Cœurs Vaillants 1941

Poil-de-Tigre bondit dans le camp in– dien. Aussitôt, tous les Peaux-Rouges se levèrent pour saluer leur chef. Ils étaient une dizaine autour d'un feu d e bois, leurs tomahawks· plantés en cercle dans le sol. Le chef leur fit signe de s'appro– cher. Tous, l'œil étincelant, ils se groupè– rent autour de Poil-de-Tigre. soit pour me délivrer. Partez dès ce soir et veillez bien sur Francis Villegave. Que le Christ vous accompagne. A Dieu ! » Il remit l'écorce au chef indien. - Que ton messager n'ajoute rien..• Tout est expli'}ué là-dedans. • Depuis deux heures, l'indien chargé du message était parti. Poil-de-Tigre s'impa– tientait. Il marchait nerveusement d 'un bout à l'autre du camp et, parfois, lan– çait un regard de feu au missionnaire, qui, s'étant agenouillé, priait Dieu... Un bruit de branches cassées, des frô– lements de feu:lles, des buissons qui tremblent : l'envoyé pénétra dans le camp. Poil-de-Tigre s'approctfa de lui: - Ecoutez-moi, leur dit-il : vous savez que le jeune Visage-Pâle que nous av:ons fait prisonnier, le fils de Villegave, s'est enfui cette nuit... Les Blancs sont trop forts pour que nous les provoquions... Mais il y a un autre moyen. L'Homme de Dieu est allé verser l'eau sur un en– fant Abénakis, de l'autre côté de la ri– vière. Il va revenir bientôt : nous le cap– turerons, il nous servira d'otage contre les Blancs. Comme ceux-ci donneraient leur vie pour lui plutôt que de le laisser .. entre nos mains, nous leur proposerons de l'échanger contre le Visage-Pâ le... goureuses épaules vers le camp indien. Le chef ricana, laissant apparaître dans sa bouche de vilaines dents pointues : - .Est-ce qu'on a répondu? - Non... Mais les Blancs lèvent 1e camp ét partent. · Dans un ricanement cruel, Poil-de– Tigre ajouta : On le déposa au pied d'un arbre. Poil– de-Tigre ordonna qu'on enlève ses liem. Alors le missionnaire dit, d 'une voix très calme: - Pourquoi Poil-de-Tigre m'a-t-il cap– turé? - Ce que j'en ferai? Cette nuit, le fils de Villegave sera attaché au poteau des tortures... Demain, à l 'aube, un guerr:er ira jeter sa tête scalpée dans le camp des Blancs... Le chef indien poussa un cri de rage : - Comment le sais-tu, fils de léopard ? - Après a voir r emis l'é corce du Père, je me suis cach é non loin d u camp. Et voilà ce que j'a i vu. Villegave a réuni les V isages-Pâles, leur a parlé, et aussitô t, tous se sont mis à préparer leur sac. Ils ont chargé leur fusil et jeté de l'eau sur le feu... - Nous aurons le fils de Villegave ! Et toute -la bande répéta dans un hur– lement de bêtes sauvages : - Nous aurons le fils de Villegave !... - Et maintenant, conclut le chef, que - Ce n'est pas pour faire du mal à mon Père que nous l'avons cap'.uré. Nous voulons seulement nous venger d es Blancs... chacun soit prêt... Suivez-moi !... Ils prirent leur tomahawk, leur arc et une poignée de flèches empoisonnées. Si les Blancs les attnquaient, ils étaient déci– dés à se défendre avec acharnement. - Je ne comprends pas, murmura l'Homme de Dieu. - Tu vas comprendre... Quand les pre– m'.ères fleurs blanchirent les goyaviers, les Visages-Pâles d écimèrent notre tribu, sur le mont Mushywa. En représailles, hier matin; nous avons capturé le fils de Vi!legave, que mon Père connait... Cette nuit, trompant la vigilance de nos senti– nelles, le jeune homme s'est enfui... Le missionnaire ne broncha pas. A p e ine, ses lèvres frémirent-elles - mais ce n 'était pas la peur de la mort qui en était ç:ause. Le Père, qui avait immédia– tement décidé de se sacrifier à la place du jeune homme, invoquait Dieu en mur– murant: « Seigneur, voici donc venue ma dernière heure... Pardonnez à mes bour– reaux qui ne savent ce qu'ils font... Que mon sacrifice ne soit pas inutile... » Poil-de-Tigre bondit en hurlant auprès du missionnaire : ' • Au bord de la rivière, ils se tapirent, Il leva ensuite la tête, et regarda en face Poil-de-Tigre : - C'est bon, j'ai compris ton plan... - Qu'a écrit mon P ère sur l'écorce du palétuvier?... Mon -Père nous a trahis avec cette écorce mystérieuse !... Le missionnaire leva fièrement ·1es yeux vers le chef indien : dissimulés par d e gros rochers et de hau– tes herbes. A un. faible cri du chef, ils comprj.rent que leur proie approchait. En effet, là-bas, sur le ruban argenté de la rivière, une pirogue glissait, légère et agile, entre les palétuv;iers. Un homme à barbe noire, vêtu d'une rob'e blanche sur laquelle luisait une large croix d'ébène, se tenait debout dans l'embarcation. Poil-de-Tigre respira bruyamment; dans ses yeux secs, un éclair de colère passa. Il pours uivit avec de grands gestes: Yeux-tu que je d emande, moi-même, à mes amis de faire échange ent re le fils de Villegave et moi ?... - Je ne peux pas laisser aller mon P è re. - Je n 'ai trahi personne... Je n 'ai pas voulu qu'.un jeune Français d e dix-sept ans soit torturé parce que moi, p rêt r e , j 'aurais accepté d 'être libre à sa place... Faites de moi ce que vous voudrez. Poil-de-Tigre rugit : Le missionnaire reprit : - Mon Père a sauvé le fils de Ville– gave... mon Père mourra..• Arrivé à hauteur des Peaux-Rouges, il frema à l'aide d'une p erche, coinça la pi– r o g u e entre deux énormes pie rres et sau ta sur la rive. - Les Peaux-Rouges ne laissent per– dre aucun moyen de vengeance... Nous al– lons proposer aux Blancs de t'écha nger contre l e fils de Villegave... - Mon Père a-t-il compris ? Le missionnaire n e r épondit pas tout de suite. Il paraissa' t soucieux, et une grande tristesse voilait son regard. Il de– manda enfin : - Je comprends... Veux-tu que j'é crive à mes amis, et ton envoyé portera ma lettre? Poil-de-Tigre acquiesça: Sur l'écorce souple et lisse d'un palé– tuvier, l e missionnaire grava ces mots: « Mes chers amis, je suis aûx mains des Pea ux-Rouges, prêt à toute éventualité. J e vous défends de tenter quoi que ce Et d 'un geste rapide, il saisit son to– mahawk... C'est ain si que mourut, à des milliers de lieues de la mère patrie, ce fils de chez nous qui, à l'exemple de son Maitre, avait v oulu donner sa vie pour la grande Loi de Charité... Aussitôt, des cris de victoire trouèrent le lourd silence d e la plaine mexicaine. En un clin d'œil, le missionnaire fut saisi ligoté avec des lianes et porté sur de vi~ - Et que veut faire de cet enfant Poil-de-Tigre? Depuis qu'ils ont visité avec leur papa l'écluse du Haurou:i:e, Déluré et Nioison ont décrété que la nature et la science n'auraient plus de secrets pour eux. Cet après-midi ils ont fait une lon– gue exploration en forêt et, pour se reposer un peu, les voilà plongés dans la lecture de " Caours Vaillants D . Papa les regarde avec un sourire mali– cieux et tout à coup : - Dites· do"c les gars, saviez-vous qu'il Y a toute uno forêt dans votre Journal? Une forêt dans leur journal ? Déluré et Niaison ouvrent des ycuJl effarés : Eh oui ! reprend le papa qui cotte fois, rit franchement, dons le pa~ picr de votre journal il y a de la pâte mécanique faite avec le bois des ar– bres de Io forêt... Déluré trépigne : - Oh ! papa ! raconte-nous cola..• Papa s'installe confortablement dans son fauteuil ot commence. aussitôt : - Poar faire du papier, n'importe quel papier, il fout des « fibres ,, c'est-à-dire des substances solides qui soutiennent les autres produits qui en- La pâte à papier est rare... Le charbon aussi... n se peut que, malg ré toutes les précautions prises, le papier vienne à manque~ cet hiver et que nous noyons obligés de ré duire le nom– bre de journaux vendus dans les kiosques. Pour être sûr de recevo!r qudnd même ton journal ABONNE-TOI OES , MAINTENANT A CŒURS VAILLANTS Abonnement : 3 mois , 15 fr. ; 6 mois, 26 fr. ; un an, 50 fr. trcnt dans Io composition du papier. Ces fibres sont surtout fournies par .es beaux arbres de nos forëts : pins et sapins résineux, ou bois feuillus : trembles, tilleuls et peupliers. Nioison est stupéfait : - Ben vrai ! ça ne doit pas lltm commode de transformer des arbres en pàtc à papier ! - Ça n'est pas très commode, en effet, et il y a deux façons de traiter le• fibres des arbres : un procédé chi– rpiquc .qui donne de' la « pâte de cel– lulose chimique ~ et un procédé méca– nique qui donne de la a pâte méca– nique "· On exploite ce dernier dans des usines appelées u râperies ~ et c'est cela que je vais v.ous expliquer. Quand elles arrivent de la forêt, les buches de bois sont écorcées et cou– pées en morceaux qu'on précipite dons d'énormes meules qui tournent à 200 tours à la m.inuto sous un Jet d'eau continuel•.• - 200 tours à la minute 1 ah ! la la ! mois ço fait du combien à l'heure ça? Déluré proteste : - Non, mon vieux Hiaison, nonr Ne commence pas tes calculs abracada– brants, on serait encore là à minuit 1 Papa continue donc : - A ce régime-là, les bilchcs s'usent vite et se transforment en fibres gros– ses ou fines, en esquilles de bois, en bûchettes, et tout cela fait un horrible mélange qu'il va falloir trier pour pou– voir l'utiliser. Pour cela on envoie la bouillie obtenue par la meule sur un tamis... - Un tamis 1 comme celui dont Jean-Pierre se sert pour faire ses gâ– t-,aux de sable ? - Si tu veux••• Co tamis, continuel– lement secoué. retient les esquilles de bois et laisse passer les fibres qui s'en vont dons un a classeur i> où dC!s pa– lettes tournant à 600 tours par minute les projettent contre une toile métal– lique très solide dont les trous très tins <plus ou moins suivant Io qualité de Io pâte qu'on veut obtenir) ne lais– sent passer que les fibres fines bonnes à utiliser tout de suite. Ces fibres sont alors conduites à un appareil appelé presse-pâte, appareil qui va les esso– rer.... - Essorer ? qu'est-cc que cela veut dire, papa? - Cela veut dire leur faire perdre leur eau. La bouillie de fibres est alors transformée en une feuille grossiMe qui ressemble. vaguement à du gros carton : . c'est la pâte mécanique qu'on mettra en ballots pour la livrer à Io papeterie. -- Et les bt'.lchcttcs, papa ? - Les bilchettcs, elles, n'ont pas fini leurs malheurs. Au sortir du clas– seur elles devront encore passer entre les deux meules de grès extra-dures du raffineur qui les frotteront, les serre– ront, les réduiront en bouillie. Une pompe centrifuge pre ndra alors ce tte bouillie pour la renvoyer au-dessus du tamis dont nous avons parlé tout à l'heure. ~ Mois alors, comme elles sont fi– nes · maintenant, le classeur jugera les fibres dignes d'être envoyées au presse– pàtc? - Exactement. Hiaison exulte : - Mais alors, ça y est, popo ! J'ai compris la fabrication do la pâte mé- conique ! J' vais qui transforment la forêt en journal. Tu vas voir, ça sera formidable... Formidable ? Hom ! Papa n'en est pas si sûr que cela et je crois que vous vous a'rnusercx bien en regardant le dessin fantaisiste de Niaison. Ce dessin ne représente peut-être pas très exactement les belles machines si com– pliquées de la raffinerie, mois il mon– tre tout de même que Hiciison a com– pris les grandes lignes de la fabrica– tion de la pâte mécanique, ce qui est l'essentiel. Déluré, cependant, a encore une question à pose' : - Dis papa, est-cc que c'est parce qu'on manque de pâte que le papier est si rare ? - C'est uno des raisons, oui, rnon grand, cor nous n'avons pas asses de raffineries ni assez de forêts en France pour alimenter toutes nos pa– peteries et nous devons faire venir la pâte de Suède et d'Allemagne. Mols il y a encore outre chose : la fabrica– tion du papier consomme beaucoup de charbon et celui-ci est très rare. C'est cela surtout qui oblige nos papeteries à réduire leur production. Voilà Niaison qui revient en coup de vent: - Papa, papa, mon dessin est fini. Si tu nous expliquais maintenant Io fa– brication du papier, mon cahier serait tout à fait complet... Mais papa a trouvé qu'il était t rop tord, ce soir-là, pour commencer cette longue explication. Aussi, si vous le voule:&: bien, cc sera pour une pr,,.,... chaine fois... Marc HERESSE. Marc HAUCEVERIDAS. . Condamné a mort SUITE DE Rc.rnme. - Une revolle PIONNIERS D'AFRIQUE r;ient d"tclater au Sé- les, le prtnce Madfane envoyé e1~ estafette, a nt!aal Lecommandant Paul l:Iolle d<11ecne un GRAND ROMAN HISTORIQUE surpris les v1ans de 1·c11nemt et s"ècnappe mc.ssaacr auprèJ tlu PAR HERBÉ pour retombe? aux . oou uc1·neur FauillCrlJc an11 d"obU11i1·de raide. Capture pat· les rebcl- mains d'une nouvelle bande qui le conttaume a mort. - • Nous l'avons surpris 1c.1 c.e soir nos hommes. Les Blancs tués, c.'est et convaincu d'espionnage •, répondit toute Io contrée qui se lèvera en l'un des chefs. faveur d'EI Hadj Omar. Nos hommes -:-- • Par le Saint Livre ! s'écria Ali, les attaqueront ou lever du jour et m ais ne savez-vous pas que M odione t oi, A li, tu commanderas nos cova- est un ami de notre chef ? • iiers... • - • Allons donc? • Parfa itement, je les oi vus m~i-même côte à côte dons la nuit qui precéda l'assaut de Médine. Comme je prenais c.ongé d'EI Hodj Omar. il lui montrait ses troupes, ses réserves, ses forgerons et lui disait son pion d'at– taque pour le lendemain. Si Modiane est ici, il doit être en mission... > Emborrassé, l'un des chefs s'appro– cha de Madione et lui rendit ses ormes. - c Ce que dit Ali, fils du Tamsir te sauve Io vie. Pardonne-nous, prince: de nous êtres trompés. Voici tes armes et tor. cheval. vo t 'être rendu. • Sans mot dire, Mcdione s'équipa. D'oilleurs, a jouta Ali en le scrutent du regard, vous aurez demai:i l'occasion de le juger à l'œuvre. Je suis venu vous annoncer qu'une recon– naissance française est partie de Bokel et se dirige vers le sud .oveé le Capi– taine Cornu. Madiane viendra se battre contre elle ... • EPEE CONTRE EPEE... Le lendemain, vers 7 heures du matin, les Toucouleurs se glissaient aux environs du camp des Blancs, so... lidement retranché sur une colline... Madiane, superbe d'allure, chevauchait aux côtés d'Ali, avec les cavaliers maintenus provisoirement en réserve. Bientôt des coups de feu cloquèrent ... -a Les Laptots sont aux prises avec nos hommes >, déclo ra Ali, les yeux brilla nts Dons un instant nous char– gerons a vec les cavaliers •. - • Je vais en reconnaissance •, a nnonça brusquement Modiane. - c Je t'accompagne répliqua Ali. Les deux hommes s'enfoncèrent sous bois. Modicne réfléchissoit. S';I se bot– tait avec Ali et le tuait, les cavaliers Toucoule urs, déconcertés, hésit eraient sans doute à chorger et le capitaine Cornu pourrait plus facilement venir à Modiano s'incline sens mot dire et bout de ses ennemis. ollo s'étendre pour dormir. MQdiane pressa son cheval. Ali le - • Je trouverai bien le moyen, ra ttrapa· et soudoin se jeta devant lui. Les deux hommes s'a ffrontèrent du regard. - • Où vos-tu? demanda Ali. Rejoindre les miens • , ré– pondit brusque– ment Mcdione, dé- ~ 11 \ ""'\ voilant ses projets. \ ) n'e-; p;s ~~~/· d~~ V Hadj Omar, com- ) , me je le croyois? ~ , 1 f - c Non, Ali. / _ V Tu ne t'es pas trompé en me voyant converser avec lui, ou plutôt " ll<i ja ~ écouter se; propo- •v/u/f""/ ~ sitions. . M_ois je ""'"'/." f- / les 01 re1etees, cor · ~<:;::: _ mon cœur et ma 1 ' --:{( F r a n ç a i s. Ainsi 1 d donc, défends-toi. r•1 ~ ::,,,.... - Je ne te prends , ~' ~ · ~ ,,-- parole étaient aux 't•fi pas en troitre .. ~ Eh bien, ..,.- \.. · .r::.. qu'Allah décide en- / i~ 0 · tre nous, s'écria A toute allure, les de11x hommes, lt sabre à la main, Ali, et que meu- se iettent t'un contre l'autre.., rent les ennemis murmur1J-t-il, de rejoindre les Fronçais <>Andont Io lutte... • De sa place, Mcdione entendait Ali exposer Io situation aux outres chefs. - • Lo troupe du copitoine Cornu se rendait vers Demboukane, expli– quait-il. Je Io surveillais dons sa mar– che. Tout à coup, ce soir même, un de mes hommes vint me prévenir qu'un messager, un noir, venait d'arriver vers le capitaine Cornu. Peut -êt re l' infor– ma-t -il de Io réunion que vous deviez, vous, chefs des villages environnants, tenir dons ce v!llcge abandonné ? En tout cos je vis les hommes se pré– parer à reprendre leur route et se porter sur une colline un peu plus proche. de nous. Quelques-uns sont par– tis peut-être en· reconnaissa nce... , Sont-ils en force? • demanda le plus vieux des chefs. - • Non >. de mon chef ! • 1..es deux hommes, le sobre à la main, se jetèrent l'un sur l'outre ; tan– dis que leurs montures se heurt aient du poitrail, Ali abattit son sobre sur la tête de Modi1:ine, qui pcro le coup et fut blessé seulement à Io cuisse ; d'un coup sec, Modiano entama le poi– gnet d'Ali qui fléchit un inst ant. Au loin les coups de feu retentis– sa ient toujours. Des appels venaient jusqu'à Modione et Ali ; c'était les ca– valiers Toucouleurs impatients de char– ger et appelant leur chef... mois les deux hommes,. dons l'ardeur de leur lutte, ne les entendirent pas. Leurs sa– bres brisés ou a rrachés du poignet, ils se battaient au poignard, les dents ser– r~es ; finalement Modione prit du champ et lonço El Bouïdo cont re le cheval d'Ali. Lo jument de Modione, de pure roce, heurte si violemment l'outre monture qu'Ali chancela un ins– tant. Alors, ccnime t u l'as dit Ali, Prompt comme Io pensée, Modione mieux veut les attaquer demain avec s11 couche sur sa selle et enfonça son 111111111111111111111111111111111111111111 Mais oui1 C'est la semaine prochaine qu'il sera lanci... - Quoi donc? - Mais... AVISO 33 LE F li.MEUX .ALBUM QUE V011S llTTENDEZ T011S Achetez tous AVISO 33 voue vivre2 aux clltés de votre g-and wii GIL REX, .me aventure passionnan•e... poignard dans Io poitrine de son ad– versaire, qui tomba à terre, mort . - c Allah c prononcé ! cric Mc– diane ;.. 1->autA voix. Et maintenant , en .:JVOnt J... • - • Trop tard 1 répliqua une voix, rondis qu'un groupe de noirs e nvohis– :.<iit Io clairière. Qu'on arrête cet homm<> !... • En un clin d'œil, sur un signe d e l'un des chefs survenus à l'improvist e, Mo– d iane fut entouré par les cava liers Toucouleurs, désarçonné, lié en croupe derrière l'un d'eux. - · «. Nous sommes battus. Un groupe des nôtres s'est réfugié dons une ca– verne près de la rivière, continua le chef, nous outres devons foir. mois nous nous vengeons du traitre... 1> 10. - L'EFFROYABLE SUPPLICE Dons une clairière, les survivants de Io bata ille, tous plus ou moins blessés, se sor.t réunis un instont pour décider du sort de Madione. - • Il nous c t rompés et a tué Ali, le fils de Tomsir, il doit mourir •, tel fut l'a vis de tous. - • Alors, tuons- le vit e, cor les Blancs risquent de nous retrouver. .• Le Chef qui a vait arrêté Mcdione se pencha vers ses compagnons a près a voir jeté un regard de ha ine sur le prisonnier. Il leur dit quelques mot s. Tous opprouvèrent oussitôt a vec un sourire cruel. Madiane les vit se lever et reçut l'ordre de les suivre. Comme ils se mettaient en marche, on entendit ou loin de sourdes explo– sions : - • Esl-ce une tornade? , deman– de quelqu'un. - • Non, répondit le plus â gé des chefs, le ciel est pur... Ce doivent être les Fronçais qui font sauter des bar– rages. En route.... > Au bout de quelques minutes de marche, on a rriva non loin d'une rivière qui coulait ou centre d'un petit vallon et s'enfonça it plus loin dons une gorge ét roite et sauvage. Au milieu de la prairie que traversait la rivière, s'éle– vaient d'énormes cônes de 2 à 3 mè– tres de houteur, que, de loin, on eôt pris pour des huttes d'indigènes. C'éta it de ces termitières géantes comme on en rencontre en "Afrique. Sur un signe du chef, Mcdione fut sa isi, dépouillé de ses vêtements et at – taché .solidement ou sommet d'une des t ermitières... Puis les noirs lancèrent de violents coups de lance dans les parois de celle-ci... - c Ainsi seront punis les t raitres et sero vengé Ali, fils de Tamsir. dé– clora le plus vieux des chefs noirs en désignant Modione. D'ici quelques heu– res, tes os blonchiront ou soleil... • On entenc!it ou même instant duns le lointa in des coups de fusi l. Qu'y a-t-il ? • .demanda un Noir. - • Les Fronçais doivent a pprocher, répondit un chef. Portons vite... • Les Toucouleurs disparurent. Modione resta seul, face ou soleil et réalisant tout à coup l'horreur de sa situation... Il éta it condamné à être dévoré vi– vent par les terribles fourmis rouges dont la voracité oblige à le fuite ceux qu'elles poursuivent. Elles savent dé– vorer les objets les plus résistants. Une fissure dans une caisse suffit à leur livrer passage... Et voici que lui, Ma– diane, leur était donné en pâture en pleine brousse. Déjà un bruissement grandissant que son oreille percevait lui annonçait Que les fou rmis rougeS, furieuses d'avoir été dérongées et at– tirées par l'appât qui leur éta it of– fert, se mettoient en route vers lui. De rage, Modione se tordit dons ses liens... Mois il était solidement garrotté et les lianes qui le fixaient à la four– milière passa ient hors de portée de ses dents·. Eta it -ce donc là so dest inée? Allait– il mourir aussi cruellement ? 11 oppelo de toute Io force de ses poumons : - • Sidia ! Sidia ! • Un rire moqueur lui répondit ou loin... sons doute quelque éclaireur Toucou– leur avait perçu son a ppel et se ria it de so peur. Modione serra ses lèvres et se tut. Il ne donnerait pcs à se:. en– nemis le triomphe de son désespoir. Il devina que les fourmis appro– chaient. Courba nt Io tête, il aperçut leurs colonnes serrées qui grimpaient ou flonc de leur demeure. Les pre– mières atteignaient déjà ses jambes, ses cuisses... d'autres couraient sur ses épaules, so poitrine... Des dizair.es je petites morsures lui apprirent que leurs terribles mandibules étaient ou t ro– voil. Pour dix qu'il écrosoit, mille sur– gissaient aussi affamées... Et se mission ? Fallait-il donc abor.– donner t out espoir ? Et Poul Holle qui compt·oit sur lu' ? Dons sa détresse. Madione leva les yeux au ciel. - • Allah, supplio-t-il, oui est o·Jssi le Dieu des chrét iens et celui des Fran– çais, ne permets pas que je meure sons remplir mo mission. Sauve-moi... • Son sang coulait déjà pa r mille bles– sures et sous le soleil cl' Afrique ses ploies se foisoie:it plus doulC'ureuses. Un rugissement traverse Io \'Ollée, parti d'on ne scv'lit quel :oin de la forêt. - Q" Le lion chasse, pensa Madio ne ,. QUI AURA LE PLUS BEAU 1 COIN D'ÉQUIPE Vous ôtes encore en vacances, ma is no croyez-vous pas qu'il se.. rait tout do même bon de penser un peu à vos coins d'.5quipe. Bien– tôt les nouveaux que vous êtes en train de conquérir orrivetonl au groupe ; il faut que tout de suite, rien qu'en regardant vos a coins ,,, ils comprennent dans quelle grande famille. ils vont ent rer. Regarde: bien Io dessin ci-dessus, il vous donnera silrcmcnt des idées pour foire un très chic coin, même si vous no dispose: que de très peu de place. Vous rcmorquorez quo le panneau on contreplaqué est encadré par deux petites armoires étroites, au besoin fabriquées dans des caisses por les plus habiles d'entre vous , et dans lesquelles vous cnfcrmcre: soigneusement tout votre matériel de je11, de bricolage, sons oublier le précieux livre d'or do l'équipo, Tout e n har.at du panneau vous é crire:&:, en g ros, le nom de votre équipe ; et au-dessous, en plus petit, le rôle qu'elle remplit dans le groupe. D'un côté vous mettrez Io blason qui sera, bien entendu, en rapport avec votre patron, de même que le cri ; à gauche vous ourex Ir lista des équipiers ; cette lisfo d.,vro mentior:iner le nom et le. prénom de chacun, ainsi que sa charge dans l'équipe. Le nom de l'équipier sera précédé, 5'il y a lieu, do sa croix d'os· cension personnelle. Lo bas du panneau changera suivant les époques et les act ivités du plan. Vous pourrez y mettre, par exemple, Io pion de la paroisse ou de la partie do la paroisse dont vous êtes chargés, les ovis du chef ; des photos de. vacances ou do promenades, le calendrier de l'équipe, los activités du groupe, les chanh à apprendre, les slogans, otc... Sous Io panneau vous accrochere: le fanion d'équipe. Regarde: le dessin que l'or fait ici pour vous. Il vous donnera des idées, ma is j~ suis certain quo vous ollex en trouver uno foule d'autres c.t q ue, pour l'arrivéo des nouveaux, vos coins seront magnifiques. si du moins il me foisoit mourir d'un seul coup. > Implacables, les fourmis étaient tou– tes à pied d'œuvre mointenont... Soudain, il porut à Modione que leurs mandibules s'orrêtoient de fo:1ctionner... Un nouveau bruissement se fit sent ir... Que foisoient donc ces milliers de bê– t es ? Modione les sentit parcourir son corps... et brusquement il se rendit compte qu'elles l'avaient quitté. Il operçut leurs colonnes descenda nt cette fois les flancs de la fourmilière pour se perdre dons la brousse. Sons q u'il en sût Io raison, il comprit que les four– m is fuya ient et de son â me mont a un cri de reconnoissonce vers Dieu. - • Lo iloh i'I olloh, Mohommed reçoul ou li oh • ('.1). Rega rdant plus loin, Madione vit d'autres colonnes de fourmis qui sor– taient des fourm ilières voisines et s'en– fonça ient dons la brousse. Quel donger ovoient donc deviné ces bêtes dons leur infaillible instinct ? Tout proche maintenant é'ciote le ru – gissement du lion, mois cette fois-ci, il exprimait l'épouvonte. Une a nt ilope posso a ffolée. Presque aussitôt , Mo– dione vit le lion bondir d'un fourré et s'abattre à quelques mètres de lui. Lo bête vit l'homme ligoté et impuissant, mois, se d~sintéressont de lu i, elle s'en – leva d'un nouveou bond, déposso l'an– t ilope et disparut dons Io forêt... Il était sOr désormais Qu'un da nger commun menaçait toutes les bêtes de Io brousse. Mois lequel ( Ma dione ne tordo pas è< le sovoir. Un froissement de tiges, un frémis– sement de feuilles, un bruissement mys– t érieux excita son a t tent ion. Brusqu~ment il operçut une noppe d'eau ét inceler 2 u soleil ou pied de la fourmilièr.i. C'était une inonda t ion... Pour u.te rouse inc:-"'1nuP la riv1ere déborda it e, les bêtec fuyaient vers les hauteurs. 11l Il . n'y o de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. Bénite soit l'eau qui me sauve des fourmis ! > s 'écria Madia ne. Mois quand cette eau s'orrêterait– elle de monter ? Allait- il donc mointP.nonl" mourir noyé ? Cor il ne pouvoit toujours pas fuir... Peu à peu l'eau montait aux flancs de Io fourm ilière, gagnant toujours. Modione appela de nouveau à l'a ide : - c A moi !... à moi !... » Il tenta de briser ses liens, mais no réussit qu'à les enfoncer dons so choir. Tout à coup, il t ressaillit. Un hen– nissement de cheval venait de se faire entendre et une voix retent issait non io'in de lui : - • Modione ? Madione ? • De toutes ses forces, M odione répon- dit, reconnoissant une voix familière ; - • Sidio... par ici... Sidio ! • - c Courage ! cria Sidio, j'arrive. > Presque aus"itôt, tournant Io tête autant que le lui permettoient les lia– nes l'immobilisant, Modione operçut enfin le secours attendu ; A cheval sur El Bouïda, Sidio se di– rigea it vers lui et Io jument, sentant la proximité de son maitre, nogeoit -avec impétuosité Io tête haute et les ,naseaux frémissa nts. - • 11 étoit temps que j'orrivc ! • s'écria Sidio en sautant sur le fourmi– lière et coupant les liens de Modione. ....;, • Ah ! mon brove Sidio. Si tu savais comme je t 'attendais, sou pire Madione tout en trempent dans l'eau son rorps ensangla nté - mois com – ment m'as-tu rejoint ? • - • Quand je t'a i vu orrêté par les Toucouleurs, j'ai exploré les environs du village et VL. arriver Ali. En écoute nt converser les hommes j'ai appris l'ap – proche de la reconnaissance du Capi– taine Cornu et je me suis rendu vers lui et l'ai renseigné sur to situation. Les Toucouleurs nous ont ottoqués. ~!ous nous sommes ba ttus avec rage pour te retrouver. Mois les Toucou– leurs mis en fuite . je n'ai re t rouvé pe r– sonne à leur camp. J'ai recherché to trace, El Bouïdo que j'ava is retrouvée m'o bien a idé. C'est elle qui m'o dirigé jusqu'ici." (A suivre.)

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