Cœurs Vaillants 1941

Le chef leur a vait dit : c Partez, allez apprendre à connaitre Io vie. Pendent une journée pratiquez un mé– tier... • Et Robert et René, deux gar– çons qui n 'a vaient pas froid aux y.:?ux, avaient décidé de se transformer en pêcheurs. Lo chose était facile puisqu'ils pas– saie nt, cette or.née- là, leurs vacances ou bord de Io mer et ils avaient déjà tant observé les pêcheurs que cela leur faci lite rait cer tainement l'exécu– tion de leur expiait . Il ne pouva't être question de 'e substituer aux p ro priétaires des gros bateaux qui quittent le port le soir venu e t passe nt la nuit en mer pour ramener ensuite des tc.nnes de pois– sons ; Io modest e b ourse des garçons, leur ouvrait d es ho rizons plus modes– tes ; n éanmoins ce n'est pas s'Jns un certain oryueil qu'ils prirent place ce mat in-là dons Io barque à fond plot lo·Jée à u n pêcheur solitaire. 0 Assis côte à côt e sur le banc du milieu, Robert et René appuient sur les avirons e t desce nde nt le canal e n direction de Io m e r qui s 'ouvre ou bout des môles 11) . - Tu sois, René, il ne s'agit pas pour nous de foire uniquement du sport, non, il fout joue r à fond notre mé tier. Préoo rc les ligrles, moi, qui u1s p lus robuste, 1c g arde les a virons, Nous croiserons d evant le port jus– qu'au soir, e t j'espère que Io pêche sera bonne. - Et comme nt ! renchérit René ; mais tu sois, je n'ai pu trouver le fil Qui convie nt pour cette pêche ou mo– qucreou , je ne suis pas très sû r du résultat. Enf;n nous verrons bien.. A l'arr:ère du bateau, René s'ap– prête 0 jeter fa ligne hérisséP d'hame– çons préalablement appâtés. Les ma– querea ux voraces ne manqueront pas de s'y laisser prendre, et le geste que ré pè te nt journelle me nt des hommes de 50 ans, René vo le foire à son tour... il ne peut y croire, e t tout pénétré por son metier d'un jour, il surveille a ttentivement le moindre fr émisse ment du fil qu'il tient d'une poigne assurée. A p lusieurs repri~es dé jà il a sorti une douzaine de poissons ou ventre argen– té, et à chac;ue fois, Robert, qui lui tourne le dos, est averti du succès de l'entreprise. - Tu vois bie n, les marins sont tous les mêmes, il fout faire attention à ceci, o ttent:on à cela... t out n'est que routine au fond... je savais bien ou'il ne fallait pas trop les écouter... 0 Depuis plusieurs heures, Io barque croise à quelque 300 mP.trcs du port. Robert, qui s'est imposé un rythme ré– g ulier, ne se fatigu e pas trop ... mois to ut de mê me les a virons commen – cent à peser lourdeme nt. - Tiens, René, on dirait que la brise se lève, si nous hissions le petit mât e t la voile , je pourrais to ut de m ê me ramer un pe u moins. Aussitôt dit, aussitôt f ait, et du môle on peut apercevoir, ou milieu de l'immensité bleue, un petit triangle blanc qui se gonfle gaiement, et deux tè tes rieuses qui contemplent le pro– duit de leur pèche. - J'ai les moins remplies d'am– poules, constate e n riant René ·qui, avec son mouch oir, se confection ne un pansement sommaire . Pendant Que les deux garçon• devi– sent joyeusement, la voile se gonfle sous Io brise et soudain Robert a l' im– pression qu'ils s'éloignent de la côte. - Tu ne t rouves pas que nous al– lons vers le large, René ? - Mois non, vo is, nous ne somme3 plus seuls maintenant, t ous ces ba- ( 1> M ôle : jetée const ruite ù l'en– trée d'un port. Le numéro 19 de " EN CBRÉ'P'IENTÉ " vient de paraitre, n'oublie pas de le dire à ton DIRIGEANT. tecux nous dépassent à vive allure ; eux sans doute iront plus loin... Pour– tant le vent devenait plus fort. In– quiet, harassé de fatigue, Robert pro– posa de rent.rer : - Oh Io la ! ce que tu c o pressé '! Nous avons bien le temps, encore ..ine dizaine de coups et nous aurons une pêche sons pareille ; vois un peu notre panier, n ous l'oviof'c; pourtant pris grand et il est dejà presque plein. Et puis, est-ce que c'ui ou non, nous cherchons l'a \'enture ?... Lo phrase était à peine ach<:vée que les deux JOrçons, brusquement, s'étaie nt t ournés l'un vers l'outre, sons dire un mot ils se regardaient... en quelques secondes ils avaient réalisé cc qui se produisait. Le ciel se cou– vrait de plus en plus et tout au fond, des gros nuages venant des t erres arrivaient à toute allure, poussés par le vent, la mer elle-même qui, il y avait quelques instants, offrait une surface unie, s'hérissoit de vogues qui se ruaient à l'assaut de Io barque. - Vito, Robert, mets le cap sur IP. port... - Impossible, mon vieux, je ne puis tenir cette direction, regarde la voile, le vent vient de la terre et nous pousse ve-rs le large, a battons le m8t et ramons si nous voulons regagner rapidement le port. Deux bras énergiques forcent en– semble sur les avirons. Certes le creux des lames gêne considérablement les deux hardis pêcheurs qui unissent leur volonté et scandent le urs mouvements de • han • rauques. - Nous gagnons Io terre, le môle n'est plus qu'à deux ce nts mètres, nous allons pouvoir rentrer, ouf ! nous avo ns eu chaud tout de même... - Bah! c'est notre première émo– tion ·de marin et avoue que ce n'est tout de même pas méchant, nous nous er;i sommes fort bien t irés ; je me de– mande e ncore pourquoi il faut soi– disont faire. un apprentissage pour exercer n'importe quel mé tier, la preu– ve... nous ne connaissions rien à la mer ; nous revenons a vec une pêche mognifjque et nous avons vaincu l'o– rage... Pas si vite, re nchérit Robert moif'\S e nthousiaste, nous avons vain– cu... tu vos bien vite, il nous reste encore du chemin à parcourir... Lo conversation rest e suspendue, un immense éclair vient de barrer l'ho– rizon d'un trait blafard, le tonnerre se fait entendre et :a pluie n~m­ rr.ence de tomber serrée et 9rue. Les enfants redoublent d'action, Io petite barque bolottée par les flots qui se déchainent de minute en mi– nute n'offre plus le moyen d'être di– rigée, les rames bottent dans le vide .. Io sueur inonde le visage des deux enfants qui, toute volonté tendue, · dents serrées, s'efforcent de conser– ver leur rythme. - Allons bon, voilà que nous pre– nons eau. maintenant ! René, occupe– toi de vider Io barque, moi je conti– nuerai seul à ramer. Sons perdre une seconde René éco- - - - · pe so:gneusement cependant que Ro– be; T essa ie, mois en vain, d'imprime r a Io borQue Io direction du môle. Hé– las f !?us les efforts restent vains, sons cesse Io barque. jouet des cou– rants, est poussée vers le large. Que faire? - · Il nous reste un espoir de nou~ en sortir, dit Robert, nous ne pou– vons plus espérer gogner la côte, il fout seulement consacrer nos efforts à ne pas couler. A présent, courbés tous deux vers le fond de la barque, les garçons re– jettent à la mer l'eau qu'jls ont moin– ten011t jusqu'aux ger.oux... Robert, regarde, nous enfonçons, l'eau monte. - · Vite ... à l'eau. Nous soulagerons Io barque et cela lui permettra de flotter encore pendant quelque temps. En nous accrochant à elle nous pou– vons espérer surnager sons trop de fatigtie, et qui sait... peut-êt re serons– nous aperçus par les pêcheurs qui tout là-bas se débattent aussi dons la tourmente. • - Il me semble qu'il y o des heu– res que nous surnageons, mon pauvre Robert, et je suis exténué. Se disant René présente un. visage extrêmement las. - ' Allons, mon vieux, un peu de volonté. Tiens regarde, voilà des ba– teaux de pêcheurs qui viennent vers. nous. En fait, une flotille de petites em– barcations s'est formée cherchant à gagner le port. On peut voir sur le pont les hommes s'a giter le long des mâts et des voiles. - Ohé, ohé, ohé, crie Robert. Mais sa voix se perd dons le fra– cas des vogues et du vent. - Au 5e~ours, à mo( ohé ! reprend– il sons se décourager un seu l instant . m~~~J:!l!!,'!:~~~!~l~'h~'istoire de J ean-Fronçol5, c'est de lo puro -invention et aucune équipè de Cœ:urs Vaillants n'en peut faire autant. u Voilà ce qu'il y a huit jours, le vieux chef d'équipe a lu Sl!r une des lettres de petits gars– Ah ! c'est de la blague. Eh ! bien, ces photos te montreront, petit frère incrédule, ce que savent faire des Cœurs Vaillants. Altci:, goc ou dos, e t en route pour ta Chrétienté Saint-Lo~is1. colonie de vaconccs des Cœurs Vaillo"ts do Tarare, pour la grande f ête du 24 août- 1 Nous y voilà. Ouf ! il fait chaud ! Mois pourquoi ce rassemblement im– peccable au pied du mât, cette nom· bre use assistance de parents ? Ah ! oui, trcixe nouveaux petits frères or» demondé et obtenu de f aire leur pro– messe et de recevoir la croix bleue e.t, très émus, devant leur abbé, ils p ro– mettent de tt dire toujours a non n à Satan e t a oui o à J Psus-Christ o. Quelle résolution dons leur regard et quel cran dans leur allure, ainsi que dans celle de ces t rois <c ardents u qui viennent promettre a de servir l'Eglise d'un cœur ardent o. - Ce n'est pOs la peine, vo, nou5 rnmmes perdus, ~t René faiblit de plus en plus. Soudain Robert ~isse échappe.. un cri de joie de so g org e contrac• _e. On drroit en effet qu'un bateau obcn– c..onne la file et se tourne vers eux. Ce sont les homm e.s de la c J ea nne · Marie • qui ont aperçu les n aufrogés. De toute Io force de leur pet it mo– teur, ils d irigent leur bâtiment vers les deux garçons. Bientôt ils ne sorit plus qu'à quelques encâblures. Une corde est jetée. Robert en sai– sit l'extrémité et passant so t ête sous le bras de René qui est prêt à se lais– ser couler, il lie leurs deux corps trem– pés que les pêcheurs hâlent vers Io • Jeanne-Marie .. • Dans Io seule cabine du bateau où il' sont étendus sous de chaudes cou– vertures, Robert et René racontent leur odyssée au patron, te vieux Le Qui1ec · - Comme ço vous vouliez 'air ce Que c'est que le métier, s'étonne-t-il en se grattant la tête. - Eh oui. C'en ~st un rude tout de même. Certainement que sans votre int ervention nous ne serions plus de ce monde. - Ne parlons plus de cela, petits, et buvez ces boissons chaudes. Voyez-vous, c'est u n dur métier que le nôtre, vous en convenez main– tenant .et pour l'assurer sons déf ail– lance il fa\Jt pendant de longues an– nées en foire l'apprentissage à la gron– de école de la mer, et dame, elle n'est p as toujours tendre pour les débu– tants, a jouta-t- il avec un fin sourire. E.- A. BOISSIER. Z "" tableaux vivants, toute la vie de Saint Louis- Mois regarde plutôt Saint Louis por– tant e n croisade, dons sa nef, et tu auras uno petite idée de cc que sa– vent foire des gars qui ont du cran- Mois voici Io rassemblement qui se disloque, une fête se prépare, une scène a é té dressée face aux ossis– ta"ts. Le rideau se lève. Et voilà que, d~vant mes yeux é bahis, se dé.roule, remerciant lei;r maman du ciel dons le petit oratoire qu'ils lui ont élevé sous le vaèable de Notre Dame de fa Paix- Et maintenant, un hérault, plein d'allure, vie nt annonce r le cortège his– torique. A u loin apparaissent des chc– va.llcrs montés à cheval et bardés do fer, suivis de pages portant lances et bouc!lcrs et précédant Saint LGuis présider le grand tournoi. Et pos5e, tandis que le hé roult pogne de ·sa trompette. L'installation du roi est terminée et voici que, dans la lice, les c hevaliers s'affrontent e n un tournoi gigantesque. Les vainqur.urs recevront des prix de ra main du roi. Suit un tournoi d'escrime toujours en présence du roi. Puis ce sont les lance urs de iavelot, les tireurs à l'arc qui se succèdent. Enfin Saint Louis se lève et les Cœurs Vaillants, dans un ordre im– peccable, se mettent à le suivre vers une petite cabane qui se trouve. dons la cour de la colonie- Je suis intrigué. _ . . Et j'entends, au soir de cette journ~c 11«c\ magnifique, tous les Cœ urs Voilfants ~ 0 ,~ 2 ~~-~,~~· y.- ......... ~~~-::::::::'2-..,--. .. _ .~~ ..... ~-~..,..'"": ~;~;~~~:z:::=:~ : :: ~=..:~ :::~ ~~.~.:::.~;:~~!I' Alou, es..tu convaincu mainte nant, petit frère, que l'histoire de Jcon– IFronçois, ce sont des gars comma ceux de Tarare qui l'écrivent ? Oui, j'en suis sûr, et cc do'nt l<l S>lb sûr aussi, c'est que ha vos : fdiro ovcc ton équipe aussi bien... pèut-êh c mioull qu'eux kc sera a sses. dittk ilc ) et que tu vas écriue de M uv.ellcs pogc~ d~ " VBoi Jeon ... fi=ronçois o. Cher BERNARD. .1 JPlLUS DJ~ CA\_§§]~ ••• En promenade, n'efilporte:s pcil des obj&ts encombrants pour votre gouter, t out tiendra dons votfC poche ! Comment? Ma6 tci4it simplement en vous faisant verres et petit2s boîtes de papief. C'est trils pratiq- ~, et surtout vous ne risques plus de faire des malheurs... B - - . ~ GOBELET DE VOYAGE Prenez un carré de papier. Pliez suivant la figure 1. Pliez Io corne droite bien parallèle à Io base du t riangle ( f ig. 2 1. Pliez de même Io corne gauche ( fig. 3 ) . Rabattez de l'un et de l'outre côté les deux pointes supérieures. - Ouvrez le gobelet, façonnez et a rro ndissez Io base et les parois. Fait a vec du papie r g lacé, votre verre vous servira, m o is a t tention, ne laissez po:.; le liquide y séjourne r trop longtemps l Rc!:ume. - une révolte vient d'ülater au. h ... BOITt:S A FRUITS Prenez un carré de papier. Pliez-le en deux (fig. 1) . - Pliez Io coin droit (fig. 2 ), puis les 3 autres coins. Vous obt iendrez la figure 3. Pliez en deux ( fig. 4 ), rabattez à nouveau les coins comme précé– demment sur le dos du pliage et refaites encore une> f ois la même opération. Dépliez ensuite ce travail, rabat tez les deux coin' supé– rieurs et inférieurs en avant et les deux coins latéraux sur le dos du pliage <f ig. 8J . Pliez comme dons Io figure 9 dons Io sens de la largeur, puis dons le sens de la hauteur, vers Io gauche. Ouvrez un coin ( fig. l 1) et aplatissez-le. Ouvrez le deuxième coin (f ig t 2>. Pliez en deux (fig. 13 >, ouvrez et apla t issez les deux derniers coins. Amenez Io t irette A sur Io dro ite. Amenez la t ire tte B .::;u r Io ga uche. Tirez et Io boite s'ouvre. Donnez- lui une forme carrée et t rès nette. t ir... vo1c1 le sous-lieutenant A lioun. 11 n'est pa s seul. > Sénéqa/. Le commanda1lt Paul Holle cteptche uu.•nessaacr au/Jrès du youverneur Faidherbe afin d'oMwir de l'aide. Captu1·e va" les rebel– les, k pr 111ce Madia11c cnvnue en estafette. a surpns les µlan.s de fc.nneint et s·ec1in71pe pour rctomlJe1· aux mains cl'i'1w uou.velle lJaude 11uz le conrtamne a mort. A h ! mon brave compagnon, d it à m i-voix Ma d ione en caressant l'encolure d'EI Bouïdo. Je te revaudrai cela. , i PJONNIE:S D'llFRI~lJE /PRES DU BUT SUITE DU GRAND RÉCIT HISTORIQUE Il Ill a PAR HERBÉ 1 1 Le Colonel Faidherbe se retourna, debout, très droit, le regard direct, il regardait venir à lui le sous-lieutenant de Spahis indigène Alioun qu'accompa– gnaient deux Noirs. Le sous- lieutenant salua. - c Bonjour Alioun, dit le colonel. Qui sont ces hommes ? - c Un messager q ui vient d't'.lr– river de MecJine, envoyé par Poul Hall et son guide: - cr Maintena nt, continua-t-il, con- duis-moi vers le Capitaine Cornu.. et de là nous re prendrons ~otre course vers Sain t-Louis ; il faut faire vite - m a is Allah est a vec nous. C'est égo!, je m e souviendrai longtemps de cette a venture. S'il n'y o va1t pos e u cette inondat ion... M ois au fait, comment s'est- eile produite ? , - c As- t u entendu, il y a q uelques heures, des explosions ou loin ? > de– mcndo Sidia. - ": Ou: - qu'y 0 a-t -il eu ? :i - c Eh bien, fig ures-te: QL!e des Toucouleurs se so1 t réfugiés dons la g orge que franc~it la rivière e n des– sous de cette va llée. Pour les déloger, le Capit aine Cornu a fait sauter à la dynamite les rochers qui les couvraient . Toute une falaise s'est cffon.Jrée bar– rant la gorge, ersevelissont les Tou– couleurs et provoqua nt l'inonda t ion qu i te sauvait des fourm is. Quelques Tou– couleurs s'échappèrent. l\lous les a von, poursuivis... " Je comprends m a intenant ce que voulaient dire les coups de feu en– tendus quand les Toucouleurs m 'ont quitté... Dépêchons-nous. Les deu x. hommes gagnèrent à la nage la rive haute qt.:i lim itait la mon tée de l'em1 et t ous deux chevau– chant sur Et Bouïdo, gagnèrent le camp du Capitaine Ca1 nu pour U'1e courte halte. 11. - A SA INT-LOUIS Une choc.de journée s'achevait et Soint-Lou;s, chef-lieu du Sénégal, re– trouvait, a vec la venu.a de la t roicheur, un renouveau d 'activité ; des gens o1- i?ient et ve naient dons les rues, noirs chargés de coliz, commerçants ou co– lors échangeaient les nouvelles. On étoit au 9 mai et l'on savait que les diverses tribus noires ou lv\aures se si– gnaCaient depuis quelques semaines par une agitation nouvelle. Soudain deux cavaliers pénétrèrent dons Io principa le rue de So:n t:-Louis et, sans pren<1re garde aux ç;roupes de gens étonnés qu i se garaient précipi– tcmmer'lt sur leur passage, ils poussè– rent leurs chevaux blancs d'écume vers la maison du Gouverneur. Quelles rudes ~tapDs avaient-1ls d û fournir ç.our a voir des bêtes si harassées de fatig ue Qu'elle; tremblaient sur leurs jambes Quor.d reurs cavaliers les Quittèrent !)Our se diriger vers la sentinelle qui vc1lloit de..,ant la demeure du Gouver– neur , Couverts de !)OUS!.ière, les bur– !"'.OUS en \ombeoux et portont plusieurs blc~sures, ces hommer. s'o rrétèrent une 5ec'.;nde pour reprendre souffle. Enfin ! Sid·o, nous voici au :.:a..:+... > A loh ;oit loué, Madianc, ré– prir.di' f Sidio, j'c i h i0n craint encore de r,c,.u,1eoux arrêts tendis Que nous t ra – versions tes réqicn:; du Toro et du Ouaio et il a ta!lu dégainer plusieurs fois nos sabres ... Tout cela est oublié maintenant que eaidherbe va étre pré- venu... ~ - c Tu as raison. Allons vite vers iui. S'approchant de la sentinelle qui barra le passage, baïonnette en avant, Modiano so luo et déciara : - c Je viens apporter un message Ill , ' ..-------c:i ou Gouv erneur, le Commandant Fili– dherbe. Veux-tu le lui foire dire ? • Le soldat maintint son attitude en garde et répondit simplement : - c:: Le Gouverneur est parti. > - « Quoi ? s'écria Ma d iane a vec s t upeur... Mais où ? et quand? l> - • 11 est parti le 7 mai au matin vers le nord oour une expédition... • Modione , à bout de forces, s'a p puya sur Sidio : - a Ah ! jusqu 'au bout, il sera dit q ue je rencontrerai des obstccles. Je n 'en pu is plus. , tv\ois bru squemen t, se ressa isissa nt, il demanda : « Qu i le remplace? > t.'. Le Comman- dant en second.. Fois-lui de– m c nder de me rece– voir... » Peu de temps après M ..Jd ione et Sidio se t rouvaient en présen– ce du Gouverneur par intérim, qui leur con – f irma la nouvelle : - • Ecoute, dit-il, il ne reste plus à Saint-Louis q u'u ne ch aloupe à vape ur disponible, mois elle o besoin de répa– rations. Je vois donner des ordres pour .qu'on s'y mette immédiatement. On y t ra va ille ra t oute Io nuit et detna in, à l'a ube, t u pou rras pa rt ir; d 'ici là , re– fais tes f orces, cor t u es fourbu. Viens, je vois te foire d onner une chambre, ainsi qu'a Sidia. Vous êtes d es b ra ves... :> 12- - FAIDHERBE Le 12 mai, io co1onne comma ndée par le Go uverneur Faidherbe, rrointe – nan t Lieutenant-Colonel depuis le 8 oc– tobre 1856, était parvenue ou bord du marigot de T"'rele. L'ét ape avait été dure ; dès 2 heures du matin, le si- soir à tr avers la colonne, répliqua le Colonel Faidherbe en souriant... dire qu'ils ont failli jeter la p anique par– tou t... Enfin, ça va ... pas t rop de ma– lades, une douzaine, que je compte ren– voyeT" a ujourd 'hui à Da ga no a vec ce cheval que les sangliers ont dé– cousu...• Un moment silencieux, le Gouver– neur regarda les lapto ts faisant tra– verser l'une des voitures - • Au total, reprit- il, notre expé– rience de voitures pour t ransporter les bagages aura été satisfaisan te... Je pense, Fulcra nd, que nous serons b ien– t ôt ou contact avec les Trarza et que nous pourrons leur donner la leçon qu'ils méritent... > (1 ) . c Nous t ouchons pre5que ou lac Coyer, répondit l'offi– cier~ Vous p c n se :: qu'ils vous ot tendent là? Je vois len– t ement exprès pour leur donner le temps de se concentrer, ré– pliqua Faidherbe. Les écla ireurs d isent que Sidy, le f ils de Mo– hammed El Habib, se– rait retranché dans un bois près d ' ici. J'a i fait d:re au sous– lieuteno nt Alioun ('2 ) qui fait l 1 orrière-gar– de, de me rejoindre aujourd'hui ; je comp– t e l'envoyer en éclai– reur, cor il conna ît bien Io région . J 'a i hôte de terminer cett e compagne... Elle est en bonne ,voie, mon Co– lonel • , fit remorquer Fulcrand. - c Ou i, mais je crains que d'aut res soulèvements n 'a ient - c Le Gouve rneur est parti avec une c o 1 o n n e de 2.000 h ommes ( 1 ) environ, dont une pa rtie é tait à bord de nos deux: bateau x, le Po– dor , et le < Basi– lie > , les outrf::'s ont gagné Richard Toll par terre. La colonne o dû a rriver à Soga– ro hier et doit main– tenant être en rou t e pour se rencontrer a vec les T ro rzo, car Mohammed el Habib a r e p r i s l'offe n– sive !'2 1 et un grou– pe de nos volontaires commandés par Fa– ropenda, un chef du Oualo s'est fait écra– ser au nord du lac l l fa1<t que je ·retrouve !e Commandant le plus i·1te possible.. lieu. Vous savez qu'EI Hadj Omar s'est rap– proché du haut Sé- Coyer. C'est Io que le Gouverneur compte rencontrer les Trorza et les battre... M adiane avait retrouvé son énergie. - • C'est bien, dit-•I. Je vo:s le rejoindre. Je vous ai dit l'importance de mon message. 11 faut que je re– trouve le Commandant le plus vit e pos– sible. Là-bas Paul Halle attend mon retour. ~ Le Go1JVemeur par in térim réf léchit un instant : ( 1> La colonne comprenait 41 2 hom– mes d'infanterie - 90 hommes d'ar– t illerie - 14 hommes du génie - 65 spahis - 11 0 hommes des compa– gnies de débarquement - 50 Noirs a uxilia ires et 1.230 volont aires venus du Oualo. Les bagages étaient portés par 2B5 chevaux ou mulets et 5 voi– tures. (2) Les Maures de la rive droite du Sénégal ou Trorzo ne v ivaient que de rapine' effectué "s dons les cont rées plL•S fert iles de Io rive gauche. Aussi le premier souci des Gouverneurs du Sénégal avait -il été de délivrer les po– pulations de cès contrées des incur– sions des Trarza. g na l du dé part a vait é té donné, deux heures plus t ard, l'avant-garde com– mençait à franchir le morigc..t. Les bords étaient abrupts ; soldat s et Cop– t ots s'affoiroient autour des cinq voi– tures chargées de bagages ·de la co– lonne. Debout sur Io rive, un of ficier dirigeait Io monœuvre par des o rdres précis, rapides. Souda in un remous se produisit dons les rangs des soldats. Quelqu'un dit à m i-voix: - c Le Colonel ! • L'officier se tou rna vers ses hommes. - • Qu'y a- t-il ? • dem'lndo- t -il. Une voix nette et forte répondit : - Ne vou 0 inquiét ez pas, fulcrand, je v iens voir si vos hommes s'en tirent bien. • Au garde à vous, lè chef du gen1e Fu lcrond salua le Colonel Faidherbe. - • Ço vo, mon Colonel, le marigot est dur à passer... mais les vo it ures résistent . Ce sera notre plus dur pas– sage. • - c Avec celui des sangliers hier négal. Les nou 1elles manquent sur ce qui se passe là -bas e t ça m'inquiète... Bon, je passe le mari– got et vois voir le commandant Guil– let l"J >,, dès que le sous-lieuten'lnt A lioun sera là, dites-lui de me rejoin– dre >. - « Bien, mo n Colonel >. A peine le colonel Faidherbe quit – tait - il le chef du génie que celui-ci le rappela : - • Mon Colonel ! inutile de par- ( 11 En janvier 1856 une colonne de 2.500 hommes avait · tenté d'atteindre ce lac Coyer, lieu de rassemblemen t des tribus Trorzo, mo is les gu ides avaient égaré la colonne dons une région in– connue et lù colonne avait dû regagner Je n euve. (2> Ce sous-lieutenant oe Spahis in– digèneo A lioun-Sal devait to:re en 1860 un mugnif'que et c'ffici:~ voyage d'ex– ploration jusqu~ ver.:> Tombouc t't:lu. (3) Le Capitaine Guillet commandait l 'infanterie de la cotonne. Il devait être foc:droyé par un accès pernicieux, le 13 r.1oi, au soir d'une journée où la t em pérature se maintint à 570 centi– grades. Il fut remploc.! par le Capi– t aine Roman. Faidherbe tressaillit. Il plongea son regard dans celui de l'envoye de Paul Halle. Ton nom ? questionna-t -il. Mcdianc. < Tu viens de Medine ? c Oui. en droite ligne. Quelles nou1·elles epportes-tu? El Hadj Om ar a investi Me- • dine. Poul Hall te fait dire qu'il le • defendra jusqu 'au bout et qu'il n'a c d ê vivre s e t de munit ions que pour • 2 mois. Voici les dépêches qu'il m'a c: données pour toi... , M odiane oyant enfin rejoint le Gouverneur t endit au colonel Faidher– be les lettres que lui avait remises Pou l Hollc. Le Gouve rneur les pa r– courut du regard; pas u11 muscle de son visage ne se contractait. Eton– namment calme, il réfléchissait. - ' Quand as-tu quitté Medinc ? demando-t - il encore. Le 20 avril. Le lendemain El Hadj Omar o attaqué la ville, mois il a été repoussé avec de lourdes pertes. - c Tu os m is 20 rours pour ve– < nir ? constata Faidherbe avec une c lt~~crc nuance interroga tive dons la c VOIX. - • J'a i été a rrêté deux fois par c les Toucouleurs, expliqua Modiane, condamné à mort deux fois, j'ai • échoppé aux hommes d'EI Hadj Omar grâce à Sidio qui est avec • moi Cil le montra de Io main à • Faidherbe> . Blessé, continua- t-il, j'ai eu Io gronde fièvre et j'ai déliré • pendant .s jours. Enfin je suis arrivé c à Sain t-Louis deux jours a près ton • départ. Ton remplaçant m'a donné une chaloupe à v a peur; les Maures c nous ont mitraillés en cours de c route, tua nt deu x matelots... - • C'est bien, dit Faidherbe en regardant en face M adiane. Je suis .. content de t o i. > M adione frémit de plaisir sous l'é– loge et son regard se remplit de f ierté. Faidherbe avait rejoint l'officier du génie Fulcrand l 1 ) et cousait à voix basse avec lui. Presque aussit ôt le commandant Guillet et le capitaine Du – hamel ('2 > le rejoignaien~. Un rapide conseil était tenu. Faidherbe décida : - • Alioun va partir en tê te cette nuit avec 10 spahis, 20 Captots et • 1 .000 volontaires pour tâcher de • surprendre le camp de Sidy, le fils du roi de Trarzo, M ohomed el Ha- • bib. Lo colonne suivra pour le sou- • tenir. Il fout que nous soyons de retour à Tound-ou- Nourmor le 15, e t ù Gai le 1ï, à Saint -Louis le 20. Nous pdparerons la colonne ce se- c cours pour Medine t out en pacifia n t • le reste du pays. Dès que les eaux c monte ront, en juillet, nous pa rt irons • ':leur Medine. Remonter le fleuve est • notre seul moyen. Cor le pays est • trop t roublé pour le t raverser par • voie de terre. Je serai ou plus tord • f in juillet à Medine, Modiano ' !A suivre.> ( 1l Le chef du génie Fulcrond avait fait en cours de route le relevé du pays parcouru. <2> Le capitaine Duhamel com– mandait l'artillerie de Io colonne.

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