Cœurs Vaillants 1941

a mis les bouchées doubles e t moin tcnont... m a in tenant il n'y a plus sur l'échafaudage que Jehon et Eloi, les deux a ppren tis... Prê t à descendre, le premie r lève les yeux sur son compog ndh e t, tout à coup, il pâlit d'émotion... Demain c'ast fê te, une des plus gro ndes fêt es de l'année, et, pa r une .,..,.-?.lfTli!M mesure t out à fait ex ceptionnelle, les portes du ch antier sero nt ouvertes a ux habitants, impat ien t s d e venir admirer les merve illes dont les maîtres-maço ns parent leur cath édrale. Il y o long temps, bien longtemps dé jà que, sur l'emplacement de Io vieille église où Saint Remi, a utrefois, baptisa le premier roi des Francs, les Ré mois ont décidé de construire une magnifique cathédrale. Cette ca thédrale est un peu l'œuvre de tous et si les plus habiles des tailleurs de pierre ont <Oté a ppelés à y trava iller, tous les· ha – b itants, d 'u n même cœur, collabore nt à ce tte œ uvre dont ils ont voulu foire l'hommage de foi et d'amour de Io cité tout e ntière. Lentement le pas des ouvriers décroît sur les dalles sonores et là-haut, a c– coudé à l'énorme pilier où ses compa – gnons vienne nt de poser l'é legont cha – pite au de fleurs et de feui lles, Jehan dem eure imm obile, une expression d'an– goisse au fond de ses yeux n oirs . A demi-dissimulée dons l'ombre, une feuille reste inachevée... Io feuille d'a– can the dont Maître Pie rre avait con f ié le soin à Elo i e t que l'a pprenti, ce soir, n'a pas su t e rmine r. Sons pa raitre s'en souc ier le moins du monde, celui-ci a 1ongé ses outils et déjà il s'apprête à saisir les montants de l'échelle lo rsque, . n'y tenant plus, Jehon lui barre Io route : Eloi, tu .t'en vos ? e t t a Eloi sursaute. La crispation qui ten – dait ses traits augmente tout d'un coup et, sa isissant son com pagnon par les épaules, il scande, d'une voix mou- - Mo feui lle n'est pas finie. Tu le sais ciussi b ie n Que mo i. Mais d'e n bas personne n'y verra rien. Aiors, toi, tois– toi, n'est-cc pas, o:..i ~inon ... Et sur un ge!:ite de fl'1er1oce, Eloi dis– - para it dcn5 le rou r1oir que creuse, / (/ sous le frê le éclrnfaudogc, le vide im- -r. mense de Io gronde nef. ~t/ Jehon, lui, est demeuré immobile, -- oét rifié de stu péfaction. Et puis, com rnc r =l'en bas la voix du n1oitre-ouvrier s'im – patiente, hélant le ret a rd a taire, le p e– tit ~ors sa is it le dern ier barreau de !'~chelle e t , len te me nt , descend à son tour d ons le vide. .r. . LORS, vous y . ê lt:s ? Dépéchez– vous... Sur l'immense cha n tier de bois e t de pierre, Io nuit est dé jà presq ue entiè rement des– cendue, dessinant, sous les voûtes en ogive encore inachevées, d'étranges fan– t ômes a ux formes g rimaçantes. Lâ -hout, sur l'échafaudage, deux a p– pre ntis se hâ tent. Après a voir regardé une derniè re fois Io f eui lle de pierre q u'il sculpte avec amour depuis plu– sieurs s~maincs, Jehan serre rapideme nt ses outils da ns u n soc d e grosse toile. La journée a é té rude au jourd'hui et c'e~t t out just e si l'on a pu terminer le t ravail pour l'heure fixéë. Heureu- • Suivant le longue file des _ouvriers 1...1ui se dirigent vers la sortie du cha n – tier, Jeha n marche comme u n au t o– ma te. 11 a bea u se fro tter les yeu~, se pincer les lèvres, surveiller sa déma rche pou r a v " l'a ir naturel, il n'orriv~ pas. à choss· r les pensées qui se pressent en tour: ilion dons sa tête enfiévrée. Ainsi -loi o la issé là -ha ut sa tâche inachevée? Ainsi, par sa foute, le cho– pi1eou, que to us les ouvriers ont voulu s1 beotJ, offr ira demain à Io Reine d u Cie l une couronne incomplè te... Que lque chose manqu era à l'œuvre de pierre, orière vivante de tou te l'équipe... que l- que chose qui, pour toujours, fera t ache cur l'of frande commune. - A cette pe nsée, le petit g ars sent l'indignation grandir dons son cœu r. Non , non, cela ne sera pas, c'est im– possible... Il fout, il fout absolument que lui, Jehon, fosse q uelque chose... - Tu os l'air bien sérieu x, mon Jeanne t, q u'est-ce qu'il y o donc qui ne va pas ? Paternelle Io g rosse voix de Maitre Anselme vient d e retentir, rame nant brusqueme nt l'appre nti à Io réalité. Maitre Anselme est un maitre dra– p ier qui, depu is toujours, s'est occupé de Jehon. Lorsq ue, ve uve de bonne he~:-e, 10 maman du petit gars a dù lui chercher du trava il, c'est Maitre se ime qui l'o fa it en trer che z son ami, Maitre Pie rre, et depuis, il n 'a cessé de veiller sur lui. En reconnaissant son pr? tect,e u,r, Je hon a senti -un rayon de 101e pene– t rer dans son cœ ur. Si c'est Mait re An– selme q ui es t de gord~ ce soir ou chan– tier 1les notables de Io ville se relaient pour assurer à tour de rôle Io garde de l'œ u vre commune) Jehon va pouvoir... M u par une inspiration subite, le pe tit ga rs s'é lance vers son protecteur et, d 'un trait, lui confie le projet qui vient de germer do ns son cœ ur. Maitre Anselme, d'abord, fronce le sourcil e t puis, devant le rega rd an– goissé qui se f ixe sur lui, devant Io f la mme qui bri lle dons les yeu>< noirs du gamin, l'homme se sent ga gné à son tour : - Demande à Mait re Pierre Io per– m ission de ven ir me re joindre cett e nu it pour un service Qï..Je j'ai à te de– mander. S' il te l'accorde je te la isserai fo ire... Il· Je hon a u rait eu des a iles a ux ta– lons qu'il n 'c u :-oit pu courir devontoge dons Io rue lle é troite où vena it de d is– para ît re. le derniec de ses compaa nans de t ra vail. Pourtant if est loin d 'être facile à rée liser l'audacieux projet qui, tout d' un co up , a pris naissance dons son cœur. Il va falloir d'abord obtenir Io permis– sion de Ma itre Pierre qui n'a pas l'ha– bit ude de laisser ainsi ses a ppren tis vagabonder de nuit dons les rues... il v a fallo ir en~uite partir se ns éveiller l'attention d'Eloi qu i, pÔur rien au mo nde, ne d oit se dou ter... il va f al– lo ir sucto ut réussir, réussir cette nuit la folle entreprise... Jehan sent la peur tomber comme une douche froide sur son be l enthou– siosrne e t , pour se donne r du courage, il s.err.e très fort, sous son pourpoint d e la ine, la pet ite méda ille q ue sa ma – man, oulrefois, attacha à son cou d'en– fa nt ... 1 0 heures. Sur Io ville endormie le couvre -feu a sonné et le pa s lourd de ·ra pat rou ille du g ue t se répercute lon– g ue me nt à tous le:;; échos des ruelles é t roit es. Sur l'humble pailla sse qu'il portage a vec Elo i d o ns Io soupente du g ren ier, Jeh on ne dort pas. Tou t à l'heure, con– t re toute a t tente, il a obtenu la per– mission de Maître Pierre. Maintenant l'he ure d e l'action est a rrivée. Doucement, doucement, le jeune ap– pre nti se glisse hors de sa couche, en– fi le ses pauvres hab its, s01sit ses outils. Une poutre venait · de gr1nce,.·sous son p a s menu ... dons l'omb re Eloi s'est re– tourné en grommela nt... Pourvu que ?... Mais non , la respiration du dor(lleur a repris son rythme régulier, cc n'était q u' une fausse oler_te. Et voici J eh a n dehors. Lo nu it esr fraîche, Io lune voilée. Repérant comme il "1e peu t son chemin dons le dédale des rues, Jehon se hôte vers Io cot'ié– drole. Vo ilà Io masse sombre q ui dresse vers le ciel noir sa majest ueuse si– lhouette toute embarrassée d'échafau– dages. Deva nt le parvis s'élève Io btJr– ricode de pla nches que surveille a tten– t iveme nt le gordien bénévole. Dès q u'il a ente ndu sur les pavés le pas menu de son protégé, Maît re Anselme a fa it que lques pas en avant : - · Ah te voilà , gamin! Maître Pierre ' t 'a laissé sortir ? Tout est bien, a lors. Il est b ien entendu que tu n'emportes pas de chandelle. C'est t rop dangereux pour les échafauda ges. Mois Io nuit est bien sombre pour si fin travail. Commen t vos-t u foire ? Comment il va foire ? Jeho n se l'est de mandé a vec angoisse tout le lo ng du chemin. Le t rava il qu'il a décidé d 'en– trepre ndre est long, minutieux, dé licat... un coup de ciseau maladroit peut tout abime r... pour réussir il faudrait de Io lumière e t Io nu it est si noire... Mo is Io lumière, c'est dons son cœur que. Jehon Io porte e t, confiant malg ré •tout dons le succès de son entreprise , tf ova ncP; bra vement dons l' impressionnant silence de Io cat hédrale. Ah ça mois, oue vien t -il foire là , si pe t it, si menu, si frêle ou milieu de tou te cette grondeur ? Il ne pense tout de même pas s'at taquer en pleine nu it, tout seul, à Io tâche inachevée de son compag non de travail ? Eh bien si, justement. Pour q ue soit complète l'œuvre de l'équipe, Jehon a décidé ce soir, de venir lui-même ache– ver Io feuille d'Eloi. Pour ne pas foire gronder son camarade, il a ga rdé se– cret son a udac ieux projet . Grâce à Maître Anselme il sera rentré avent l'aube dans Io cha mbre commune, per– sonne ne Saura rien de son héro'ique entreprise, personne si ce n'est Io Reine du Cie l dont les yeux maternels con– temple ront là-haut Io belle guirla nde 'qui ornera sa maison de pierre . Jehon a vance à tâtons dons le chan– t ier désert. Le voici a rrivé. D'une ma in qui ne tremble pas, ir soisit fes mon– tants de l'échell~ . et souple, agile, commence sans hes1t:.:.r sa dangereuse a scension. L'obscurité est presque totale sous Io voûte hérissée de bâ tis. Çà et là des ombres menaçantes semblent défier l'enfant : Quoi ? tu veux escalader en p leine nuit cet échofoudoge q ue de iour les a J t res hésitent à gravir ? Mais tu es fou, mon ga rçon ! tu vos glisser, t ombe r, te fraca sser Io tête sur les da lles ! Pris dons le tourbillon des terrifian– tes pen sées, Jehan s'arrê te un instan t Mois un insta nt seulement. Et tou t d~ su_1te, plus forte que Io peur, so volonté tr1omphe. Lentement·, prudemment le petit g a rs continue. Le voici sl.·r' les planches où, tout à l'heure encore il travailla it a vec Eloi. ' Deva nt lui, gracieuse, robuste, 1( couronne de fleurs e t de feuilles '.Jes– s1ne sur le chapiteau sa dentelle d~ pierre. Avec amou:- Io ma in de Jehan co ress; Io fleur champêtre qu'il a sculptce pou r sa Dame... e t puis, tout de suite, ses yeux fon t le tour du cha– pitea u. Un... deux... t rois... voilà Io feuille d 'Eloi, Io feuille à demi achevée Io feuille qu'il veut à tout prix lui' Jehon, terminer avant l'aube. ' ' A !ôtons Io main de l'enfant saisit l'outil dons Io sacoche. En tremble nt elle s'approche de Io pierre... S'il a lla it, d'un coup de ciseau malad roit, abîmer l'ouvrage de ses compagnons ? tout gâcher pour avoir voulu trop bien foire? Lo demi-clar1é qui, en bas, gu idait ses pas tant bien que mol, est tout à fait insuffisa nte pour un tel travail. .. et Io main de Jehon retombe découra– gée tond is que de grosses la rmes obs– curcissent ses yeux. 11 ava it à pe ine le temps nécessa ire pour terminer avant l'a ube le d ifficile ouvra')e. Maintenant si Io nuit s'obstine à de meurer si som– b re cela sera impossible .. De longues minu tes passen t... Effon– d ré contre le pilie r, Jehon pleure. Est– ce q ue, vaincu par les difficultés, il va demeurer là devant l'œuvre nachevée? Non. D 'un suprême eff?r ~ le Jetit a p– prenti secoue Io torpeur qui "é t•eint et lors.que ses ·yeux se rouvrent pour re– garde r bien . en face Io d iffcile tâche, un cri de joie s'échappe de ses lèvres. Argen té, lumineux, un rayon de lune illumine Io pierre rose. Une flamme heureuse o u fond des yeux, Jehon sai– s it son outil et, débordent de recon– naissa nce, il a ttaque Io guirlande dont il veu t foi re une louange d'amour à Io REINE de tous :eux qui bâtissent... Longuement le bru it de l'outil se ré– pe rcut e sous les voûtes çomme un chan t de p riè re. Long uement Jehan s'a pplique ou rude travail Qui met des gou ttes de sueur à son front , des crampes de fatigue à ses bras. Dix fois, vingt fois, il lu i f out s'a rrêt er, s'accouder à l'é– norme colonne pour reprendre ha leine et détendre un peu ses doigts crispé s." Mois choque fois, dons un sursa ut d'é– ne rg ie, l'enfant reprend Io besogne qui, demain, malgré Io défaillance d'Eloi, sera terminée, complète, mag nifique. • Petit à petit, le rayon de lune· a blanchi sur Io pierre. Petit à petit une a ut re lueur a grandi annonçant à l'est l'a ube rose d'un bea u jour. Dans quèl– ques secondes Io cloche de Ma t ines re– tentira dons l'air frais du ma tin, dons quelques secondes Maître Anselme vien– dra voir si, là-haut, son jeune protégé a terminé son ouvrage pour s'en sa u– ver avent que les premiers clercs ne v iennent ou chœur préparer l'off ice divin. Jehon, fiévreusement, t ermine une dernière fignolure. Un gros soupir gon– f le sa poitrine mince. Un éclair de joie passe dans ses yeux f iers. Fin ie ! la feuille d'Elol est finie, a ussi belle, plus belle même que Io fleur de Jehon. Mois le petit gars n'a pas le temps de s'ot• tarder à contempler son œuvre. En bas un pas lourd retentit, Ma itre Anselme, sons doute... Hâtivement Jehon rassemble ses ou– tils. Plus hâtivement encore il com– mence à descendre le long de l'échelle qui t re mble sous son poids. - Doucement, doucement, petit, tu vos te rompre les os... C'est Io voix de Maître Anselme qui, d'en bas, suit avec inc;uiétude Io trop ra pide descente de son protégé. Hélas ! Fa tigué pa r sa nuit de tra– va il, Jehon n'a plus l'a gilité de Io ve ille. Son pied ma nque le trop fragile point d'appui. Sa main crispée lâche le barreou, et tout à coup, un cri. un grand cri t ragique, affolé, fait trem– bler l'écho sonore des voûtes. Au pied de Maitre Anselme atterré, Jean, le petit a pprenti de Io Vierge, vient de s'abattre, inerte, sur Io dalle froide. Une lueur d'effroi ou fond des yeux, le vieil homme s'est penché sur Io forme frêle qui ne donne plus signe de vie. Pâ le, les yeux clos Jean gît, im– mobile, un filet de sang sur Io co1"– ronne dorée de ses cheveux. Fébrilement, Ma itre Anselme détache l'humble pourpoint de laine. Dieu soit loué ! le cœur bot.. Et comme, affo– lés, les clercs sont accourus, le gordier. ordonne d'une voix brève : Prenez -le doucement et portez- le chez moi, vite, vite... Sm..:s les soins attentifs d~ Dome l.'.artine, kt femme de Maitre Anselme, Jehon, lentement, a repris connaissance. Et fnr~quc , . quelques heures plus tord, les r l<'ches de Reims lancent triomphri- Rept rant son chemin comme il peut, dans {a nui,, Jehan se hâte vers la catM4rale... lement feur chant en l'honneur de lu Mère de Dieu, Jehon ra dieux sent mon– te r dons son cœur un chant de vic– toire. Qu'importe · Io souffrance qui par moment fait passer sur son pâle vi– sage une crispation de douleur... qu'im– porte Io blessure qui, pour de longs mois encore, va l'immobiliser sur sa pauvre couchette, là-haut, loin de tous les regards, l'œuvre de l'é quipe fait monter vers Io Reine du Ciel un hom– moge sa ns défa illance... en bas, à ge– noux sur les dalles froides de Io cathé– drale, Eloi a compris pour ne plus l'ou– blier Io voleur du travail .b ien fait et la force d'une éQuipe unie dans une même tâche· pour un même idéal. Et pour ce la, Jehan ou vaillant cœur, sent qu 'il a mérité de prendre rang parmi les vrais ouvriers Qui, à t ravers les siècles, bâtissent sur la terre de Fronce, Io cathédrale vivante de Io Chré tienté. JEAN-BERNARD. L ouis va être content 1 11 et ses gare donc, a ils n'auront sürement ja- s 'est frotté les mains de contentem ent. rompt l'Alpini.ste: a Du cOurrier, M'Sieu 1.. •.· mais rien vu d e pareil •. Dans le petit village savoyard où il est arrivé E n voilà un q ui a compri'J 1 L a Saint- depuis q uinze jours, Louis a déjà fait d u bon travail. Sitôt après sa Louis peut être tranquille, son messager, le facteur qui vient de passer sa tête par fa porte entreb:iillée. T rois gorçons se précipitent. L'envoloppe est si grosseo qu'e"lla n 'entrait p::is dans ln boite auX lettres, c'est s.ürement quelque chose d'intéressant. T ous les yeux ft.'"tent l' Alpiniste qui, rapidement, déca.. chète le pli. Tout de suite, une cxclomotion joyeuse lw ·échappe : • Monsieur Pierre 1 C'est Monsieur Pierre qui écrit 1•. Depuis qu'il est aux Chan– tiers de Jeunesse, M . Pierre n 'oublie pas ses petits gars et régulièrement il les tient a.u courant d u beau t ravail de leurs ainés. L'Aipiniste lit tout haut la lettre abondamment illustrée de dessins et de photos : • Pour le 15 Aoüt, écrit M. Pierre, nous avons eu, nous nus.si, u ne chic fête. Il y n.va.it à trois kilomètres visite à M. le Curé, qui l'a encouragé de toutes ses forces, il a fait con- là.. bas, fait du bon travail. ~t voici d e naissance avec les garçons du pays, u ne dizaine de solides montagnards nouveau l'équipe réunie au patro. C' E"st aux mines éveillées à qw tout de suite il a su se rendre sympathique. lundi. Comme d'habitude, I'Alpiniste a T ous ensemble ils vienntnt d'a.ller explorer le gouffre des Canibous_ rassemblé les Cœurs Vaillants pour leur (une des merveilles du pays que les petits vill?geois ont été trè> fiers communiq uer le programme de la semai- de présenter à leur,.nouvel ami) et là, Louis à profité du cadre sauvage ne : • Demain, grande expédition dans et mystérieux pour raconter une de ces palpitantes histoires dont les ruines de Castcllouis. Puisque nous a Cœurs Vaillants » a le secret. T out da suite, les garçons ont eu envie avons terminé notre organisation en de connaitre c.. fameux journal q ui raconte de si belles choses, corporations, il faut maintenant creuser c seulement, vous comprenez, les gars, explique Louis dans sa lettre, plus avant le problème et savoir quel je ne Io leur ai pas donné tout de suite, faut le leur faire un peu dési- étoit le vrai socrtt do la réussite de nos rer, ils l'aimeront Q'lieux après... n. Et ]Ean-François hr"sa.-_ ... n.-t _c;.e""~'"'a __ F __ a,.n':::;"êt""r'"e"'s-•... :'::,U.--n;...;•;.:P;.:P;..;e.;.l...;.;im= p.;;é;,;ri.;;e.;;ux;;.;..;;in;;;t-ii.cllÏr•- ~·-- . •' _, 1 - • \)Il'. une petite c apelle dédîée à la Sainte Vierge. Cette ch!ipeUe était si vieille que pluie et neige l'avaient à mo itié démolie. Nous l'avons rebâ– tie agrandie, décorée et, pour le 15 Aoilt, nous y sommes venus en procession pour 3S&ioter à la messe que n~tre oumôniery a dite. C'était chic. je vous assure, les gars, et en voyant tous mes jeunes debout au pied de Ill Vierge, je ne pouvais pas m'empêcher de pen ser à cette France nouvelle que, tous ensem– ble, nous som mes en train de rebatir sous sa pr otection et qw sera, grâce à 0 01le plus belle qu 'o.vant .o. Les gars exultent. On il bea.u dire que notre époque est rude, pour rien au monde ils ne voudraient en vivre une autre. Et sur cette enthousinste, la journée se termine dans l'attente impatiente des aventures du lendemain. Ce lendemain devait ~tre plus mouvementé encore que lès gars ne pouvaient se l'imaginer. Parties très tôt du local, les équi– pes attaquaient la montée de C:istellouis am< premières heures du m3tin. Le soleil passait tout juste ·son nez derrière le dernier créneau de fa tour lorsque, les yeux brillants, les gars s'arrétèrent au ras d u souterrnin. • A toi d'extnire le coffre, M aurice, c'est ton équipe qui a gagné le plus de vaillants cette semaine •. R ouge d'émotion , Maurice s'avance. Lentement, il enfonce le bras dans le trou noir au fond duquel, l'autre jour, les chefs d 1 équipe·ont soigneusement remis le coffre :iux documents. Quel.. ques minutes s'écoulent. Maurice ne bouge pos. Peu il peu la figure du petit g:: i.rs exprime l'étonnement, Pinquié.. tude 1 l'angoisse et les Cœurs Vaillants, autour de lui, s'impatientent : • Eh bien, quof? - Tu le trouves, ou tu le t rouves pas? - Il est toujours là au moins? •. Maurice a retiré sa main , tout troublé : • Je ... je crois que non... •. Les Cœurs v, illonts bondissent. Mais ils ont beau , à tour de rôle, explorer en tous sens l 'cntrée d u souterrain , s'aplati_r comme des lézards pour y pénétrer plus profondém,cnt, il leur fout bientôt se rendre à l'évidence : le coffre, le précietL'< coffre aux documents a disparu. Et comme les garçons interloqués se regardent avec consternation, comme tout de suite l:J pênsée de D édé et de ses complices traverse leur esprit, Roger, tout d'un coup, pousse une cxçlruna.. tien : ' Oh 1 là... regardez... " Ll, c'ost ~ quelques mètrea au. dessus de l 'entrée d u souterrain, coincé entre deux pierres à demi-descellées un pJrchemin jauni pJr le temps dont Ill teinte se confond presque totalement avec celle des \.·ieillcs pierres. U ne encre il demi effacée y a tracé des lettres que les gars épèlent lentement sans pJ rvenir :i en découvrir le sens. Après quelques m inutes de t rnvail,.voiU l'étrnn .. ge passnge qu'ils nrrivent :l reconstituer : • Le coq qui jamais ne chan c indiquera à ceux q ui ont des yeu.x pour voir le secret de notre ouvrai;'e... Si t u veu.."{ construire comme nous, sois attentif à la pierre rejetée p3r ceu.~ qui ne Gavent pas bâtir... clic sera le fond'ment de la cité nouvelle •. Le coq qui ) jamais ne chante 1 La pierre rejetée 1 (Ju'est-ce que celo peut bien vouloir dire 1 es gars sont complètement médusés et d'illuminer sur le clocher de l'église, Roger résume en une phrase l 'opinion génér:Jle: o Ce serait du chinois ou de l'h ébreu qu'on n'y comprendrait p3s moins...•. le coq de bronze qui domine ln croix. Mois les chefs d'équipe ont décidé de percer à jour cet ahurissant mystère. Et quelques minutes plus tard. les garçons, Poul jubile, il lui semble tout d'un pa_r petits groupe!; se dispersent à travers les ruines. Vous dire qu'ils sont partis d'unairconquér.:mt comme des gens sôrs coup qu'il ' doit y ovoir là une piste de leur affaire serait exagéré. Dans quelle direction voulez-vous qu'on parte avec une indication aussi énigmatique? Le intéressante. Midi viennent de sonner. coq qui jamais ne chante? Quel peut bien €tre ce fameux coq? Peut-etre bien celui de la ferme des trois renards, la Les Cœurs VailJants reviennent au première là-bas au creux du vollon ? Et voilà l'équipe de Maurice en route pour la ferme. Peut-être oussi qu'il y o rendez-vous. Ils n'ont rien trouvé, dans les ruines u n coq de pierre qui indique la cachette d'un autre coffre à documents ? Après avoir bien réfléchi, les mais leur chasse infructueuse n'en a ·gars de Daniel sont arrivés à cette conclusion qui semble fort possible. Et les voilà il plat ventre sous les éboulis, il pas moins aiguisé leur appétit et c'est quatre pattes sur les murs, le nez collé aux vieilJes pierres pour essayer de leur arracher leur secret. Pendant ce temps, avec ardeur qu'ils s'assroient autour de l'équipe de Jeon-François est demeurée perplexe au pied de la tour. Après quelques minutes de conciliabule, chacun leurs provisions. Manger n'a jamais s'en va dans une direction différeflte. Paul, lui, n'a encore aucune idée précise. Il s'en va, le nez au vent à travers le empêché de parler, au contraire... et vieux village qui semble se draper farouchement dans un insondable mystère. Le secret de notre ouvrage... quel les uns nprès les autres, les gors ra- p cut bien eue ce fameux secret de ceux qui, il y a des si~les. ont si bien·su relever le vill3ge d e ses ruines i> a Le coq content leurs recherches et leurs dé.. ui jamais ne chante... ' · Tout à coup, le Cœur Vaillant pow:se un cri. Droit devant lw, le sole:,:.il--.::d"e-'m=idi-..· "'v"'ie;;.:n:.:t._==.:..:.;==·._.P--.au"l..._,.lw=·..-,n;:.'-="'--"e"n"'co ..r .. e..... n~·e::"'\n \_ "''. (fi coq de bronze saura. désigner le pierre, cette fa. meuse piene qui doit livrer le secret des anciens. G On va ::e partager le travail , décrète Jean-F rançois. Toi, Paul, tu inspccterao les murs extérieuro de l'église, toi, Marcel, le cimetière, toi, Robert, l'in.. térieur avec Roger, quant à moi, je mGnterai dans le clocher. Le premier qui aura trouvé quelque chose appellera les autres " • Ci gît Pierre M ... En sou– venir de ma fille ... Priez pour lui... " A mi-voix, Mo rce! déchiffre lea vieilles inscriptions éparseo our ?.e9 t."lmbea. Croix de bois, vieilles pierres, le oeccnd d'équipe a tout examiné et sa figure se rembrunit au fur et il mesure que les minutes pas– oent. Rien, il n'y n absolument rien ici. Le petit gara va abandonner oeo recherches loroqu'il se ra- vise tout à coup. Il y a un coin qu'il n'a pas encore visité. C'est celui où, der.. rière l'église, on met les vicHles croix cassées, Îcs pierres tombées des murs, les débris de toutes sortes. Escaladant le tas hé.téroclite, Marcel tressaille soudain : une sorte de pierre carrée est là, pas d u tout p:ueiUe aux autres ; on dirait qu'il y a une inscription dessus. Le cœur battant , le garçon se penche sur d'étranges lettres gothiques qui paraisscn~ former des mots latins auxq uels il ne comprend rien du tout. Persuadé qu'il fait là une trouvaille intéressante, il se précipite vers l'église et quelques secondes après, c'est toute l'équi- pe qui est là, réunie autour de la pierre dont elle essaie en vaio de déchiffrer le mystère : cette pierre -est très vieille, elle doit provenir de l'ancienne église qui se dressait au– dcssus de Castellouis et dont on a gardé quelques souvenirs. Avec des gestes triomphants, les gars de la Suint-Loui!i montrent leur trouvaille aux Cœ urs Vaillants, qui, petit Ô: petit, arrivent de tous les points de l'horizon. a Alors, les gara, vous avez fait des découvertes ? D, L 'Aipiniste, à son tour se penche sur ! 'inscription latine et, tout de suite, son visage prend u ne expression de prodigieux intéret : • Les gors, je crois que vous êtes sur la piste. L isons un peu ensemble. Nisi Dominus atdijicaverit Domum, in t.·anrnn laboravcrunt qui aedifictmt eam... Si le Seigneur ne construit pas lui-même fa.maison, c 'est en vain que travnil– lent ceux q ui la bâtissent... Un souffle d'émotion posse Jean-François "c tourne vers lui : tu as fait ? •" Alors le Cœur Vait.. lant confie sn découverte. Roger, Marcel, Robert et Jenn– Fronçois en sont tout ép:ités. Le coq de l'église... ço, personne n'y a pensé et c'est peut-être justement fil... Déjà Roger et Marcel sont debout, prêts à s 'élancer sur la piste. Mais Jean-François les orrete du geste : • Et la sieste? Vous sovez bien que !'Alpi. niste nous a recommandé de ne pas l'oublier ' · Les Cœurs Vail– lants ont un geste d'ennui. C'est vrai, la. sieste, ils n'y pensaient plus... Mais on ne se.rait pas a rebâtisseur 11 si on n'ét:iit pas d'obord di•cipliné et le calme descend sur les • ouvriers des temps nouve:iux •, sagement aJlongés dans l'ombre des vieilles pierres. Le temps réglementaire s'étnit à peine écoulé qu'ils étaient déjà debout, rnpides à plier bagages pour s'élancer à fond de trnin sur Ill route du villâge. On va bien voir m aintenont si le coo. le fameux ob~ ! ~· ~- -~-~ ___:____ - sur le petit cimetière 0(1, recueillis, silencieux, les gnrs réfléchis– sent. Petit à petit, le grand secret de leurs ancêtres se dévoile devant eu.x, cc grand secret qui 1 aujourd'hui encore refera la Fraocc. L'Aipiniste s'apprête à en expliquer le sens lorsque, tout à coup, un gars arrive comme un bolide au beau milieu de la réunion. Il est rouge, haletant, des mots s 'échappent en désordre de ses lùvrcs agitées : a Les armoiries... les armoî– rics... 11. Les gars se sont précipités sur lui. Les armoiries dc9 équipes avaient été déposées pour huit jours sur l'autel de la Sainte Vierge le soir du 1 s oollt. Et bien quoi ? les ormoirics 1 Parle donc 1 Le gJrs parlera , oui, o u d u moins il va essayer et ces mots tcrrifionts retentissent dans le silence : • Elles'... elle• ont d isparu... •. (A suivre). Je.1n BERNARD

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