Cœurs Vaillants 1941
Très droii dans son grand sarrouel blanc, Io capitaine do Pontve rs, command!!nt la compa– gnie renforcée do la Lé gion, attondait los doux jeunes officiers qu'il avait fait appeler. Au d ehors Io sole il du Sahara brûlait de sa flllm– mo ardente et blanche los murs du bordj isolé. Et vers l'horizon lointain la roca ille o• l'alfa maigre posaiont seuls leurs fachos plus sombres sur Io sol brûlant. Dans le bureau, t a misée par les volets fer– més, la lumièro violente du dehors ne p éné– trait pas et pourtant il y faisa it une choleur pesante. Au mur, ôtait é pinglée la carte dos Confins Sa hariens et c'était vers de u• &l.. ses points, Aag-Meniet et Ain-Guir, les deux bordjs d'avant-gard e , que se portaient sans cesse, de fason soucieuse, los regards du cùpitaine. Aag-Moniet, bordj où se trouvait actuelle – me nt l'officier, éta it sé paré d 'Ain-Guir par c ent cinquante kilomètres. En tout autre lieu que los confins, cette distance a urait semblé minime ; mais ici les parcourir à pied dans Io sable mouvant ot glissant, au cours do jour– nées brûlantes ou d e nuits bru•1uement gla– ciales, cola conditua it un terrible exploit. Et pourtant col exploit, a ujourd'hui, il fallait l'ac– complir... A c e mome nt, avec de joyeuses politesses, le sous-lieutenant Louis Arnould et le lie ute nant Pie rre d' Estrelles pé nétrè re nt dans le bureau du capitaine. Pour échanger d e cordiales salu– t~tions, l'officier se composa un visage calme puis ayant fait asseoir ses lieutenants il en- 1'f;;~~~~~~~~;(~:]chaina grave me nt : r: . 'ff,)~~ " Mes chers • 1 ' 1 ~ 1 amis, il vient de 1 1 r&i. nous P. choir un grand honneur et aussi une lourde t âche : In-Salah, à l'instant, m'in– forme oar radio qu'Ain-Guir ost · me nacé d ' u n e attaque de pil– lards- La garni– son, là-bas, est insdfisante ; il nou• faut y en– \'t0yer aussitôt un détachement et d ts armes... - A quan d le d é part, mon capita ine 7 - Quo vous êtes pressé, d'Estrelle 1 Mais vous avez ra ison : l'heure est grave. On vou– dra it profiter d'une soi-disant faiblesse de noire pa rt et il nous fau~ donne r une sérieuse leçon à cos ge ns-là. J e juge que vous pourrez par– tir ce soir. - Quo " nous " 7 - Oui, mes fondions m'oblige nt, hélas 1 à reste r ici et j'ai suffisa mme nt confiance e n vous doux pour pouvoir vous confier la conduite du détachomont d e 100 hommes qui partira à la nuit. -Ah 1 c;a a lors, que lle veine ! 1 Oh, merci, mon co pitaine 1 " Et d'Estrelles, ra yonna nt se tourna it vers Louis Arnould : · - Dis, mon vieux louis, 11 ça promet '', hein? - Pour ça oui, me rci, mon capitaine 1 - Bah, ne me re merciez p as trop : je sais quo vous êtes d es bravos, mais l'expédition sora très dure, vous savex. Et en attendant nous a llons• fairo sonner l'appel des hommes, car il n'y a pas de t emps à pordre ". Et la lune se levait, mince et aiguë dans la nuit d éjà froide, lorsque, :ous le commande– me nt d es de ux lieutè na nts la petite colonne fra nchit la lourde porte du bordj pour s'en- foncer à travers la nuit et le dé sert hostile vers l'inconnu, vers le da nger. • Parmi le malin clair, aprè s la marche pénible de la nuit et avant d'être arrêtés par la cha– leur, Lou:s et Pierre chominent côte à côte, à J'arrière d o la colonne. Ils ont vu passer leurs hommes ; tous los traits dos visage s sont tirés e t les pas sont devenus pesants ; trois jours, e n effet, que l'on marche à trave rs cette plaine si monotone qu'on croit ne jamais evance r 1 • trois jours que les soldats doive!'lt a ller parm i · le sa ble mou, au long de la piste mal balisée. JI y a t rois nuits, ils sont partis avec le strict nécossaire, mais déjà les bidons .:l'eau sonnent trop clairs et sont si lé gers. Ah 1 oui, vraiment ciu'on le voit enfin ce soir cet oued a ux pierres noires dont ont parlé les li,:u~enants ... Car c'est e n le. remontant que l'on verra, là -bas, tout au bout, la masse trapue du fortin d 'Ain-Guir. Et on en a rudement besoin 1 Soudain un flottement se produiT dans le petit détachement ; les hommes se sont arrêtés et un des gars de tête revie nt e n toute hâte vers les deux jeunes g e ns étonnés. Alors, e ssoLLfflé , il jette d'un trait, brusquement : - Mon lie utenant, mon lie utenant... la piste, piste... a... disparu 1 On a bie n cherché devant , partout, mais le vent a tout effacé et il n'y a plus d e balises !... " Pierre a serré les mâchoires, puis il est parti e n courant ; c 'est vrai, il n'y ei mainte nant plus rie n de visible. Là, sur le sol rouge, ,ces pierres sont peut-être des balises renversees, mais il y en a d'autres en avant, en arrière, à gauche et aussi à droite, partout ; toutes se ressemblent, toutes pourraient être d'ancie nnes balises. Alors... Quant aux traces, rie n à faire ; le sirocco est passé par l<I. Pourtant, il n'y a pas à hésiter : il faut arriver, il faut parve nir à Guir, car il ne peut être question de retourne r à Aag-Me niet, de refaire trois jours de marche e n arrière, si près du but invisible et 'avec si peu de provi– sions... Alors Pierre a envoyé les hommes explorer le t errain, p~ is il pre nd Arnould à part et, les Une luew· rl'e.~1 1 01r dau(' le.<r yeux. l'o{flciel' Mn son bidon dn11s l'ou ed. yeux dans les yeux, lui murmure : " Mon vieux Louis, tu Io sais bien, nous avons à peine a sse1 d'e au pour un jour e ncore... J e n'ai pas à entraîne r les hommes au hasard e t ils sont é puisés. - Alors?... - Alors 7 J e pars seul retroU"Ver la piste e t ramene r du. .secours. Ah, ça non 1 - Comme nt 7 - C'est moi qui irai, - Non, Louis, tu es le plus jeune, tu restera; ici avec eux et tu verras. je réussirai. " Pe ndant ce t emps, les soldat s sont revenus sans avoir rie n trouvé. Ils ont écouté silencie11>– sement le lieute nant leur explique r son projet et seules leurs poignées d e mains silencieuses et 1e urs yeux où brillait une drôle d e petite hoeur ont montré qu'ils avaient compris... et François pencha sa tête à l'intérieur. ... Les lampes se braquaient en avant, mais aussitôt des cris retentirent, une lampe tomba, se brisant avec fracas.... François lui-même recula, très pâle. Quelle est donc la d écouverte que viennent de faire ces garçons ? Si vous voulez le savoir : Lisez à partir de la semaine prochai– ne, d ans Coeurs Vaillants la grande hi>toire que vient d 'écrire pour vous Raymond Dumoutie r. "MURÉS VIFS" et vous vivrez avec nos n ouveaux héros, une des plus passionnantes ave ntures q ui soit... L'aventure fantastique d'un gars de 5. LA BANDE DES INSUPPORTABLES 12 ans J'a i bien fait cie dire l'autre jour que les Cœurs Vaillants n'éta ient pas dea enfants sages. Voici q ue je viens de recevoir une lettre de a la bande d es insupportables '" Je d evrais d'ailleurs plutÔC dite : l'ex-bande d es inoupportables, o u la bande des ex-insupportables , comme vous voulez. (Ex : préfixe qui i;eut d ire : a qui n ' es! plus n.) C t: sont trois frères, André, Louis et Henri. lis ont ro. 9 et 8 ans . C'est André qui écrit, il esr l'aîné. lis habitent un petit village- de la Loire et l'an dernier, il" é taient un peu la terreur du villa$e {qu'ils disent/ .. . car à 10 ana je ne suis p as sûr qu'on soil capable de semer la terreur ; en tous cas; ils se jugent très séoèrement et ils font un e confessio11 publique!) a ... L'année dernière, écrit André, nous ne vou3 aurions pas écrit, et il faut que Je vo us explique pourquoi ; ça nous e nnuie un p eu mais je crois que malgrés (aie) ce que vous p enserez d e n ous, il vaut mieux vous le dire . Avant l'armistice noua étions très sots, si sot:; q u'on nous appelait dans le vil– lage la bande d es insup portables, nous ne pensions qu'à faire de vilaines farces ef à donne r de la peine. Mais notre papa a été fait prisonnier, et nous avons comme ncé à avoir des remords en voyant maman si tris te. Puis Françoise est a rrivée. Françoise c'est notre sœur q\Ù a 13 an s et alors elle n ous a montré quel bea u journal e st Coeurs Vaillanrs et elle nous a aidés à faire !'Ascen sion, a idée par notre frère qui est jociste , e l12 nous a convertis. Sur la demande de l' Alpiniste nous vous écrivons.. " Bravo ! Voilà d es gars conquis par la Gran de A venture. Voilà d es gars qui ont compris qu'on ne troùve p as le bonheu r e n éta nt insupportable, mais Ces trois lcl, c'était la terrt'lH' du village... que c'est bien plus chic d'être des Cœurs Vaillr.nts, de monter avec le G uide tout en h a ut Je la m o ntagne , et de rendre service aux p auvres et aux malades. Je suis st1r qu'André, Lo uis et Henri vont « en m ettre un coup " p our la campagne pascale, et quand leur papa rentrera , il sera lie r d'eux ; leur maman d ira, rout he ureuse : « T u suis, on ne les reconnait plus, nos insupp ortables ! ll André, qui est un peu le chef d 'équipe de ses petits frères, adresse aussi un vaste appel à tou s les C . V. : a Unissez vos prières et vos sacrifices, ensemble nous rendrons !e b onh e ur et la paix à la Fra nce " - Et il n'oublie p as de demander aussi qu'on prie pour son papa. C 'e st promis, André 1 Allons, h a rdi, les gars i P artout, partout, comme d ans le village d ' André, des petites équipes se forment, les enfants d e France relèvent fièrement notre é tendard C. V . couleur de soleil. Déjà nous sommes le Mouvem ent d'enfants le plus nombreux et le plus fort de notrs pays. Il faur ma intenant qu'ava nt 6 mois, il bourgs, à travers toutes les campagnes, d es la Grande A venture ! y a it d ans toutes les cités, dans tous les Cœurs Vaillants décidés à pousser à fond Jean VAILLANT. P. S. - Comment trouverois-!e le temps de ré.,ondre à tous les petits frères qui m'écri– vent? Je vc..is toujours essayer... Mais dès au;ourd'h ui je veux féliciter J. Gayet <J . ça veut dire quoi ? Jean, comme moi, ou Junipè re ou Justinien ? mets donc ton ;'.)rénom en entier, c'est ton nom de chrétien !) .. qui m'a envoyé un chic jeu, t rès ostucieux ' Et pourtant J. Gayet • est tellement timide qu'il n'osait pas m'écrire ! • Il a follu • qu'il prenne son courage à deux mains • . Oh ! est-ce que je suis si intimidant ? Pierre s'est e nfoncé seul dans le grand silence du désert. • il doit bien être trois heures ~e l'après-midi, mais le ciel est plombé d e lourds nuages som– bres. Depui~ deux heures la ·chaleur a plaqué rudement toute la nature sous son poids é nor– me ; impassible, elle semble maintenant nar– guer ce petit point qui s'obst ine à avancer dans la plaine infinie ; c e petit point qui est un homme, un homme harrassé, mais tendu dé– sespérément vers un seul but : Sauver ses cent soldats 1 Pie rre a la tête e n feu, les jambes brisées de fatigue et pourta nt il avance encore, il veut avancer. Il n'a plus de salive, mais seule– ment dans la bouche une espèce de colle blanche ; sa gorge lu.i fait horriblement mal, il avance encore. Son corps n'est plus qu'un a utomate infiniment douloureux, mais il marche toujours. Pour se donner du courage, il mur– mure sans arrêt la phrase, la phrase insensée et a dmira ble : " L'oued, j'att eindrni l'oue d, je veux atteindre l'oue d. Une ·fois que je l'aurai, 1 sera si facile de le suivre jusqu'à Ain-Guir ". Et, tout à coup, il croit à un mirage d e ses pauvres yeux fatigués... mais non, c'est bie n vrai: l'oued, oui l'oued, est là à ce nt mètres, e;i bas de la dune... Follement il ."élance , mais il y a un g rand é blouisse ment, une douleur aiguë à la t ê te et, dans un cha os de fièvre, le lieute nant s'évanouit, vaincu à jamais par l'épuisel'l'.'ent. C'est alors que , miraculeuses, les la rges gouttes s'é crasent sur l'e sable où elles creusent des rigoles abond'antes. En de longs roulements, le tonnerre ét end sa voix furieuse sur t oL1te la plaine et l'oue d coule mainte nant à pleins bords ; 1., cie l de plomb vie nt de se d échire r et le pre mier orage d e la saison ~ alaie toute la région. Qua nd Pierre revint à lui, la pluie cessait dé jà , mais l'oued grondait e ncore tumultueu– sement. Proté gé par le rocher co ntre leque l il s'était écroulé, l'officier n'était pas trop mouillé, l'eau n'avait fait que le ranimer. JI essaya d'abord d e se soulever, mais ne le put; il était t rop é puisé . Son corps le rivait au sol sur le chemin même du but. JI regarda a lors les eaux viole ntes d e l'oued et souda in, e n un éclair, eut un ultime et fol espoir. Pre nant fébrile ment son carnet, il en arracha d eux feuilles, grava q ue lque chose sur cha cune d'elles, les g lissa dans ses de ux bidons, puis, à une demi-heure d'intervalle, les jeta là-bas dans les flots écuml!lnts. • A six heures du soir, des petits nomades qui vivaient avec leurs parents sous des tent es près du mur du fortin d'Ain-Guir virent flotter le pre mier des bidons. Avec des cris d e joie, ils s'e n servirent comme cible flottante et une . grê le de pierres accompag na· re me~age de Pierre q ui di:parut bie ntôt , e mporlé par l'oued . A neuf heures, un arabe demanda à parler au chef d es " sold ats blancs " du fortin. Il tenait à la main le second bidon, encore ruis– selant ; il l'avait trouvé près d'un pont, échoué et l'am e nait à ~ - - tout hasard pour '-"\ avait oaru si é mu. a. un e d emi– he ure plus tard, dans la nuit in- connue , les d e ux : autos blindées du La 801111 erie du clairon 1·/e111 rie bord j, s'ébran... 1·ete-nt.u entre les 11ltffs lllunr~ laient à toute vi- du bord}. !esse, balayant avec le urs phares, à larges coups d e pince a ux lumine ux, la plaine immense. Elles partaie nt sauver ceux q ui, là-bas, avaient eu confiance. Il Mainte nant l'a sonnerie du dairon finit de mourir le nte me nt entre les murs brencs du bordj ; les pillards n'ont pas osé attaq uer et Pierre est devenu e ujourd'hui le capitaine d'Estrelies. Au grand mât, joyeusement, flottent bien haut les trois couleurs. Et, raidis, présentant les armes, les soldats regardent intensémont, avec un léger picotement a ux yeux colui qui, pour les sauver, osa affronter la mort lonto des Confins Sa hariens. Lo clairon s'est tu. Sur les ,pistes brûlantes du sable vient de s'inscrire une nouve lle page d e vaillance française. J. LEGEAIS. Ain-Sefra (Sud Oranais). fic bea u soleil de Provenco dore les sommets do la vallée do !'Oisans. La gnc s'6veillo toute illuminée. Au piod de lù Meije , majostuousc comme , une reine, Io potit village do la E.ravel sor~ pou à i;>ou de l'ongourdisscmcnt do la. nuit. Les troupeaux pùrtont au pâturage on fa iJ sant carillonnor joyousemont leurs clachettes,blllii;i•E::~;;;;t;C:...:~--=~---=----~~111!1! p uis la petite cloche do l'église sonne la messe matinale. li semble que rien no doive troubler la ma jesté paisible de cc l;~·J merveilloux. ourtant, dans l'une des fermes près de l'église, l'anxié té règne : voilà d e ux jours que Io père de famille est parti faire la " Meije ", " sa Mei je " et il n'est pas encore rentré. Piarre, le fi ls ainé, les deux coudes sur la t able, est plongé dans ses pensées. Un acci– dent ne lui semble pas possible : son père est un guide si sûr. 11 connaît la montagne mieux que n'importe qui. S'est-il alors laissé prendre d ans le brouil– la rd ? H ier Io sommet de la Meije en étai't e nvironné. Mais non : son père est telleme nt prudent ! Et la montagne qu'il aime tant ne peur t' avoir ravi aux siens. Pierre frissonne à cette pensée : c'est qu'il est l'ainé de sept et bien que le courage ne lui fasse pas défaut, il songe avec effroi qu.'il ne pourrait jamais subvenir aux besoins des siens. Mais inutile de rester là à ne rien fa ire. JI faut agir. Sans bruit pour ne pas réveiller les petits qui dorment, il prend son piolet, ses crampons, puis va embrasser sa mèrEl qui sourit à travers ean-François -- CHEF. D'ÉQUIPE -- Le silence s'est orolonqé un bon momen t sur l'équipe inquiète. Jeon- Fronçois foit du reqord le tour de ses g arçons Si aucun d 'eux ne se propose. c'e st lui qui ira à Io Moison Houle, rr.a 1s 1 tout de m éme ce serait moins ch ic u n bon chef d 'éauioe 1 Jean-François le sait b ien, ne doit pos vouloir tout foire lui-même.. Quel– ques instants encore et ou is, b rusque ment, Marcel se lève : u J'iraÎ, moi... n. Jean-François pousse un soupJT de souloqement et du coup, retrouve tout son entra in : <c M arcel, tu es un t ype. J e savais bien que je pouvais compter sur toi . A for!ï, les gors, pas une m inute à pe r– dre, s'agit d'organiser sérieusement notre assou~. semomc et Raoul en profite, en général, pour tcriir, à Io Grotte Noire, les réunions secrètes d':' so bonde. C'est le moment propice entre tous pour l'assaut de Io citadelle. Toutes. les pr~coutions sont prises. Poul, sorti le premier de l'école, est venu se poster chez sa tonte, ui t ient une mercerie juste en foce de Io Moison-Haute. Il a rigoureusement contrôlé toutes les oersonnes oui ont franchi Jo redou– toblc porte. et lorsque- Roger s'ovonce prudem– ment, en éclaireur, c'est un signal ra ssura nt qu'il transmet ou reste de l'équipe : Rooul n'est pas tentré chez lui, André non p lus, Io voie est libre Alors Marcel, sa pile de journaux ses larmes. JI est si vaillant son Pie rre, si cou– ragel!x 1 Dès qu'il fut sorti, Pi erre courut vers la demeure du Père Gaspa rd. C 'était un vieux gi.ide pour qui la mo nta gne n'avait pas de secret. Vivement il s'équipa à son tour, car une minute perdue pout être cause de la perte d 'une vie humaine . _ Le s deux hommes grimpent le sentier d 'arrord roca illeux qui va se perdre da ns les g laciers et les couloirs d ifficiles. Ils montent vaillamment , Pierre est brave et les diffic ultés ne lui fo nt pas peur , et là où il a d écidé de passer, il faut qu'il passe. Rapidement les deux alpi· nistes sont arrivés au " G lacier Ca rré 11 • Le Père Gaspard se t ourne vers Pierre : Maintenant, mon petit, nous a llons e ssayer d 'appeler. Si nous n'entendons rien, alors nous chercherons. Et les d eux hommes, les deux mains en porte– voix ébranlent l'é cho de la montagne endor– mie: mais aucun son humain ne leur ré pond. Un qua rt d'heure d 'app·els inut iles... les hom– mes se sont tus essoufflés. Avidement, il scrutent l'horizon pour essayer de trouver un indice de passage , mais seule la Meije étincelante se dresse en face d'eux et semble les narguer. 0 e désespoir au fond du cœur, ils e ntre– prennent les recherches : creva sses, couloirs, tout y passe. Le Père Gaspard commence à perdre courage, mais Pierre ne veut pas abandonner la lutte, il doit retrouver son père : c'est son devoir. So udain en contourna nt un glacier, il aper– çoit J. la face nord d e la Meije un passage Elle va voir cc qu'elle va prendre, leur fameuse citadelle... "· Et un long conciliabule immobi– lise l'équipe, comme une assemblée d'officiers supérieurs sur urte cart e d 'offensive. Les jours ont cossé. Ponctuellement l'action s'est déroulée suivànt les plans é la borés a u conseil d 'équipe. rlier, c'éta it Robert qui, sa serviette bourrée de docume nts, a .passé u ne q rondc heure chez Louis pour lui .expliquer le déroulement des opéra tions, l'heure de Io gronde attaque et tout ce que les combottonts o ttendoient de lui. Rien que de "se sovoir mêlé de si près ou dérou– lement des op , rot ions, le pet it malade s'est sent i un courage qu 'on ne Jui ava it pas encore sous le bros, se dirige rcsolument vers Io Moison- Haute. De Io mercerie. Poul continuera so surveillonce. Roger et Robert iront porter leurs C.V. dons les m aisons voisines tond is que Jeon-Fronçois se t iendra tout près du théâtre des opérot ions 1 p rêt à sonner le rassemblement de l'équipe à Io moindre olerte. Là -bos, dons son lit, Louis, plus que ja ma is, doit penser à ceux qui sont sur Io brèche, le sole il couch ant illumine tout d'un joyeux royon, Io demie sonne 1llègrement à l'horloge de l'égl ise, tou t est paré, nn ovqnt... D'un seul élan, Ma rcel franchit, .eux oa r deux, les marches de l'escalier. Le cœur bcttont, il jette ou possoge un rega rd ro - particulièreme nt dangereux entre d oux parois uniformément lisses. Sans hésit er il s'y engage, mais au bout de quelques pas il est obligé do rebrou5se r chemin : le couloir est impénétrable. Et si, par hasard , le guide avait tenté d 'es– calade r ces marches 7 S'il était t ombé 7 Le regard du jeune homme se porte sur le glacier qu'il domine. Là ... juste en dessous se trouve une crevasse qu'il n'a pas encore aperçue. Len– t ement il redescend , car le moindre faux pas peut lui coûter la vie, et il se dirig e vers sa nouvelle d écouverte. Alors un cri s'étouffe dans sa gorge. Au fond du trou béant, son père est étendu les jambes broyées par les parois rocheuses qu'il a accrochées dans sa terrible chute. Pierre pourtant si vailla nt et habit ué à la rude vie des guides ne peut reten ir les larmes q ui cou– lent lentement le lo ng de ses fo ues. Le Père Gaspard le voyant immobile s'ap– proche, mais, hélas 1 il ne peut q ue constater le terrible accident qui' a coûté la vie au guide int répide. - Allons, mon petit , viens, il est impossible d'aller le chercher, ce serait la mort certai ne pour celui qu i s'y aventurerait. Mais Pierre ne bouge pas. Il reste là muet... figé... Les appels du vieux guide se font plus pressants : - JI faut partir, le soleil baisse à l'horizon. La nuit va nous surprend re. - Mort ou viva nt je veux le corps d e mon père. - Mais je te dis que c'est impossible. - Impossib le n'est pas franc;ais. - Allons, viens, c 'est une folie . Nous fo rons dire une messe pour lui. connu u V ous pouvez être t ranquilles, les gars, o affirmé Robert en rendont compte de sa mission, L ouis va marcher à bloc. Je lui oi promis que nous aussi, on prierait avec lui... ç:o gazera... n . De leur côté, les outres équi– piers n'ont pas perdu leur temps. Des piles impressionnantes de c C.V . -o sous le bras, ils ont visi té une par u ne toutes les m oisons Qu i leur éta ient confiées. Et ils ne se sont pas contentés de vendre Jcur journal n'importe comment. Partout, ils ont cherché à se rendre sympathiques : là une petite phrase odroi temcnt placée, ici un petit serv ice rendu ou bon mo– ment, a llons 1 Io compoqne est bien préporée. pide aux portos des deux X ... rien de suspect.. . l'attaque est bien enqogée, il ne s'aoit plus maintenant que d'agir vite et ovcic précision. En moins de deu x, les appartements d u qua – trième sont visités avec succès... Voici mointe– nonr le oolier d'André. Là , à gauche, deux lo– gements ·s'ouv rent sur une pet ite ent rée sépa– rée par une porte de Io cage d'escalier. Marcel pousse cette porte à demi-ouverte, il tire réso– lument Io orem ièrc sonnett e... Brusquemen t , il se retourne: .. on d irait q L1'un bruit de pas... Mois non. Le silence rèone dons l'oscolior, il cont inue aussi à régner d 'ailleurs à l'intér ieur de l'appartement. Est-cc QL1e por hosord il n'y Et Io Pèro Gaspard ossaio d'entrainor le jeune homme. Violornmont Pierre so dégage. - J e dois rendra à mon pèro los derniers honneurs q ui llbi sont dus. Et, sans e ntendre davantage les appels du vieux guide, Pie rre se la isse glisser' lontoment le long des pllrois de la crevasse. . D (Ç:e n'est qu'après de rudes efforts, les mains onsanglant éos par los roches, q ue Pierre attei– gnit son but. Penché sur le corps de son père, il écoute anxieusement l'oreille collée à sa p oit rine , et , souda in, son visage ba igné de lûrmes, reflète une joie profonde : il respire encore, o h 1 bien fa iblement... mais sans dou,te il pourra être sauvé . Sans perd re une se conde Pierre a fa it un pansement de fortune aux pa uvres membres brisés et déchiqueté s par les roc hers, puis dé– tacha nt de sa ceint ure un petit fl acon, il fa it couler quelques gouttes d 'alcool entre les dent s serrées du blessé, qui semble se ranimer un pe u. Cc ne fut qu'après t rois heures d 'efforts que les hommes reprirent le chemin d u retour. 0 iorre sava it bien que plus jama is son c her papû ne pourrait a ccomplir sa rude tâche, il savait qu'il lui fa llld ra it lutter â preme nt pour assurer l'exist ence d es six petits, ma is da ns ses yeux brillait une lumiè re plus forte q ue la dou– leur. Pa r son courage et sa persévérance, le jeune homme vena it de prouver a u vie ux guide qu'il saurait , quoiqu'il a rrive, se montrer d ig ne de lui. M. A. Qua nd on reviendra ovec les offichcs, les gens seront déjà à moitié conquis et l'idée fero son chemin. Sons compter que Io t irelire de Io Commission des Finances, s:étont cnri ...h1e de tout le bénéfice de Io vente, le groupe pourra passer une fomause commande ou C. N . Et mointcnont, voici l'heure H . Les équipiers ont longuement discu1é du jour et du rnomcnt et finalement, c'est ou samedi, 5 h 30, u'ils se sont arrêtés. Occupé en scrno1ne à l'usine, le pope de Rooul passe tout cet oprès-mid1 ou petit jordin qu'd possède, un peu en dehors dt1 bourg. Sa maman, comme tou tes le5 ménagères, est occupéo a ux g rqnds nettovoges de f111 de aura it personne ? Une seconde fois, Io C.V. se – coue la sonnette qui s'a ffole en rythme d 'alar– me. Mois le silc1ice retombe a ussitôt oppressant e t mystérieux. Et tout à coup, un claquement sec fait bondir Je petit qors, un ricanement str ident le cloue sur p lace, t-crrifié... Derrière lui, Io porte du pa lier vient de se referme• brus· quement.. . Morcel est prisonnier dons Io cita– delle des XxX... ' 1.0.. suivre.) Jeon BERNARD.
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