Cœurs Vaillants 1941
- Oh Bertr and ! La douce dame J eanne Malema ins a jeté ce nom avec un accent scandalisé et le rude sire R obe rt Du Guesclin com– te de Broon, ajoute la voix brève, les sourcils froncés : - Fils, approchez ! Le jeune garçon fait plusieurs pas au devant de ses pa r ents. Il est petit et trnpu, large d'é paules et fortement musclé. Des . cheveux en d ésordre r etombent sur un front obstiné et voilent à demi ses yeux sombres qu'un éclat farouche r end plus v ifs et p lus noirs encore . La bouche a un pli amer au-dessus du menton volonta ire. n serre les poings, il s'avance jusqu'à son pèr e qui le re– garde venir le front sévère; son r egard n e se ba isse p as sous celui du comte Guesclin et il ne s'incline pas qua nd la lourde main pat ernelle s'abat su r son épaule où pend un la mbeau de cuir (qui f ut un justaucor ps neuf la veille en– cor e) . - Me direz-vous, mauvais fils, d'où vous venez en cet é tat ? - Messire m on père, avec les gar s du pays, j'ai joué à la guerre, nous avons organisé un tournoi et... - Est-ce une raison, mon fils, inter– rogea sa mère, pour vous mettre en cet é tat ? - Je vous avais enjoint de ne point wrtir, Bertrand, interrompit son pè re, vou . avez outr epassé mes ordres, vous ~e1 cz puni. Fa rouche, le jeune garçon a croisé ses . tras. Mille pensées se heurtent sous son front têtu : pourq uoi ses par ents s'obsti– nent-i ls à n e voir _e n lu.i qu'un enfant ? Il n'a pas quinze ans c'est vrai, mais il se sent les forces d'un garçon de vingt a ns. Qu'on lui baille des armes . et un cheval et on verr a de quoi il est capable. rJ n'est pas t endre le sire Guesclin e t sa main s'est levée pour une correc– t ion méritée sans doute , mais qui sera p lus pénible encore pour l'orgueil q ue pour le corps du jeune indiscipliné. Bertr and n'a pas protégé son visage, il n 'a pas cherché à éviter le coup et l'a r eçu la tête ha ute; un flot de pourpre monte à son front meurtri. Dans ses yeux deux la rmes ont brillé, m ais ce sont des p leurs de rage. - Demandez pardon à votre père, e n– fant, murmure la douce darne; ne vous obstinez point da ns votre tor t. - Je ne suis plus un enfant, crie Ber– trand, la voix sourde , pou rquoi me traite– t-on a insi ? Si je déchire m es chausses de drap et de cuir, donnez-moi une ar– m ure et vous verrez. - Vous n'êtes po;nt assez preux pour être chevalier ; re ntr'.!z dans votr e cham– bre, vous y demeure r ez tant que je l'exi– ger ai; a llez. Le jeune garçon voudra it résister à cet o rdre; mais l e Seigneur de Br oon a fait un signe et de ux hommes d 'armes s'approchent qui saisissent le jeune ré– calcitrant par les poignets et l'e ntrai– nent. Comme ils vont , tous trois, franchir le seuil de ),a gra nde salle, Ber trand échap– pe à ses geôlier s et revie nt à son pèr e: - E coutez-moi, Messire; le jour où j'aco complira i le hau t fait .d'u n baron me · voudrez-vous t ra iter comme tel ? Messire du Guesclin r egarde son f:ls, pla nté droit devant lui, plein de force et de ha rdiesse. Il a un léger sourire, mais ses yeux r estent durs. - Oui, d:t.n, mais auparavant, vous subire z votre pm:iition. Les deux gardes se sont rapprochés. Bertrand les écart e d'une bourrade et la tête haute, il les précède ver s la tour qui doit lui servir de cachot. L e jour tout entier s'est écoulé. Ber– trand du Guesclin est seul da ns sa t ou– r elle. Un archer est venu lui apporter un pain d'orge cuit sous la cendre et Bertrand se laissa g li-ser... une cruche d'eau ; pu is il s'est r etiré sans dire un mot. Bertrand l 'a entendu pousser le verrou et descendre les mar– ches. La nuit tombe r a pideme nt, car on est en hiver. Le je une garçon n'a pas d'autre dist raction que de r egarder par l'étroite lucarne, tomber les flocons de neige qui s'amoncellent en un épais ta– pis blanc. Le couvre-feu a depuis longtemps son– n é, quand le fils de messire Robert, toujours penché à sa fenêtre, croit en– t endre un gém:ssement dans le fossé au pied de la tour. S e penchant davantage, il voit une forme, accroupie, couverte de baillons; quelque mendiant sans doute. - Mais s'il passe la nuit à cet e ndroit, il mourra d e faim e t de fro id , s'il n 'est pas auparavant dévoré pa r les loups. - Eh l 'homm e ! crie l'enfant, allez frapper à la g ra nde porte, on vous hé– ber gera. L e malheureux, blotti au pied de la tour, lève son visage vers cette voix qui lui semble venir du ciel. - Je... je n e peux pas. gémit-il, j'ai le pied foulé et ne puis Marcher . Un hurlement court sous la ramée de la forêt proche; il semble au jeune garçon voir des yeux br iller de l'autre côté des douves. - Les loups ! crie le malheureux es– sayant vainement de se traîner sur la neige où il enfonce. Bertrand a déjà pris son p ar ti. Arrachant les draps de son lit, à l'aide de son couteau de chasse il les déchire en longues bandes qu'il attache l 'une à l'autre. Puis il fixe au barr eau de fer cette corde improvisée et enjamba nt l'appui de <sa fen êtr e, il se laisse glisser. Le sol est à deux mètres e n dessous de l'i;xtrémité pendante; q u'importe, il se l a1s:;e tomber , la n eige amortit, sa chute. Dé jà, il s'est relevé. Il a ouver ' et assuré dans sa main le couteau q u i lui servit tout à l'heure à prépar er son évasion. Sur le tossé, couvert de· glace, la sil– houette du loup s'est rapprochée et Ber– trand, :solidement cam pé devant le men– diant apeuré, l'attend. Lentement, prudemment, l'anim al q ui a flairé l'ennemi, r ampe ver s lui. H rampe, les oreilles couchées, le tr.a1n de derrière r amassé prêt à bondir et tourne a utour d es deux ·hommes en dé – c~ivant des cercles d_e plus en plus pe– tits. Tout à coup ses Jar rets se détendent. Be~ra_nd ~'est précipité èt reçoit sur s.a poitrine. le fauve qui s'agrippe. Deu x corps roul~nt da ns la n eige qui devient pourpre. De- la main gauche le jeune garçon a détourné la gueule du fauve de la droite armée du couteau, d'un geste r a– pide et sûr, il l'a frappé en plein cœu r . A présent, Bertrand s'est rel evé, il charge sur son épa ule la dépou ille du loup et ma rche vers le pon t-levis. - Holà ! crie-t-il, qu e l 'on ouvre au fils de m essire Guesclin. . A cet impérieux appel, des hommes d'armes ont ·accouru; le pont-levis s'est ab aissé tandis que l'un d'eux est allé quér ir le seigneur de céans. Bertrand a franchi le pont d'un pas assuré et jette aux pieds de son père, le cadavre du loup . - Eh quoi ? s'exclame le sire de Broon, vous avez à nouveau enfreint mes or– dres ? Oui, répond sans crainte le rude garçon, mais ce fut pour. porter secours à ce malheureux; du doigt il indiquait le mendiant toujours agenouillé au pied de la tour. . Le sire du Guesclin est ému par cette tranquille bravoure. Il est fier de son fils; cependant, il ne veut pas laisser paraître son émotion. Mais dame Malemains, sa femme, est a ccourue. - Mon fils ! n'êtes-vous point blessé? Ah ! comme cette exclamation arrachée à la tendresse maternelle est douce au cœur farouche du rude Bertrand. Il sent sa r ancune fondre comme la neige qui recouvr e ses épaules. Son front altier se courbe, ses jambes fléchissent : . Ce que ni !Es remont rances, ni les coup s n 'a vaient pu faire, ce cri du cœur de sa mèr e vient de l'obtenir. Ber t rand l'indompté s'est agenouillé· ses lèvr es, murmurent : ' - Père... Maman, pardonnez-moi. Sur le front courbé, la bonne dame a déposé un baiser, tandis que le sire du Guesclin prononce : - Tu as combattu pour défendre le faible, tu t'es humilié et as reconnu tes fautes... tu es digne d'êtr e un chevalier. Bertrand a relevé la têt e une flamme dan s les yeux. - Demain, ajoute son père, tu revê– t iras te.s armes et je te conduirai à notre suzerain. Et devant les varlets et les gardes, de– vant ses autr es enfants étonnés et res– pectueux, Messire Robert Du Guesclin donn e l'accolade à son fils ainé. Tous les ser viteurs crient : « Noël ! Noël ! 1> S_ur un signe du comte, le mendiant est transporté au manoir où il reçoit des so:ns empressés tandis que la dépouil– le du loup est clouée à la oorte du ma- noir , comme un trophée. - Ce ne fut que très tard dans la nuit que Bertrand du Guesclin gagna sa chambre où cette fois on ne l'enferma pas. A son réveil il trouva au chevet de son lit une cotte de mailles, des chaus– ses et un h aume de fer, des éperons d'argent et une solide et bonne épée de combat. L'histoire nous dit comment il a su s'en servir pour la gloire et le plus grand bien de son pays : notre France. O. DULAC. OHÉ y :E MOUSSAILLONS ! Si le capitaine vous dit de prendre le quart, n 'allez pas réjoui:x: tout l'é quipage en vous précipitant quatre à quatre pour a ee~ll! Si un jour, ce même· capitaine vous donne l'ordre de monter sur le gaillard d'avant, ne prenez pas votre élan pour sauter d'un che rcher votre quart dans l'es– poir de toucher --"--=-~=::;;=--===-~==-==-----..=..c;:----c;:, ...... ~--c::==-====è:::=o==::o~. une r ation de seul bond sur les épaules du grand Jules, le p l us costaud des marins de l 'équipage , d 'abordJules se demanderait si vous ne deve– Pour ioi, ce NOEL 9 Cô~ft ilDfill~ <e®rnmm.m<e Il'1e~ <IIH11ftrrce 000 Tu os découvert ton magnifique ti~re de noblesse, et tu devines la force mys– térieuse que met en toi Io vie divine, et c'est pour cela que tu comprends mieux tour ce que tu dois à Jésus, sons qui tu ,.'aurais rien de tout ce la. Pour le remercier de t'avoir pris avec lui dans sa famille, tu iras t'agenouiller avec ferveur devant la pauvre crèche où 1our nous sauver, il est venu sur terre Jons une famille comme les nôtres. lEt puis, pour que ra famille, pour que toutes les familles de ~o paro isse sachent l'immense bonheur que leu r a apporté le premier Noë l, pour qu' elles comprem1ent qu'elles doivent vivre en familles de roce d ivine, sur le modèle de celle de Naza– reth, tu affiche ras à la place d'honneur dans tà maison (et aussi, avec la permis– sion de M. le Curé, à la porte de ton église) la belle page en couleur de ce numéro. Devant cette page, tu chercheras avec ~es parents : Sur quoi Die u a. voulu que repose le monde? . - A quoi peut -on le voir ? - Pourquoi dit-on que Dieu est fa– mille? - Que lle mission a-t-i l donnée oux familles de la terre ? Comment la première fam ilie d'-t-elle manqué à cette mission ? Qu'est -ce qui s<en est suivi ? Comment Jésus a - t- il perm is à nos fami ll es de rempli r de nouvea u leur m ission ? - Que fout- il qu'elles fassent pour cela? Enfin, dons quelques jours, quand com– mencera la nouvelle année, tu iras de– mander la bénédiction,· de ton papa et de ta mam:in afin que, mieux encore que par le passé, tu puisses, ·avec eux, faire hon~ neur à notre Père des Cieux et travailler ainsi à semer de Io lumière, de la force, de Io charité dons notre pauvre monde qui s'écroule et qui meurt parce qu' il a oublié Dieu. L'ALP INISTE. vin supplémen– t a fr e, vous seriez b i e n déçus car pren– dre le quart a , en terme marine, une tout autre signifca– tion..... alors, pour montrer que vous êtes un vrai marin, apprêtez– vous à veiller tandis que vos camarades iront dormi r dans leurs h amacs, doucement ber– par les nez pas fou et le capitaine pour– rait bien s 'arracher les cheveux d'~voir un tel mousse. Quand on vous donnera l'ordre de monter sur le gaillard d'avant, rendez– vous sur la partie suréle vée à Q ' /....<QJ. ~ 1 , l'avant du pont 7-Xl~ du navire, vous ~ · ~ serez plus sûrs ~ ~ de ne pas vous tromper. Et la - ~ ~ suite au p ro- ~?\?\~~~~ chain numéro. 'PH·C~ C'EST DANS LA MESURE OU ~oute notré le ~h .ntera ~~ S~~ a ir~ d~ QU' I L Y AURA DANS NO T R E CŒUR la paix p!'omise pax ~es <l!i\9fes a\\llx lhi.cmm.es illle lbcmi.irae '7ofonfté A IPO!lfS ••• ··r· DIEU, L A CRll LA FAMILLE A SA RE SE LE EST VENU SUR TERRE DANS UNE FAMILLE COMME LES NOTRES ET DEPUIS CE JOUR, UNIES AU CHRIST COMME LE FUT LA FAMILLE DE NAZARETH PAR LEURS SOUFFRANCES LA BLANCE PAR LEUR CHARITÉ ... ·, ... ·.\ , , . .... :. ·· .. .
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