Cœurs Vaillants 1941

Les fumées des incendies ja– lonnent l'avance des « salo– p ards· » d'Abd el Krim. On les compte du haut de l'é peron, on peut suivre leur progression. · lis s'infiltren t dé jà en p ays Branès entre M'sila e t Dah a r. Aussi Abdallah re ntre-t-il de ronde consterné. - « Nous allons être tour– n és ! nos hommes vont déser– ter cette nuit si tu persistes à t e ma intenir ici », déclare le caïd. - · « Je sais, Abdallah. Je bordj de Dahar. II ne connaît p as le mot. Mais les sentinelles qui n 'en croien t d'a bord pas leurs yeu x l'ont reconnu. « C'est lui, l'Homme Rouge ! tout seul ici. Il a échappé à un ma ssa cre , probablement ! Toujours s< b ar ak a ! » •Et son camar ade Dumontie r l'accue ille cordialement. « L a vie est b elle ». Il y a un poste à ten ir en pleiri. pays Bra nès t ou t a u bout de l'éperon nord d u plateau de Dah ar. L es de ux lieuten ants se q uit– tent réconfortés. Toujours seul, da ns ce bled à • guet-apen s, de la canne son– àant les bu issons, l'Homme Rouge r ejoint son camp en– dormi. Mais pour lui, pas de repos! 0 - - « En rou te, Abdalla h ! » Les allié"s réveillés b ougon– nent, grognent : m ais le lieut...... n ant pa sse et ils bouclent leur ba rda pour le suivre, comme t ouiours ! Voici l'arête de l'éperon : - (( flr '•~ 1 )) - « A odal!ah ! va poser t es postes face a u Nor d et double les sentinelles ! )1 - « Mon lie uten ant ! il m ai;- -(SUITE) - ·man rouge renvoie sur eux leurs b alles qm les t uent ! » Alors Bournazel éclate de rire : - « Brave Abdallah ! je te remercie ! Mais laisse donc ces bobards aux fatmas ! » En hoch ant la t ête, le fidèle caïd est allé inst::iller ses postes de gar de. • Devan t sa te nte, Bourn azel dê– bout prie. Son cœu r est e n France, en Corrèze, d ans la pe– tite ch apelle où s a famille, le soir, fait, comme autrefois, la p r ière en comm un... Un bruit de p as dan s la nu it le tire de sa pr ière. C'est le caïd Abdallah qui rev ient avec d e ux p a rtisans gradés qui veu– lent lui p a rler. Il les accueille sous le clair de lune, calm e et Le s ol eil vient de se lever rougeoyant .. ...--: - . que la moitié de nos hommes )). - - ..-..-..: '" ' av01:e le caïd, « et je ne les aj SMI! vart01u ce soir, fais rouler tes rwres... pa~ v . s '~.§serter ! In Allah ! » A q u e l ques mèh:es des a vant - postes des fa ces cuivrées grima– c ent d ans les sables : l'ennemi, pendant la n uit a c erné le fortin... vois. .le v iens d' inspecter la pla ine. Nous pa rtirons donc ce soir pour not re bordj de Dai;a r. Fais allumer des feux p our masque r notr e a bse nce et I<..'~ roule r .les tentes. J e donnerai le sign::il. T u gu ide r as l a colon n s ur m on ch val. l\1101, je ferme– r ai la m a rche afin que les traî– nards r e joigne nt. B ien tôt les flammes crép itent ùan s \"ombre qui '.étrm a s ur le pla teau. Elles s ont v isibles de tout le bled qui fourmille d e riffains. La colonne s'organ ise puis , se dérou le, le caïd en tê te dom i– n a nt les b uissons e t les rocs de l a ha uteur du gran d cheval ir– landa is de l'Homme Rouge qui ;i prêté a u cav alier son burnou s éca rla te avec sa ba raka., Tous les gourbis sont v ides Ge ns et troupeau x ont f ui dans la montagne ave c les fusils et la poudre. Bournazel laisse ses pa rtisan s h ar assés, au marabout désert de Sidi Yaya ; puis sous la lune im passible et narqu oise, se pré– sente d evant les défen ses du Tro is·gors de chez no us songP.01e nt tristeme nt· ou fo ye r lointai n, q uitté de puis si longlemps. · Pe ndant ce temps- là, un petit . ga rs... mois ou fa it si tu ve ux savoir ce qu ·a invenlé ce pe tit ga rs-là pour ve nir e n a id e aux 3 prisonn ie rs, lis vite Io belle histoire de no tre poge 4. Et puis,· e nsuite, ré fl échis do nc un pe u à ce ci : '._ A to n a vis, Julo t a -t-il vraime nt contribué à aid e r ces prison ni e rs ? Comment l'a -t-il fait ? Moi je crois que c'estpo r2c hosessurto ut, et toi? - Est-ce q ue ce s moye ns-là ré ussisse nt to ujo urs ? · - Est- ce qu'ils ne se rvent q u'à de ma nde r q uelq ue chose ? - ,A q uoi pe ut-o n les employa e ncore ? A~ '. l ~h n' a r ien vu m a is il a co; ;>:is. C'était écz it », repr end- « Vraiment?... Alor s Inch al. .1! » répète Bournazel, « ceux qt: r '!St ent va lent ciouble ! » - « Les R i· '...-1s veulen t te prr:ndre vi van t, garde-toi bien , rr.on lie uten an t, ils comptent sur nos déser teurs pour te li– vrer . » P1·end r e v ivant l'Homme Rou:.. ge ? Bourna zel a souri de pitié. - « Oui vivant ! ajoute le caïd. T a b araka te protège. Ila ne tire ront pas sur toi. Ton dol- . Les signa\1_:it des naufragés ont été aperçus .. • La desce nte e st p erille use... GIL REX arrivera-Hl à sauver les malheureux, menacés de périr e n mer ? C 'o.ot co quo voua oaurczr on litumt: Devant ce n ouveau d ange r , quo va faire le lieuten ant ? . sou.riant. Mais aux pr em iers mots des Bra nès son visage se durcit. - « P ourquoi contin ues-tu la lutte ., questionne n t les deux émissaires. Elle de vient impos– sible ! Nous voulons rentr er chez nous. Les Hiffa ins s'y in s– t allent et nous pr omettent !'a– m an et la · sauvegarde pour nos familles et nos biens 1 » lmoassible. Bournazel les lais– se s'épancher . Puis, détendu, et LA ISTE RBLANC L=i grn.ndo avcntaro en images, k:rtto ot d.cu~ e pour vous par. ROBBB. et quJ commoncca la aemzdno prochalno en premt6re pn;o de CŒURS VAILLANTS d'une voix terrible, il leur cin- peut enfin, lui aussi, dormir gle la face : " ·-. r assuré . - « Et combien de dou ros - « La vie est· b»lle, Sei- vous ont-ils promis si vous me gn eur ! Je vous la con fie, p ro- vendez ? » tégez-nous ! » Désempa rés, l~s guerr iers ont · Il ferme les yeux harassé. Le frémi sous l'insulte méritée. caïd Abd"llah fait ses ablu– L 'officier sait donc tout? Ils v a- tions de sable devant la t ente cillent, se t aisent et n 'osent plus de son lieutenant. croiser les r egards du lieute- nant et du caïd. Et le soleil surgit. Court ré- Derrière eux la plaine autour pit. de l'éperon qu 'ils ti·mnen t est Les pentes de l'éperon p iquée de foyer s d 'incendies.. lent de Riffains q u i ont grouil– r am pé camp. - « Tenez ! regardez, ajoute toute la nuit vers le l'officier, constatez, r iches et fiers Bran ès, v oilà__comment les . Riffa in s r especter ont vos p~r­ sonn es et vos bien s ! T dndis que nous, les Français, qui vous aimons e t vous respectons, n ous r econstruirons bientôt vos vil– lages, nous pr otèger ons con tre les pillards vos person nes, vo– t re religion, vos famil~s comme nous assistons votre Sultan le seul Maghzen légitime, celui de F ez et de · Rabat ! Allez-vous t r em bler devant .des pilla r ds venus du Nord qui veulent vous / /. asse rvir et vous exploiter à f ~ 1 ~ee~r~~r;:~tx· 1 ~~arés ont levé les / { ( )I' /J/ « L'Homme Rouge a r aison. » wt·_ JI~ « Le Fran çais est bon ! 1J 1 ';,.r.-•- « Allons monter la garde ! Ils s'inclinen t et r ejoignent <\~ , leur poste. Cl C'est une journée de gagnée ! Elle s'annon ce déjà. Le lieute– n ant va causer familièrement a vec ceux qui veillent. Tout est calme, en or dre et par é ; les uns veillent, les autr-~s dormen t. Alors l'officier enfourche Jau– ge et file v ers Daha r tout seul sous son burnous rouge. Avant que le jour pointe il faut à ses h ommes des vivres et des m u– nitions. L'arr iv.é-. des m ulets a coïn– cidé i:IVec les pr emiè res lue urs de l'a1..1be, elle est saluée par les viv ats des Branès r eposés. Main tenant l'Homme Rouge A/le~-vous tr<mble1· àeva11t le• pillards? Leurs masques cuiv rés émer– gent des r ocs et des bu isson s à quelques mètres d-.s pet its postes. Et des palabres s'engagent en idiome Branès c~r il se trou– v e d\,S déserteurs du caïd par– m i les assaillant s. - « Nous sommes t ous frè– res, clament-ils aux sentinelles. Ne continuez d onc pas la iutte. Joignez-vous à nous pour chas– se r les roumis. » L'appel des frères à la déser– tion, à la défection , assiégeait le camp de l'Homme Rouge. Mais les Br anès demeuraien t fidèles à leu r serment. Set1le– ment ils n e t iraie nt pas, ils n e donn aient p as l'é veil, hési– taient-ils encore ? Soudain, devant l'inertie de leurs adversaires, des Riffains én er vés épuulent. Une grêle de balles s'abat sur le pla teau, perçant les tentes, claqu ant s ur les rocs. L e lieu ten an t a bondi. (A suivre.) Marc HERESSE . - L' as-tu deviné, toi qui lis en ce moment sa magni fique histoire? Car pour demeurer si c alme, . si -=:==- vaillant, _ pour avoir con f ianc e e nv er s et con tre tout, Bou rnazel deva it bien av o i r secret, est-il ? un quel Ce secret-là comment peut-o n l' acquérir? - Comment l'Homme Rouge s'y est-il pris pour empêcher les Branès de le trahi r ? Pou r– quo i ceux-ci l'on-His cru ? Un ... D eux... T rois... Hop 1 dans un . m agni– fique élan, l'audlcÎcu x nlarin , Bcckner, vient de s'élancer pou r un plongeon magistral, en main tenant bien serré cont re lui le petit Vol– ney qui compte à peine ses t rois ans et qui t remble de peur. Mais quand on veu t être m3rin, il faut être courngem: et Volney le s3it bien . L'.1udacicux exercice du plongeon m:J:lo tcs fois r épété l'y aidera si bien, quJà cinq toute. Un jour que, suivant son habitude, b fillette jouait sur le pont, brusquement, sans qu'on air eu le temps de le p révoir, elle se pcnch3 et perdit l'équilibre, disparaissant dans les flots t umult ueux. Sans h ésiter une se– conde u n marin a plongé, c'est le père de Vol– ney et le voilà qui réapparaît au sommet d'une vague m aintenant l'enfant d'un bras, et na– geant aussi vire qu'il le peut pour rattraper le b ateau q ui n 'a pu arrétcr sa course. Sou- Sotiséoit, Jean-François a posé un dernier chiffre s. 1 ir son cahier. Ça y est ! l'opération est terminé~, le problème pa raît juste. Tout à marché comr.1e sur des roulettes e t le ch ef d'équipe peut mointenont jeter un coup d'œi 1 c irculaire sur Io classe où, depuis un bon quart d'heure, les grands ' s'activent à résoudre les é nigmes de Io composition de ca lcul ; cette Ernest devient fou ! il n'y pense pos ! Ernest , pourtant, a tout à fait l'oir d'y compter. Alors q ue Jean- Fronçais qui s'est retourné ir..1igné lui fait • non > de Io téte, Je méchont gars, par toute une mimique expressive, s'arrange pour foire comprendre à son comorode que s'il n'obtient pas satisfaction, il n 'hésitera pas à met tre à exécution se menace. Un grand C .V. N° 46 du 16-1 1-41 ans, l'équipage du b ateau sur lequel l'enfant a grandi, prétend qu'il est capable de su ivre le navire à la nage pendan t deux lieues. C'est déjà un mousse parfait et c'est plaisir de le voir se lancer à l'assaut du grand m ât avec coute 1a souple,.<e et la vivacité de son très jeune âge. Mais Volney en grandissan t devient ambitieux (à 12 ans n'étaie-il pas déjà chef des élèves– pilotcs 1) . Son père maintenant l ui a appris daiu , u n cr i de détresse emplit l'espac.e: « A moi les am is 1 le requin 1 » Tous se regardent avec ter reur, mais Volney, lui, p longe résolu– men t. Il s'est armé d'un g rand sabre et n age vers le monstre. A vec une audace inouïe il passe sous la bête cr lui plonge son arme dans le ventre. La colère du requin se retourne aus– sitôt con tre son agresse~ur, lequel, pour permet– tre à son père de regagner le bateau et de sau– ver l'enfant, nage en zig-zag, dans la direction première composit ion de l'année que t out Je monde voudrait réussir pour 5'assurer, dès le début, un bon classement . Au fur et à me– sure qu ' il se pose sur les têtes penchées, le rega rd de Jean-François s'éc laire d 'un con– tentement joyeux. Mais une ombre y -passe tout d'un coup. Deux rangs derrière le chef d 'équ ipe, Ernest, les yeux ou pla fond, semble combat se livre dons le cœur de Jean-Fran– çois. Si Ernest triche, il manquera à son enga– gement, l'honneur de Io Ligue sera compro– mis.. Il fout, à tout prix, empêcher cela. Alors, sa isissent son crayon, le Cœ ur Vaillant se penche sur une feuille de papier qu'il vient d'arracher à son cahier et, Io froissant rapi– dement, il mesure du regard Io distance qui le tout cc qu 'il sait... Aussi est-cc avec joie que l'cnf;nt ~n tend un jour le capitaine lui dire qu'il se charge de son instruction. I,e jeune mousse> t rès in ceHigent, fait honneur à son inaî– tre et un certain jour, Jlors que l'enfant p:is– sc sur le pon t, le capitaine l'interpelle devant tout l'équipage : « - Eh petit 1 t u aimes b gloire ? l> - « Oui, capitaine » - « Mai> sais-tu bien cc que c'est_ que la gloire )) ? - opposée... Mais ses forces décroissent , il n'en peut p lus... Bcckncr vient enfin de saisi r h corde q ue les mardors lui ont lancée, on le hisse à bord. Vol ney peut songer à son sa– lut. Il rebrousse chemin et r assembh nt •Cs forces il nage vers b corde que les homme> ont à nouveau bncéc pour lui... Il pJrvicnt à la s::isir... Des c ris de triomphe jaillissent · :ius– sitôt : Il est sauvé !... Il est sauvé 1..• En effet Volney est déjà hissé à trois ou qu3rre mecres chercher sons e ntrain une solution qui refuse de venir. Aïe ! c'est justement ce que crai– gnait Jean-Fra nçois. Si Ernest ne soit pas fo ire son problème, lui dont le mer.a l donne tant de soucis à son responsable de Ligue, on peut craindre le pire. Comm e pour confirmer cette pensée, un petit choc mou fait brusquement t ressaillir Jean-François. Envoyée d'une m ain sépare du pupitre d'Ernest . Le moître et les élèves sont absorbés dons leur travail, l'ins– tant est propice... Se décida nt brusquement, Jeon-Fronçois envoie Io boulette dons Io di– rect ion d'Ernest. Il soit viser, r ien à ' craindre de ce côté... Hé las ! ou moment précis oc• Io boLilcttc arrivait sur son b ureau, Ernest sur– pris a fait un grand geste maladroit qui a « C 'est bien servir sa patrie et accomplir avec distinction les devoirs de son état! ». Volney de– vait , 3 quelque temps de là, v ivre son héroïque réponse. Q uelque mois plus tard le bateau ap– pareillait pour la France ayant à son bord un riche Américain accom pagné de " fillette, une enfant gracieuse et enjouée qui, tout le jour courait sur le pont, riant ::iux éclats quand une vag~c .g::issa.n~ _par-dessus bord J'inond3it 0 1 (,<Jttf au-dessus des flors, quand, brusq uement, ·le re– quin, fou de n ge et de douleur, prend un élan formidable et dans un dernier. sursaut de bête blessée à mort, d'un seul coup de son énorme m:îchoirc, il pa rta.gc en dcuN le corps du garçon. E r c'est ainsi q ue mourut Volney Beck– ncr qui promenait de devenir un si grand 1na– rin... et qui a su fo.irc j usqu'au bouc son devoir. M. BOURRON. preste, une boulette vient de choir sur •on bureau. Affolé,' le petit gors lève les yeux. Ouf ! le mait re n'a rien vu... alors1 nerveuse– ment. Jean- François déplie Io feuille de papier et tondis qu'il e n déchiffre l'écriture ner– vel.!se, le rouge de Io hon te envahit son vi– sage. Envoyer en fraude Io solution ! lui un Cœur Vaillant, lui un chef de Ligue ! non mois, envoyé ' p romener, dons un frocns assourdis– sant, tout cc QL•i se trouvait sur le pupitre. Immédiatement le maître o levé Io tête et, de– vinant au premier coup d'œil ce qui venait de se posser, il s'est dressé d'un bond, ordon– nant d'une voix sévère : « Ernest, remettes.. moi immédiatement la boulette que vous ve– nez de recevoir... ». (A suivre.> Jean BERNARD.

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