villes et villages les jeunes de France, f iers, unis et joyeux dans la foi éternelle de leurs aïeux . Toute l'équipe s'est interrompue brusqu ement et les questions fusent de tous cétés : " louis ? Ça vo mol ? Po:,iv de bon ? ,, Sons répondre, Io maman incline Io tête et puis, pour que les enfants ne vo ent pos les larmes qui perlent au bord de ses paupières, elle s'en va très vite, $Ons se retourner. Jean-François et ses garçons demeurent u n grand moment silencieux, la m ine consternée. Puis le chef d'équipe se ressa isit, le premier : c Les gars, il fo ut foire q uelque chose... Je vais a ller voir Louis Q'ou~ de suite, maÎs cet après-midi... n et ba issant sub itemPnt Io voix, Jean-François confie e ux Cœurs Va il– lants le projet qui vient de lui traverser l'es– prit L'approbot1on est unanime. " Oui, cntcn- fomeu:c Grotte d'ailleurs déserte. Elle dépasse mcintenont Io maison· de Lucîen où Robert se détache en éclqircur. Tout à coup, elle s'arrête. Là, au carrefour du Vieux-Chêne, ::Je dresse le mur où, il y a queloues moi~, les gars décou– vraient, au cour> du fameux rallye d'explora– tion Io petite statue de Soint-Louis. Depuis ce jour, Io statue remise en honneur, est demeurée intacte à l'endroit où Jes garçons l'a vaie nt ins– tallée. Autour d'elle, l'équipe se déploie en ore de cercle et la voix de Jean-François s'élève, vibrante... u Samt-Louis, no'JS 5ommcs venus 9ous ~r;cr rc; aujourd'hui pour notre petit frère qui env malade.., Il fout que vous Io guérissiez. " Toute l'équipe reprend en chœur Io prière Vendredi-Sa in t, trois h eures... JEAN-JACQUES. Semaine Sainte 1941... S ur le monde angoissé où rôde la guerre, passe, grav e et émouvante, la minute la plus importante de l'histoire du monde... Chez !es :Xd... du~ à 1 heure, e n face de le boulangerie , tu peux compter sur nous... n Lo maison de Louis. Jean - François a tellement couru pour y arriver qu'il doit s'qrrêter un instant dans le jardin pour reprendre sa respiration . Là, ça y est... le voici plus calme... Sur Io pointe des pieds il avance doucement vers la porte entr'ouverte Une étrange angoisse lui serre la gorge Comme tout o l'a ir triste et grave 1 Voici Jo chambre de Lou is... Les volets sont fermés, d foi t pres– que nuit et Jean-François a bien du mol à arriver sans rien heurter jusqu 'au lit de son omi. Celui-ci repose immobile, sa respirat ion est difficile, ses yeux fermés, ses jo11es enfiévrées... Jean-Fra nçois reste un moment sa ns oser bau- Il fout que vous guerisSJCZ l ouis... " Et Jean- François continue : " Pour cclo, on vous promet qucflJUC chose... Quand on baptisera l'équ ipe, après Pâques, on vous prondro comme potron... Même approbation des garçons : u Et- on tôchcro d'être aussi chics que vous... Pour commencer on fera chacun cette semaine quelque chose de difficile pour louiu... " Cette fois les équipiers restent un moment si lencieux Quelques-uns ont sort i de leur poche un petit corne t où s'inscrit furtivement une résolut ion. Et puis, sur une dernière invocation, les Cœurs Vaillants s'en vont, d évalant à t ou tes jambes le sentier qui redescend ou bourg. Si on veut être ô l'heure à Io Chrét ienté, il n'y a pos de temps à perdre 1... Quelques jours ont passé. De gros ger. Louis dort - il ou b ien est- il seulement 1rop fatigué pour ouvrir les yeux· ? Lo maman de Louis a f ait signe au visiteur d'avancer, et !c chef d'équipe, très doucement, se penche sur son ami c Louis... » Louis ouvre les ycu :n: : u C'est t oi?... et Io campag ne ? i> Très vite Jean-François le rassure · ci La compagne, ça morehc... grâce à toi... Marcel o été chez les XxX, on lui a pr:s le iou rnol partout... on vo recevoir les affiches cet te sema ine, Io distribu– t ion sera formidab'...... t u penseras à nous, d is?... nous aussi, t u so.,), ott rst o-vcc t oi, tiens, cet après-midi... " Et Io voi> e fait olus basse en– core ocur murmurer à l'oreille de Louis le gra nd projet. Un sourire détenu l~s t ra its du petit poquets sont a rrivés et les chefs d'équipe. très a ffa irés. se sont partagés des tos impression· nonts de petites affiches. C'est cette semaine que commonco la d îstribution... Dons tou tes les rues les Cœurs Voi llonts vont et viennent et dé:à une sorte de souffle myst érieux· passe sous les toits rouges qui reçoivent, l'un après l'outre, l'appel du Christ . Marcel, lui, s'est dirigé d'un pos assuré vers Io Maison-Heute. Il est seul aujourd'hui pour en fronch ir Io redoutable seuil, mo:s parce qu'il s'est promis de foire cela pour Louis, il s'en vo, sons hésiter, portor ses affiches chez les XxX. Personne ne l'a vu entrer, per– sonne ne l'a vu sort ir, mais Roocr, qui descen . doit pa isiblement d'ur1e maison voisine, a failli être renversé par un bolide qui dévalait en malade : " Vous êtes chics ... n Puis, fat igué, il ferme les yeux et Jean-François, tout douce– ment, sort de Io chambre. Lo maman l'o suivi . Dites, Madame, c'est vra iment gro vo ? - Oui, Joan -François, très gra ve . Le docteur vo revenir cc soir... il fau t bea ucoup p rier... ,, 1 h. 1O. Sur la grond'route l'équipe au com– plet marche d'un pas ra,,ide. Lo voici hors du bourg, sons hésiter, elle prend le chemin du bois. Tiens, 1nois, où va- t -cllc ? Chez Lucien o~ bien ?.. . Là, à quelques cciitoines de mètres'. c est le quarr1er général des XxX, Io fameuse Grotte Noire où Jean-François, l'outre jour, o foiIli se foire orendre. Est-cc que?... Mois non L'équipe, sons s'orrêter, est passée devant la trombe le trottoir et qui, sons s'arrêter, a con– tinué sa course vers une destination incnnnuc . Quant à Jean-Fronçais, il s'est multiplié tu te Io semaine, litt6rolcmcnt d6bordé por tou: les préoccupations de Io campagne. Chez Le Io situation est toujours grave et le chef ·uipc qui, ce motin du Jeudi-Saint, a ide les petits frè– res à s'habiller pour Io Messe, demeure sou– cieux malgré toute sa confiance. Tout à coup, on sonne à Io porte. Marie qui est allée ~vrir, se précipite toute pôle dons la chan· ·-o u Joan-François... Jcan .. fron, oi!.i... c'est • 1. rcol qui vient te chercher... M. Io Curé vou .e de– mande tous les douu, tout de suito... n (A suivre.) Jean BERN/'.~

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