Cœurs Vaillants 1941
Pierre Fcrvol se déci du à ouv1 ir un u:i!, p-i i~ deux et cc qu'il vit étuit si peu c11HnJ:!cnnt qu' il les refcrmu tout de suite, Frilcuscmc:nt il rnmt:rm ses drops jusqu'au menton. La monto~nc touchait presque ù Io · fenêtre. et de son lit, Pierre découvrait un J!rond rcctnn;llc de pcnto &oi~ncuscmcnt nivelé par ln nciJlc. Et sur cette surface hlnnchc et lisse, il se pro· duisait un impcrceptihle mouvement de \'Îc in· tcn3c, Poussées par Je vent, des milliers de pnrccJlcs de neige, pareilles à c!c mcnu'i ~rains. Rlissa1cnt, se pourchassaient, essayant de se rattraper. Non, il ne devait pus faire bon dehors t Pierre se rappelait Jcur randonnée en skis de Io veille, commencée sous un ciel radieux et ter· minée sous une effroyable tempête de neige. A"·ec un frisson, le jeune homme rc\'Ï\'OÎt Io lon~ue et fJQrassantc montée de huit ki!omêtrcs, il pied. dons Io nuit, sous lc!i rafales. A moitié morts dC' fati gue, de faim et de soif, ils étaiC'nt enfin arri' ês chez leur ami, dans ce hameau perdu dans Io montagne et présentement enseveli sous des a mas de neige, RccroG'Ucvil1é soue le lotJrd édredon, Pierre Fervol ressentait cnc:ore les crampes <le Io montée et il se disait que son camorade Poul Casnnier dc\'ait se trouver dons les mêmes dispositions d'esprit : attendre que le mouvais temps soit passé, ou tout ou moins passer cette journée à se reposer avant de reprendre leur randonnée. Bercé par cette ogréabJe pcrspccti,·c, Pierre se rendormait, lors que qoclqu'un entra dons sa cham· bre. Une main brusque scc:oua édredon et drops tandis qu'une voix ferme disait : - Debout, paresse ux. Noue portons. - Quoi ? Sitat <leho>'s il~ wrent l'im)!rcssio11tfe 1Ji lltll't1' tfnns tm bai11 <le olacr... - Nous reportons dans une demi-heure et tu es encore couché t Debout ou c'est moi qui te tires du lit, et oano mettre des gants 1 - Mcis... maio tu n'as pas regardé dchor!l ? - Il y a une heure que je suis levé, J'ai déj èi farté mes B'kis et les tieno. Tout est prêt. Allons, lèvc·toi t l'vtédusé, Pierre F en •ol regarda Poul Casanier, se demandant s'il parlait sérieusement. - Pourquoi ne pas rester ici, Poul ? On y est bien. On ee rctapcroit. - Et on dévorerait toutes les provisions de notre ami, qui ne pourra se ravitailler de quelque temps à C!\usc des communications jntcrrompues par )o nci~e. Libre à toi de rester. Moi, je pars. Tu sois bien que demain je dois être chez moi.•. Pierre n'a rien répondu, mois, dans un éclair, il a entrevu la petite maiGon où l'on attend si impntiemmcnt le retour du gars et, sans plus hésiter, iJ o bondi de son lit. Une dcmi·hcurc ~p~ès, lestés seulement d'un bol de café pour cv1ter Io congestion, les deux hardis garçons bouclaient les courroies de leurs skis. Sitôt de– hors, ils curent l'impression de s'immerger dons un bain de (11ace ; un vent coulis s'infiltra par les manches et Je co11ct. Leurs vêtem'ents mouillés par Io tempête de la v eille avaient gelé pendant la nuit et ~ênoicnt leurs mouvements, leurs, dents l!toicnt prêtes à clllquer, mais leur volonté réagit et ih partirent eur Io oeigc, face à la montagoe, droit ou col. Comme ils atteignaient le dernier groupe de maisons, une bonne femme qui menait ses vaches à l'abreuvoir jeta les hauts cris en les aper– cevant : - Arrêtcz.vou~, mes enfants 1 N'allez pae plus 1oin. La neige vous étouffera. Arreculez 1 Arre– culcz 1... Mois les garçons étaient décidés à ne pas se laisser faire. A tour de rôle ils ouvrirent lo trace dons la nciec lourde, avançant par foulées égales, régulières. Quand ile se retournaient, ils apercevaient Io vallée toute ..fllanche, immense cuve d'où s'enlevaient d'étronl!eS écharpes vapo– reuses qui étaient des tourbillons de neige. Sur lo montagne opposée, une sorte de chope ~risôtrc s'oboiru1ait à vue d'œil. Poul fronça I~ sourcil : · -- C'est une nouvelle tempête qui s'annonce. Dépêehons..nous, Pierre, il ·fout que nous soyons ou col avant elle... • Les hommes ont boou se dépêcher, les éléments vont toujouro plus vite qu'eux. L'action du vent avait formé sur la route des congères (1) dont les plus hautes atteignaient deux mètres. A pied, les voyageurs ne seraient tomais passés. Maie leurs Skis les portaient et l'ascension continuait, rude, âpre, difficile. A mesure €,'U'ils prenaient Qe la houteur, le vent ougmcntoit de violence et de· vitesse, sou– levant des tourbillons si époio qu'ils en étaient submergés et ne ee voyaient que très diffici. lement, quoiqu' ils ne fus!fent CfU' Ù trois ou quatre mètres l'un de l'outre. La neige qui s'accrochait à leùrs sourcils. ô leur moustache ei à leur ·barbe. renaissante (il y avait plusieur8 joun qu'ils n'ovhicnt pu se raser) s' y solidifiait, leur forment un masque de glace à l'unisson de Jeun vêteincnts . , Enfi'n l'échancrure du col o'ouvrit de,•ont eux. (1) Amoo· de neige entassée por le vent. fis dist:.inj:!uèrcnt la fna~s; sombre du cholct-n:lu!.!c l\dossé ù :a monto~nc. Hnrnssés, nffomés, ils s'y réfu~ièrcnt. D'un commun accord ils y ovaicn~ fixé lu halte. Outre le bcc;:oin, prévu à l'avnncc, d"ap:iiser leur fa im et de souffler un peu, ils aspiroicnt surtout à sortir - ne fut·cc Qu'un moment de ln tourmente qui, maintenant, fois11it ra~c. à cause de lu proximité du col. ..\ lïncéricur du r efuge, le calme régnait, quoi– que des courants d'air s'y lutinassent en toute liberté, faisant voltiger Io neige qui y avait pénétré. Par contre, il faisait un froid terrible. Quand Pierre et Paul voulurent rcp3rtir, leurs dni1!ts s'étaient engourd'.s et ils cure nt beaucoup de [')cinc à renouer les cordons de leurs socs et à rcbouclcr les fixations des skis. Une ,:tiflc incessante cin~lait Io crête, aucun grain de neige, si menu fut·il , ne pC"luvait s'abriter dons Jcs interstices du sol - gelé. Tout était balayé, emporté. Les deux s'kicurs voyaient les· tourbil:ons se succéder, inlossoblcs, ronfler sur l'arête et dis– rrnrnicre de l'autre côté. Qu'y O\'DÎt· il de l'autre côté ? Pierre Fen·al n'en savait rien. C'était Io pre· miêre fois qu'il franchissait ce col. Il supposait qu'il devait rcsscmhler aux outres cols qu'il con. naissait. Un \'ersant - celui qu' ils venaient de parcourir - en pente douce, montant par ressauts successifs, por conséquent d'une ascension aisée, mois J'outre - celui qu'ils allaient affronter - beaucoup plus roide... Dès la crête, Io pente devait tomber roide, coupée brusquement, puis il devait y avoir lc9 obruDts, les surplombs crOU· lonts de neige... Il ne loudroit pas s'écarter de to route. - Allons-y, Pierre, et que Dieu continue à: nous protéf.!er t Poul sortit le premier, suivi de Pierre. Hors de l'abri des murs, une nuée aveuglante les enveloppa. Le vent Se buta contre eux, Je1 ébranla, mais ils se roidirent, résistèrent. Cc fut formidable, cette lutte des deux gorççms contre tes éléments déchainés. Pour atteindre la crête, il n'y avait peut-être pas dix mètres à franchir, mois de tous côtés c'était un déchaî– nement inouï ; une force indescriptible les heur– tait, les meurtrissait. Pouce par pouce, ils avan– çaient. Les l'kia n'avaient pas de prise sur ce sot bossué Par Io bouc ancienne, où Io glace rem· plaçait Io neige. Lorsque Io pous•ée devenait trop violente et menaçait de les foire dévier vers l'abime, ils s'arrêtaient, s'arc-boutaient, tous mus· cles et nerfs roidie, l'esprit tendu par l'idée fixe de ne pns tombe r... ne pas rouler, là... là... dons le gouffre mugissant où ils ne devi– naient que trop ce qui Jes y attendait. Puis ils reportaient, glissaient de quelques mètres, et de nouveau s'orrêtoient, mâchoires contractées, yeux fous, pesant de. toutes leurs forces sur les hâtons et les skis, d'un si terrible effort qu'i~s faisaient bloc avec ln montagne... Paul Cesanier passa. Pierre Fervol le vit frJlnchir la crête, Jà où l'effort du vent était le plus forcené, puis s'en– fu ir par derrière, s'évader de cet enfer. Encouragé par le succès de son camarade, Pierrê pensa que c'était moins dur qu'il ne le croyait. 11 relâcha un peu son effort et son attention. Il arriva sur Io ligne de démarcntion des deu:x ver– sants, riant, narguant le ve nt. Trop tôt. Un grand coup de poing dans le dos le bouscula. 11 tomba sur les geDoux. le mugissement du Deux twas robm1tcs lui 1n·~Mrent a11v u1... vent. Poul n'entendit rien. Relevant la tête. Pierre te vit continuer sa route, se fondre, disparaitre dons cette nuit blanche q.-11i s'appesantissait sur eux . D'un effort violent il se remit debout, les mus– cles raidis, les reins désespérément tendus pOur résister ô Io poussée qui pesait sur son dos, sur tout son corps. Mois alors ce fut outre chose. Le froid saisit ses doigts. En un éclair il discerna JO lourde foute commise en s'arrêtant au refuge ou lieu de franchir la crête à l'instent. Leur sang échauffé par Io montée s'était refroidi ou cours de la boite et ne pouvait réo~ir suffisamh"ent en affrontant à nouveau les grands courants d 1 oir glociol. Pierre perdit l'usage de ses mains. Ses doigts tai6sèrent échapper les bâtons, lesquels, cep'51dont 1 restèrent suspendus B. ses poignets par la courroie. Perdant ainsi la moitié de ses supporrs, son corps ne put conserver son équilibre déjà fort instable. De nouveau le vent l'empoigna, le fit basculer. l..e garçon se sentit rouler, emporter. L e bas de son corps plongea · dans quelque chose de mou qui é t BÎt un toe de neige poudreuse. L entement il s'y enfonça. Instinctivement il se raccrocha de ses deux bras à quelG'UC chose de dur qu•il venait de heurter. C 'était une borne. Pierr e sentit, sa glissade s'arrêter. L'abîme ne l'nurnit pns encore. E tourdi, aveuglé, il essaya de se r endre compte de so position. Il étnit tout entier enfoui dans ta neige, seuls sa. tête, ses épaules et ses bras en émergeaient. D'ailleurs les tourbillons continuaient, une espèce de nuée courait ou ras du sol, le r ecou– vra it, l'nveugloit. Il était accroché à sa borne comme un noyé dons la rivière est suspendu à une racine d'arbre. D'autre port il ne pouvait Le message que tu portes ecttc semainè, à tous les foyers de Fronce, c'est celui q ui, seul, peut sauver le monde. Le Chct qui te l'o contié o connu comme toi souffrances et difficultés, Il' a marché quand même, jusqu'au bout, et so victoire garantit Io tienne... Sois fier, Cccur Vaillant... et si Io téche te parait rude, chante cc ehonf q ui o été composé pour toi. Il t 'aidera à marcher... 11 t'oidoro à vaincre... Eaerglqae REFRAIN Par oles e t musique de !'Abbé A LOSA Y rv Cœur Vail-lant SOIS fiei et tra - vail - le Sl - nu le bon grain sans roc.·cu-per dt ceox qui Tu verras des chrétie ns fpeui e ux Qui reculent devant la !tâche ; Ne rougis pas. sois g éné– lreux, Ceux qui n 'osent pas sont [des lâche s. ~· 1 r 1 r s p' r· ~ i ~" j rail - lent Ne rou - g1~ pa~ ta1- re bien va ,. r jl; ~ 1 J c{t J\ J 1 J ! ) 1 J JJ J 1 J V Cœur Vaillant, en semant pe bien connaîlt as larmes e t [peines ; rougis pas, sois bon (chrétie n, L'amour est p!UB fort que [la haine. droit ton cm- mm Ton m. srgne esi fait d'u·ne croix 4 1 , J 1 J J 1 ~ v ' D 1 r s 1 e o. P On peut s'en mo-quer a la ron - at ne rcu-&J! d# r 1 r s ~ iJ. 1 1 ;. J j D 1 w ~ J1 r 1 r 1 pas gar- dt ta fol C'est 1a cro1xqu1 sau-ve .1e mon - de Il ~ Ton fanion flotte sous le vent Et te force a dresser la tête : Ne rougis pas, va de l'avant, Il t'assurera la conquête. m On te donnera tous les noms Et tu connaitras les biimades : Ne rougis pas, prie et tiens bon Tu gagneras tes camarades. bouger, se8 skis plantés dans la neige l'y rete– naient comme cloué. - Poul... où est Paul ? ... Pourquoi ne vicnt·il po• me tirer de là ? ... Ah 1 le voilà, il revieDt... C'était vrai. Poul s'était arrêté pour attendre eon ami et ne le voyant poe, il revenait sur S€!S pas pour savoir ce qui se produisait, r.efoisant en sens inverse, mais beaucoup plus lentement, te chemin parcouru. Des secondes, des minutes s'écoulèrent, angois· sontes. Combien ? Pierre n'en 1avoit rien. Il entrevoyait à peine son ami dons ce tourbil· lonnement fou. Poul epparoissait et disparaissnit tour à tour. Soudain Pierre le vit presQue ou·dessus de lui, mois Peul n'aperçut pas celui qu'il cherchait. Tête baissée, il fermait li demi les yeux, essayant 5Urtout de distinguer les traces sur la route, mais il n'y avait rien. L e sol gelé, 8Bns cesse balayé, ne conservait rien. Et Pierre, tout blanc, ne pro• vaquait aucune tache dans la neige, dans cette nuée qui les enveloppait tous les deux continuel• lement. Pierre v it Poul et comprit que lui ne le voyait pas. Tt cria, ou du moins il crut crier. En réalité aucun son ne sortit de se gorge. Ses lèvres con– tractées par le froid ne bougèrent pas. Son v isage n'était plus t;'U'on masque de glace. Poul possa 1 lentement, si lentement, mois pour· tant trop rapidcmcot QU gr·é de r icrre. Les skis de Peul frôlèrent le nez de Pierre. Oh 1 cette planche de salut qui glissait si prè•, fuyoit... Pouvoir s'y raccrocher t••• Déjà l'un des skis était passé. L'autre allait, lui aussi, s'éloi– gner, disparaître. Désespérément, Pierre Fervol eecoua l'en~our dissement de sa chair. 11 bonda i:.nn énergie. 11 décrocha un de aes bras de Io borne et le tendit vers. le eki pour empoigner ce dernier. Le bras obéit, mois 1o main non. L.!s doigts qlacés refusèrent de saisir le ski, de s'y accrocher. lis le touchèr ent seu1cment. Ce fut assez. Poul •entit le heurt. Il r egarde, aperçut quelque chose de long qui remuoît, pres– sentit de 1 1 insolite, euspendit sa marche..• Deux mains robustes retirèrent Pierre de sa gangue glneée, lui prêtèrent ensuite un appui suffisant pour s'éloigner , cnhin-caho, de la zone dangereuse. U ne dépression de t errain ~toit proche, procu· rant aux skieurs un abri r elatif. Des frictions vigoureuses fi rent de nouveau circuler le son~ dons les doigt s engourdis de Pierre. Quelques gorgées de café brûlant contenu dons une boutei1lc thermos que Paul retira de son snc achevèrent de le ragaillardir. Fort heureusement, il n'avait perdQ ni brisé aucun de ses sk is et bâtons. • Les garçons se remirent en marche. F uyant les cinglements des rafn1es, ils pensaient que le plus dur était fait, que le rest e serait faci1 e... Cc fut pire. JuSG'UC·là ils avaient eu le vent dans le dos ; ils l'eurent de face. Ce que Paul avait déjà éprouvé en retournant chercher son nmi. il le ressentit de nouveau, mais de façon plue intense. Ln route tournait en lnccte. Dès les premiers mètres, ils eurent l'impression que mille griffes Garde purs ton âme et ton cœur Contre tous dangers qui s'approchent: Ne rougis pas, marche sans peur Et tu resteras sans reproche. VII Quand viendra l'heure des combats Où la vertu se fortifie . Ne rougis pas, ne lâche pas, On est Cœur Vaillant pour la vie. s'agrippaient à leur peau, te perçnieot , pénétraient profond. Au masque de glace ee •ubstituo ua masque d'acier liquide. Le premier s'était con– tenté d'adhérer à l'épiderme, le oecond se glisse dessous. Lo c:hair se durcit. Les lèvres ne pou– vaient remuer. Les yeux cuisaient. Le cuir che.. ve1u se rétracta : on eut dit qu'une main invi· sible leur tirait les cheveux. Les mains se por· tèrent vers les visai;!es et frottèrent dur. C e massage énergique ramena un peu de chnlcur. Implacables, le vent et le froid l'ospirèrenc. Une deuxième friction eut le même résultat. Lo po.. sitioo devenait intenable. Soudain Paul s'affala dans le fossé. Pierre. qui te suivait de près, s'arrêta, redoutant qu'il n'eut été frappé de congestion. Mois non. Simplement Paul s'était couché dons Io neige et s'y creusait un nid pour érhopper oux atteintes meurtrières du vent. Le café brûlant quo Pierre le força de boire l'aida à surmonter ce moment de défoillence. Leur situation était critique. Le lacet n'en finissait plus, s' ils continuaient à Je suivre, ils finiraient par être complètement frigorifiés, mais s'ils coupaient par la pente. ils n'étaient pns certains de retrouver Io route plue bas.,. et ils iraient sûrement se perdre dons le! b3s-fonds de la voilée. Résolu, Pierre indiqua la pente. Ils s'y lan– cèrent à l'aveuglette, dans uo équilibre instable. le vent les · culbuta trois, quatre, cinq fois. 119 n'y faisaient plus attention, trop occupés à. • se relever et fuir. Tout à coup, une grange surgit à on détour. Un instant la fine pointe d' un clocher se dégogeo des nuées pour leur souhaiter la bienvenue. La montagne était vaincue, Ja neige asservie. Lo vaillance indomptable des garçon• O\'oit eu raison de toutes les dif6coltés. Joseph Dengerma. Pour discuter entre vous ..• * A propos de notre campagne Pourq uoi les 15 jours qui vont venir sont- ils les plus importants de no tre com– pa gne ~ Qu'est -ce q ui en a préoaré le succès ? Que lle m ission notre affiche doit– e lle occomolir? A oue lles conditions le fero-t -elle? · Comment not re campaone con– t ribue ro-t -elle ou relèvement de Io France ? A propos des histoires de cc numé ro Le pa ssage du eol : De quelle q uolrté o nt fait preuve les deux skieurs ? A quoi recon · naît -on Io vra ie vailla nce? Sois fier, Cœur Va llfont : Pourquoi dois-tu ê tre fre r de Io mission q ui t'a été confiée ? Qu 'est -ce qui t'assure la. victoire ? A auelles cond it ions ? * Jcon· Fronsois : Pour~uoî Io bande des XxX a -t -elle enfermé Ma rcel ? Po urquoi en veut -elle oux Cœurs Vaillants? Est-cc qu'il existe des gars du genre des xX dans beoucoup d'endroits ' En conna is-tu ? Com · ment de vrais C.V. doivent- ils agir envers eux ? UY arréto enfin le galop offalê de son cheva l. Le cœur bo tta nt, tout fré· missent, ri écouta anxieu– sement. Mois, à travers la brousse dahoméenne, bruit ne parvena it jusq u'à lur. Le de son coup de fou ovaif >' s emblai'f-i.1,/ tout réduit o u silence. Qe aleil 1 é ta it t rès haut dans le crel. Un inse~ c•issail' de_,...foçon perça nte pa rmi l'he rbe brLiJc;h~ 'Mafs, GuY ne remarquait plus rien, ni Io cha leur lou rde, n i Io sueur de son c heval : il éc9 toit ou jours. Chaque froissement parmi les g'ro minees, chaque éclatement d'une gousse troP. sèthc le faisa it sursauter. Et pourta nt, l à-P.os , pa rrnr les a rbres clairsemés, a ux ombres ma?gre s sous le-"grand soleil, entre les ha utes hdrbés et- rcs onces a iguës des feui lles d 'ana na s s~u:v-a.9es,4' çien ne,. ven.oit. Le coup de feu a va it vrp1ment ut oneont1. \Son \: squ était reje té en a rrière, son front brllla it li le seni'it enfin et réfléchit : tl était déjèl • dix , l(. lomètres de Ouidoh qua nd il a vait t rré dans- ta directibn du sorcier. Depuis, il a va it bien fart encore deux à trois kilomètres au galop. Maintena nt sa montre marquait m idi et son cheva l éta rt épuisé. Il fui fol10 1t d onc absolument déjeuner a vec ce qu'il avort apporté, puis il reviendra it d rrec– tement à Io ville. Cor il n'ava it p lus e nvie de chasser ; ti n 'osait p lus passer t out l'après– m 1d1, seul dons cette brousse torride, toute croquante de sécheresse et d'invisibles pré– sences. Et tandis q ue, Io gorge serrée, il essa ya it de se restaurer un peu, une fors de plus, la ter– rible scène rev int en lui. Et d voyait m a inte– nant que tout, depuis sa venue à Ouidah, a vait semblé prépa rer, amener ce Qu1 s'ét a it passé tout à l'heure : son couo de feu tragique dans le s ilence de la brousse. Q En effet, dès que Guy Lucour é tait a rrivé avec ses parents en ce poste éloiqné, il s'était, par un sa crilège 1nvolonto 1re, a ttiré Io haine de Mou'ambo, le sorcier le plus farouche de Io région au cou rs d'une promen ade dons un étroit sentier, son chevoJ a va it écra sé une petite écuelle en terre. E..t c'était une offra nde, faite par le sorcier a ux dieux redoutables du pays : les serpents. Les Aventures de JEAN-.fRANÇOIS Marcel reste un bon moment cloué de ,fu– peur. Et puis, comprenant tout d'un coup ce q ui lui arrive, il soisit à tâtons le bouton de la porte et le secoue énergiquement. Mais en vain... la serrure a é té solidement fermée... A ce moment p récis écla te, narquoise, de l'autre côté de la muraille, une chanson que scandent deux vorx méchantes : • Les Cœurs Vaillonts en g uerre, m ironton, mironton, mirontaine, les Cœurs Va illants en querre, se sont cossé le nez. Malgré t ous leurs mystères, mironton, m ironton, m irontaine, malqré tous leurs mys– tères, nous sommes b ien rensejgnés... » et ta chanson continuerait sans doute e ncore ,long– temps sur le même ton si un bruit de pas ne ne soit là e t se cacher dons la maison..• André était a vce lui... maintenant ils ont d() redes- cendre... n , _ Questions et réponses se sont croisées pendant cinq m inutes et maintenant les Cœurs Vai llants. reste nt un long moment immobiles, le front barré d 'un p h soucieux. Lo port e est fermée à clef, c'est certain. Comment foire pour l'ou– vrrr > Dons l'appartement d'André, il n'y a que Io vie ille grond'mère sourde et impolente... les autres locotolfes ne rentreront q1;e tard dons Io soirée .. Marcel ne peut pas re5ter indéfi– niment enfermé dons ce réduit ~.ans air... Vigou– reusement, le.;; garçons se mettent à secouer la p0rte. Si elle n'était qu'à demi clanchée? Mais Car Mou'a mbo, le ._ra nd sorc ier, rendait un culte tout spécial à ces ven imeux reptiles. Et même, en pleine ville de Ouida h, se d ressa it leur temple : la vre des serpents qui y logea ient étm t sacrée et, sous peine de mort (menace qui s'éta it pa rfois réolrsée l personne ne deva it y a tte nter. Mo is l'on d isa it que c'ét a it surtout dons la brousse mystérieuse que se trouva it le vroi temple des serpents sacrés. Personne ne l'avait vu, mois Mou'a mbo disparaissait souvent de longs 1ours : il olla rt à son temple secret, là où nul blanc ne pénètre ra it ja ma is. Aussi, lorsqu'il a vait vu le cheva l de · Guy écraser son offrande, sa colè re n'ava it plus connu de borne$ et il avart juré de se venger et de fa ire réparer pa r le coL1pabJe l'offense faite a ux serpents. Depuis, le 1eune Français se senta it obsédé pa r cette promesse de vengea nce. Elle l'entourart sons cesse, invisible, menaçante. Et ri savait q ue, tôt ou ta rd, Mou'ambo t ien– d ra it sa pa role. 13 Ce matin-là, il était pourtant parti dans la brousse : voula it chasser toute Io journée et rentrer ou soif seu ~'7,'.1t à Ouidah. Ma is il n'a va it p a s compté s t. ~1Amprévu et le dra me éta it survenu. ~~l\ , Alors q u'rJ chemf .. il avart ent;.qPI ,, u de musrq ug ment don,( le ché, laissant - peu, le brui r p lus distinct et Dans une étr Mou'ambo ten celu i-ci, u n redo résis– ta it ou charme : nerveux, hostile, il sembla it prêt à se révolter. Le sorcier se fatiguait, de la sueur perlait à ses tempes; le reptile échop– pa it de plus en plus à son empnse. Et bientô t Guy, t émoin angoissé, v it qu'il n'y a va it plus à se tromper lentement le cou du serpent se gonf101t ; il voula it aveugler le sorcier de son venin puis at toquer. Alors, sans hésiter, le gar– çon avait épa ulé son fusil et t iré... Le serpent était t ombé. Hagard, sauvé Mou'a mbo s'était retourné. Ma is déjà Guv s'en– fuyait à tra vers les hautes herbes ve rs son cheval. Maintenant, perdu en ses pensées, il songe douloureusement Certainement Je sorcier venait troubler les a rtistes. Alors, une g a lopade e ffrénée fait crier les vie il les marches de l'esca– lier et toute retombe dans le silence. Coincé entre les deux portes, dans l'ombre host ile de son étroite onson, Marcel réalise soudain tout le trag ique de sa s ituation ri est bel et bien prisonnier, prisonnier de la bande des XxX... Pendant ce temps, Jeo n- Franço 1s surveille en vain la porte de la Maison-Hqute. 11 y a p lus de vingt m inutes que Marcel y est entré ; à m i-chemin d devait signale r la bonne marche des opérations en agitant la main à Io fenêtre du second. Mois le chef d'équipe a béau atten– dre, la tête levée à en attra per un tort icolis, aucun signal ne vrent rompre la monotonie non... Il faut bientôt abandonner cet espoir. La porte est fermée et bien fermée. .. « Dites donc, tes gosses, vous vouloZ' quo ic vienne vous aider à la démolir, moi, la ~orle ? '" Une grosse voix retentit soudain en bas de l'escalier et Roger, qui s'est penché pour iden– tifier son possesseur, se rejette vivement en arrière : a Lo père de Raoul... ça, a lors, c'est le bouquet ... u. A cette annonce, Jean-François se p récipite dons l'escalier. Roger se cramponne à SQ veste : u Qu'est -cc que t u fois, . tu es fou ? n - u Mois non, mon vie ux, o n n'a rien fait de mal, nous outres, je vais aller lui expliqu e r toute l'affaire, moi, ou popo de Raoul... Quelques seconde s s'écoulent, des q ue l~Zcoüa .•de t iné... • _ ......... r,..,.;z . .. !:<o"/ Et Guy est si préoccupé qu'il n rdnarque pas l'inquiétude de son cheval . celui··C1 gratte le sol de ses sabots, hume l'a ir a vec inquiétude. Et, tout à coup, avec un hennissement sauvage, le vo1c1 q u i s'enfu it , a ffolé, a peuré p a r u n rnys– tén e ux danÇJer. Avec un en d'ang oisse, Guy s'est préc1p1té derrière lu i. Il court, les yeux fixés su r la bête qui fu it, et bruta lement il s'abat sur le sol une souche peu é levée a vio lemment heurté sa jambe droite , lui faisant une bles– sure profonde. En même temps, il comprend tou't : ve rs le Nord, là -b as, roulent de loLirds nuages noirs : Io brousse est en feu et l'incen– d ie se p ropage dans sa d irection. Il essa ie de se relever, il fout q u'r! porte ; dons quelques minutes le feu sera là. Mois Il ne peut· fai re un geste. 0 Alors pour la deuxième fois depuis le matin, le drame est survenu Guy a entendu l'herbe se crisser derrière lui, pu is une exclamation étouffée et avan t qu'il art pu se défendre, des mains vigoureuses lui ont bondé les yeux, . lié les jambes et ma inte nant on l'emporte da ns une direct ion inconnue, Join du feu 1mplocable . 0 t riste de la façade q rise. Paul, quest ionné, n'a rien vu non p lus. 11 y o quelque chose de louche là-dessous . Cinq m inutes s'écoulent encore et pu is, n 'y t ena n t p lus, Je a n- François lance à tous les échos le srgnol d'alerte. Comme un seul homme, les équipiers rallient leur chef. Un bref concrliobulc les groupe un instant ou coin de Io mercerre : Ma rcel est en danger, c'est certain ; il fau t a ller à son s.ecours . Alors, d'un b loc, l'équipe s'engouffre dans le vcstibt.1le de Io Moison-Haute. Chez Rooul, rien à signaler que les bruits fam iliers du ménage... ça doit être plus hout... De fai t, l'équipe n'a pas franchi un étage qu'elle s'immobilise... Sourds d'abord, purs de plus en plus nets au secondes qui paraissent des siècles aux Cœurs Vaillants massés en haut de l'esca lier où vient de rli<poro<tre leur chef d'équipe. On entend un bruit de voix, des exclomotions, une discussion, puis p lus rien. . Moin1enont deux pas mont en1 à nouveau les marches, l'un rapide et léger, l'outre plL1s lent e t plus lourd... Rouge et essoufflé, Jean- François paraît le premier : " Victoire, les gars r le pape de Raoul va déli– vrer Marcel... '" Et le papa de Raoul dé livre Marcel, en effet. Avec la clef dont on se sert chez lu i pour a lle r soiqncr la grond 'momon d'André, il ouvre Io porte sans difficulté : « Tc voilà libre, mon petit gars, e t sois tranq u ille, Ra oul n'emportera pos cette farce-là e n poro- Pourtant, a vec horreur, Gu y sent qu e cette om– bre vit. Dans la p ièce voisine les serpents, en effet, son t sortis de leur torpeur et maintena nt ils descendent le Jonc du mur. Le g lissement de leurs peaux rugueuses s'en – tend d ist inctement à tra vers la frêle paroi qui les sépa re du gorçon. 11 y a là le froissement doux de la peau du ha jé, le frottement plus rude de celle du boa et a ussi, très distinct, le claquement du serpent à sonne ttes. Tous grou il– lent, remuent, sifflent en un ca uchema r hallu – cin a nt e t pourta nt rée l. Et ils ne son t qu'à quel– ques centimètres de lui, eux dont la moindre piqûre est mortelle... Les heures s'écoulen t , inexorables, horribles. Soudain, Guy sursa ute . Oui, ri en e st sûr.. là – ho ut. où le mur se termine contre le toit par une simple paror de .f,~!l:; de palme, un ser– pe nt essaie d'entrer ! A 1htor, a lles régu liers, sa tête frappe con t re les ;4).Î ·1)è sèches, et Guy sen t q ue ce lles-ci cèden ,JP·e :· o• peu , lentement. ic i. :i:o D Alors, dans le temple sacré où g rou illent les reptiles, parmi la nuit e t Io brousse mystérieu– ses, spon tanément, Guy a tendu Io m am au Sorc ie r Silencieusement, celu1-c 1 l'a prise, e t sur le temple pa·ren, doucement est passé le souffle de Celui qui a a ppris aux hommes le pa rdon de toutes les offenses. PRISO Jean LEGEAIS, Ain -Sefro <Sud OranoisJ . fur et à mesure qu'on monte, des martèlements réguliers parviennent 1J l'o feille des Cœurs Vaillants. On appelle la - hau t.• et on dira it .. oui, c'est cela ... il n 'y a pas de doute possible, le rythme est net . --- - - - · -- - 5.0 .S . cet appel en morse, ce ne peut être que Marcel.. Le cc:cur bottant, Jean-François et ses garçons se précipitent 1usqu'ou troisième étaqe. Les voic i devant la porte fatale. cc Ma rcel, Marcel, est-cc toi ? '" Un peu é touffée, ma is combien joyeuse, Io voix de Ma rcel retentit derrière Io cloison : n Oui... je suis enfermé... u - ci Mois par qui ? n - cc Par Raoul, sûre ment ... n Raou l ? et par où serait-il entré ? Il o dû sortir de l'école uvant que Paul dis... Ah ! si sculemcOt il pouvait vous ressem– bler, mon garçon 1... '" Sur cette phra se qui en d it lonçi, les Cœurs Vaillants reprennent leur distribution interrompue. C'est éool, on s'en rappellera de la c itadelle des XxX... Quelle journée !... Le lendema in, à la ~ortie de la grond'messc, toute l'équipe en parle encore sur la p lace de l'Eglise. Mais Jean-François, tout d 'un coup, se sent t iré par le bras. C'est la maman de Louis qui est là, la figure in– quiète... u Dis- moi, Jean- François, il ne fa ud ra pas venir nombreux voir l ouis a uJourd'hui, il a passé une très mauvaise nuit ... n. (A suivre.) · Jean Bernard.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTcyODU=