Cœurs Vaillants 1941

A cours de cette derniore guer:re, nos ~1viateurs, tout comme le\JrG a~nP.s d~: "' 14-1918, ont su ~<inn 1 ?11' généreu 0 s ' · · 1t leur vie pour la Fi'ancc. F.n c· r11ois de novembre, qui est le mois d ::s morts, ayons une pensée pour ceux ~ui, dans les armées de l'air, de terre ou de mer, sont morts glorieusem1mt, loin de" leur sol natal, pour que la ~il'ance reste la f'rance, !C'est en leur V1c>nneur que nous vous donnons au– ; urd'hui le beau récit de !Roger abric, qui a écrit un très chic livre, « La Grande !Escadrille », sur les exploits de nos jeunes pilotes. • . " Une patrouille triple s'est envolée à l'heure la plus chaude de cet après– midi inondé de soleil. A mille mètres, les Curtiss se rassemblent en pelotons de trois après deux tours de terrain. On uit le « patron >J qui gagne le point de jonction et qui grimpe tou– jours. Altit:.ide 5.000 mètres. Au sol, visi– bilité totale. Le pilote, installé dans .J\VU un /w.rlcm~nt de b~tt b1essü, l'avion !l'ut abattu. en {lamme.1.•. son bolide de combat, ne pense à rien d'autre, pour l'instant, qu' à son huile. son compte-tours et à sa température d'eau. @ueiqoes petits oc tuyaux • pour I& première éta~ Pour que votre é·quipe rcn.:lo à plein, orga. nisez-vous. Pa rtagez-vous le travail. Com– binez avec vos chefs d'équipe e t vos diri– geants vos plans de compagne. Il fout que chacun sache exact ement où il doit foire sa propagande, comment il se procurera les journaux è vendre, comment il doit trans– mettre ses abonnements et ses cornmondes. N'ayor pas peur d'avoir de l'imagina~ion. 11 fout découvrir un tas de trucs nouveau>e pour votre propagande. Ne vous contentez pas de Io vente habitue lle à domicile ou à Io porte de l'êglise. • Cœurs Vaillants>, • Vail– lance > doivent ê tre partout. Lo sortie rle Io gore et des écoles... les endroits où on fait les queues.,. sont d'excellents terra ins de vente. En trouveras-tu d'autres ? Si certaines ventes vous semblent difficifcs, comme par exemple ce lle de • Vaillance >, qui s'adresse spéciale ment aux grondes per– sonnes, n'cyez pas peur d'emboucher a vec vous vos papas, vos g rands frères, vos omis. C'est tout à fa it permis sur le règlement de Io Course. Et n'oubliez pas que les calendriers compt ent a ussi dons Io course, (ne vous affalez oas s i vos commandes vous parviP.nne nt un peu t-n retard c'est la faute d es livraisons de pa pier qui sont très diffic iles. O N'oublioz pas non plue q u e les prix portés e ux gagnants par le s gra nds chefs rlu r.1011ve – mcnt eux-mêmes seront magnifiques et que foire connaitre à tous nos journaux, c'est une des molllouros façons do rebâtir la f ronce. Le ré~ultat de la première é~ape paraî– tra a7ec le numé ro du 25 novembre. Hardi, les gars ! la course- surprise i 941- 42, c'e st la plus chic course du mond e . Mais la pah-ouille française a ét~ signalée par radio et, à'ur:> aérodrome camouflé, la chasse ennemie s'~st en– volée. Ils sont vingt-trois contre neuf des nôtres. Là-haut, un de nos pilotes, Caïd, exulte et vocifère dans son Cé)geot de mica, les lèvres collées au micro, et là-bas, au sol, le <:ommand:mt Bouvines a <c accroché J> la patrouille. Voici ce que ç::i donne, à 6.000 mè– tres, dans le ciel, en plein combat : Alors, « Toto J>, on y va ? (Toto, c'est son avion). Caïd a entrevu, de loin, les petits points noirs que son t les avions enne– mis et, suivi des fidèles Ravenne et Pitche, il prépare son attaque. Soud<.in le moteur tousse, c'est une impureté, une goutte d'eau, peut-être, dans un des carburateurs. Caïd invec– tive la mécanique : - Dis donc, le « bouiUeùr >J, tu ne vas pas faire le « cornichon JJ. Puis le diffuseur de la radio traduit les grands coups de l'accélérateur, les reprises, les réactions des compres– seur s. Sans a ucun doute, la patrouille se « retourne ». Un grand silence, un long grésille– ment de sons confus et, souda in, la voix de Caïd qui revient : Tu le vois, celui-là, mon vieux « Toto >J, c'est du « tout cuit >>. Un vacarme infernal, c'est un tohu– bohu de sons qu'enfle encore le diffu– seur ; coups de moteur, tonnerres des échappements et rafales de mitrail– leuses, puis un nouveau silence qui vous stoppe le cœur... Une phrase j aillit à la radio : - « A dégager ». C'est toujours Caïd qui se bat. Cinq, puis dix minutes se pa96ent, qui sont des siècles. Cette fois le silen-– ce se prolonge. On ne dit mot, on est rivé à l'écou– teur, et le sergent radio tourne ses boutons pour raccrocher la patrouille qui a dû s'éloigner. Deranges, lui aussi, se bat, de même que Wassile, chacun avec leurs équi– piers, mais eux sont plus loquaces au micro, et c'est pourquoi, d'habitude, on accroche Caïd, qui a la réputatioh de résumer la situation dans l'action : _,_ - Tout le monde est là, mais « ils mordent dur J>. J'en ai déjà deux et je suis content. Puis, soudain, la voix s'éloigne, se tait et disparaît, encadrée par un son prolongé de moteur tirant à plein son régime. Un son jaillit, aigu, un son dé,chi– rant, qui semble s'évader des entrailles du moteur. C'est un hurlement infer– nal, brutal, comme si t out allait sauter sous le capot. Un hurlement de bête blessée ! La mécanique semble portée au pa– roxysme de sa p uissance, on discerne un sifflement rageur qui vous glace le cœur. L'avion a dû piquer à mort. Il se passe quelque chose. Le commandant interrompt le si– lence et appelle en vain : « Allo ! allo ! allo ! Ici G.C. 142. J 'appelle KG. 18, j'appelle K.G. 18 ». Et le ser gent r adio le relaie, passant lui-même l'indicatif. Mais rie11, plus r ien... La patrouille en fj elle p romet d'être passionnante. Pour battre le record des « a s propagande », vous ê tes décidé s à marcher plein gaz . r?@\fe, Ee$ goi'~, Çt§I v i t W'e formod@bRe ~ ne répond plus, l'adjudant chef Guar– dian non plus. En vain le sergent radio tour ne ses boutons, essaie de capter encore l'ad– judant chef Guardian, d it Caïd, chef de la t roisième patrouille. Un ronfle– ment crispant répond à tout a ppel, on n'a même plus ni Deranges, ni Wassile . La « bagarre >J a dû se compliquer là-haut. Personne ne dit plus rien. On se regarde, on attend. On sait bien trop, hélas ! ce que signifient, neuf fois sur dix, ces trop longs silences... Un planton du P.C. accourt à la «Thomson »: - Mon commandant, voici un mes– sage de la Division. Bouvines lit : «Mission de protection à 16 heures JJ. Il regarda sa montre de poignet et tendit le papier à Blanzy : - C'est à vous, mon vieux, et je crois que vous n'avez pas de t emps à perdre. • Sept avions sont rentrés sur les neuf de tout à l'heure. Caïd a été abattu en feu, et on l'a vu s'écraser au sol. Il a d û être tué sur le coup. Puis c'est Briqueux, un des jeunes , qui s'est mis en glissade et qui a dû percuter, lui aussi, en bordure de ra ligne. Le capitaine Der anges a les yeux gonflés. Quelque chose de lourd pèse sur la Grande Escadrille. Ce fut t rès dur aujourd'hui. Et pour tan t, il ne faut pas se laisser abattre. Plus que j amais, on le sent, il va falloir serr er les rangs et s'ha– bituer aux coups · durs. Au même instant, des bruits de moteurs, à n ouveau, emplissent la nue. C'est un son famil ier, un son qui revigore ; c'est la pa trouille de pro– tection qui part à l'heure prescrite, sans un quart de seconde de retard . Deux de tombés, neuf autres qu i décollent, et l a devtse reste toujours la même : c< FAIRE FACE ! >J Roger LABRIC. • (c< La Grand e Escadrille ») . PAGE HEROIQUES Quelle missive mystérieuse est donc en train de déchiffrer le ~rand chef univcrselicment rcs– pccfé ? Dès qu'il a terminé sa. lecture son regard s'est animé d' une flamme _de fierté et il n'a pu s'empêcher de murmurer : G: Quel homme 1... ». Cet homme qui forçait l'admiration du Saint Père, c'est Je même qui, quelques années plus tard, fera cette fière réponse à. l'Empereur Max i- il mormure f <? J ésus ! ah moiJ DiPtt, Je suis mort I ». S es forCCil l'abandonnent. Ses suisses doivent l'ête ndre au pied d'un arbre... Ses com· pagoonG s'empressent autour de lui, mais Bayard les supplie de par tir ; lui, il oc peut plus rien, mais eux ne doi\-cnt pas rÎS(4'uer d'ê tre captifs, il fout encore comb:ittrc pour reconquérir le ter· li!RE AVE TURE J PAR ROBERT RIGOT m ilien d'Allcmagoc q ui, l' ayant vu comb:ittrc, veut s'assurer ses services : « Je n'ai qu 1 un seul mait,.e au Cie-/ : D ieu ; qu'un seul maitre sur la terre : le R oj de F rance, et je n'en servirai point d'autre ». L e roi H enri V III a.ura... t-il plus de chance ? C 'est sans doute ce qu'il espère... il est vite détrompé mois coche son dépit sous un gros rire qui le secoue tout entier et ajoute en guise rain perdu... C édant à ses prières, les soldnts s'éloignent la mort dans l' âme... Il était temps, l'ennemi est déjà lù, et ceux-là même qui le combattaient il y a quelques instants comblent d'hooaeurs. et d'attentions le capitaine agonisa.nt. Mais quel est donc cet homme de haute ~taturc au port de tête or gueilleux qui s'a.vaoce écartant CHEVALIER_J ~'- -""'"-=--- ~ - ~ ., U... E",,.:-.7 de conclus ion qu'il n'a jam:iis vu un garçon . aussi stupide pour refuser ajosi les biens et les bon· ncurs qui lu.i éta-i.ent prom:s. F idèle à sa Patrie et à son Roi., le chevalier, devenu Capitaine, co.::i.bat toujours ap rès s'être couvert de gloire. Cet te fois pourtant la bataille tourne au dés::ivan· •age d e nos armées, il fou! se décider à la re.. trnitc... T ouj ours en a n :mt, donnant l'exemple, le les aardes ? ... Il s' incline profondément devant le mourant : « A h ! que j'ai grande pitié de :mus, Chevalier D, dit-il... r-.tais Baynrd a reconnu le traitre, le connétable de Bourbon, et la réponse ne se fait pns attendre : « Il jaut plutôt at1oir pitié de vous, Connétable, qui port ez !ers armas corJJrc votre Patrie ». En vain ce derni er essaie fier soldat protèac l'évacuation de l'artillerie et des drapeaux, Il vient d'apprendre que le péril le plus gravc... celu_i de l'honneur, est écnr té... il sourit 1 Hélas ! un coup d'ar<i,uebusc lui brise la colonne vertébrale. Durunt quelques instants il t rouve encore la force de rest er ù cheval pour comma nder la chari!c, puis élevant jusqu'è. ses lèvres In poignée en forme de croix de son épée, de se défondrc, il ne peut se justifier aux yeux du C hevalier sans peur et sans reproche Q'UÎ v:i mourir mois qui, jusqu' à. la dernière minute, lui demandera de rc.connaitrc son erreur et de rC· prendre Je chemin du devoir : « Un seul Jllaitrc au Ciel : Dieu ; u 11 semi maitre sur la terre : Io Roi da Franco, et n'en point scrvfr d'autre ». J&AN_- FRANÇOIS ET SON ÉQUIPE 111mnmmrmm1m1mmmmum11111111111111m1111111111111111uum1m1111111111111111m11muum11111m111111mu11n1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111m ÉCOLIERS NOUVE :CLE DE LA FRANCE L-A MYSTÉRIEUSE BAGARRE Marcel a saisi le bras de Jean-Franço is : a _ On ne peut pas rester comme ça, il faut savoir,.. J) Et, avant que son . ami oit pu le re t enir, le n ouveau pet it chef o bondi, se p ré– cipita nt résolumen t sur les t races de ses éq ui- ' piers. Il r?'a pas ét é long ô les rejoindre. Robert et Roger, en effet , s'en -allaient d 'un pas lent vers leurs mai son s respectiyes, tout en discut ant sons entrain. l.ls venaient tout just e de t ourner bon moment immobile le long du t rottoir et puis, tout à coup, des hurlements stridents l'ont fait surE.outer. To utes les commères de la rue se sont retournées, elles a ussi, et a vant que Robert ait eu le temps de se ressaisir, u n gor- . çon, lancé à tout e a llure, l'a frôlé, ma nquant de le renverser. C'est Jean-François qui, ren– trant chez lui, vient d'entendre les cris et se précipite pour voir ce qui se passe. A peine le chemin de l'église quand une main ne rveuse s'a bottjt sur leurs épaules. ' D'un bond les deux Cœurs Va illants se retournèrent pou r rougir jus– qu 'au - dessus des oreilies à la vue- de l'arriva nt . Ma rcel, c'était le dernier garçon· qu'ils a u– raient eu envie de ren con trer ce soir ! e·t Ma r– cel s'en est bien ciperçu cor, sans s'attarder à des préambules inut iles, il aborde tout .de suite le vif du sujet en plongea nt résolument ses ,- ,.. ( ( \.. est -il a rrivé au delà de la boucherie qu'un tourbillon de poussière l'aveug le littéra lement. Dons un e pe t ite co ur dont Io barrière est la rge– ment ouvert e, deux gars sont en t ra in de se bat tre et Io lutte est ~i vive qu' il est impos– sible d'y rien reconna ître. Robert qui vient d 'ar– river sur le t héâtre d u dra me pousse un cri : a Marcel ! Roger ! ,, M ois J e a n - François l'in ~ yeux dons ceux de ses éq uipiers : • Les feuilles pour Io Ligue de Loyauté..• vous n' en avez pas pris, hein ?- • Sons répondre, les deux Cœurs Vailla n ts baissent Ici tête. Péniblement, par pe– t ites phrases entrecoupées, ils exp liquent leurs .mauvaises raisons. C'est d 'abord Robert, Robert -le t imide qu'un on d'a pprentissoçy.? C.V. n'a pas encore réussi à aguerrir: " J'ose pas... D Et puis Roger qui, pas très calé en classe, a peur terrompt : • Mais non, voyons... • Et sans plus attendre, il s'é lance rérnlu:nent en tre les bell1- ·géronts. Il lui a follu plus de cinq minul·os pour a rriver à sépa rer les combattants et il a, dans l'offoire, réco lté plus d 'un coup de poing_ Mois lorsque, holetonts, furieux, rouges comme des coqs en colè re, les deux adversaires se son t trouvés sépa rés, une phrase ra uque, menaçante, de ne pas pouvoir... a Peur ? tu as peur ? toi, un Cœur Vailla nt ?... • · Lo voix de Marcel re – tentit avec tant d'indignation que Rog<;!r, tout à fait affolé, esqu isse un pa s de re tra ite. Mo is il n'a pas le temps d'a ller bien loin.. Son chef d 'équipe Je rattra pe par le bras et, oublian t du même coup Robert interd it, il s'en va, en– t rainant Roger qui écoute, la· honte ou cœur, un véhément d iscours. Robert est demeuré un pleine de colè re, o ret ent i ! a Oh, t oi !... e n .. corc... t u me le paie ras... u Et Raoul (co r c'éta it lui, vous l'ave z pcut~êtrc déjà deviné> Raoul est part i en tenda nt le poing à Jean– Fronçois tandis que Pierre, encore tout excité, se débott a it comme un d ia ble sous l'énergique é treinte de son chef d'équipe. <A suivre.) JEAN- BERNARD.

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