Cœurs Vaillants 1941

S i vous feuilletez les 1·ô!es d e l 'adminis– t ration de la S.N.C.F., vou s y t rou verez dan~ I~ colonne : « Postes isolés » c es p eti ts mots parmi bien d 'autres : « Mau– rienne : A ig u illage B- 34 i> . L'aigui llage B-34 est un pet·i t poste qui commande la b if urcation de Novore t. 11 est si tué dans c et te vallée rude et sinistre qu'est la Maurien ne, à sept kilo– m èt res du vi llage le p lus proche, Saint– Georges-de -Co raz . C 'es t une m inu scu!e maison d e trois pièces. Une en b as, Io p lus gronde, com – prend Io salle à manger - cu isine et, séparé par une c loison, le pos t e d'aiguillag e. En haut une petite chambre, celle d es paren ts e t à cô t é un galetas qui ser t d 'habita tio n à Gé rald Péro n, le f ils de l'aigu illeur. U n b rav e peti t, ce Géra ld 1 Treize a ns o u m ois d e m o i; une b on ne f ig u re bron zée par la vie o u g rand a ir, avec, dons les yeux une flamme arden t e e t joyeuse qui le rend t out de su i te sympath ique. M ais, d epuis q u elq ue t em ps Io f lamme de jo ie a d isparu . L e p ère est malade. « T rop de nuits passées auprès d es aiguilles >i , d it le m édecin. Ce so ir , il s'est couché tôt et s'est en – d ormi d'un lou rd somme il en dem andant d e le réve iller lorsqu'il faudrait. 0 l 1 est huit heu res. Dans Io gôrge encaissée, la n u it est tcm– bée. Pas de lune. L es nuages son t bas e t l'on n'entend q ue. le bruit d u t orrent q ui b ondi t entre d eux murs d e glace. H ui t heures. - « Encore une heure, se d it Gérald et le rap id e, 1309 , de Soi n~Michel , passera en d irection d e Cham béry. 11 faudra m o– n œuvrer l'a iguille ? » 'Là- haut., Mme Pér on est inquiète. L 'aig u illeur d ort d'un sommeil q ui d ev ient d e p lu s en plus agi té. Il sem– b le en proie à une f ièvre . inten se. Gérald n e s'é m eut pas q uan t à · Io mo– n œu vre à fo ir e. Bien d es fois, i l a vu fonc tionner les a igui lles 1 Et il connai t les leviers com m e « un v ieu x d u m étier » . ' C'est •fac ile 1 On a ppuie à fond sur le « m anc he » et o n la isse a ller. Et pour essayer, Géra ld exécute le mou– vement. Mois, quoi 1 L e levier se b loque à m i– course ! Q u'y a - t - il ? « P eut-être n 0 1- 1e p as a ppuyé assez fort ? » songe Gérald . Mois n on , r ien à foire ' L'aig uille s'ob st ine à a utres essais L'a igu ille « 2 » ne fonction ne Et don s trois quar ts d ' h eu re, pas !!! le rapide passera en trainant à la mort d es cen t aines de gen s 1 Impossib le de prévenir L es f i:s té:éphoniques ont la dernière ava lanche et encore venu les réparer ! Sa 'n t - Michel 1 été coupés par per sonne n'est Que frnre? T o u t d e su ite Gé rald penpe . A ller voir !... Ex a m iner l' o 1g u 1ll)? 1 péu t – être peut-on y faire q uelque chose ! Sa ns brui t, avec d es p récaution s infin ies pour n e pas réveiller le pèr e, i l monte l'escalier. - M aman ! L'aig u ille 2 est b loquée 1 J 'y vais 'f - T u n'y penses pas ! Trois cents mè– t r es dans la , neige et dons Io n ui t ! Tu te p erdras 1 - D 'abord , maman, je courra i sur les rails ! Le chasse-neige les o déblayées h ier . Et puis, pense à c eux qui sont dans le train, les femmes, les enfants ! !.. . C'est vrai, Gé~o !d, tu es un brave cœur. Embrasse- m o i et v a . Mois soi·s p ru.– d en t, m on Gérald ! Sois t ron q u) lle, m aman 1 Ouvre les volet s pou r que je voie Io lum ière 1 et d e temps en temps, descends ou poste et essaie d e ba ·sser le levie r . Pas un mot à papa s' il se réveille ' D is– lu i que je suis couché et q u e le t ra in est passé 1 A tout à l'h eure. G érald est parti, et de sa pèlerine. 0 m un i d'une lan terne 11 ·a p r is une pioche sous le han – g a r, cor l'idée d e Io glace lui est venue ~(~~~~~à l' espri t . Il c o ur t m a intenan t sur les tra– v erses. Mois Io ne ige a été ' enlevée, 1 a , ~ g lace reste, et '""--. ..,..~~·- -=· courir sur la g ~ace 11 De temps en teu1113 Gér~/11 /ctte u.n Plusieurs 1·eoa1'd vers la. veLite lu111it..'!.t·e jaune.. fois Gérald man qu e t omber . De t emps à au t re, pour se don ner du courage, il regarde Io pet i te lumière jaune qu i sem b le lu i faire un sourire d'encouragement. Q u'e lle paraî t lo in cet te aig u ille ! Pen– dant le jour on croirai t qu'elle est t oute proche ! Mois la nui t 1 ... Enfin la voilà . G érald reco nn a i t l'enche– vêtremen t des rai ls et par u ne brèche d e Io m uraille, le long ruban d 'ac 'er qu i par-t vers Sore"/les. ' En effet 1 La ne ige a p rès avoir légère– m en t fondu, a regelé par dessus et u n épais b loc d e g lace est m oulé entre les d eu x rails. V i te ou trava il.. · La p ioche frappe à grands coups sur le b loc. D e p etits éc lats sautent et passen t en scintillant dans les ra yon s d e Io lan t erne. Q u'i l fait donc froid ! Que le b !oc est d on c · gros ! Que Io g lace est dure, cett e nui t 1 Gérald ne sen t plu s ses doig ts, crispés. sur le manche d e l' outil. De t emps en t emps il s'arrê te un peu p our souffler et r egarder Io c hère pet i te lum·ère ja une. T ou t à coup, le rail .bouge un peu 1 C'est Un g arçon q ui travaille à refaire une France propre, une France f orte, une France unie, une France chrétienne, CE GARÇQN- LA, C'EST ~N « CŒUR VAILLANT » Veux-tu d evenir-c omme lui ? A chète e t lis « A tous les gars qui ont du cran » E11 v ente au Centre National deo C.V . - 16, Rue Nicolaï. LYON - 2,50 en timbres ~~_.;.-~,~ -.: . ,~- , j, " ,,..--- ( ( ' C~~JS VaiJi.a~s, 1 \ ·- ' ,~ Î - D'un ma~iîiqüe élan, /J, ~ ( v ous êtes montés semaine ~ · ~---....__,~'~ par semaine à Ra con q uête ( , Î .-- - ,,.,. du bonheur. En suivanll le E ncore des oiseaux Qf is' !.. et iJs n'ont pas l'air d'avoir peur. .. en avançant tout doucerncnt 1e vois pouvoir les o t traoer ! • maman , L'en fan t en vo ie à so mè re un boiser par le câ b le d ' acier qui les relie. Lo glace s'effr i te p eu à peu . Un coup à droi t e, un coup à gauche. Géra ld chante pour se d onner du c ourage. « A son premier voyage, t irez les gars 1 » A droi te 1 A g a uch e ! Pan ! encore un morceau ! Ça ava nce . M ois au lo in un c oup d e sifflet a retenti ! L 'aiguille est ouver t e plus qu'à m oi t ié. L es lèvres gercées, les m a ins raid ies, Gérald frappe, sons r ien voi r, les yeux brouillés de larm es tant le froid est dur. Quand i l a envie de s'arrêter, il songe o u déraillement, à la catastrophe, les wa– gon s qui s'écrasen t sur Io paro i de Io gorge et c ela lui r edonne d u cour age. Le grondem ent du t rain d ev ient d e plus en plus distinct. On voi t maintenant les d eux feux ja u – n es de Io machi ne qui grossissent de p lus en p lus. Ils approchent.. . L es voilà... Et, tan d is que, le dernier mo rceau de g lace arraché, Gérald s'écroule, épuisé sur la n eige, le rapid e 1309 passe dons · un t ourbi llon d e lumière et d ' ét incelles. Nul ne s'est douté qu ' un petit gars d e treiz e on s venait de sauver Io v ie de p lus d e d eu x c ents p ersonnes ! XYZ. · Les Aventures de Jean-François Madame Baton n'a iomois compris pourquoi ce soir- là son client, tout rouge de colère, n'a pas attendu Io monnaie pour s'en aller en cla – quant ta porte. En v o1n e;te o appelé Raoul pou r lu i remettre son dû, Raoul ne s'est m ême pas retourné et, à grands pas rapides, il s'est lcncé dans Io rue sombre sur les 1·races de son associé. Mois Pierre, pas très tranquille ou fond sur les conséquences de sa curiosi té, avait mar– ché d'un ban pas et la port e familiale s'était depuis longtemp s refermée sur lui lorsque son chef de bonde, l'œd mouvais, arriva à son tour devant la maison. Une exclamation raçieuse trou b la pour un moment le silence de Io petite u Touché 1 mon vieuu: ! c'est toi qui y est ! ,, Triomphant Roger vient de lancer la balle en plein dons le dos de Pierre. Eh bien vrai, il tombe bien celui-là ! n îouch'é? touché ? tiens, tu va s voit si je suis touché... ,, Le SL1rveil– Jont qui se promenait d'un pas tranquille à quel– ques mèt res de là, n ' a jamais comoris com– ment Io boqorre a pu commencer. Mois tou– JOurs est - il qu'ap rès une vigoureuse inter– vention il a juge plus juste de punir tou t le monde en sonnant Io rentrée cinq minutes plus tôt . Une sorte de mei;ioce sourde gronde tout te t emps de Io classe d'histoire et lors- / ,,f Guide vous avez c ompris \ / ~· qu'en dehors de :!Lui, il ne p ouvait v avoli' / /! 4 de bonheur vr ai e t durabl e, lLui seul en / possèclle le secrèt, et ce secret, c'e s t à Et Jean Claude ovo ce tout doucement à travers les cailloux. - Les oiseaux gris n'ont peut -être pqs peur, mois dès que te petit garçon approche ils s'envolent quand même pour aller se poser un peu p lus . loin. vous lles Cœu:rs Vaiij~~fs, qu'U le confie pour que vous puissiez à v otl!'e ~our le faire q::onnaitre aux alll.tr es. Cl Je vais faire encore m oins de bruit r>, pense Jean -Claude. Et Jean-Claude recommence sa chasse infruc– tueuse ; \1 la recommence jusqu'au moment où, lassé enf in 1 il se retourne et regarde derrière lui.. Ma is derrière lui, comme devant, comme sur les côtés, c'est l'immensité du désert plot que coupent çà et là des blocs de rochers. \ Il y a tant de g ens q u i s ont ma!h eu · 11eux sur la tene, sans ni.êm e qu'ils puissent s e ren dre compte p ourquoi! La liaison n ous na connaissons : D i eu l eu:&' manciiue. ...Jean-Claude répond tout haut à une ques– t ion qu'il s'est posée tout bas : c MaiS oui, c'est derrière ce rocher, là -bas, qu'est Brohim, l'or– donnance de Pope... ·il doit se demander où je suis passé.. courons vite ! > Pour q ue beaucoup d 'entre eux puis s ent entrer dans sa CO:f(d ée e t tl!'ouv er en l ui la vraie p aix e t le v rai bon heur , vous co:m..me n - , cerez dès aujou rd ' hui une s plendide cam pa– gne p a scale. JL'AlpiniSte vous en expliq uera !e s d~férentes étap es. Et les petites jambes courent à travers le dé– sert , ce terrib le désert syrien où personne, pas même un homme, ne doit s'aventurer sons es~ corte. Comme il fait chaud ! comme il est Jo,n le gros rocher ! - Enf in, nous y voilà ! mais où est Brohim? « Brohim ! Brohim ! .,, Lo voix de Jean-Claude vi5re d'une note apeu– rée, mais rien ne répond... Jean-Claude, éperdu, toLirne sur lui-même, appelle encore ; mais cette fois, il ne crie p lus : cr Brohim ! > de toutes ses forces, il Jonce le suprême S.O.S. : < Papa ! Papa ! Papa !.. » . En avani les gars ! Quand il s 'agit de tra va iller à :re faire une Jfrance plu s belle en la rendant p l u s ch rétienne, un Cœu:ir Vaillant n ' a · qu'un mot àré pond.re : présen't ! fc!w~ BAGARRE DANS L'AIR rue : u Loupé ~ mais il n e perd rie n pour at– tendre... n et , le pas de Raoul décroissant dons le lointain, t out retomba dons te calme. Main– tenant, il est tord. Tous les garçons du bourg sont depuis longtemps endorm is ét d ans le rêve de Pierre d'étranges images passent et repas– sen t . C'èst le cheval sauvage que dolil1p te d·une main énergique le cow-boy chevaleresque... c'est Io cité mystérieuse, perdue dans l'immensité des sables... c'est ta montagne fantastique qu'on escalade Je soc ou dos et Io chanson aux lè– vres.. et su r tou t celci, toujou rs et partout ces mêmes mots oui dansent Io sarabande dons l'esprit du dormeur : u cran... joie ... voilloncc... que, midi sonne, le flot des élèves se répond dans Io rue, deux corn.os se forment tout de su ite pour d iscu ter l'a f faire. n J' t e dis qu'il m 1 0 p rovoqué, gest icule Pierre, ça n' se pa!:– scro pos comme ça ... n Et comme il o v u Io casque'lte de Raoul émeraer ou milieu d-es curieux , l'écolîer cont inue de p lus belle pou r reconquérir l'estime de son chef de bande : " Oui ca n'~c passera pas comme ça•.• f,en ai pas peur, n-\.di, des Cœurs Vaillant s. ,, A lertés par te bruit plusieurs qorçons ou béret brun s'arrê tent ou bord des moisons u Vos-y, vos-y, ordonne Raoul, j'te soutiendrai... " Et déià le aventures... n . A ussi il fait déjà complètement 1our lorsque notre qars, le lendem ain matin, se réveilla à l'appel inquiet de sa maman : u M ais no n, maman, mois non, je ne suis pas mcilode... oui, je me dépê che... » . Dix m inutes pour avaler son déjeuner, cin q pour• bâcler tant b ien que mol une toilette de for tune et voilà Pierre sur le chem.n de l'école. u Eh bien, Pierre, comb ien de fois f audra-t-il vous répéter cc ma t in que vous devez v ous mettre ou travail ? 11 . Su rpris en p:eine rêverie, l'écolier devient rouçie de honle. Mais c'est en vain que le maitre a repris son expl1cotion. Pierre, ou t ableau, sèche la– mentablemen t et se voit octroyer cent lignes de gamin va foncer sur Roqcr qui l'at tend po'ngs en avant quand toute une bonde de çirands s'interpose. Il y o là Daniel, Jean-François, Marcel, Poul et plusieurs outres encore. Alors coni me l'a l titude f erme et calme des C. V. lw en impose ma;gré t out, Pierre s'en va en crîont t rès fort : n J 1 tc retrouverai, va s'pècc de dégonflcur, quand t 'auras plus tous tes pare– chocs avec toi... n Sous l'insu lte M arcel et Paul bondissent, prêts à Ja riposte, mois Jean-François les retien t d'une ma in terme u On n'est pds ici pour semer Io bagarre, n'est -ce pas ? Alors hop, ou local et en v it esse !... u La réun ion Son Pa.<:>o ne peut être Join ; il est parti à Io poursui te des gazelles, avec d'autres of ficiers venus comme lui de Der ez Lor. Jean-Claude est fils de soldat. li ne ·peut s'attarder à p leurer comme une fi lle. Le voici qui report. - Derrière choque bloc de rocher, il croît reconnaître celu i où Brahim l'attend ; il court et , quand il arrive, l'affreuse déception recom mence... Enf in, à bout de f orce et de chagrin , Jean– Ctoude tombe le visooe contre terre... Et, peu à peu , son désespoir s'enlise dans le sommeil et ~~~~r Chef d'équipe pensum bien mérité. Une sorte de colère monte peti t à petit dons son cœur t ondis aue, d'une main nerveuse, il trace sur le cah1er les derniè– res lign es de sa punition. u Tout c:elo, a u fond, c'est Io foute des Cœ urs Vaillants. S' ils n'en sc– mcicnt pas partout de leurs réclames stupides, on n'y pcn::;cra it pas t a nt et on n' a ura it pa s Io téte tournée par toutes leurs fariboles... Sons compter que Raoul t out à l'heure a vait l'a ir fa– meusem ent f urieux. Pourvu qu' il n'ait pas vu, hier... Zut , alors et relrnt , f audra que tout ça f inisse... n Et Pierre de s'élancer tête baissée dons Ja cour où se joue une formidable partie de balle ou chasseur. ou local des C. V. est plut ôt mouvementée et Jean-Fronçais doit se démener dur pour expli– quer à ses garçons la différence Ql 'il y a entre une c: H nouilic • et un semeur de poix . Mainte– nant , c'est fini; les équioiers sont rcntr6s chez eL1x et Je pef"i t chef s'en retou rne, lui aussi, un pli soucieux ou fron t . Pour cet te réunion , où il s'agissait de réviser ensemble , les p ions de cornpognc contre Io b onde des X1<X, il ovoit coPvoqué tantôt tous ses éciu ioicrs. Or Louis, absent à la classe du soir, n'est pas venu non plus ou local. Qu'a- t -il bien pu lui arriver ? CA suivre ! . Jean BERNARD le rêve. __._ 11 rêve... ce bruit de pas, ce sont les chasseurs qui reviennent... cette fois, il' ra' ~ mènent avec eux des gazelles vivantes et des oiseaux de toutes les cou ieurs... et puis Mo- mon, elle-même, est là... mois qu'y a-t- il ? elle \ a l'air d'avoir du chagrin ! clic pleure ! les pe- t ites moins de Jean-Claude se tendent ; d'une ,~ , li voix de rêve, il murmure: a Mam an » . · :~il •}I Mois Io douceur du nom sombre dons un cri , ; ,·, , ;), ~~ d'épouvante... ses mains ont bien rencon tré un '~l ,...... 11 visage et te contact brusque l'o rév~illé ; mois, 11 Il( ( ou lieu de la douce f 1qure de sa mcrc, au heu j-·· ,, des cheveux blonds qu'il aime caresser, c'est un •,· "J~•' ........... visqge dur, aux traits accentués, qu'il o devant "01f1i Y;~;i:~~;:::~,......_i;t /u1 ; les cheveux noirs disparaissent presque sous Ili' Mi , ~ un haillon bleu ; des haillons bleus couvrent ~ u. ri. aussi le ~orps de Io femme... la femme ef- = rf frayonte et inconnue qui, maintenant, d'une ' Î voix gutt urale, lui dit 'tles. mots étronqes et ;> qu'il ne comprend pas... • Maman ! M omon ! P , cric Jean-Claude. Une te;Je épouvante se 1it sur son visoçie, que le cœur de la Bédouine en est touché ; ses trai ts durs se dé tendent dons u n sourire, sa main brune caresse les doigts du peti t garçon... mois les sons qui sortent de Io voix plus douce sont toujours aussi incompréhensibles. Le bon sourire calme un peu Je d ésarroi de , Jean-Claude : • Madame, dit - il polimen t, j'ai perdu mon Papa, voudriez-vous me ramen er ? 1 , La Bédouine sourit toujours et se lève ; Jeon– Claude fait comme elle et , confiant, lui prend la nioin : c Dépêchons- nous, M adame ! > et Io lemme en bleu se dépêche, et, bientôt, Jeon– Cioude aperçoit d'autres femmes en bleu, des hommes, qui, tous, port ent sur Jo tête u n voile qui f lotte ou vent ; il y a aussi des pet its en– fants, des chèvres, des moutons, des ânes, des chameau x ... Tout e la Tribu des Noma des est en marche. Un homme s'en détache, le Chef, qui v ient vers Io f emme et demande : • Qui est cet en– fant ? » . a Je l'ai t rouvé seu l, perdu au m ilieu du désert .. alors je l'ai amené. p ci Tu os b ien fa it, femme, il serait vit e mort de faim et de soif. Qu'il se joiane à Io Tribu et, ou isque c'est toi qu i l 'as t rouvé, qu'il soit comme ton f ils. » Et c'est a insi, qu'il y a bien des années, Jéan– Cloude Lefr.onc fut odooté Dar une tribu no- made. Cl En rentrant de Io chasse, 1 e lieutenant ~~ Lefranc avait =.~ · trouvé Sroh im ~(~ .. .. affolé ; réveil- ·' I i..I lé, après u ne ) sieste paisible l~A et longue, Il . r • n'avait p os ~ ... "~ ·- t rouvé l'enfant ; ~ · ses recherches ~ · · , _ _ · . et ses appels -:;:,~ ,- ___ · étaient demeu - -- .../' -"":'..,_:- 7 rés vo~ns. r .....-·' .. - ·~-~ •. Ou est I.e .:::· - . .-- . _ ~ petit ? • avait ==...-: ---~;- · - ~ Le prêtre a sursauté... Qu'est cela ? cet en– fant serait -il chrét ien ? - c Oui es- tu? • demo nde- t- il en fronçais. M ais !~en fant termine Io salu tation angélique, puis se tait. - • Qui es-tu? • répète le père en orobe. - c Voilà rno tribu , , répon d une voix gu t- turale qui- n'a p lus rien des inflex ions douces de tout à l'heure. - c Qw t 'a app ris ce que tu viens de me ' dire? )) Personne. Je l'ai tou jours su. > • C'est impossible.. Où sont tes parent s? • • Là, dons le camp. • Tu as des frères et des sc:curs? Oui, j'en ai beaucoup. > c Tu es déjà venu à Palmyre ? • Non, c'est Io p rem ière fois Que je vois une ville. • Pourquoi m'as-tu parlé et parlé comme tu l'os fait ? • - o: Je ne sois pa s. • - • Ce que tu m'as dit, quc tqu.'un le soit-il dons ta tribu? > N on, personne, > Tu n'es jam ais vu un homm e h ab illé comme moi ? > Peut-être... > c Où et quand ? • Je ne sais pas. » Le prêtre scrute les grands yeux· bleus... ce visage est -il bien celui d'un oetit bêdouin no– made ? - • Viens avec m.oi. D Docile, l'enf ant suit . demandé 1 c ~--:.-;.~~- - · ( lieutenant e n .r:;.... • ·- ___ -=.. ._ ~ ,,, Ê v idemrpcnt, le commandent est occupé, répond l'ordonnance à Io qucotion posée par le prêtre, mois pas pou r t oi. • M is ou courant , l'officier regarda curieusement l'enfant. pâtissant. E11 al/a11t tout <1011cemw t. 1JC11t-etra Brahim avait les beaux oiHenux se laisHe1'aient- zls baissé Io tête... att<indl"e pu i s, s'orro- cnont les cheveux et se meur trissant Io f igure à coups de poing, il avait dit l'horrib le chose. - Pendant des heures an avait cherché... l'au to– mob ile avait sillonné le désert, mais, hélas ! on n'avait bientôt plus eu d'essence. Lo nuit était venue, un jour nouveau s'était levé... Aviateurs et méharistes bottaient maintenant le désert... lis le bat tirent en vain... et c'est ainsi que Mme Lefronc apprit, do Io bouche de son mari, qu'elle n'avait plu~ de f ils... P lusieurs années ontDpossé depuis le mysté– rieux drol)'le dont on parle encore en Syrie... A ujourd 1 hL1i, tout est en liesse à Palmyre, où l'on va célébrer les fètcs du print emps : les jeunes cavaliers passent leurs journées à sauter des obst acles en vue des courses p rochaines ; les m aîtresses de maison rêven t aux tapis qu'elles vont acheter ; les pâtissiers sont sur les dents et tous les enfants dons Io joie... Aux séden– ta irec; se m êle.nt les nomades ; deou is h ier les tentes no ires d 'un campement sont dressées aux portes de Palmyre. \ Le père Charles: lui aussi, semble tout joyeux; combien de f ois déjà a- t -on vu so sou tan e p as– sar et repasser à travers les rues de Palmyre ? Il interpelle gaiement les enfants qui le con– naissent t ous et les soldats l'arrêtent ou passage. Mois, cette fais, ce nl st pas un soldat qui s'avance vers lui ; c 'est un enfant, presque u n adolescen t ; robuste, le teint· bronzé, Io marche souple, il est vètu de l'abaye et du kcffyé ; sons doute, c'est un Nomade. 11 regarde f ixement le !)ère, avec une f ix ité presque gênan te, m ais sons aucune insolence... pu is, b rusquement, il s'approche, b oise sa main et, à voix b asse et rapide, murmure : a Je vous salue Marie p leine de grâce.. • . • Mon père. n'hésitons pas, je vois tout de suit e convoquer ici le chef do t ribl,J. • Il est superbe et majestueux, le Chef qui sa présente quelques heures QPrès, escorté de ses serv iteu rs. - Après les politesses d 'usage, l'of– ficier français pose carr6mcrit Io question qui · l'int éresse : • Qui est cet enfant? • . Aucun troùblo ne paraît sur Io belle f igure du Chef, tondis qu'il répond : • Je l'ignore. Allah l'o mis sur notre route, errant, obandon– n6 ; nous l'avons recueilli e t , depu is, il a fait par tie de notre t ribu. c C'est b ien, reviens me voir demain. > Au mess, les officiers sont réunis. - • Eh bien, mes chers cam arades, que ceux qui oil'nent les roman s 6coutent cc que je vois leur dire • . Et te commandant, fier du succès qu'il escompte, comm ence son récit'... Le succès est plus grand qu'il n'avait prévu, cor plusieurs off iciers se souviennent d'a voir entendu racon– t er l'histoire du petit garçon perdu dons le désert. - c Je vo is aujourd'hui même téléohéner à A lep, term ine le Commandan t, il fout tirer cette histoire au clair. • M ois une voix tellement bouleversée qu'elle en est méconnaissable s'61ève ; un visage liv ide se tourne vers le Commandant et Io voix dit : ' N e téléphonez p as, c' est inut ile... rendez-moi cet enfant... c'est le mien. ,_ Le capit aine Lefronc, arrivé depuis huit jours à Palmyre, a retrouvé son fils qui, tous les jours, sons ééfoilloncc, avait redit à Marie Io prière apprise aux p remiers jours de son enfance. Et, peut; ôtrc, si vous al:.ez u n jour en Sy rie, y rencon trerez-vou s le !)Ct 1t Jean-Claude, l'en– fant perdu, l'adolescent nomade, devenu un ma– gn if ique officier méhariste, qui fait, partout où" il passe, aimer Io Fronce, V 1 LLETELLE. Si ça va mal, c'est parce que dans le monde il y a plus de méchanceté que cJ~ bonté, p lus de lâcheté que de courage, plus d ' égoïsme que d ' amour, MAIS TOI, TU PEUX TRA.V.AlLLER A CHANGER CELA. Comme nt ? en t'enrôlant dans l a grande eampa gne que lancent le s Cœurs Vaillants Tourne Ja page e t lia lco co~iqncs do !'Alpiniste, alles te concer nent sp6cialemon1

RkJQdWJsaXNoZXIy MTcyODU=