Cœurs Vaillants 1941

ne me la donnera is pas ?... Ça c'es t « moche »... - J e ne peux pas, c'est mal... - Idiot !... dis vite. Le silence r etombe. Une demi-heure plus tar d, p orte s'ouvre devant une ruée de jeunes garçons s ubitem ent r end us à la liberté. ·• Toutes les t êtes sont inclinées sur les pages blanche. , tous les visages sont gr::wes. Un gr and s i– lence pla ne ur la ·aile d'étude de quatrième où les élèves achè– vent la « compo » d"histoire, que doit suivre. le 1 ndemni n, l"exan.1en ora l de géo. Luc r e tourne le papier , écr it le chiffre, et le passe à son compa – g non en lui signifiant de ne pas recomme nce r. Luc a bloqu é son cama r ade · da ns un angle du pr éau. Sur le dernie r b;rnc. côte à côte, deux garçons de t reize an:; écri– vent avec a ppJ:ca t ion. Le premi e r ne sem ble pas, ;l première vue, être un Parisie n. La la r geur de ses é paules, sa ha ute ta ille et surtout son t eint vif et coloré , le désig ne nt comme un provincial qui est venu s 'ins– truire à la capita le. Le su rveirta nt, à nouveau , les cr oise. 11 ne voit que deux fronts penchés. - Tu n'es pas m alin ! déclar e– t -il sa ns ménagement. Tu m 'as fai t a ttr aper quatre mauvais points et je n e serai peut-être pas r eçu à l'examen de passage à cause de toi... mais, tu sais... je m'en sou– viendra i !... - C'est curieux, j 'avais cru qu'ils pa rla ient. Il fa it qt1elque~ pas pour s'éloi– g ner e t r evient, sa ns bruit, se pla– cer de rrière les deux gar çons. - Tu n'as pas besoin de t e f â– cher... moi aussi, j'ai quatre poin~s e n moins... alors... nous somm es quittes !... répond Marc en r iant. Il doit avoir profité des leçon " ca r c'est sa ns ., hésitaCon q u'il écrit. L es mots semblent venir se pla cer d'e'ux -mêmes sous sa plume. Son compagnon. a u teint pâle, aux traits .fins , semble'. lui aus.:i, très appl iq ué, mais la contr::ic– tion de ses sou rcil s. la façon dont il mor dille son stylo, prouvent que le sujet ne lui :;t pas aus ·i famili er. De temps à ::;utre , il glisse un regard obliq ue vers son vo:sin et, chaq u e foi s, une ombr e passe da ns es prunelles. Un chuchotement imperceptible a troublé le silence.. . Le jeune prov incial hausse les ép aules. - Ne ris pas !... c'est trop bêt e. - Ne t'en fais donc pas ! il r este l'oral... Luc est deven u to u t pâle . . . - Ah ! l'oral ? Tu ne r isques pas de r ester muet.. toi !... Un soupir ponctue ce tte const a– tat:on. Le professeur va e t vie nt. Ses yeux ne cessent de parcourir la classe et s'ar ré tent avec une cer– taine a ttention sur les de ux jeu– nes gens. Son compagnon au:rait-il pu prévoir la t errible consé– quence de son geste Ma r c, à nouvea u, éclate de rire. - Ah ! ah ! ah ! ce n'est pas comme toi, hein ? A ce moment, les deux garçons se t rouvèr ent sépar és par un r e– mous de joueurs, et la conversa– tion en r esta là. ? • Un chuchote mr nt le fa it se r ap– procher. Il a d û se tromper. Les garçons cont inuent d'écrire sage– me nt. Deux minutes plus tard, un a u – t re petit papie r est glissé sous le bras du complaisant camarade. Le lendemain, avait lieu la re– doutable épreuve... Comme il le craig nait, Luc est r esté muet. Son insurmonta ble t i– midité l'a empêché de r épondre correctement aux d iver ses ques– tions qui lui furent posées. « S.T.P . quel est le traité de 1659 ? » Dès qu'il s'est éloig né, le jeune P arisien glisse un petit ca rré de papier sous le coude de son com– pagnon. Celui-ci, surpris, dissi– mule l'objet da ns le creux de sa main et lit : Luc la isse écha pper u n fi oh ! ,. de r e proche ét ouffé, tandis que le professe ur, q ui s'est penché pour a perce voir le petit pa pier , furti– vement r endu, J'inter cepte. Cha ncelant, il est r etourné à sa place et s'est laissé tomber sur son b a nc le visage e nfoui dans le cr eux de ses bras r epliés. « P eux-tu m e dire la date du tra ité de Westpha lie? >l - Qua tre points e n mpins au x élèves· Ma rc et Luc qui ont com– muniq ué penda nt la composition ! Une main posée sur son épaule l'a fait 'tressaillir. La salle est vide. Ses sourcils se sont froncés, et un reproche pa sse da ns ses y eux. - C'est défen du, Marc ! - Tu connais celte date et tu L a voix du surveillant a troublé le silence. Plusieurs v isages se tourne nt ver s les délinquants et quelq u es sourires apitoyés s'é – bauchent, sincères ou hy pocrites... Une voix connue murmure : - Luc ! mon vieux... n e déses– père pas comme ça! Voyons ! t u Mélanie la cuisinière exemple, cette boui/- prépare ses con serves lotte en cuivre qui n e de légumes p our /'hi- sert pas. Fixons-y soli– ver. deme11t un bouch on en Or Niaison qui est, caoutch ouc, ça tiendra comme nous /e savon:;, la pression très fa cile– un oénial observateur, m en t. R emplisson s aux a découver t que /es trois quarts la boui/– " f ayots ,, 011 haricot s Io/te civec des « fay ots ». blancs secs éta ient s im- complétons a v e c de p/emen t étalés s ur des l'eau jusqu'au bo11c/1on claies, alors que tou s percé d'un trou qu e j'ai les fruit s et autres lé- dan s m on t iroir. gum es se m ettaient en Allons ch er cher le bouteilles après s térili- man on~tre d e la chau– sation dans l'eau bouif- rlière d u "Galorif ère avec la11te. son tu be en cuivre et M é / a n i e interrogée intr~d~isons le tube pour cette particularité, dans 1 eau de la boui/- af firma pérem p t oi- · lotte. rem ent : Aussitôt dit, au ssitôt - " L'lw ricot, M'sie11 Niaison , ne supporterait pas la captivité en bou– teille - il gonflera it de colère et f erait sa u– ter sa prison f " Faire sau ter sa pri– son / Ça alors, c'est f ormidable I e t N iaison qui a décidé de con trô– ler cette f orce extraor– dinail'e des har.ico ts, va trouver Dédé s on frère qui l ui don ne l'idée d'une ex pe rzence pas– sionnante. Prenons 11n réci– pient solide, tien s, par f ait . Voilà n otre clia11- dière prêle. Les fay ots vont passer leur. colèr e s ur le manomètre: Tu ne m ets pas de siffl et d'a– larm~ 'l - Mefie - toi , Dédé, Mélanie avait l'a ir de d ire qlle ce serait une véritable bom be q1.1'u11 bocal à f ayots humides. - Ne t'en fais d onc pas, allon s m aintenant poser n otre cha udière dans le l ocal d es lapins - il va f aire nuit - lori/ère. Tu es mort et les lapins aussi, car m oi je me sauve f Niaison était déj à h ors du . clapier. Mais Dédé éclata de rire. _:_ Mon pauvre Niai– son f mais :tll n 'y es pas. C'est de l'eau et non de la vapeur qui se trouve dan s la bouil– lotte. Si elle se f end l'eau coulera au dehors et la pression t om bera à zéro. L 'eau n e pro– j ette pas d'éclats à froid, la glace n on pllls du reste. personn e n'ira plus y 11!11is Niaison dem eu- voir - au cun danger rait inq uiet : po11r le public / - Et si les " f ay ots" • Nos deux garçons se ont produit leu.rs gaz f retirèrent à pas de Alors, paouf I gaz ou l oups el le lendem ain vapeur c'est quif q ui[./ matin, Niaison, curieux Brrr / mais pruden t, risquait A.llon s Niaison , un -œ il en f ace d u trou reste tranqu ille. Du res– r/e la serrure d u cla- te, j e prends tout s rzr pier. m oi et j e · vais m ontrer La chaudière était in- · noire m ontage à papa. !acte, a ucune explosion J amais je n'aurais cru n'avait eu lieu car les que des f agots » lapins rem uaient à la soien t aussi puissan ts. cadence habit uelle le 5 ,k ilos de pression I boui de leur n ez et ç'est in croyable / le1crs oreilles. A llez tranquille- La bouillotte luisait m en t cherch er votre sournoisement s aris Les bom be, assura pa pa , car prem ières l ueurs de les fayots n e .se décom- l'aube. posent pas en u n e n uit. Déluré arriva et co u- lis n'on t produit aucu n .rageusem ent o uvrit la gaz. lis ont sim plem ent porte. L es d eux com pli- gonflé, pressé sur l'eau ces pén étrèrent dans le en se dilatant et f ait rédu it. bouger l'aiguille du ma- - Hurra h f Mélanie n om ètre. Par exem pl e, f11Jait raison , le man a- j e n'aurais pas cru ml!.tre marque 5 kilos, qu'ils gonflaien t avec s'écrie Délu ré en s'ap- une énergie pareille et /J/'êlan t à s ais ir la votre expérzence est r, 011i l/otte. vraim ent rntéressante. Halte ma/he u- Ce soir-là, Niaison et reux / atten tion , si tu Déluré, très f iers de chauffes encore le cui- leurs talen ts, mangèrent ,,,.e avec tes m ains, la une sou pe aux ofa.uotsn pression va nmnter à m1ec une considération p lus de 6 lei/os, trois inaccoutumée. f ois la pression du ca- HERESSE . n'es pas encor e r ecalé ; tes a utres notes sont bonnes... La colèr e de Luc monte brus– quement de son cœur à ses lèvr es qui tremblent , tandis q u'il r épond véhément: - Oh! toi... va -t-ea ! Ce qu i a r - r ive, c'est de ta fau te ! · - Ma is je me venger ai ! tu e n– tends ! je me ven ger ai ! Luc, le r egai:d dur, la bouche mauvaise, se lève et sort. Et c'est au tour de Marc d'avoir sur le visage ce pli soucieux et cette contraction dure qui est, chez les gar çons, l'indice d'un gra nd chagrin . • Quelques semaines se sont écou– lées. Nous somm~s au début de juin 1940. . Les par ents de Luc, qui habi– tent la F r anche-Comté, ont fait r evenir leur fils a uprès d'e ux. Luc a quitté sa ns regret le collège où il a subi cette profonde humiliation : êtr e r efu sé à son examen j e passage. Son r essentiment, loin de s'ef– facer, creuse son âm e, ch aque jour davantage. Son père a déclaré : - Puisque tu n 'es pas fait pour les études, tu r esteras a vec nous et tu exploiter as nos terr es. - Mais, pèr e ! je voulais être ingénieur agr onome et cela ne m 'empêchait pas d'être cultiva– teur... - J 'avais d it « oui " ; mais puisque tu dois r edoubler des clas– ses, je n'ai pas les moyen s de t'instruire aussi longtemps. Et Luc s'est tu. Il sait que son pèr e ne parle pas à la légère. Une r ancun e inju ste m ais te– nace demeure en lui. - C'est de la faute de Màrc... Il Cependant, des bruits alarman ts circulent da ns le village : les trou – pes fra nçaises r eculent devant l'e nvahisseur . C'est Dunkerqu e... c'est P a r is... c'est la Loire... Un dimanch e du m ilieu de juin, des autos, des camions m ilitaires, passent en pr ocession ininter rom– pue sur la gr an d'route. Sur le pas des portes, les gens du village r egardent avec des yeux claire de a parlé. - Ne ·1a r éveillez pas ! chuchote quelqu'un accr oupi dan s l'om l>re, sans quof elle va encore réclamer sa maman et pleurer comme a vant de s'endormir. Lu c ressent une secousse au cœur. Il vient de reconnaitr e la voix de son ancien cama rade, Marc... son ennemi... Ah ! cette fois... il la tient sa vengear:::e : Marc anéa nti, exilé, malheurctx... Marc à sa mer ci, ca r il n 'a qu 'à se r etir er et l 'aban donne r à son sort misérable... Ma is quelle douceur vient inon– der son cœur ? Il h ésite... oui... il hésite q uelques dixièmes de se– conde puis tout haut il dit : - Viens, Marc ! tu coucheras dans ma chambre. Venez Ma– dame ! Ven ez Monsieur ! je vais vous conduire. Il se penche et, avec pr écau – tions, enlève dans ses bras la fil– lette endormie et pr en d les de- va nts. · Sans autres paroles, les r éfu– giés le suivent. Dan s la cuisine, q ui ne désem– plit pas, sous la lampe, où des hommes, femmes, enfants, soldats, se r estaurent, Luc p eut co nsidérer le visage de ceux qui l'accompa– gnent: h âves. pâles, t ernis pa r trois nuits d'insomnie. L'homme s'est lajssé tomber sur 1;1ne chaise et demeure prostré ; la Jeune femme s'a ppuie au mur et Dans l'ombrt, Luc a recon1zu. la voix ae Marc... curieux et navrés ce lamentable sur l'épaule de son fil s qui a fer– exode. Et il en passe... il e n passe mé les yeux. Ce dernier semtle toujours.:. ivr e de fatigue, de frayeur, de Da ns toutes les maisons, des se- faim... cours s'organisent. - Montez ! Lu c accompagne les visit eur s, Luc s'engage dans l'escalier qui aide à se r éinstaller ces pa uvr es mène à sa chambre. Il dépose gens qui partent da ns la nu it. son précieux fardeau sur un lit S ur la route, une au to est a rrê- puis il s'approche de son ancien tée depuis quelqu e t emps déjà. camar ade dont il saisit les deux mains: Le jeune garçon s'a ppr och e. _ Tu ne me r econnais pas, - Avez-vous besoin de quel- Mar c? C'est moi ! ton ami Luc!... qu e chose, monsieur ? Allons, r epose-toi, ainsi qu e tes Un homme, jeune encore, sem- parents... On va vous apporter à ble-t -il, au timbre de sa voix, r é- manger... pond : Puis, se t ourna nt vers ses pa- - .J e su is e n pam~e et avec la r en ts : nu it je ne peux mem e pas me - Papa ! maman ! c'est. la fa– r endre compte de ce qu'il y a; .et mille de mon meilleur ami de pen– pu is, je suis si fatigué que je ne sion. S'il vous plait, nous les gar- peux aller plus loin. der ons ici, où ils seront en sû- - Vous êtes seul ? reté. On se serr er a u n peu et tout - J'ai avec moi ma femme et ir a bien ... mon fils, qui sont exténués, eux Mar c balbutie : au ssi ; il y a également une petite - Toi ! Luc?... mais tu m'avais fille qu e j'ai prise en route, la . juré de te... femme q ui fuyait avec elle a été - De me venger ! c'est H aî... tuée par un éclat d'obus. Tu vois bien que je tiens pnr ole.., Le jeu ne garçon est ému par je me venge ! comme doivent l " cet te détresse. Il s'approche en- faire les vrais Cœurs Vaiil:m t s... core de l'a uto et aperçoit la forme O. DULAC. R~sunh.) des cha p itrcos précéd"-'nts ~ L(' profcs!iOHr .l! n·ricr est .-ulc1.11~ f)(~r dc·s gau!.,"SUrs qui t•rulcnt lui arrarlirr il' sccrN r(u11C' de ses dc:co:n ·rytcs pour fo tlt't:d rc ci rrnc puissrrnru t~trm:1,•i::rc. L e roportor 1lla· tbias s·cst luat:1' Stff la trac1• dus ravisseurs avec lu n;1;tis Jidlenth;o. ..1 pcrct'~'lmt la voitm·o d es 2m~gs­ tc.:rs J rfG5t:C r.:~ fond d'rw rm 1 iu, Jlfat!das sr lrnrc.>, mafa i.J est pris ü~cc sa mo,.turc daus uu l~bC'!llc~ cclll do sable. CHAPITRE V Ln poursuite farouche. Da ns Io chut e vertigin euse q~Ii le pr é– cipitait vers la mort, Mathias n'eut que le tem ps de recommander son âme à Dieu. Il avait vidé les étrier s e t, au -dessous de lui, son cheval roulait sur ln pente a u mil ie u d'un nuage dl? sable et de mousse. Devant les yeux épouvantés du jern1e homme le r io et le c.iel semblaient se q ui lui faisait m ieux sent ir les affres de sa fin pr ochaine. P o ur tan t cet.te défail– lance ne fut que passagèr e car Mathias était un lutteur né, un de ces hommes q ui, quelles qu e soient les circonstances, n e s'a bandonnent jamais a u désespoir. - Si Dieu m'a laissé la vie jusqu'à pré– sen t, c'est pour qu e je m'en ser ve ! Ba ndant ses muscles, il entreprit de s'éle'll€r le long de la liane, comme a u temps où il faisait de la co1·de lisse dan·s les gymna ses. Il avançait lentement car ses mains, moites de sueur, glissaient à chaque effor t. Néanmoins, mètre par mè– tre, il atteignit u ne cor n iche de terr e L e sol n'allait-il p as e ncore s'ébouler , l'ent rainer vers l'abîme ? Non. Mathias sen tait sous ses genoux une glaise glis– sante mais ferme. Il comprit q ue, suspen– du a u bout de la lian e, J avait décr it une trajectoir e q ui l'ava it porté e n dehors de la zon e mouvante. Ici, dans u ne bonne t erre pou ssaient des palmier s nain s, des r otangs, des fougèr es. A ce moment-là seulement il su t q u'il était sauvé et ses lèvr es balbutièrent u ne prièr e de recon– naissance. Un appel le ramena à la réalité. L evant la- tê te, il vit Valentino sur le r ebord de pas a perçu la mar q ue des r oues sur le talus, nou s en ser ions encore à chercher un chemin de tr averse pour expliquer la dispa r ition de la voiture. - Mais alors ? Le r eporter pointa l'index vers le r io murmurant: - Une barque devait les attend re là. Où va la r ivièr e? - Le r io Negr o se jette clans le P aci- fique, a u sud de P u ntarenas. · - J 'ai l'impr ession q ue nous en a ppr en– dr ons plu s long à l'embouchur e du r io Negr o, fit-il. Mais si nous cheminons de nuit, nou s r ' squons de négliger des in– dices importants. Le m ieux est encore de chercher un g îte pour a ttendre le p etit jour... Qu e de temps· perdu, hélas ! lis r emontèr ent sur la route où le che– val de Valentino paissait l'herbe courte du· talus. Déjà le cr épuscule s'abattait sur la campagne avec la brusquerie des cr~puscules tropicaux. - Prenez mon cheval, offrit Valentino. - Non, merci. Mais puisque vous ê~es monté, vous allez prendre les devants jusqu'au hameau pour qu'on nous fasse cuir e un peu de r iz. la r oute. - Je vais vous rejoindre, senor, cr iait De son pas souple et allongé, le Fran- l e gar çon. çais s'en fon ça dans les ténèbr es grandis- san tes. Il gardait la ma:n posée sur la Le métis ne tarda p as à a r r iver. Il pri t crosse de son r evolver car il savait que, la main de Mathias e t la secoua. désorma is, l'ennem i ne lui ménagerait pas !'4AîftlA5 RE$TA SU:l>PENl>i, DA~S LE V\t)E - Senor, j'ai bien cr u que vous alliez les surpr ises: le « gang » avait dû p r en- vou s tuer. J amais je n 'ai passé d'aussi dre toutes mesures utiles pour pr otéger poursuivr e da ns une r onde folle. En vain t erribles minutes ! sa retr aite. essayait-il encor e de s'agr ip per à ce sol - Et moi donc ! gr ommela le reporter. Au bout d'une dem i-heure de m ar che, m aucj.it. Autant s'agr ipper à l'eau d 'une Il aspira une profonde gor gée d'air et Mathias r etr ou va les r anchos miséreu x et catar acte ! parut la déguster comme u ne chose dont dé:vora la pitance q u 'on lui avait prépa- Ma is la Providence veillait sur lui. Elle on a failli être définitivemen t privé. Du ·r ée. Allongé sur un coffre à g rain, il ne mit sur son passage une de ces liane s de r egar d il sonda le vide, détailla le flanc tarda pas à sombrer dans un profond r otang q u i ser pentent à l'aventure loin boisé contre lequel il r esta it acc'r oché. sommeil tandis q ue Valent'.no palabrait de la plante mère. La lian e, tendue pa r - P a r ici nous pouvon s descendr e sans intermin'iiblement avec les Ind iens d'a len- le choc, r ésista peut-être u n d ixième de r ien cr aindre. · tour dan s le but de louer une bar que. seconde p uis c1aqua net. Ma is cet infime Ils dévalèrent entr e les ar bres et les Avant même q ue les premie rs r ayons r é pit avait donné à Mathias le temps d'un buissons, contou r nèrent un chaos de r o- du soleil a ient dilué les ténèbres, le re– r éflexe sa uve ur . Ses doigts se cr ispèr ent ches et aboutir e nt sur u ne p lage encom- por ter fu t sur p:ed et secoua son com– avidement sur la minre lanière végét ale br ée de galets. En quelques enjambées pagnon . et, a ussitôt, sa chute prit un tout a utre Mathias fut a uprès de la voiture acciden- - En r oute, Valentino. Vous avez ob- a spect. Sous le poids d u jeune homme, la tée e t, le cœur battant, il se pench a sur tenu la pirogue ? liane mutilée s'ar racha au sable sur toute les débris de la carrosserie. _ Oui, senor . Deu x Indiens nous con- sa longueur mais ne romp it plus. Mathias, Son examen fut de court e durée. Qua nd <luiront jusqu'à la m er. transformé en balancier , décrivit alors un il releva la tête, ses traits étaient à la immense a rc de cercle et r esta suspendu foi s rassérénés et soucieux. - Et votr e cheval ? dans le vide à l'instant même où le mal- _ P as la moindre trace des occupants, - Il r estera ici, dans le « potr er o », heureux cheval, atteignant le lit du r io, dit-il à l a Valentino. Quand la voiture a le temps q u 'il faudra. s'écrasait sur les rocher s. culbuté da ns le r avin ·elle était vide. L es deux hommes burent le café que Les dents ser r ées, le r epor ter vit, au- _ Des Indiens ont peut-êtr e empor té leur a pportaient des fodiennes et il s s'é- dessous de lui, le corps disloqué àe la les blessés... ou les morts, objecta le métis. lo:gnèr en t r apidement avec le urs p iro- bête et, plus loin, la ca rcasse de l'auto. _ Dans ce cas, r iposta ::vrathias, on guiers. N'allait-il pas les rejoindre sous peu? trouverait des taches de sang su r les Le coura nt du r io Negro, t rès vif, les Maintenant il oscillait lentement dans le coussins... Non. Je crois que la vérité est emp orta à bonne a llure entr e des rives vide et ses doigts commençaient dé jà à se a :lleurs... C'·est volontair ement q ue les tour à tour sableuses ou ver doya ntes. fatiguer. D 'ailleurs la lia ne ne t a r der ait gangsters ont pr écipité l'au to dans le r a- D 'un coup de pagaie les. Indiens évitaient peut-être pas à céder... vin... Auta nt pour s'en débarrasser que les remou s et maint enaient l'esquif dans Il frém it et r egr etta presque ce sursis . pour brouiller la piste... Si vou s n 'aviez l'es eaux les plus profondes. L a chaleur était accablante et des rigoles de sueur coula ient sur les joues de Mathias bien qu'il restât immobile. Vers neuf heur es le courant s'a tté nua. Les eaux de l 'océan r éfrénaient l'ardc:ur des eaux de la riv ièr e et les Indiens d u – rent pei ner su r leur paga ie. A dix heures le P acifiqu e était en v ue. P endant le parcours, le Fr ançais n'a– vait cessé de scruter les r ives, en q uête d'un indice, mais rien ne tr ah issa it le . passage des ravisseur s. - Vous allez atterrir dans une cr iqu , ordonna Ma thias aux pirogv.·ers, e t vous a ttendrez notre r etour . P eut-être aurons– nous encore beso in clc vous. ~R,0SÇUEHEl1T " " HOMME-J AILl..IT o·u~ ol.llSS«l ne nce, il découvrit l'estuaire du r io Ne– gro, une plage . blonde et l'infini de l'océa n. La m:iin en auvent il contemola longuement un navire q ui, à l'horizon, faisait u ne tache. noire entre les lames m iroitantes. - J 'a rrive encor e t rop ta rd ! fit-il ~n se r etour nant vers Vale ntino. J e p arie qu'un navire croisait a u la rge en atten – da nt· les ravisseur s. Voilà pourquoi ces derniers ont empr unté le r io Negro... Le batea u complice n'a eu q u'à cueillir leur ca not... Furieux, le Français s'était relevé e t, à grands pas, descendait ver s la plage. Il venait d 'a tteindre le découvert qua nd, brusquement, un homme jaillit d'un buis – son. - Attention! cria Valent ino. Déjà Ma thias, revolver a u poing, se ma squait derrière u n aréqu'er. - N'ayez pao peur, cria l'homme en le – va nt 1-es mains. Je ne suis pas armé. Je veux ... Ma is il n'eut pas le loisir de termine r sa phrase. Une détonation sèche claqua dans l'ombre cha ude des palmier s et l'in – connu , fanché dans sa course, s'effondra lourdement sur le sable. LA SEMAINE PROCHAINE George~ MARIÉVAL ~~~~~='!\,, r"\ ,....~-----JI'"\ ,..., I"'\ "~-------,...~----J"~~~--.11"\.~~~~~""~~~~.J ..... ~~~.....s"'"'~~~~~~------- ---------=====----., crosse, peut à la rigueur être rappor fée, soit clouée ou ® mieux, 1Jissée Elle @ comporte un trou • t;'\ pour le passage. ·,i::i===:;::~ - - - - - - - - - • 1 V du canon. I.a crosse If. / Il comporte en 0 11tre • !ln évidem en t a f- U IJ àUme e longé, pour l'en- , _ . fi.FOX'. castrem ent d u ca- non , une ozw erture cI'accom - qui vous divertira en attendant l pour le passage de la gachdte chasse et 1' que vous ' puissiez !JOU.~. au;;si com plète et deux épaulev1en ts ( E ) beau fu- chasser le lièvre et le f aisan ... ! percés chacun d'un trou po11r le So llven t, vous rêncz pnfjner votre papa à la d'avoir comme lai un passage d u clou qu i constitue l'axe de la gachet te. 2° Le canon (B) . - Un tube de bois (en sl!reau é1Jidé Oll en , T bam bou) . li comporte deux fen - • tes latérales identiques pour le passage de l'élastique, el un e ou– ver t ure (0 ) pour le passage de la gachette. Pour énifcr que le t ube n'avance au départ d11 cou p. il y aura intérêt à prévoir la partie située en 11rrière d u tro11 percé (T) d'u n diamètre un p e u plus grand. 3° La gachettc (C). - Petif P pièce de boi.ç découpée comme l'indique le croquis arJec un trou p our l e passage d' un axe qui sera un s imple clou. 4° L'élastiq ue (D), pourra, par exemple, être découpé dans un e sil, eh bien a ujourd'h ui. no us 1 1° La Cr.osse (A) . - li f aut 1 IJieille chambre a air. Pour éni – vous donnons le moyen de faire la scier dans une pièce de bois 1 fer les déc/1 irures, les trous des v ous-mêm e, pas 11!1 f usil bien comme l'indique le croquis. La ~ extrém ités sel'ont f aits, si possi– :sûr, mais un pistolet arnalèt e partie (T) perpen diculaire à la , bfe, à l'emporte-pièce. ?lfonlaGe. - In troduire le tube pistolet f onctionne comme 11r1 dans le tro u prévu, fixer la ga- pistolet ordin aire à flèches. On cliette a u mouen d e son c/rm et peut au ssi tendre le caoutclw11c fixer l'élastique corn me l'indiq11e et l'accroch er à la m ain · au cro– le croquis, -az1 m ouen d e deux cliet de la gaclictle et introduire clous aux extrém ités de la pièce de petites balles en bois par la (T). L'élastique doit être de Ion- gueule du canon. En appuyant oueur telle q u'il s o if n ormale– m en t légèrem ent fenc/11. Une pré– ·a11tion i1.,-1portan lc à pren drt. pour le fo nctionn em ent : l'axe (a) de la gacliette, le point d'ap– pui (b) de l'élast iqu e sur la ya– chet te et les clous (a) d e f i:w– fion de /'élastique. doivent être au niveau de l'u~:e du tube. F onct ionnement. - On peul ut iliser les f fèclies mu n ies do caoufcl10uc du t.ypc co11ranf et le sur la gacliette, celles-ci sont projetées en avant. Vous pourrez, une fo is . vo tre pistolet terminé, organiser de grands concours avec 11os cam a– rades en installant de.~ cibles de carton , c/1 if frées par bande de couleu r. Et alors au plus adroit... à cel ui q ui récoltera le plus de poin ts en visant toujours la ·cou– leur au plus f ort cliiff re. H. FOX.

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