Cœurs Vaillants 1941

Sons arrê t, depuis deux heures, le vent de sabl ~, le « sirocco >> du Sahara, souffle rag e useme n t sur la petite ville d'Aïn-Barko, toute b lot t1e au fond du Sud-Oroncis. Les rues sont désertes, les fenê tres d es maisons hermétiquement closes et tout semble dor– mir sous le souffle brûlant du « Roi du d ése rt >> ... Là- bos pourtant, dans l'hallucinant pou– dro;em ent des sables rouges, entre les arbres grêles, des formes humaines avan– cent doucement. Courbées dons le vent bruta l qui les aveugle et les crible de m illt, pe tits grains d e sable pointus, el les $emblent s' acharner à d échiffrer le mystère du sol. Là, tout à l'he u– re, !e re zzou e s t passé, emportant le s tré sors arrachés à la Io pe tite ville ... là les fuyards ont dû laisser des emprei n – tes que Pi erre, parti e n éc laireur, a sans d ou te suivi vers une mystérieuse d esti– no t'ion... Il faut, il fout à tout ~etrouver avant que rocher le ur secret a ux sables et re– t rouve r Pierre qui est· p e;it-être e n Dans un JJOtldrotemen f de salJle 101t(Je Pierre l utte avec rai irzdioèn péri l, là - bas, il faut... L'œ il vif, le teint bronzé, Alain, le jeune che f, marche hardime nt en tête de la colonne . Pou r guide r c eu x qui, une fois pour toutes, se sont confiés à lui, il n'a 1omais hésité d evan t aucune mission si périlleuse soit-elle e t d e rriè re lui, d'un seul bloc, to ute l' équipe fait front, indis– solublement unie. Un cri joye ux d o ns le hurle me nt du vent .. . ou creux d 'une vogue que Io tOLff– mente n 'est pas e ncore arrivée à nivele r quelque chose v ient d'attire r le regard d 'A lain : d e ux branches brisées, un bout d'étoffe b ie ue, le sable profondém er.t mar– q ué. .. la voilà c e tte fameuse piste que les gars che rchent e n vain depuis de Ion~ g ues minutes. Sans hésiter, dons Io direction indiquée, le jeune chef s engage. Ce n'es t certes pas toujours faci le par fois le ve nt a tout effacé , parfois aussi le sable chaud était trop mouvant pour garder Io trace d ' une e mpre inte et Pie rre, d ans sa hâte de capter les rncre ts du re zzou, n'a pas e u tou jours le temps de b ien marquer son passage. Pourtant Alain n e se laisse pas trouble r. En vie il habi tué du d ésert il marche, h abi le à Cléce le r le s igne imperceptible qui a i– g uille ra ses pas... Brusqu ement· il s 'arrête, interdit a u c reu x d'une sorte d e cuve tte qu'un tourbillon a tracée ne tte e t ré gu liè re , il y a u ne p e tite tache brunâtre séchée ~or le so le il... Le jeune che f se pe nch e , pour se re leve r q uelques se condes p lus tard, p lus pâle sous le h â le ... il n 'y a pas d'e rre ur possibl e , cette tache c'est ..., e t la mê me ce rtituàe angoissée passe dons les ye ux d es é qui– p ie rs q ui, e ux a ussi, ont examiné le sol..., cette tache, c'est du sang ... Un mamMt !es gars demeurent immobi– les, atterrés... et puis sur un signe du chef ils repartent plus prudents au fur et à mesure qu'ils progressent sur la piste tragique. Et c'est brusquement, en haut d'une petite dune de sable, la solution du mys– tère : là, sous leurs yeux angoissés, Pierre, le second, se bat sauvagement, aux prises avec un arabe. Les deux combattants n'ont pas entendu l'arrivée sile ncieuse de l'équipe et ils continuent leur lutte farouc..he sur le sable chaud qui vole ale ntour. Mais Alain ne pe ut tolé rer plus long– temps ce spectacle. 11 se dresse d ' un bond et d'une voix vibrante, qui se répercute étrangement dans le si;ence du désert, il lance « Allez-vous vous arrêter... vous n'avez pas honte ? » Surpris, les adversaires lèvMt la tête et ils voient J e vant eux toute l'équipe groupée autour de son chef, l'air doulou– re ux. et indigné. Lentement, Pierre se re– lève le premier... une de ses lèvres saigne et il l'essuie douce me nt er. baissant la tête. Son antagoniste se redresse aussi : c'est un jeune Arche, nommé Ojelloul, qui, à la Mission, allait bientôt être baptisé . Ils restMt tous dP.ux immobiles et mue ts et, pendant un moment ,on n'e ntend plus que le sirocco hurler dans la plaine. C'est Alain qui le premier a repris ki parole. Se dirigeant droit sur son é quipier, il a répété sa question d'un e voix que l'angoisse é tranglait : .« Mois enfin allez– vous m'expliquer .. . pourquo i vous pattiez– vous ? )) Et d evant la douleur vraie qui passe dam les yeux de son chef, Pierre, le Cœur Vaillant, a baissé la tête sons répondre. Alor.s, les gars qui, jusqu 'ici, s'é– taient donnés de tout leur ,cœur ou grand jeu passion– nant organisé dons le mystère des sa– bles, sentirent tout d'un coup qu'un ou– tre drame, un vrai, était Cfl train d e se jouer. D' un geste bref Alain vient d'arra– cher un livre à demi 1 d é chiré que d issi– mule tant bie n que rnal la ceinture d e Pierre. - Qu'est-ce ce– ci :? Ce ci, le chef d'é– Pir,.,.e est rfer en.11 111t1s 11ate enro1·e mnzs il r este muet... quipe l'a vu du premier coup d'œil, c'est un livre d e la bibliothèque C. V., un d e ces livres qu'on n'a pas le droit de prendre à la Mission sans la permission d'Alain. - Pierre. c' est to i qui es pris ce li– vre ?... Pie rre n 'a pas le temps d e répondre. Volubi le, Dje lloul le je une arobe, explique Io c hose - Oui, c'est Pie rre qui l'a pris... pour le voler sûrement... je l'ai rencontré ... j'ai voulu l'empêche r ... a lors, il m'a battu pour m e faire taire.. . Oui, je dis vrai ... il en a éié ainsi... Pierre est devenu plus pâle e ncore que HOMMES son t enfants d 'un même Père qui est dans les Cieux C'EST POURQUOI 1IL5> ~ONT TOUS FRÈRES CRÉÉS PAR DIEU POUR UN I LS DOIVENT S'AIDER BONHEUR DIVIN EN FRÈRES A MONTER VERS CE BONHEUR N eus les Chrétiens 1U' • s dans une même famille m@Ëil.~oi:ms ensemble vers ce bonheur Depuis que le Maréchal a parlé de mes petits frères les cc Lonains >J tous les Français ont tressailli et leur cceur généreux s·est porté au secows de leur misère. Particulièrement à J'approche de Noël Ils ont tout fait pour que les Lorrains puissent fêter Noël com– me chez eux. Et voilà pourquoi dans tous les départements, on a réservé à ces Français d' « élite n, comme les appelle le Maréchal, l'accueil du cceur ainsi qu'un bon Noël. A Lyon, un sapin magnifique, chargé de friandises et de jouets de toutes sortes, a été dressé pour eux dans un hall de la Foire Expo– sition, et un grànd nombre de colis et de vêtements ont été distribués. En Suisse, un millier d'enfants ont été accueillis dans les familles pour passer l'hiver au.près de ce bon peuple Suisse qui toujours s'est montré si charitable envers les malheurs des Français. Les Cœurs Vaillants n'ont pas été les derniers à faire plaisir à leurs petits frères. Est-il geste pius beau que celui des Gœurs V a illants de Ca~cassone, acceptant de donner un grand nombre de leurs jouets pour leurs petits camarades malheureux. La douce Maman du ciel a dû être fière de ses petits gars en apercevant tout près de la crèche de son divin Fils : un bel avion tout rouge, des ballons, des jouets et des gâteries de toutes sortes, donnés généreusement pour les petits frères de Lorraine. Bravo ! vous tous qui êtes si généreux. En donnant à vos frères malheureux c'est au Christ que vous donnez. Les petits Lorrains vous disent, par ma plume, un fraternel MERCI ! Marcel joB. Tous ceux qui veulent o((rir un ahonnen\ent d'un an ou de 6 moi11 à des petits Lorrains, sont p1iés de m'écrire personnellement. t out à l'he ure , mais il reste mue t ... - Voyons, Pierre, quest ionne A lain qui ne veut pas croire encore, voyons c 'est vrai .. tu as pris ce 1 ivre ? Un s ig ne de tête affirmatif vi ent dis– s iper le d e rnier espoir d'Alain. La voix du jeune chef reprend , douloureuse - Mois e nfin, pourq uoi ? Voyons, pour– quoi ~ t'ierre o levé sur son ami ses yeux qui ne savent pas mentir et qu e lques mots rauques s'échappent d e ses lèvres; quelques mots qui achève nt de stupéfier l'équ ipe : - J e n e peux pas le d;re... De nouve a u le silence tombe sur le pe t it groupe dont le ve nt du dé sert fait voler rageusement fou lards et c heveux... De no uveau on n 'entend p lus que la voix si- n istre qui hurle dans l'h allucinant ..------- tourbillon de sable e nve loppant d'un man teau rouge tou– te l'é quipe Soint– Je an. Et la ré union s'achève tris tem ent son5 que pe rsonne , opres le d épart de Pierre, ait le cou– rage d e reprendre, à trave rs les sables, le grand je u si tragiquement inter– rompu. • 11 fait nuit. L'ombre est ve nue tout d 'un coup, Dm11t !lans so11 1>11rnous DJt•/10111 s·e.•t d1'esst dernnl Alain... comme chaqu e soir au pays d 'Afrique et le ve lours sombre du ciel s'i llumine d e mille é toi les ·qui scin til lent au- d essus d e la ma sse n oire des montagnes arides. Une ombre avance, ra pide, dans. les pe – t ites rues d ésertes: A pas vifs Alain se hâte pour regagne r sa d em eure. Mais si le ven t s'est calmé aux confins du d ésert, la tempê t e bou illonn e toujours dons le cœ ur du che f d'éq uipe. Pierre coupable ' 1-'ie rre son second, ce lui qui , depuis d e ux ans n'a pas e u à l'équipe un seul ·moment de défaillance ~ celui qui é tait le plus ar– d ent à la conq u ê te, le p lus loyal à l'école, le plus chic chaque fois qu' il s'agissait d e se montre r un vra i C. V . N on, cela n 'est pas. possible .. . Et pourta n t.. . Au d é tour d 'une rue, une ombre a surg i brusquement.. . Alain s'immobi lise. Drapé dans son b urnous qui met une tache c laire sur l'ombre des maisons, c 'est Djelloul qui est là, e n travers de la route. Une sorte d'anxiété fait bri ller ses yeux, nerveuse– ment il attrape le bras du chef d'équipe, d es mots s'échappent sans ordre de ses lèvres Ecoute Alain ... écoute... il faut que je te d ise la vérité... Le livre... Eh bien ? Le livre... ce n 'est pas Pierre... c'est moi... Alain sursaute secouant l'enfant qui s'est tu, tout à coup. - C'es toi ? mais alors po urquoi a s-tu m enti tout à l'heure, pourquoi as-tu laissé accuser Pierre ? Djellou l ne parle plus, ind iffé rent a ux questions qui se multiplient tondis qu'Alain a peine à contenir son indignation. De grosses larmes roulent maintenant au bord de ses yeux noirs et, lentem ent, il chu– chote, si bas, si bas, qu'Alain d evine plutôt qu'i l n e comprend : - C'est à cause de mon baptême... j'avais si pe ur qu'on me renvoie... • Il a fallu plusieurs jours à Ala in pour connaître exactemen t les dé tails du drame qui opposa Pierre à Djelloul dons le mys– tère de la piste tragique. Mais lorsque, pressé d e questions, le petit orobe finit par s'e xpliquer, une grande f ierté g onfla tout d 'un coup le cœu r du c hef d 'équipe : Djellou l à cette école- là ne serait pas long, c'é tait sûr, à comprendre ce q ue c 'est qu'un chrétien. .. - Et ceci, pe t its frères, n'est pas un s imp le conte, mais bie n une histoire vraie qui s' est passée, il y a quelques semaines, au pays du sable rouge, simplement parce qu'un Cœ ur Va illant a su, jusqu'au bou t, pratique r d ons ses plus d iffici les exige nces, la Loi de Chari té. Jean LEGF.AIS. Esorit français, esprit chrélien, vaillance e t bonne humeur vous trouverez cela choque semaine dori'i VA l l A E L'HEBDOMADAIRE DUNE FDANCE PUIS BWf IEN VENVIE DANS îOUS llES !<OOSQUES û fr L'abonnement 1on 50 Ir 6 mois 26 fr. o VA1ll4NCE: 16, Rll<!> l.\!kolai LYON (7•) Ch. Post. Lyon 891-Zù l is ~rois, pos un de pfus, qui daicnt, anx.icL1x , vers les abimes ~otis-marins ... Depuis longt emos, la qrande excursion était combinée e t l'appareil ou point. Il s'agissa it d ·unc sphère m c1oll:quc analog ue à .:elle que doit incessan1mcnt employer le professeur Picc8.rd pour explorer le fond des océans. Un eng.n tor– m idablc, q uoique de 9 et ites d imens.ions. se dépla ça n t u n !)eu comme un ascenseur, a vec des hublots dont le veirc pouvait supporter une pression de 500 a tmosphères à 5 000 mètres de profondeur. la sphère descendait à la vitesse d'environ un mètre à Io second e, soit près d e t ro:s kilo – mèt res à l'heure. Une rëserve d 'oxygène a vait é té prévue pour vingt -quat re heures, a insi que l'élimination de l'acide carbonique par le pro– cédé de Io potasse caustique. JI y avait un poste de radio muni d'une antenne permettant à l'engin de communiquer, à la surface de l'eou. avec un ba teau spécial. lls étaient t rois qui descenrloient, la respi– ration libre et cependant couf)ée, le cœur Ctre int par une angoisse indéfinissable... Ils frôla ient Io gronde aventure. Ils olloient explorer le g ra1.1d inconn1,.1 des m ers. . L 'ingénieur Favricourt comma ndai t l'expé- d ît ion. C'était un savant français encore jeune, de grand avenir, qui ava it fait dé jà ses preu– ves. JI s'était adjoint un de ses camarades d 'ét udes, Pascal Dulong, (1ui ava;t collaboré avec lui oour l'établissement des ola ns de Io sphère, o.insi que Roger Vercœu~, le petit mécano. Ce dernier, e n dépit de. son jeune âge - il n'avait que dix-huit ans - lui rendait des services qu'il appréciait beaucoup. C'é tait un gamin fo rt in telligen t et act if, passionné de T.S.F. et de mécanique. Avec cela, ga i, coura– geux, op t imiste, en un mot : va illa n t, comme il convient de l'étre. · Et, dons Io sphère qui descendait, les t rois compagnons bavardaient, assez confortablement installés. - Cet te explora t ion, répétait l'ingénieur Favricourt, ne préSente aucun danger. Pa rois et hublots de not re appare il sont calculés pour résister à Io pression des eaux. - Et les monstres marins, patron ? s'enquit le jeune garçon, les yeux brillants ou souvenir de n ombreuses lectures d 'a vent ures. Ce fut Poscol Dufong oui répondit l es monstres marins? Légendes, la plu– pa rt du temps '... Il ne fout rien exogérer. Certes, il existe des mollusques inconnus, des poissons gigantesques, des coquillages invra i– semblables. - Et des pieuvres !... - Sans doute. Mo is que peuvent-ils, même les plus forts, les plus féroces, contre not re a ppa reil ? N'est -il pas, lui-même, monst re pa r– m i les monstres, avec u ne ca rapa ce d 'acier ?... Puis, nous a vons le rayon hydroéleçtrique, qui nous ga rant it contre t oute surprise désagréable. Tu verras, Roger ; à mesure q ue nous appro– cherons des grands fonds, nous le mettrons en act ion. L e pet it mécano ne répondit pas. Il rêvait tout éveillé, et une gronde joie l'envahissait . Cette croisière sous-m arine éta it passionna n te ! Le ra')' n hvdr1'lélecl ri0ue auquel avait foit allusion Pasca l Dulong '"'était outre q u'un fort courant électrique dc~tiné à étoianer les hôtes du fond de Io mer, '">' ds dc vcnoièn t import uns. Mois les noviç;ateurs sous- marins pvuvoient-iis se douter de Io surprise qui les ottcndrnt ? - Allume le phare!.. Roger Vercœur ne se f it pas ré9é te r l'ordre. Depuos lonatemps Li l'attendo1t, Je désirait. Aus$rt6t, une vive rla rté se répondit ou sein des eaux et un spectucle merveilleux, ha llu– cinant, s'offrit oux yeux· des trois pionniers des mers. Le v1~age collê aux hublots, ils regar– daient, émus et u:'l peu tremblants, découvrant Lin monde inconn1J !... Autour d'eux. jus(w'aux conf;ns du cercle de lumière et dons l'ombre même des qronds fonds, ce n·éto icnr o ue pe tits mamelons, ravinements, rochers, molles ondu lations de collines, tout le 1el1cf e nf in cil 1 fond de la mer. Des fa:a i$CS se dressaient, des plaines de sa– b le ondoyarcnt, des trous se creusaient. Trl!s fen– temcnt Io sphère, habilement pilot0e, dL·~ccn­ doit dons des gouffres. Des algues pendaient en linoments épais, des vers immondes nichaient dons le soblc, des poul– pes visaueux se top1ssoicnt dons des qrottcs. Après les éponges, les étoiles de mer, les ané– mones de mer, c'étaient maintenant les crusta– cés innombrables, homards, lon('oustes, et l'arai– gnée de mer, et le crabe enrooé. Puis, les a nguilles, les raies, les hippoca mpes fo ntost1 - QL1cs1 l'es9oclon ou poisson-é:->ée, les poi~sons­ lunes q u i se mbJa ient autant de petites sphè res, le perroc>uet de mer et le poisson-lézard, le diodon qui ressembla à un hérisson, et le cra– paud de mer •... Enfin, les poissons aveugles des gra nds fonds. e t les poissons- vér.éncux, le gastronome de Baird ou po1sson-pèlicon, les lamantins à tête d 'h ip9o!)otame, les poissons– scies et Io torpille marbrée. A tten tion · !... cria soudain Ro~er Verc~ur . Ce fu t une exclamation instinct ive, que rien ne just if.o it . Un énorme poisson-é!)ée fonçait sur Io sphère, semblant devo ir ta t ranspercer comme une oron0e !.. Nais les .. parois de l'ap– pare•I éta;ent suffisamment solides oour réS>s– ter à cet assaut . A t ra vers le hublot, celo fai – sait tout de même u ne d rôle d'impres.siori !... Ceoendont, à la de-rnièrc seconde, le ~oisson­ épée, sentant le danger pour lui, bifurqua d'un coup de queue. Ouf !.. j'ai eu chaud !... fit le petit me– cono, e n souria nt. Nous voici dons les grands fonds, annonça avec calme l'ingénieu r Fuvricourt. Il faut b ron– cher le ra yon .., ,-- - - / En e ffet, à présent, les monstres sous-marin~~ Pâles, blofords. les trois hommes comoriro11 t tournoya ient tout a utour de Io sphère, lui fo i- q ue la force osccns1onnelle de Io sphère ne pau - sant une escort e d 'épou vante. Leur nombre oug- voit iutter, à la fois, contre la pression des eaux menta it de m inut·e en minute, et tes eaux sem - et l'étre inte des !JOissons fabuleux !... Ils étaien t bloient bouillonner. Il y ava it un énorme pois- prisonn iers des habitants des mers... son-June, qui poroissoit Je re flet même de Io Dema nder du secours, là-haut, au ba tea u sphère dans une glace, a ussi qros qu'e; le !... Et tant d'autres, qui se cro isaient, o lissoicn t, vire- d 'occompog nement ?... A ~uoi bon ?... De quelle vol ta ient, ,,aqeo ient avec mollesse ou pion- faço n utile pouva it -on répondre à leu:- S.O.S.?... geoitmt en éclair, accompagnant l'enqin dom Pa tron, laissez-moi foire !... d it Roger Ver- so descente a ux a bimes... - Patron, pa t ron !.. hoqueta Roger Ver- cœur. - Quoi ?... Le petit mécano était devenu livide, Io m a in crispée sur une manette.. - Le rayon ne fonctionne plus !... Je ne sois ce qui se passe... Il n'y a pas de courol"t... - Cc n'est pas po5sible !... Hé/es !.. c 'é tai t la t rogioue vérité !.. Nulle dlus on à se fo;re : le rayon hydroêlcctriq uc ne fonctionnait plus. Maintena nt, tous les pois– sons du fond dC'?s mers pouvaient livrer assaut à Io sphère d'acier •... Comment fa chose o rrivc-t-ellc, ensuit~, l'o u– tre chos<! plus terrible encore?.. Il est probabl•' Que , en voulant examiner de pll!S près le rayon hydroèlcctriQtie, l'ing énieur Favricourt fu t un ins · tont distrait dans le pdotoçie de l'enqon. JI se produisit un choc mou, un heurt ina t tendu, qui précipita les uns contre les outres, les occupa nts de Io sphère. - Nous sommes é choués !... s'excla ma Pcscol Dulong. B rusquement, l'engin s'immobilisa, net. Il g i– sait sur une sorte de plateforme sablonneuse, ou plus exactement recou verte de va se, pormi les a fq ucs et les mollusques immondes. Combien do coquil:ages sa masse ne vena it-elle point d 'écraser !. . - Ce n'est rien !.. dit Fovricourt. Nous a l– lons remonter, voilà tout. Lo mona::uvre s'annonça it simple, en effet. Ma is les ùv~ncments allaient se orécioitcr, et le rendre inutile. D'un seul coup, ce tut l'assa u t des manst rcs !... Tous, ils éto1en1 là, les cquoles, les espadons, les cra bes e t les poulpes, les pois~ons- luncs et les poissons aveug les, avides de leur revanche sur l'1ntrus:on des hommes. Certes, ils ne pou – vaient rien contre lês paro is de Io sohère, ni même briser le verre des hublots. Mai'"'> tondis que J'opporP.il s'enlisait doucement, lentement, dans la vo~c 1 tous les poissons pesa ient sur lui, l'entouraient, !ui tissaie n t une coropac0 vivante. Des coqu>llogcs s'y ogr;ppoient, et soudain, ce furent les pieuvres !... Il y en avait troi<, d".' forte taille, qui déve – loQpèrcnt leurs ten tacules, enserrèrent inston– ton~mcnt, comme u n filet, leur proie inerte . cœ ur Le va illant garçon a va it reconquis son sa ng – froid. 11 foisa it a ppel à toute son énergie, à toutes ses connaissances, à toute sa lucidité d 'esprit pour tenter de remettre en éta t de marche le royon hydroélect ri(!ue, leur unique chance de salut !... L'ing énieur Fovricourt e t Pa scal Du long ne s'éta ient ja m a is beaucoup oc– cupés de cette question, dont ils ava ient laissé le soin au pe tit mécano, et ce dernier t rE:m– blo 1t à la pensée que leur sort à tous dépenda it à présent de lui. JI s'obst ina it, les dents ser– rées, de la sueur perlant à son front, travailla it a vec acharnement, et ses o ut ils ne trembla ient pas dans ses m o ins. Il voulait réussir, ma is réussir vite !... Cl C hoque seconde ava it son . prix, voyant se resserrer l'étreinte des poissons et des poulpes. Choque seconde en a mena it d 'a ut res, sOus l'ornas desquels dispara issa it Io sphère !... Une seule chose comptait : Je sang-froid. Si, en ce tte minu te décisive, le pe tit méca no a vait perdLt la tête, Io sphère e nlisée, a ttaquée, pri– sonnière, fut devenue leur tombeau. - Patron !... Ça y est !... Roger Vercœur releva it Je tête, t riomphan t, bronchait l'oppore il, aba issait une manette... l e rayon hydroélectrique éta it réparé !... Mois les ossoillonts é taient si nombreux qu'ils ne purent les d isperser t out de suite. Néan – moins, les premiè res, les pieuvres lâchèren t prise. On vit ondoyer leurs tentacules, tels des s~r­ pents, tandis que les monstres rentraient dons leur t anière. Des effluves parfois mortels éma – naien t de Io sphère naufra gée, créa nt un nou – veau courant sous-ma rin, un coura n t de déli– vrance .. Les poissons- lunes J.,oudroyés rcssem– blo .ent à des bulles de savon, d ons une a tmo – sphère irréelle. Cent a nimaux morts, de toutes espèces, flotta ient à Io dérive. D I l ne restait plus q ue la q uest ion de l'enli– sement. L'ingénieur Favricourt remit l'appareil en ma rche, et celu i-ci, lentem ent , se déqageo, délivré du poids de ses assa illants. - Nous remontons !... C'éta it vrai. Lo sphère libérée se rapprocha it avec lenteur de la su~foce, emportant aprè s elle des oloues innombrables, des coquillages et des cra bes, tondis qu'a /entour le rqyon hydro– élect rique créa it le vide... l.f- Bravo, Roger !... Les t rois compagnons s'étre ignirent, une flam– me a ux yeux. Certes, ils étaient heureux de leur résurrection, m a is fie rs a ussi de leur vic– toire sur Je m ystère des a bimes sous-ma rins. Un jour, ils redescendraient, pour le triom!)he d'un avenir de science et de t ravai1, ouvrent à des vaillants comme eux Io route des navigations futures... André LIVREUSES. LES AVENTURES DE JEAN-FRANÇOIS, CHEF D'ÉQUIPE Une c'1onson a ux lèvres, Lucie n descend cmllè· gremeni le sentier du hoi!l. Il ost huit hourcs et cependant il fait encore à peine jour. Une cspèe::c de brouillard glacé traine sous les bronches où Io nci~e, heureusement, met une lueur froide. Mais de eout cela Lucien se souc:ie peu. Son cortoMe solidement attaché sur le dos, ses moins bien enfoncées dons ses poches, il pent e, tout en se hâtant vers l'école, à c:ettc bonne journée pcosée hior avec l'équipe de Jcon- FronçoÏ!i. Cc que c'était chic, tout de mémo... Ica j~ux, le~ cho,.ts, la Loi... et puis, cc u ie ne soiG qua i n qui ft1isoii> qu'on se ~cntoit tou~ de suite en famille..• " Plus forte que les X x X" Brusquement , le petit gors s'arrête. Un cri C!;f parti des fourres, un cri rauque et brof q ui l'a immobilisé au milieu du sentier. Et avont qu'il oit eu le temps de repre ndre ses esprits, trois ombres surgissent, si bien encapuchonnées dans leurs r é lorincs et leurs cache-nez remon– tés jusqu'aux yeux., qu'il est presque impossible de les identifier. Mois a ux p remiers mots que lancent méchamment les vo in rageuses, Lucien, lui, a tout de suite reconnu le~ garçons qui lui barrent Io route. Et de pôle q u'il était , il est devenu tout rouge, sui:>itcment... T'entends... scande celui qui paraît être le chef de la bonde, t'entend~. si tu continuec. à aller avec les t} ! S du réfugié, tu t 'en repen– t iras... T'é tais pr ..que des nôtres, ava nt... tu nous a va is prom _, de marcher avec nous, o.-, n'a ime pas les ' :ux: frè res, nous a ut res... tâche de t'en rappel< • . Et puis, comme un pas se fajt cntend1: sur le sentier, les trois com– plices disporoissi:nt aussi brusquement qu'ils sont venus, dans un po udroiement de neige. Sons un mot Lucien continue sa route . Mais toute sa joie s'est envolée mainte nant . Une sorte d'angoisse crispe 5CS traits et lorsque Jean-François, qui débouche en trombe de chez la vieille Mario, rejo int son protég é, il n'est pos long à s'apercevoir que quelque chose rie va pas. Lucien, lui, ne demande qu'à confier son inqu1c· tudc à quelqu' un de sûr et le chef d 'équipe, en quelques minutes, est au courant de l'affaire. Une lue ur de défi passe dans ses yeux : • T'en fois pas, Lucien, Io bonde des XXX f)eut te fa ire toutes les mena ces q u'elle voudra, avec nous, tu seras toujours le plus fort... • . Et comme ~uc:icn pense tout de suite ou nombre d es gars entrevus hier, à la Chrétienté, Jean.. François reprend, d'un a ir mystérieux : cr Oh ! y o pas que ceu x-là , tu sa is... no tre c Bonde > à nous, c'est quelque chose de bien plus form idable encore... tu verras... • . CA suivre ). Jean BERNARD.

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