Cœurs Vaillants 1941

19 juin 1940. Sur la petite trme perdue au milieu des champs, l'a be s'est levée comme d'habitude dans n grand étincellement de lumière. Comme d'habitude aussi les fermiers se sont-empressés aux mille soins qui, dès les prem ières heures du jour, .absorbent leur activité' . Précis, vigoureux, le père va et v:ent au milieu de ces choses qui, chaque jour, attendent tout de sa main. Mais sur ·son visage rude une sorte d'angoisse met une expression inaccoutumée, une sorte d'an– goisse que n'arrivent pas à chasser les rayoris clairs du soleil su.r les blés mûrs, ni le pépiement joyeux des oiseaux dans les branches. Depuis deux jours, le journal n'est pas arrivé à la ferme. Depuis deux jours les tragiques nouvelles qui flottent dans l'air se sont amplifiées., aggravées, multipliées : la Seine a été franchie à Rouen... Paris est pris... on recule vers la Loire... bien– tôt cc ils D atteindront notre Garonne... Il n'y a pas d'électricité à la ferme. Pas d'électricité et par conséquent pas lie radio et maintenant que le journal n'ar– r ive plus, un grand silence enveloppe peu à peu la maison, rendant plus pénible encore l'inquiétante incertitude. . f.<i lit.11/tnant, sautant dt 1•0tlure, ::'at dîï"i(]t droil l'tr ~ le fermier •.. 10 heures. Un bruit de galoches résonne tout à coup dans la cour où le fermier s'at– faire autour d'une machine. Les enfants ? de retour de l'école ? déjà ? Les quatre petits sont très excités. - Papa, papa !... i~ n'y a plus de clas– se... la maîtresse a dit que peut-être plus jamais elle ne nous ferait l'école... les .Ailemands ont franchi la Loire... bientôt ils seront ici... a On » ·dit qu'il va falloir s'en aller... en Afrique... ou,bien en Amé– rique... (ivec un geste d'impatience, le fermier . fait tai.re tout le monde. a On 1>, toujours (< on », ce fameux a on D à qui on fait dire tant de choses... - Allons, allons ! ne répétez donc pas de bêtises... rentrez plutôt trouver Ma– man, elle va vous donner de .l'ouvrage... Mais tandis. que le bruit des sabots dé– croît sur le s9l dur, le paysan, lentement, se redresse pour embrasser d'un grand regard circulaire les champs qui se dé– roulent de11ant lui. Partir... abandonner tout ce que des gén érations d'ancêtres ont si patiemment édifié... Allons donc, ce 11'est pas possible ! \i:t pourtant, y a-t -il encore quelque chose d'impossible en ce triste été ·où ce qui paraissait invraisemblable la veille de.vient le lend.ema in une tragique réa– lité ~ t.i ·,<: 'l ., . I . ,,,,,~ La journée s'est écoulée longue, lourde angoissante... Parce. qu'il y a des soucis qu'on a peur d'augmenter en les expri– mant ; le père et la mère se sont tus... tristement, tout le 'long du repas. Mais (!errière la table de chêne où fume la soupe, les enfants ont sent:, eux aussi, que que!que chose de grave était dans l'air et les petites têtes habituellement si folles se sont penchées, sans rien dire, sur les assiettes '. Be faïence à grosses fleurs bleues. • - Papa, papa, des soldats !... Rouge, essouflé, Pierre ·entre en coup de vent dans la salle où, le repas ter– miné, ses parents échangent à voix basse leurs tristes réflex.ions. D'un bond, le père est sur la porte. Là-bas, à l'horizon, ce nuage de poussiè– re... ce bruit sourd qui se rapproche... ce sont des camions... des camions char– gés de soldats... - Grand Dieu, est-ce que ?... Maman n'a pas le temps d'achevér sa 9hrase. Déjà une auto pénètre en trombe dans la cour de la ferme où elle s'im– mobilise dans un grincement de freins... - Pourriez-vous nous loger ici, ce soir, mes hommes et moi ? Nous sommes 120. Sous le casque couvert de poussière, le jeune visage est hâlé par le vent... les traits tirés disent l'angoisse et la fatigue, mais le regard est resté fier, la voix mâle et énergique. Au seul son de cette voix, le fermier sent, di.t coup, s'enfuir toute son inquiétude. - Mais bien sûr, mon lieutenant, on s'arrangera toujours... Quelques secondes plus tard, une vive animation transforme la vieille cour si silencieuse d'ordinaire. Vingt lourds ca– mions sont rangés le lpng des bâtiments et la a roulante » 's'est installée près du puits. Tout autour, les hommes s'agitent, .\mpatients de refaire enfin leurs forces. - Eh, dis donc, p'tit gars, sais-tu si ton père peut nous donner du vin ? - Et des pommes de terre : est-ce que ta maman en a ? Les . questions s'entreeroisent,_ fusant d'un peu partout. Ravis, Pierre, Jean, Maurice .et Laun~nt ne savent plus eiù donner de la tête. La nuit est tombée depuis longtemps déjà que le fermier est encore à l 'ou– vrage, harassé ma:s content: on a lué le veau gras, tiré le vin du tonneau, les officiers ont mangé dans la grande salle, les sous-ofiiciers dans la cuisine et là– bas, dans la grange, les soldats dorment sur des tas de foin et• de paille fraîche. Au contact de ces hommes qui, malgré les terribles· journées qu'ils vienn.ent de vivre. n'ont pas perdu foi dans les des– tins de la Patrie, le fermier et sa femme ont senti renaitre leur espo'.r et revenir leur entrain. Allons.. la solitude est sou– vent mauvaise consei!lère, il fait bon se dépenser à pleins bras pour les ai;tres, sans trop réfléchir sur l'avenir.:. . • Trois jours ont passé. Les soldats sont toujours là et les petits gars de la ferme n'ont rien perdu de leur enthousiasme de la première heure. Déjà ils connais– sent par leur nom plus de la moitié des hommes et il ne se joue plu!l une partie de belote sur la table rustique débarras– sée des réglementaires gamelles sans que l'un ou l'autre ne fasse imperturbable– ment avec ces jeunes recrues une ma– gnifique partie de nain jaune. Tous les soldats leur font fête, tous les soldats sont leurs amis, mais l-e toute cette bande de grands frères tombés du ciel il en est un - un surtout - qui occupe, dans leur amitié, un rang spéciaL Le soir, quand l'ombre commence à des– cendre sur la ferme, c'est autour de lui ' IL~ A VlEli~TUJRIE f AWT ASTIQUE cdi~lilllill Gar~ ~® 12 an~ 1. - PLUS FORT QUE JIM BOUM a Toi, tu sera• Natak,ian et tu P<Jra en çxpédition pour découorir le gisement d'irrüdïum .. .. et puis moi, je ferai f im Boum. Tiene, ;e pars avec mon auion, comme ça.. . vrrrrron f ll Oje donc, toi qui lis <cCœura Vaillante» chaque semaine de la première à Ill dernière ligne, il t'est bien arrivé déjà de a jouer à Jim Boum >>. à la Cité' perdue. et si· tu· as lu les livres de Jules Verne, tu as certainement fabriqué un sous-mllorin et tu t'e& cru le Capitaine Nemo naviguant vers 11le Mystérieuse ? · Pourquoi ~n est•il ainsi ? Parce que tu a,, de.J\e t;l tête un drôle de petit coin mer– veilleux qui s'appelle l'IMAGINATION, et que tu as dane tes mtij!cles et dans ton coe11r aussi un besoin de courir, de grimper, de lutter, de construire, de' faire dee découvertes... de vivre des aventures passionnantes, quoi 1 Tous les gars sont comme ça. • • • Aussi. je vaie t'inviter A partir pour -)'a, enture, une aventure a POUR DE VRAI ". Quand tu as joué un quart d'heure à Jim Boum pendant la « récré •, la cloche sonne et adieu le canoë en écorce, tu te retrouves en rangs pour enfrer en clMse. Finie l'aven- ture 1 . Ce que je vais te proposer, c'est une aventure qui contim1e même quand on est en classe, même quand Maman nous dit : c Mon garçon, prend.a ce eeou et va vile chercher de l'eau •· L'aventure la plus passionnante qu'on puÎSl!e mener à ton âge - crois-moi, auis-moi et tu Verras a{Jrèa que j'ai raiwn - c'est LA GRANDE AVEl'"TURE DE LA VIE, mois vécue comme la vivent les Coeurs Vaillants. Les Cœurs Vaillants sont des gars qui ont une manière de vivre tout à fait a à eux ». Si tu étai~ déjà un Cœur Vaillant, portant le béret brun et ce drôle de petit insigne que tu vois sur la tête de Jean-François je ne te dirais pas tout cela. Mais je m'adres~ aujourd'hui à toi qui lia Cœura Vaillants seulement depuis qu 'il est en couleurs et qu'on le trouve dans les kiosques à journaux. Tu te doutes bien que ce n·est pas un journal tomme un autre et tu sais vaguement qu'il y a à travers la France des quantités de camarades qui sont a des C.œurs Vaillants .e. Mais qu'es~-ce qu·ils font ~ Qu'eet-ce qu.ils veulent ) . Comment peur-on « en être J> ) Ça, tu ne le sais pas... Mystère et boui e Je gomme I • • • Eh bien, si ceh t'intéresse, SI TIJ VEUX VIVRE LA CRANDE AVENTURE JDES CŒURS VAILLANTS, je t'en reparlerai. . Seulement j'aimerais beaucoup que tu m'~crives pour me Alnrs, îattends ta lettre. dire si ça te plaît ou non. ~"~Il .,.,_-T que les ·enfant3 s'attardent pour d'inter– mina oles histoires... Il sait si bien les raconter ce grand garçon qui a laissé, !à-bas derrière les monts de Moselle, sept frères et sœurs plus jeunes que lui ! Le matin. sitôt levés. c'est encore vers lui que les garçons accourent pour goûter, à même le quart, un peu de ce « jus » qui leur parait si bon. Oui, décidément, le soldat D.... c'est, de toute la section, le plus chic et le plus aimé... Ce soir, e n grand mystère, Pierre a con– voqué ses frères dans un coin tranquille de l'étable. Il y a cinq minutes déjà, qu'à mi-voix ils discu tent avec animation : - T'en es sOr ? - Sûr de sûr... - Mais c'est pas possible ! - Pisque j' te dis que j' l'ai vu.._ l'a ouvert son porte-monnaie devant moi... y avait juste tro'.s sous dedans... Trois sous !... trois sous pour toute for– tune dans la bourse d'un soldat ! non, vraiment, ce n'est pas possible... Cela est pourtant. ·Parce que, depuis de longues semaines, toutes communications sont coupées avec sa famille, le soldat-D ... n'a plus rien à lui. Et les enfants se .tai– sent maintenant, bouleversés par cette surprenante réalité. - Je crois que j'ai une idée... Timide, la voix de Maurice a rompu la première le silence. · - Si on prenait dans la caisse ? Une sorte de tri<>mphe passe sur le visage des a înés... La caisse, c'est une vieille boîte à cigares dans laquene, pa– tiemment, les quatre garçon!t enfilent, un à un, les sous gagnés à la sueur de leur front dans les champs inondés de soleil. -Car f)s ont un « service ».' un s-ervice bien à eux et que le papa rétribue ;:é– gullèrement comme un vrai travail d'ou– vrier. Chaque fois, qu'à force d'attention et de patience, i!s ont réussi à enle\'Ct les doryphores qui menacent de comprc · mettre la récolte de pommes de terre, les enfants reçoivent leur salaire : 1 sou les 10, c'est le tarif, et il n'est pas rar e qu'en fin de saison cela ne fasse un beau billet de 100 francs pour la jeune équipe. D'une seule voix, les garçons applau– dissent: - Oui... oui... prenons 50 francs dans la caisse... _,, Ça fera un sacrifice pour la France... Et déjà les gamins s'en vont en cou– rant à .la recherche de leur père, car pour touche.r à la précieuse caisse, il faut, naturellement, la permission du papa. Et voilà celui-ci au courant : - Doucement, doucement, les enfants...· On 'ne fait pas l'aumône comme ça à W!I grand garçon qui a un métier et qui, bientôt sans doute, pourra le reprendre. Vous lui feriez de la peine. Puisque vous l'aimez tant et que vous · voulez l'aider, prêtez-lui votre argent, il vous le rendra quand il pourr;l de nouveau trava iller . Ainsi il· acceptera, autrement, pas... Et c'-est ainsi que, dans la « caisse », le lendemain, un grand carré de papier blanc avait remplacé les sous sonores et brillants. Sur ce papier, le soldat D... avait écrit de sa plus belle écriture : c Reçu de mes petits frères, 50 franos, que Je leur rapporterai moi·même, après la Paix. » Et je ne pourrais pas vous dire, ajouta le fermier, dont je tiens cette véridique histoire, je ne pourrais pas vous dire ce qui était· le pltls touchant : des remer– cîments du grand soldat dont les lar– mes étranglaient la voix, ou. du bonheur de mes quatre garçons qui, pour la pre– mière fois, comprenaient vraiment la joie de donner•.. Jean BERNARD. Il y a, cette année, beaucoup. de gens qui souffrent... Ils sont nos frères dans le Christ, NOUS DEVONS LE$ Ali:Dlt:R Dans tous nos villages, dans toutes nos villes, les français ont travaillé pour le SECOURS NATIONAL Petit frère , tu te d emandes ce que tu pourrais bie n faire ? Alors, lis, e n page 4, les consigne s d e !'Alpiniste. Les Cœurs Vaillants organisent pour ces prochaines semaines UNE GR.ANDE CAMP.AGNE DE CHARITÉ Ils ont besoin d e toi... Vie ns vite ••• Sur lo route poudreuse, ln longue caravane dea roulottco o'6tiroit, se dirigeant vers Io grande ville où, pendant huit joun;, lo M odison·Circus allait donner la série habituelle de ses représea– totioos. A la tombée du jour Io troupe atteignit son but ot les opérations de montage de Io graode piste se déroi;loicnt fébrilement sous les yeux des badauds assemblés auK alentours de h 'Place. Pendant tout le séjour du céièbïe ch·que, on se pressa sur les groc!ins pour oppluudir les trapéz istes volants qui, ù chaq'tie instant, jouaient nvec la mort, suspenduti à. quelque trente mètres au·deosus du sol ; lc:J clowns si drôles... mais ourtout... surtout le célèbre dompteur Jock Ma– dison, dont la réputation n?étnlt plus à faire. C 'était souo les ovationG d'un public toujours plus nombreux qu'il foisoit chaque soir son entrée danG Io cage des fnu"-cs, trois grands lions qui t ra– voillaiont sou· mis devaot lui. c~. s.:>ir·là, les f a u v e 3 COI avaient ë t é Tiena... un paque.t... plus cxcités ah J ça pm· e:rt.mple. que de coutu- me et Jac!t Madison avait eu fort à. foire .pour maintenir le bon ordre. Aussi était·il très los quand il r..?moa to dons la roulotte qui lui était réservée. - Tiens, un paquet sur la dernière mf :lrc.hc ..• maia... ah t ça, par exemple, il crie, ma. pa· rolc ... L!homme ae penchll, intrigué... et ses mains puissantes habii:-nécs à mrmic:- le fouet et la cravache se saisirent avec des gestes gauches et touchants d•1 oetit pa:q·J~t qui mainteoa.nt remuait et criait avec vé!Jêmcnce. Quel ne fut pas Fétonncment de Mme Madison e:i voyant rernon!er son mari chargé d'un sem.. blable fardeau... Pourtant, que faire ? Au petit jour, le cirque va lever Io ten~e pour s'en aller· effectuer une grande tournée :1 l'étranger. Les Madison n'eurent pt.s besoin de longues cxplÏcatfons. Déj à ~1& éto\cnt di :1ccord pour garder cc petit enfant qui rempbcc:r~i>:: à leur foyer de oomedes ceiui qu'ils ovaic~t tant désiré et dont ln place était tcujourG restée vide. Teddy, ainsi nommé par ses parent• adoptifs, Lo clms~ de colcul devoit être. vous le devi· ~ez bien, une classe fort oo itée oour Jeon– François et ses équipiers. Cor Ma rcel et Poul, de leurs ba ncs respec tifs, ava ient vu, e ux cu~si. les t rois XxX mystérieux s'étaler sur le page d u cchi~r et lorsque Raoul, rouge de honte, re– gagne sa p la ce ssus le murmure désapproba teur des é lèves, t rois paires d'yeux, éqolement ;,1ter– rogot its, le suiva ient d'un obsédant reg'Jrd. -.r. T:az vu ? n . Sons qu'iJs a ient eu besoin de se foire signe, te:. trois garçons se sont ret rouvés dans le même coin de Io cour et Io méme ques– t ion o ja illi e?'l rn&me .. temps de leurs t rois bou– ches. Morcel est très excité. u J' l'aurais parié. moi, qua c'était Raoul qui faisait 10 coup. C'est Q'J'à cont:nuer à surv~iller les cbords ce l'école poi..;r voir si ce colrr.e n'est pas une ruse des comptices. Poul et L1 i::!cn eux, s~ sont retrouvés et marchent d'un pas ollO:gre. " î '<'.!:; chic, tout dl"'.? même. de nl 'ovoir oti'endu••. depuis i'hÎst oirc de t'outre iour, j 1 i!tcis po!; tronqui1lc pour vcn– hcr 5eu r le soir. - IEh bien, ~i iu veux, je t 'oecompagncroi t~u;; les jours, t u n'r,s qu'à rn'oYtcndrc. » Lucien n'en revient r.ios : <t Non, v~oi ? t u ~eroi:; cela ? - Mais bien ~!ir, mon vieux, p ourquoi pas ? - Mais t u m' conna is presq ue pas ! - J ' t' connais pas ? Y'c~ par; de notre équipe peut-être ? n Lucien hesite une m inute : c Si, mois... - Et tu t ' rappcllc:; pas que Jccrn-François t'a clit l'outre jour qu'on grandit dono le cirque ou milieu deo artistea et des bôtes. T out petit eofaot encon~, ses préférences- n'o.l... !oient pas aux clowilo t out ·pailletés d'or qui réusc.issaieot pour lui d'invraisemblables tour& d 'odrcosc, mois bien au domptage des fauves i il se passionnait à voir ·son père adoptif seul ou milieu des tigres ou des liooo. Un jour, Teddy avait nlore dix ono, il insista tunt auprès de Joa:k Madison (j'Uc celui-ci se laioso fléchir et consentit ù lui permettre d'ent rer nvec lui dons lo coJ e. Dès lors ce fut choque jour que les spcctateu-rs haletants purent voir le petit gars, cruvsche à la m!lin, travailler aux côtés de son p .?-re et coucher à F>ee pieds les fauves turieu:x, domptés par lo seule puissance do son regord d'enfant. Cc coir, Teddy ne tient pluo en place et dons oon regard d'acier, on peut lire Io volonté farouche de vaincre. Autour de lui, tous les artir.tes font fète : ce soir, pour le première fois, il entrera seul dons Io cage. li o obtenu cette permiusion pour Ges quinze ans et J oclc ne cesse de lui prodiguer des recommandations... - Attention à Kati.k_. i l te donnera du travail ce S-OÎr. - Surveillo bien Néron... Sur Ica gradins une foule impatiente se presse, cor d0ji1 le pel.it dompteur est célèbre... Enfin le voilà : ... l'ovetion formidable du public s'est vite transformée (:!ll un silence augoiasé, les poi· trineG sont b.ile~notes, les yeux des specrnteure, res– tent rivés aur ce jeune gorçon qui soumt!t un à un les te:rribJcs fo.u \·es. Maintenon.t ci est fini, Katilc lui-même a dû plier et T eddy. un pied sur Io tête du fauve, achève sa représC'nhuion. Les applau– ùisscni.e nts crépitent de tou– tes vo•ts..• c' est uo succès trfompilol. Jack reçut immédiatement lo v1a1teur. L ' homme se présenta : Maurice Brémond. E t bientôt les G'UeGtione se pressèrent &ur ses lèvres. - Qui ét11it Teddy Madison ? Etait-il le fila de Jack P Un peu interloqué, Jack expliqua en quelques mots trè! brefo comment , un soir d'hiver, il avait t.rouvO un bébé sur Jes marelles de la roulotte, puis à sen touo:, Maurice Brémond raconta com– men't, un même soir d'hiver, uc ten:iblc incendie détruisit sa maison, comment ils nvnient été sauvée ·des flammes, !la .femme et lui... mais de leur petit enfant somm.û l:aot dons son berceau, jamuie ilo n'avaient rerro uvé Io moindre trace. - Du reste, ojout:i M. Brémond, mon petit Maxime por taif' ou cou une cboioctte ~'or avec une · médoill< gravée de ses initiales entrelacées, et je crois avoir reconnu cette chaîne nu cou de Teddy M adison. 11 n'y avo.it pluo de doute, Teddy était bien le 6ls de M . Brémond. Pourtant , c' est le cœur gonflé de chagrin que le lcndemttin mutin, Teddy fit ses odieux à ses · parents adopt ifs et quitta le cirque où il avait passé toute soo eofonce. Dès lors 1:1 vie changea pour T eddy, devenu Maxime Brémond, ses journées s·écoulèrent comme celles des ga rçons de son ûge, entre l'école et la maison o ù ses parents, 1out ù Io joie de l'avoir retrouYé, ne e11vaicnt quoi faire pour le choyer. Cependant, malgré toute Io douceur du foyer, la pensée de Mnxi me s 'envolnir souvent ver& le cirque où il avait pass é toute son enfance. Aujourd'hui, T eddy se sent triste et il chemine lente· ment Je long rlu boulevard quand une grande affiche bariolée froichemcrt collée attire rior ottcr.tion. Pou;-tantt là, ou premier r11n~ 1 un homme est debout, oppu1·.; sur Je rebor d de so loge. Il est très pâle, ses jambes se dérobent, i1 <t Le plu.s g,rnnd cirque d 'E urope, Je .-;,.: ~Andison Circus », restera Lieux se· moines à Pa.ris, où il re– prendre Io série de ses re· présentations sensationnel· les l>. Teddy, par con-i eul reuara. devait do111pter le fau ve fu1·ieux, Fou du joie, Teddy a demondb et obtenu d'aller avec ses pare nts il la première repré:;cntation, semble pris d'un m<'.!laisc, .il va tomber..• Mais non, le voi.là . qui sort ·précipitlï.mmcot; son enthousiasme 0 <fonc été si arand quïl veut de vive voix félicitct· le jeune homme ? Non... il demande M . Jack M adison ; que lui veut· il P DE JEAI~ sûrement lui le chef de le bande... n Peul se fret te les mo rï1s : (( Mointgnont qu'on l' o dé– couvert, ç..o 11' sera pas difficile de trouver l~ nutres. N'ont q t-t' èt b ien so tonir tous•.• Io bonde: des XxX? Psstt r... elle •~rc pas . long fou ••. D Mais Jean- François est moins entliou:;~oste. u Doucement, doucement, lc!i- gars. U ne s'agit pas de fa ir<' des bêtises. li na.us foui· dc c pre" – ves µ lus sûres 11ue ça pour .:i<'!k· - Oes pr euves. beP 1non ,..;eu~, tu n' trouve s pas que c'~n c5t une de p1·e uvo toi, le c a hier 11<:> Raoul? ·- Je trouve q ua c'est uni'! indico11011, ôi, et Raolll c:.s t sûremen t pour- quelQue c h ose rions l'a-;fairc. Mo;s rnoirott!nont il vo faHoi• mener notre en– quê te sé ries.:somcnt e t saris b ru it. On se dé· était toc:s d.e la même famille ? En famille, or> s'aide-, rn on vieux. u Un p -,rit silence... les deux écoliers mo rchen' -no1ni·,.,1cnt sans parler, mois Io moin de Lv cien s~rre · plus fort celle de Poui e t , dons le cœur du p .tit gar$,· q uelqu e c!iose grand it , chaut. coMme u11 rayon de soled : C'est donc ço, )es chr0tien~... Pendant ce temps., d 'aui rt?s oas si– le ncieux montent eux ciussi sur le sc?:t ier dv hais. N1o is Je garçon qu! avance rapidement n'a oos de joie dons son cœur ni de flamme do ns ses yeux. Une espèce d 'inqu iétu de le tena ille qui lui fa it tourner 10 tête e n arrière à rour ins– tant. Non, décidément , depuis l'oventure de ce rnotin, Raoul n'i?st pos tranquil le, et Jo.an-Fran- La sé~nce commence. Les ortistef. se succèdent dans un brio mognific,,'Ue, mois cc.. que M axime attend ovec impatience, c'est le tour de Jade Madison, Jnck le dompteur, à qui il n'o pas voulu gwii.e e n détectives, alors•.• chic ! - Chic: ? si tu 1eux, moi je crois surtout que ça ~ ne va pa!i être commode. - · C'est le moment dQ se ~er­ rer los coudes (es gar!l c !" · de bien s'e ntendre pour <?gir tous dons le m~mc sens. On vo foire ur. pion de compagne. J' o• idée que Raoul se voya nt découvert va bruoquer les choses. Cc soir, il f~udrait accompognc: '-ucien jusque chez lui. Voyons, toi, Paul, '1uis~uc tu habites du mémc cùté , ve ux- tu t 'en c harger ? » Po1.JI a fait oui de Io tête. Jeon-fronç.ois con tinue : u Marcel, lui, s urveille ra ~ans en a voir l'a ir la sortie de l' 1 ~co1o pour voir ::;! ~0011J accoste d 'ou– t rci types. Qua nt à moi, Î'=' 'o r.uivrai de loin jusque chez: tui. A six he ures, on se rc tro"vcra çois qui, t lo!ti dons l'ombre des foùrrés. le suit d'oussi pri>s qu'il peut, est obligé de fo ire des prodiges de prudence pour ne pas être décou– vert. îo•Jt à coup, le c~e( d'équipe se rejette violemmen t en arriè re. A u n drJtour du sentier Raoul est revenu sur ses pas Mefiont, iJ ins– pect~ les fourrés ... d ons le buissun ci~ il s 'est tapi, Jean· François retient so respira \•on. . Raoul est tout près de lui moinrenon:·, s'il repère Io 1·roce des pas, le chef tJ'équ1p" est perdu... Mais non... heureusement Io neiye est si durcie par ie gel Que· les empreintes n'ont pas marqué et l'ombre g rond is5ante protège le Cœur Voil– lant. Rooul est passé sons rien voir... Jeon– Fronçois se soulève à demi dons so cochettc. li faire la surprise de sa visite, maie qu' il se réjouit tant de revoir tout à l'ht:urc. E t déjà le cœur du petit gars bat à. ae i ompre en entendant dans lco coulisDce le lointain rugissement dco fauves. Les voici. Ils entrent daoo la c~ge. D~jà ils bondissent. déchirant l'air de lcuro cria ruuc;.uc&. J ark Mcdison est entré à son t our d1.rn3 la cage. Sa C!a«achc claque, Jeo bêles domptées commcn1:cnc ù truvo.illcr soua sr>ri regard. ?\/lais des lut1.lr1:i de révolte pussent <ldns lce yeux de Ka: ik. Le dompteur s~en ap erçoit, ii fait sorr!r let:: autrcti fauve~ et va faire tra vciher Ko.tik t<•·1t seul. Souduin, J ocl: fait un fo ux pua. 11 torr~be. heurtant Jans aa chut~ 1rn de.~ csc.sbc~rn"'! oU il fait grimp er les bêtes. K:itilr q r ugi en vc-yant le dompieur à terre. r.~ <Ji~ i'h:imm'! 13'est tclc\•i: et le fr..u i.t ~- liésitant , Yecufo cléi il . J uck G\'5: bleab~ à la têto dans fin chute et ic ~uog cüulc. Katik a sent~ r-.-.;,c son domç ~61:1r o' e!a p!!.lc; en posoc.;sion de t o u s sea moycno. Jack recule mainte~ n a n t devant lui. S'il tom– be encore uno fois, il est perdu... Moxime a (}11 pied .wr la We du fauve, i l sou1•it d la jo!~lc. compris l e danger. JI >eu– te sur la piste. En q ue llf'UCS bondu, le Yoi· ci dcvunt la. cage, il ou· vr e, encre, et pr enant aux maho dè J ack dôfoillant la cravache, il marche sur I~ fauve. Katik , surpriG. h~sitc. f\1n:itim.c avanrc toujours, tenant ln bête F:Ous h'. feu de so:i regard, et ma. !ntcna.nt h: lion recule... PaiGout cloquer 1c fouet, b jeune hor:imc J'a forc:Û ti se couch<'r à. ses pieds, et muir.tf .!nont, comme il l'a déjù fait si souvent ou~~cfois, ur: pied !>Ur ln tête du !ion vci11cu, il bOarlt en solu:int la foule qui ïncclnme. Le pcrit Teddy a payé au cirque sa dette do reconnaissaoco. M . DONAT. D'ÉQUIPE tous devant l't5~i;:;-c pour... - Pour le ;t>mpte rendu des op érai ions ! Entendu, chof, t u peux compter sur nous... » Et su; cette o ffirmctio r. énergique, l'équipe se sépare pour re prendre les rangs. Quatre heures ·~t demie... Dans Io rue de l'é– cole, Marcel s·c b~orbe dons Io contemplotion des vitrines. Mo is il a beau glisser toutes Jes secondes des ~ou,,~ d 'œ ils attent ifs vers les petits groupes qui se d ispersent, il ne surprend rien d 'anormal. Roùul est sorti dù:-is !es .pn> miers et tout de suite, il s'est d irigé vers le t.a~ du v1llogc. Aucun g a rs n'a pa ru fc su1\ re ... !...2>– bos, c:! rrière la boutique du boulanger, Jcon– François va le p rendre e n f ilature , Marce l n 'a est trernpé, la neige molle des branche~ lui gloce Io fioure et les moins. Qu'impo1te ! Il fout tenir l.Jori . Pour que Raoul se soit mo n t16 si mé– f ia n t .:'e t t!UC ça devient sérieux s,, ,,s doute est-cr· là q 1.JC se coche Je secret de Io bande des XxX .> Co' .-ompont Jean-Fronçoi~ est SO• 1i du fourrë. 1' mbre de Raoul s'él<.,ig ne, noire sur Io ne1q<' L>ianche. Tout à coup, 10 chef d'eouipe sursaute, sl1Jpétait. Devo1..t J•u brusquement, •Jn grond vire s'est toit... Raoul vient de disparoî– tre subitement, en plein m ilieu du se11tier qui montoi1 d roit et bien en vue sous le regard de· Jcon-François. <A suivre.) Jean BERNARD.

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