Cœurs Vaillants 1941
/ Ce pauvre Jacques n'avait pas de chance. Voilà des années qu 'il b ataillait sur son coin de terre sans pouvoir assurer l'avenir sur ses économies. li était riche d'une femme et de trois en– fants et il savait apprécier cette richesse. Mais, au bout de 1 année, lorsque la fer– mière et lui avaient travaillé à pleins brus, il arrivait à peine à payer son fermage. Il ne lui restait jamais rien pour cou rir vers une nouvelle échéance. Une année, sa situation s'aggrava : d es pluies ruinèrent la moisson, les poules p é– rirent l'une après l'autre, le porc qu'il engraissait pour le vendre en auromne fut atteint par u ne épidémie. Jacques se trouva dans l'impossibilité d'acquitter son bail dont le terme approchait. - Comment allono-noua foire ? demanùa– t-il à aa femme. - Il nous reste une vache, lui répandit Pierrette. Il faut que demain tu la conduises au marché er que tu la vendes, mais ne' la cède qu'à un très bon prix 1 Après quelq.,es minutes de discussion, Jacques finit par se rendre. - Compte sur moi 1 Et Te lendemain, co nduisa.nt BQ. vache,. il passa près d'un vieux château <Jêinoli, ·aux allures de légende : a Si j'av_1:1i~ ~ul<'fm~r la moitié des sommes q11i ~estent ~i::heés L'hOmme <!tait comme paraly3t!... sous ces vieilles pierreo, pen~it Jacques, je n 'a urais pas besoin de vendre ma der– nière bête. Aussitôt un petit vieillard tout ridé, le nez pointu el Ica yeux rouges, jaillit des broussailles et inclina la tête. Jacques, poli– ment, lui rendit non salut. Mais, non sana crainte. Il allait passer, lorsque !'~range personnage l'interpella : - Où vas-tu, brave homme ? - Au marché, répondit le paysan, très vite. Vendre celte vache ? Hélas, oui... Il le faut. Je re l achète. Une sorte d e paralysie retenait l'homme à cette place, il voulait passer outre et il n'en avait pas le coumge. Combien me donnez-vous ? dit-il. Le p_etit vie ux · tira de sa _poche une bou– teille à g rosse panse er, la hnussant vers la lumière, répondit : , - Voici ce que je te donne. Encore qu'il e ût peur, Jacques ne put s'empêcher d e rire : - E st-ce que vous m e croyez assez niais pour ~changer ma vache contre ce tte bou– te ille vide ? . - Acce pte ma proposition, te dis-je , tu ne r' e n repe ntiras pas. - Non, mais que dirait ma femme ? Et c.uuœ.D li LA PJi.GE ~'IUil.~~· UN REVENANT comment payer mon fermage s1 Je ne vend pas ma vache pour de l'argent ? - Je te répète que, pour toi, cette bou– teille vaut mie ux que d e l'argent. Allons, maître Jacques, accepte mon offre 1 - Commenr me connaissez-vous ? - Peu importe ! Je sais qui tu es, un brave homme, et ie \'eux te venir en aide. Ta vache, tn vache, tu ne parles que de ta vache, mais songe que ta vache peul périr avaJ\t d'arriver au marché. Et si elle y arrive, combien la vendras-tu alors que tout le monde en offre ? Er si tu la vends, qui te d it qu 'au retour, on ne te voleras pas ton nrgc.nl ?... Mais j~ perds mon temps. Tu refuses ton bonheur ? A dieu, !'ami 1 - Eh, je ne refuse pas mon bonheur, mais j'ai peu d'estime pour les bouteilles vides. Si j'étais certain qu·elle est au3si précieuse que vous le dites, je vous aban– donnerais la vache. - Ecoute, prends la bouteille, et quand tu seras rentré ·chez toi. .. Mais tu hésites encore ? T ant pis 1 Je te quitre. Si tu avais accepté, tu serais devenu riche, mais tu mendieras toute ta vie, tu verras tes enfants languir dans la misère et ta femm~ mourir d'inanition... ~ Prenez ma vache et malheur à vous oi vous m'avez uompé 1 - · Je ne t'ai pas trompé et, ce soir-même, tu le reconnaîtras. Ce soir-même, rentre chez toi et sois calme. Laisse passer la colère de ta femme 1 Dis-lui de nettoyer le plancher, de metrre le couvert et prononce ces mots : a Bouteille, fais ton devoir 1 » Tu verras ce qui arrivera. Notre Jacques jetait encore un regard d'af– fection. vers ·~ vache, lorsque tout disparut, et le vieillard et la bête. li serra la bouteille s ur son cœur et revint chez lui, bien inquiet. - Comment, dit Pierrette, c'est déjà toi? Mais tu n'as pas eu le temps d'aller jus– qu'au marché. Qu'est-il arrivé ? Oli est la vache ~ Tu l'as vendue? Combien ? Qui te l'a achetée ? Qui as-tu vu ? - Comment veux-tu que je réponde à tant de questions ?... - Ma is la vache ? - La vache ? Je ne sais pas moi-même où elle est. Bien sûr, tu l'as vend1..1e, mais le prix ? Patience, pntience, tu sauras tout... Qu'est-ce donc que certe bouteille que tu tires de ta veste ? - Sois calme, ma Pierrette, sois calme 1 Et si tu veux le snvoir, je te dirai que voilà ce qu'on m'a donné pour notre vache. - Quoi ! qu'~t'-<:e que tu dis i\ Tu n'est p as fou ? Tu veu x me faire croire e t tu t'imagines que nouo allons payer le fermage avec... , - C'est un p etit vieux qui me l'a donnée et il m'a dit qu'avec c ette boute ille... - Et tu l'as cru ? • En · même te~ps, P ierrette se saisir de la bouteille pour la briser. Mais Jacques se souvint des ins tructions du vieilfard, il garda son sang-froid, reprit doucement le bouteille et, s'approchant de sn femme qui s'était assise er pleurail, il l'embrassa et lui d it : - Maintenant, ba laie le plancher et mets la table 1 Le couvert dressé, Jacques prononça ces mots : a Bouteille , fais ton d evoir 1 ». -- R egarde, m ama n, regarde, s 'écria a us– sitôt un des enfants en courant ve rs sa mère : D eux petits t;tres a ériens s'échappaie nt Aux alpinistes, Aux défrich eurs de sommets Chez nous, quand on a ·quelque chose de difficile à foiro, on ehanto... et plos Io tâche est rude, plus Io chant s'envole fièrement do nos ccrurs résolus. Pour la grando ascension qui vous lance, voillontG et généraux, sur le!! pos du Guide, Alpiniste•, il vous fallait un chant. M. l'abbé Losa y, qui vous en a d'éjà donné de si chics, ot qui vient de nous revenir, libéré d'Allemagne, a cornposé celui-ci, exprès pour vous. Apprcnozle vite, petits frères ; apprenez-le tous et chante::-lo do tout votre cœur. Il vous aidera à montor., fe rmes et joyeux 1 vers les s ommets. Il vous oidcrc à donner aux autre!ï tes chics secrets qui sont votre force. Il vous aidera à entraîner vos frères sur Io routa du· bonheur.. Pt:FRAIN r / v v ~ v r r 11on · te cœur val! · lant verl les ~I · mes les >0m ·mets Tu t.rou · ve · ras fo Paix ~ p ~ }. J l' J' J· .) J JI f J 1 J J' ; v v 1 r · ~ r · ~ 1 r v n· I Ne r~ ·gar. de pas la ploi. ne Ne re · fu · se pas to p•i- ne Mon · te , mon· l e mon · te. Fi - A. z.. COl/PlETS ~ ~~% V' Œ µ ~ r V' ~I v ;Il J J J J J' )' 1)) ) J ~ ~ ~ ~ 1 r v P 1 r:/:. b:. Monteet ne n! · CU· le JO -ma~:ll. _:s -co · lo-de la mon·t.a-gne Lo mon·to-gneduBonheur Le Gui- ~ p; VVV ~ 1 VV 7 V V r ~ ~ 1 r ç ~ Ji r .( Il de qu.i foccom - pa· 9ne Cœur\loillonl ré · clo. me lan c.œur . 2. Si ton ardente nature Ve ut se donner sans retour, Voici la fière aventure, En avant, pl us haut chaque jour. 3. Vois tes frères qui t'attendent : Avec eux tu vas monter, Prends la corde qu'ils te tendent, Elle unit dans la chari té. 4 . Tu sois qu'au tournant des routes L'ennemi guette tes pas. Pour éviter la déroute Que ta foi ne se trouble pas. . 6. Entraine avec toi tes frères Les souffrants, les malheureux, Pour soulager .leurs misères Apprends-leur les secrets des cieux. 7. Si tu manques de courage, Si tu crains l'obscuri té, Au d e là d e tout nuage Souvie ns-toi que luit la c larté. 8. Il en est qui se conte nten t De la loi du moindre effort. Mais leur joie est incoostante, Le bonheur n'appartient qu'aux forts. 5. Ne crains pas les avalanches, 9. Piétine ton égoïsme, Les gouffres et les dangers. Arme-toi de volonté, Donne au Christ une âme blanche, Viens conquérir l'héroïsme, Il saura te la protéger... Dieu t 'a foit pour la sainte té. 1O. La montagne te conv ie, Chaque étape te grandit. Monte toujours dans la vie, Au sommet, c'est le Paradis. de la bouteille et, a llant, venant, dépo– saie nt sur la table d a ns une vaisselle e n argent tout ce qui pouvair servir à faire un bon repas. Lorsqu'ils eurent terminé, ils disparure nt . Le pnysan et sa femme, plutôt cra intifs, mais bientôt enha rdis, ma ngèrent comme ils n'avaie nt jamais mangé er ne purent consommer qu'une faible paxtie de ce qui leur avait été présenté. Les d e ux p e– tits légers serviteurs emportèrent le reste. Le lendemain, Jacques porta vers la ville cetre riche vaisselle, la vendit, paya son fe rmage, acquitta toutes ses de ttes el même fit l'acquisition d'une cha rrette e t d e de u x chevaux. Et Pieuetre de dire, en battant des main11: - O uel brave homme que ce petit vieil– lard 1'Vraime nt, il né t'a pas trompé, mon Jacques. Te voilà riche 1 Il le fut jusqu'au soir où un homme d'âge vint f~ap~er à . le~r porte._ il !tait !ard, il ple uvait, la nuit s annonçait tres froide. Jacques prit un chandelier et alla ouvrir - Que veux-tu, demanda-t-il à l'homme ? - :Une petite place à votre grange, seu- lement. Je suis vie ux; je vie ns d e loin et le · temps est mauvais. - Au large 1 lui répondit Jacques. De son lit, Pierrette lui criait : « Non, non, laisse-le entrer 1 ». · - Jamais d e la vie, répliqua-t-il. Pour q ue ce vie ux courandier vienne gâter m f\ foin a vec ses pieds boue ux ou qu'il mette le feu feu à la grange 1 Qu'il cou rre 1 Il poussa le verrou et revint mettre le chandelier sur la cheminée, mais, a u mo– m ent où il le d éposait, il he urta la bou– teille qui occupait une place d'honneur, il n 'eut pas le temps d e la rattraper, e lle tomba en écla ts sur le carreau d e la cuisine. A partir de cette nuit, les revers s uccé– dèrent a u x calamités à la ferme d e Jacques. Comme la première fois, il dut, avec la seule vache qui lui restât, reprendre le c hemin du marché . En passant près du château, il pensait : a Si je pouvais revoir ce bon vie il!ard ... » . A peine y avait-il songé qu'il l'aperçut devant lui : André LOSA Y. - Eh bien, Jacques, ne t'avais-je pas d it que tu serais riche ? - -Il est bien vrai que je l'ai été et il est bien vrai que je ne le suis plus. Ah 1 si vous pouviez me prendre ma vache et me donner une a utre bouteille ! - J e le veux bie n. Voici ta bouteille. - Elle est aussi bonne que la première ? - Elle est meilleure, bien m eilleure.. . Sac he e n user et dispense-toi d e revenir. Nous ne nous reverrons plus. Adieu. R evenu chez lui, Jacques fait balayer le plancher et mettre la table, p uis, tour heu– reux des félicités qu'il allait se donner, à bon C!)mpte, il commanda Bouteille, fais ton devoir 1 ». Les det1x oénies tomDérent mr maitre Jarq11e.~ et le • ro$si're11t • de Delle faro11 A lors, on vit sortir deux gentes armés de bâtons q ui tombèrent sur le pauvre Jacques et avec une telle violence qu ·il l?Oussait des gémissements et des cris d e douleur. lis sem blaient .;xerce r un acte d e justice . Leur office achevé, ils s'éva nouirent avec Io bou· teille. Mais , d e ce jour a ussi, l'infortune cessa d'habiter sa maison er Jacques connut. dans le bonheur d'être charitable, le meilleuv moyen d'être riche et heureux. Guy CHASTEL. Io sortie du village, Io marigot étendait sos ceux bourbew;cs et s<1los. Et, au loin, jus· qu'<l 1<1 lisière d e Io forêt, seuls les P"létuviers moigros plongo<Jient leurs t iges noueuses dans la voso ot Io sable. Jamais personne d 'a illeurs ne s'aventurait da ns cette partie du pays, sur· tout aux heures chaudes. En effet, les mousti– ques y étaient innombrables ot les é manat ions do Io vaso cousaient do fortes fièvres. Ainsi, toujours, sur la longue étendue déso– léo règnait le silence. Seu-ls, parfois le " plouf " d 'un poisson ou Io cri rauque d 'un oiseau mon– traient qu'il y a va it encoro un peu de vie en cot endroit. Mais vite tout redevenait silen– cieux entre le soleil ardent ot les eaux plates. Cependant, ce d imanche-là, vers dix heures, d eux vieux nègres, sur le seuil de leur case, regardaient curieusement passer, en échangeant leurs réflexions, ce lui qui partait seul vers le marigot . " Tiens, d it rêveusement le premier, voilà enco re " le sorcier des vents " qui va se servir de ses fétiches. - Oui, répondit l'autre, il ne fa it que cela : invoquer son d ieu, et se promener seitl. Mais aujourd'hu i, o n d irait qu'il se preose aussi pour ne plus entendre les clo– ches do la grande fête des Chrétiens ". En effet, tendis que dans l'air déjà chaud, los cloches ~onnaient joyeusement, annonçant la grond'messe, le " sorcier des vents " se hâtait encore plus vers le marécage aux ea ux brillantes. 11 était jeune, vingt-cinq ans a~ plus, et sous Io g rand casque colonial son visage n'était pas encore bronzé. Car " le sorcier " . Jacques Dula n de son vrai nom, était un jeune ~Jean-François . A Io réflexion de son chef d'équipe, Poul. o bondi, déchaîné a Enfin, voyons, Jeon-Fran– ~ois, tu es fou ? Louis malade, juste au mo– ment où on a fe plus de boulot à l'équipe ; Raoul qui vo en profiter pour essayer de nous démolir toute notre compagne, tu trouves que. ça arrange les affaires, toi? » . Mois Jeon– Fronço1s n'a pas l'oir décidé à se la isser démonter : a Raoul nous regarde. Cc n'est pas le moment d'avoir l'air touchés por son offen– sive. Allez, hop ! on lance un grand icu ! On reparlera de tout ça tout à l'h eure, chez moi, à Io réunion d'équipe... "· Sur le chemin qu i mont e chez fa v ieilie Maria, l'équipe de Jean~ François, une heure plus tord, s'échelonne en de Loui!ï e n plus du nôtre... le recensement des familles, Io vente du Journal et puis en – core, en plus, un roulement pour aller le voir.. ~ mo is c'est impossib le, mon pauvre vieux... n - u I mpossible ! impossible ! c'est tout cc que tu trouves à dire, toi, un Cœur Vaillant ! n. Les équipiers se regordent, interloqués. Cette fois, moloré toute son énergie, Jeon-Fronçois est en troin de se fâcher pour de bon et c.omme Paul, de son côté, ne para it pas décidé à se laisser convaincre, il est fort à craindre que Io réunion ne tourne mol... Mois non... Jo maman de Jean- François q ui, tout en fricotant, suivoit attentivement Io discussion, intervient pour remettre les choses ou point. • Oui, Louis Fran~ais, ingénieur agronome. Depuis un an, il était on ce vil- lage de C<1samance pour ét<1· blir uno station météréologique et voir si une grande ligne d 'a viation pourrait y passer. Mais pour les indigènes Diolah, celui qui lâchait de petits ballons en l'air et q ui se serva it de tour– niquets bizarres, ne po uva it être q u'un sorcier spécial : le " sorcier des vents " • -Prudemment, en évitant du pied les mottes branla ntes, Jacques ava nçait maintenant parmi 1 e marécage. Il voulait en– core, ce matin– là , aller relever les indications de ses a ppa– reils, là-bas sur l'îlot vert . Il allait rapide- ment, mais ce- pendant il de- vait faire at- tent i on, car sou vent les branches pour– ries d es palé· peu à peu négligé celui q u'au- 5 trefois pourtant, il ava it appris à connaître et à a imer. ' Alors. aujourd 'hui, le ca rillon de l'église éveillait trop de remords en lui ; il était parti pour les fuir. Soudain, un bruit de chute da ns l'eau fit s1>rsauter Jacques et le tira de sa rêverie : un gros caïman réve illé dans son sommeil sur le sable ensoleillé , venait de plonger lourdement. Le saurien d 'a ille urs ne s'éloignait pas et de ses petits yeux à fleur de l'eau, le ro~ardait aller. Jacques éta it sans a rmes, mais il ne s'ef- fr a y a pas : " C es vilaines bêtes-là, s o n– gea-t-il, s o n t lâches et s \1 r ter r e e lle s n'attaqueraient b i en q u'un homme bles– sé 1 11 Et la chose arriva brusque– ment: il venait de monte r sur tuviers et la vase molle s'ef– Jac:<1ues rottla le !n11a tfc ln 11•ufe... eu l1ru r'etait l'eau in 1111dtte r!/ l~ oro3 c111·11ian tout J ,.oc:he... un gros tronc d 'arbre couché en ha ut d'une fritaient dange– reusement sous ses pas. Au loin, le son des cloches s'éteigna it et léjà le lourd silence du marigot s'ouvra it de– vant lui. Pourtant les deux noirs avaient eu raison: c'était surtout pour fu ir l'appel joyeux de: cloches que Jacques était repa rti ce matin 'ans la brousse. Depuis son arrivée à la colo– nie, par paresse, par manque d e c ran, il avait petits groupes agités. 11 y o d 'abord Poul €t Roger · qui gesticulent en parla nt très fort : u Non... non... il - exagère, J ean- François... les sacrifices des malades, c'est très bien, mois ce n' est tout de même pas ça qui fcro le boulot... o . Plus Join, Robert ma rche tout seul, pensivement. Il o bien compris, lui, ce que Jean-François a· voulu dire, mois tout de même, l 1 obSence de Louis, en ce mornent, c'est une tuile... Et c'est précisément de ce tte tu ile– là que parlent le chef d'équipe ·et son second, qui d iscutent qrovement en gravissant, les der– niers, le petit sentier. Lo réunion sero dure tout à l'heure... Il vo fa lloir préparer le tro– vail mieux que ja ma is ou.... montrer aux équi- trovoillcro vraiment pour l'équipe, si on l'aide à pre ndra le dessus et à offrir généreusement ses sacrifices... Mais Paul a raison aussi en disant que le travail des autres gorçons sera, cette semaine, très dur e t très difficile... Les sacrifices pour Io campagne, ce n 'est pas seulement le domaine des malades et l'équipe n'o-t-elle pas demandé à faire partie de la Commission a Priè res et sacrifices ,,, pour mon– tre r que, sur ce t errain-là, il y ovoit de belles activités à réaliser ? Cet effort supplémen– ta:re que !es garçons n' ont pas cherché, n'est-il pas juste ment le plus chic sacrifice à offrir pour la compagne ? Allons, au lieu de se dis– puter, il faut se serrer les coudes et marcher butte, q u a nd avec un c raquement sec celui-ci se brisa. J acques glissa et roula le lo ng de la pente ; ion casque partit au loin et lui-même ne put s'arrêter qu'au bord de l'ea u jaunâtre. Ma is quand, tout étourd i, il voulut se releve r, un gémissement douloureux s'échap pa de ses lè– ~~es. Sa jambe éta it foulée ; dé ià, elle enfla it rapidement. piers, tout prêts à se décourager, que l'effort est pOSSible quond même et que les difficultés causées par l'absence de Louis seron t largement compensées par le secours de ses sacrifices... fout cela n'est pas facile et Jeon-Fronçois, pour se donner du coura ge, fixe intensément le vieux clocher dont le soleil couchent illumine Io petite croix, comme un symbole. Pour Io réunion d'équipe, Jo mama n du pet it chef a tout préparé. Lo table de Io cuisine o été déborrossée, Ma rie o emmené tes petits jouer dans la pièce voisine, 5 chaises ottendent les dél ibérants.. Ce soir, tout le monde o des leçons à appre nd re et des devoirs à fo ire. 11 n'y o donc pos de temps à perdre. Et Jeqn- résolument, en vrais C.V. "· Cette fois, les garçons on t compris. Avec une a rdeur nou- ' velle, les voilà qui se penchent sur le pion tracé par Jeon-Fronçois. Il s'ogit de se répartir ou mieux les rues dont Io CoMmission géogra – phique leur o confié, cette semaine, le repé– rage. Là, c'es t Po ul qui ira, pa rce que c'est tout près de chez lui... Ici, ce sera Roger, à couse -de sa grond'mère Qui habite Io moison... et là .. Un b rusque s ilence tombe sur l'assem w blée. Là... ce point noir a u bout du croyon de Marcei, c'est Io Moison Haute de Io Gro nde rue .. une immense ma ison où habitent plus de 8 familles différentes et où justement... u Ben, mon vieux, va falloir du cran pour se Et en un tourbillon tragiq ue, t out lui revint alors en mémoire : " Les cloches joyeuses... le gros caïman tout proche... " . Et cette certi– tude terrible : " Jama is personne ne passe par le ma rigot, 5urtout a ux heures c haudes... sans ;,asq ue a vec le soleil bruta l et la réverbération de l'eau. ce sera la congestio n cé rébrale et... " . Déjà ses oreilles tinta ient douloureusement et de g randes ra ies d e feU' passaient deva nt ses yeux. Alors retrouvant d 'un seul coup son cœur d'enfa nt, il se souvint et , fermant les yeux murmura : " Sainte Viorge... ma maman d u ciel, à vous... je me confie... " , Puis il sombra da ns l'inconscience. Non, jamais personne ne passa it par le mari– got, sauf le dimanche à mid i, le Père F.rancis qui revenait d o célébrer la messe en un viJlage voisin. Et quand Jacq ues Dula n revint à lui, il éta i:· da ns une chambre fraîche de la Mission, a u pied d'un gra nd c rucifix d e bois au visage d 'infin i pardon. Il se remit vite et les Diola h stupéfaits, virent un beau jour l'ancien " sorcie r des vents " e ntrer pieusement d~n• l'église du Dieu C hrétien. Ils furent plus émerveillés e ncore lorsque J oseph, le catéchiste ind igène, leur eut expli– qué " que cela était juste, car leu r Dieu étoit bon et que c'était lui seul q ui commandait aux vents ot à la t empête 1 " Jea n LEGEAIS. Aïn-Sefra (Sud Oranais). UNE Fra nçois entre tout de suite dans le vif du sujet : <c Louis est ma lade... c'est Io moment de montrer qu'on c roit à cc q ue nous a dit 1' Alpiniste... Raoul se trompe qua nd · il se réjouit parce qu'on est un de moins, c'est Lou is qui nous a idera le m ieux... On va se pa rtager son travail et organiser un roulement pour a ller Je voir, l'empêcher d 'avoir le cafard, lui montrer cc qu' on attend de lui... ,, - . Tout simplement... "· Ironiques, ces deux nîots ont suivi immédiatement Io déclorotion de Jeon-Fronçois. Et Poul, résolument, prend l'offensive : <c Non, tout de même, Jcon– Fra n çois, tu exagères...' tu crois que tout Sl' fc.ro tout seul, en soufflant dessus... le travail risquer là-dedans... · n. L'éq u ipe .:::;e tait, una– n ime. C'est q ue Io Moison Haute est le doma ine incontesté de Io Bonde des XxX. Au rez-dc– choussée, comme une sentinelle menaça nte, il y o Rooul, qui occupe ovec ses pa rents 4 piè– ces sur Io rue... ou troisième étoge, il y o André, dont Io vieille grond'mère o un tout petit a ppa rtement de' deux pièces, et sur tous les outres paliers, des fam illes plus ou moins inconnues, dont on ne soit pas t rop si elles seront sympo!hiques ôu non... Renseignés comme ils le sont sur les moindres mouvements des Cœurs Voillonts, Raoul e t André connoitront sons aucun doute leurs projets... et olors... (A suivre. J Jean Bernard.
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