Cœurs Vaillants 1941

Vint le temps du certificat d'études. ra Ur Maurice échoua, moins rer inintelligence que par paresse... Il en fut de même les années suivontl'S et son père, los d'en- décida de Je mettre en apprentissage. - Le trovDil te formera, lui Jit ii. J e tendre ses pJeintce contre ses maitres, e h ( Quand j'ai commencé ù travailler, j'en tJ étais .fier. 'foi, !iiche de . t.c mettre avec a le memc cœur 0 ton mctlcr.•• d n ~ Tout d'abord, Maurice fut content de • 1 ~ cette entrée à l'otolier. Son père· V' l'ovni~ placé c~cz un menuisier.... e t A peine sorti de classe, cc soir·là., le grond Henri ~lorin, occompa~né do ses plus fidèles camarades, nlla avec soo escorte s'embusquer sur le chemin que devait suivre Maurice Lcnormond... et, bondiss:int sur celui.ci ii son pas.sage, 1' cntrnina dons une ruelle déserte : - Le petit Pierre est collé jeudi tou– te la jouriléc parce que quelqu'un l'a occuné d'avoir volé les sous de Jac– ques... ~'est toi qùi os fait ça ? Maurice Lcnormand se débattit : - Loisse·mài tranquille... De G'LJOÎ te œ6lcs tu ? - De quoi je me mêîc ? de ce qui me regarde... . Répon<Js-moi.... - Tu me lais mal... Je le dirai à maman... - Ta mon1an n 'ti rien Q voir dan:s rien pour Maur1ce regardait de haut ses anciens camarades de classe quand il les i::rol· sait dans la rue en fois::int des co~u- scs. i\.1ois son enthousiasme dura peu... l\1ol formé et habitué ù suivre ses ea~ priccs, il se lasso rapidement d 'un tra– vail suivi et méthodique. Autant il s'em– bo11ait pour un mé1ier, auc-unt il s'en dégoûtait rapidement, ' le t,-ouvoit trop dur, trop salissant i mou~réant, il finis· soit par quitter son patron pour esso1cr ailleurs. Il fut ainsi successivement. après son essai de menuiserie. gorcon bou)on~cr, apprcari coiffeur, garçon d'é· piccrie... Son père avait honte de cette instabilité et grondait ou parlait avec colère. Son fils, Ge sentant plus fort ovcc l'âge, Jui répondait avec insolence .et de violentes scènes se déroulaient à la maison, tondis que ta maman en lar– mes essayait d 'apaiser l'un et l'autre. Un jout", un patron serrurier, chez qui maintenant travaillait Maurice, fit appeler M. Lcnormond pour une « affai– re ur{!en,te tio. Celui-ci s'y rendit · dès snn retour du travail : - li m'en coûte heaucoup, Pt1onsieur Lcnormand, de ''ous dire cc que je dois vous dire ; mois c'est mon devoir. J e me suis npcrçu que votre fils m'nv::iit volé de l'argent et j'en ai les preuves. A cause de vous, je ne le fer::ii PlS poursuivre, mais il est temps de le sur· veiller de près. M. Lcnormand avoit riili sous le choc : lv1onsicur, dit-il, jamais cela ne s'c-st produit chez nous... Puis.que vous en êtes sûr. je vous crois et je m'cx~ cusc ou nom de mon fils. Restez-voua ici quelque temps cc soir P - Oui, .j'ai mes comptes à foire. Inu· t.ilc de vou' inquiéter pour la somme, c'est sur.tout p'lur la correction de votre fils que je voulais vous prévc.oir. - Je vous remercie... Je reviens dans un ins·ant. h1archant presque comme on automate, M. Lenormaoid revint chez lui. Mnu– ricc venait de r entrer et s'asseoir à toble pour- le ropas. - Ah ! voici ton père, dit sa mère. cette hiE-<oire ; elle ne peut toi ... Avoue ou je te cosse C'est toi P Nous pourrons man!!cr ensemble... ça ne arrive pot> si souvent... Qu'y a- la figure t ;~r? - Non. - Si... Vtctor t'a vu causer avec le maitre hier oprèn l'étude... L' enfant, nux abois, jeta un regard de terreur sur le groLiPe dressé autour de lui en un tribunal impitoyabJc. On ne "' bndinc ras, cotre écoliers, sur des calomnies du gr'lrc de cclJc dont il n'était rendu coupable par jolou5ie pour le petit Pierre. ~'laurice ne compt:lit dons Je ccrch.. qui l'enveloppait aucun ami. Son corn. tèrc sournois les Q'\! OÎt tou9 décourf'gés. Il trembla de peur et s'effondrnnt lô.chcment, il se mit à pleurer. - Inutile 1e pleurer, r eprit le ~rond f\.1orin , On connait çri... Dt'iiPêche·tOÎ. c'est toi q 1 1i as acc11sé Pierre ? - Oui, ~·mit le coupoblc. - Lûchc 1... Et je parie que c'est loi encore qui as volé lc.s sous de Jacques ? - Qu'est-cc W• ça te fait ? - Qu'est-cc que ça me foit ? Alore, tu crois qu'on va te lnis~cr voler et mentir à ta guise et accuser tco cnma· rades sans te pûnir comm'e tu le meri· tes ? Oui ou non, est-ce toi ? Dans un murmure, le petit avoue : - Oui. - Bon... Tu aurais dû avouer plu~ vite. T u vos rendre dès ce eoir B J acques les eouti qui lui opp::irtiennent et dèn demain. matin, tu iras trouver Je maitre pour dire que Pierre est inr:o– cent. Sinon, gare à toi ! c· cot corn~ prio '? - Oui. - Bien... maintenant, file... Et si jamais tu recommences, de suite à ton père•.. jc le dis !ont Libéré de 1o main justicière, Mouric.c Lcnormond rom.osso sn casquette tombée à. terre dnns ln b::ignrre, et s'enfuit en courant. A · bonne distance, il se re– tourna et, rageur : - Je me vengerai... Henri Morin ?-mussa les · ép:i111e:s et pnrtit chez lui avec se!!I compngnona. l\1aurice était ce qu'on appelle « un enfant gûté », mois il crai1nnit son pèr e, et c'est pourquoi Jn me,.,acc du grand Morin eut enu f fict. Maur:ce s'acquitta, moussode, des prQmcscies foi. tes. N'osant pas s' en prendre direc· temcnt aux grande, i1 chercha à se vcn~Clr en 6em nnt 1o di9<'orde entre se• c1unoraae!!I et rénondant par . des méchll.n· cetés orx avanies que ses défauts lui attiraient. Sans mot dirc 1 le père venait d'en· trer... Il alla droit sur Maurice : - Debout, dit-il d'une voix sourde... prends to casquette. Mais iiourquoi faire ? Le père ne répondit pas. le soÏ!Ît dans une poigne de fer et l 'ent:ra.înn. dans la rue... f\.1ourice se débottnit, de .. mandait des explications, supplb. Rien n'y faf.<tait. Arrivé chez lç serrurier toat i;urpris, le père jeta son fils à genou11: : - Demande pardon, misérab1c. loi dit-il, demande pa•drn... et rea:bours• l'argent que tu ss volé.., Maurice balbutia des excuse!, rrmit ce qui lui restait de l'argent et son père compléta avec sa propre pave.•• D ès lors, Maurice cessn de travailler et vécut à la maison: trainant ses jours dans l'oisiveté, dépensant en tabac, ci· némn ou outres sorties, ce oue sa mère à ]'insu du père, lui donna!t. Le père Lenormand ne lni adressait p!us ou très rarement Io parole. Un isoir," f\1me Lcnormand rentra toute #mne à. la maison - Tu ne sais pas: dit·cHe à son mari, le malheur qui vient d'arriver chez les Dubois, nos voisins? Ils étnicn! allés voir hier leurs enfan!s en eo1onic de vacances, et on o profité de 1e'lr absence pour !es camhdoler e~ voler du linge, des drap~, etc... Les pauvres gens saut houlevcrsés... - Si c'est pas honteux, dit M. L e· normand, de s'en prendre 0 de!' §cns Qui ont une nombre.use famiJle à éJe.. ver... A-t-on retrouvé les voleurs ? - Lo police cnouête ; ello etpère mettre la main dessus .•. Une hPut"e plus ta- d, oorte. Mme Lennrmand i'lspecteur de police et trèrent. on froppa à la o•to ouvrir. Un deux agents en .. - Monsieur Lenorm.and ? - C'est ici, répondit le père. - Votre fils Maurice est-il là P. - Oui. pourQ'Uoi donc P L'inspecteur regarda dans: le11 yeux le vieux cheminot : - On a volé voe voutn1, df.ctorn– t·il lentement... et c'est votre GI! ·le voleur... Avec un cri rauque, le rère Lr.rior– mand porta Io main À SA t~~e, pâlit et d'une seule pièce a'ehettit sur le plan– cher tandis - que M1Jutice tends!t let' hro5 vers lui en s'écriant d'nne voix où. passait ln peur et, san5 doute sa!!si déjà, le remords : UNE IDÉE ASTUCIEUSE p@ur les groupes qui font notre grand jeu de vacances Le~ gi.rçons d'un groupe que je connais bien viennent d'o\•oir une id~e trb 01ttucie11 e qui mérite d'être imitée : Qur 1d clJc a eu terminé nvcc le jociste qui ovait accepté de l'aider son enquête sur lt métier de sa Corporation, chaque équipe o résumé eur de belles feuilles illustr 'es tcut le r ésultat de cette enquête. Toutes ces feuilles ont été réunies ensemble et cela a formé un msgnifi"uo Cnhier d'Orientation Profe6t1ionnc1le qui pourra servir. une fois le jeu t erminé, à tous les petits fr ~res du groupe pour leur donner de précieux renscignemtnt11 'ur les différent(; hiétiers, les qualités qu'il faut avoir pour les exercer, la dur-ée de l'apr'""nthsoge nécessaire, etc... N 1 est ...c p .s que ces gars-là sont des types à la hauteur ? L'ALPINISTE. - Père, oh 1 père.., Du choc si violent qu'il avait reçu, le père Lenormand ne s'étoit pos relevé. Quand, après de!!I jours d'angoisse, le Docteur avait déclaré : fluont vers le Sud... Et voici que, mêlés oux réfugiés, les premiers élé– ments ennemis réussissent à franchir le pont à leur tour et eé heurtèrent troupes d'arrière-garde. - Il eot bora de danger... il avoit ajouté 1 - Seulement il restera paralysé... et sans doute n'aura plue sa roison. Peut.. être un jour, à l'occasion dtun nouveau choc, d'une heureuse Surprise, retrou– vera-t..il le aens, c'est potjsiblc, mais j'en doute.•. Par pitié p()ur lui, les Dubois n'avaient p::ts contiOué leur plainte dcvont la jus· tice, f\rfaurice avait restitué... et restait près de sa mère. Lui oussi avoit été bouleversé par le drome soudain déclen– ché.... Un soir, il vint rctr:>uvcr so maman près de son père - Momon, dit-il, je ne puiR plus re&· ter ici..• ·tout me pèse... - Ah 1 Maurice, je n'ai plus que toi... Où irais·tu ? - J e veux refaire rnn vie... ,Laisse– moi partir, travailler... J 'ai honte de pa– raître devant les voisins... Un jc ur je reviendrai quand je serai digne de toi.. Derrière un fossé d'où il commandait la résistance, un officier grondait: - Que lait donc le Génie? Pourquoi no foit·il pas sauter Je pont? Presque aussitôt un homme se glissa vers lui: - Mon Lieutenant, notre Officier vient d 'être tué avec son groupe et je suis blessé aussi. Tout est prêt pour faire sauter le pont; il faudrait GUe quelqu'un ait le courage d'y aller avec moi... Le Jieutenaot se to:.Jrno vers les quelques hommes qui se battaient, héroïques. - Un volontaire? demanda– t-il. Un soldat, ln poitrine déjti décorée de la Croix de Guerre s'avança: - Moi, mon Lieutenant... L'officier sourit ; E t se p enchant sur sl'.ln père, M~rnriee ajouta à mi-voix, en prenant Io mnin de l'infirme : - Je m'y attendais... C'est bien... - Qu'on m'abrite... là... Vous avez entendu ? - Oui, mon Lieutenant.•. Pour lui foire plaisir, l'un des por· teurs alla frapper chez les Lenormond. - Père, je jure de réparer..• Tu se– ras fier de moi un jour... - Bien, allez vite et bon courage... Or, au moment où le braocard fut in· troduit dans Ja maison, 1\ .1.me Lcoormond , qui avait préparé en hâte une couchette, jeta un cri de stupeur : • Le soldat se glissa vers le fleuve... - J 'ai bien peur qu'il y reste, mur· Ln guerre avait écJaté... et maintenant faisait rage tout près de S... Les réfu– giés passaient en troupe lom~ntabte, épuisée ; le canon tonnait de plue en plua proche. Lo maison des Lcnormand était 11 quelque distance &culcm.nt ~u pont sur Io Loire. Le bruit do Io ba– taille avait jeté quelques éclairs plus vils dons les yeux du père Lcnormond. mais celui--ci était cetombé dans sn tor· peur. Inutile de songer à partir. Mme Leoormand ne le quittait plus un sr1.11 instant. D e Maurice elle avoit reçu de rares nouvelles. Il a'éta't en~Mé et se bottait quelque part dans le Nord. Un jour des troupes passèrent le pont, re- murci 11offider... c'est un brave. A tout hasard, commanda·t·il à ses hommes, surveillez le pont pour protéger sa re .. traite..• - Maurice 1 mon petit Maurice... gé– mit·elle en se jetant su r Je corps du blessé. Enfin te revoilà... Bientôt une violente explosion se faj. 'ait entendre... Le pont sautait... Quand après une vigoureuse contre-::ittaqu~, les troupes frnnç:iises se rapprochèrent de Ja rive, elles trouvèrent, étendu sur le hrrd, Je corps du volontaire r!rièvcment blessé. Avec mille ?récautions, des ~ol­ dats le transportèrent yers l'arrière.. et passèrent non loin de ·la maison ries Lenormand... Sur Gon brancard, le ble5· sé gé;'T'it et fit un signe - Maman, murmura celui~ci oc pleure pas... ça va bien pout moi... j'en ré– chapperai... Et papa ? - Il est là, toujours pareil... - Je voudr:iis le voir ... A ce moment entra le Lieutenant de Maurice Lenormand : - J 'apprends, Madame, dit-il, la pro· videntielle rencontre qui a . mis l\.-1aurice entre vos mains... C 'est l'un de ffièO meilleurs soldats... - Que veux-ta? Pour le savoir nous lonçons aujourd 'hui UN ~ ~AND CONCOURS Ce concours . consister a en 5 Questions très simi:. s QUe tu vos trouver ci-dessc s. 5 questions très simples, oui... mois si tu les • ~ atten– tivement, tu verras ··ce , pour y répondre, il faut , •oir déjà pensé à son avenir, 1 Mléchi à son futur métier, montré Qu'on se prépare à devenir un homme. Cela te parait difficile ? Alors, écoute, je vois te con– fier un secret Qui t 'aidera beaucoup. Les gars de Jean-François ont fait, •cette semaine, avec René, le jociste, toute une en– Quête sur le métier choisi par leur é quipe. En faisant cela , ils ont joué à fond leur grand jeu de vacances : le chic jeu de rèconstruction de la cité fronçoise. Pourquoi? Parce que Io Fronce nouvelle sera unie et forte si, après avoir choisi pour loi la Loi de Charité, les Fronçais de demain se grou– pent, suivant leurs aptitudes, en métiers bien organisés. Or les François de demain c'est toi, ton frère, tes camarades, vous tous Qui me lisez et Qui, dès aujourd'hui, devez vous préparer à fond à votre mé– tier. Alors, pour t'aider à répon– dre aux questions du concours, 1 is bien sur la page ci-contre l'histoire de Jean- François, et puis prends ta plume, ton pa– pier et vas-y... tu as tout ce Qu'il faut pour gagner un des rr1agnifiQues prix Que nous ré– servons aux vainqueurs. QUESTIONS DU CONCOURS 1 o Quel métier penses-tu exercer plus tard ? Pourquoi ? 20 Pour choisir ce métier plutôt qu'un outre, tu os dû faire attention à deux choses principales, lesquelles ? 30 Pour être capable d'e xercer ce métier, que foudro-t-il que tu fo55es ? 4 o Qu~llcs qYalités dois-tu chercher à a--cquérir dès mainta– nont pour bien exercer plus tord ton métier ? 5'o Quand tu auras quitté l'école, avec qui feras-tu équipe pour continuer à conquérir tes camarades ou Christ? AVAHT DE NOUS ENVOYER TES REPONSES, LIS BIEN CECI : Si t• es un sirnp/1 l•ctcur du jot<r..al : · Tu r.édigeras de ton mieux tee réponses (si tu es em· borrossé tu peux très bien · faire appel à t'ajde de ton popa, de ton grond frère, d'un camerode plus ûgé) . T u attachcros à to feuille nn timbre de 1 fr. pour les frais de ton concours. Et tu mettras le tout sous enveloppe à l'adresse in· diquée plue loin. Si '" fais parti• d'un gror<po : C'eat en équipe que tu ré· digent3 tu réponses. - Vous nous enverrez une seule réponse par équipe (avec 1 Ir. de timbre seu– lement). - Le prix gagné sera pour toute l'équipe. Les équipiet's eni vacr.nccs (MESSAGERS) feront •ommc les simples lecteurs du jour– nal (voir Û •confrc). • Attention ! Les enveloppes doivent ~tre :ldrcssécs ~ ?!!. ré– daction de e. Cœurs V:iillants 11 1 16 1 Rue Nicolai, L yon (7t1) et porter dans le coin à gauche la me ntlon : Concours. Il "er:i tenu corn nte dans le classement de l'exactitude des rëpon•cs et de leur présentation f écriture et orthoJ')'aphe). Toutes lea réronses devront etre mises :l la poste avant le 2~ aout. · Les m eille ures auront l'hon– neur d'être présentées au Secrétariat générolde laJ.0.G. - Je vois amener son père, répondit Mme Lenormand; voulez-vous lui redire cela ? peut-être qu'il comprendra. L'officier se pencha sur l'infirme: - Monsieur, dit-il, je vous ramène votre fi1G, Maurice... il est blessé, mois vous pouvez être fier de hli. C'est un brave... Il o toujours fait ion d evoir... Au nom de son fils, le père Lenormond avait tressailli; une lueur passa dans ses yeux; s~n visoge s'empourpra; il essoya de parler, en proie à. une violente émotion : - Mau...rice... bégaya-t-il. Ab!... - Père, murmura le blessé, c'est moi qui re· viens, j'ai tout réparé. . Le vieillard ferma un moment Jes yeux, puis regardant le blessé, il tendit la mains vers lui; son regard était brilbnt et vif : . - Mon petit, dit-il doucement (et so voix peu à peu s'affermissait), mon petit... je t'att en– dais... Avec un grand respect, Maurice baisa longue.. ment la main de ·son père. Une nouvelle vie corn· mençnit pour les &icns et pour lui-même - jai1- lie ~~s 6~)1]ffronces endurées et de l'austère r_épn– rntion qu'il s'était imposée. 11 avait retrouve le sens du devoir et Je goût de vivre. Il avait rc· trouvé et ramené le Bonheur. HERBE. ~m 5 A (ID Uî FÊTE DE NOTRE-OA IVIE REINE DE FRANCE Cette année, plus que jamais, cette fête unira, à travers tou~ le pays, ceux qui ont compris que c'est par Marie, sa Reine, q ue le Fronce se relèvera de toutes ses ruines. Nous, les Cœurs Vaillants, nous nous devons d~être au premier rang de ce grand élan de prière et d'offrande. C'est pour ccln que : Le 14 août, dans une veillée mariale, n ous nous grouperons tous autour de Io Vierge de notre Groupe. Cette veillée, nous ne serons pas seuls à la faire car, un peu partout, nos cinés en orga– nisent de semblables. Cette veillée, nous Io ferons sur le modèle de ce lle Que les Cœurs Vaillants de Jean-François ont organisée dans leur groupe : appel des éQuipes da ns Io cour décorée et illuminée ; jeux e t chants mimés sur les métiers ; consécration à Notre Dome des corpora– tions qui représentent Io Fronce de de– main, unie et organisée (1) ; . chant de prière ( 2 1 et ôénédictio:i de l'aumônier. Lo 15 août ou matin, une fervente commu· nion nous unira tous à Io Messe poroissk1le. L'après-midi, nous prendrons port en uni– forme (31 et avec nos fanions, à Io proces– sion. Portout où cela sera possible, les corpo– rations pourront déposer leurs armoiries sur l'autel de la Sainte Vierge. Et surtout, nous nous consacrerons de tout notre cœ ur à Notre Dome, ofin que, par elle, nous devenions tous de bons ouvriers do Io Cite nouvelle. L 6 ALPINISTE. (1) Cbaqu• cbef d'équipe pourra compnser pour cela avec ses équipierR un pet it clu:cur parlô dans le genre de celui de J c:::in..Fronç.ois. (2) Dans Chantons a~ chœur : Ave Maria do ln Ptlix, p. 47; Notre Dame de chez nous, p. 48; Notre Dame du monde entier. p. 46. (3) Si vous n'avez pas d'unifo!'me, voir sur C.V . n° 31 la tenUe à prendre pour les &ortÎc9 en groupe. L'équipe s'est mise en marche. Au premier co.rrefour, san s l'ombre d'une hésitation , Je::in– François prend le chemin qui s'en va vers l::t campagne. Les garçons se regardent avec stupéfaction : Qu'est-cc qui lui prend 1 On ne va donc plus che~ M. Jeanneteau ? Et sans qu'ils osent se l'avouer, chacun ressent à. cette pensée une sorte de soulagement. Ce soulage– ment, hélas 1 ne devait PlS être de longue durée. A peine la dernière maison du bourg dépassée, Jean-François stoppe devant un gros chêne aux branches touffues. Robert pousse le coude de Roger : « Regarde, on dlre.Jt Saint Louis sous son chêne »••• Mais le Saint Louis d'occasion n'a pas l'air préoc– cupé, pour le moment, de souvenirs historiques. Les yeux dans les yeux de ses garçons il commence tout de suite d 'une voix ferme : cc Les ~ars, vous savez où on va. Sur le chantier de M. Jeanneteau on trouvera Dédé. Oui, je sais très bien que ça vous fe.Jt peur. Mals c'est pas une raison perce que Dédé ne viendra plus à l'école pour qu'on le laisse tomber, surtout que maintenant y a Re.né, le fils de M. Jea.nneteau. Vous savez tous qu'il est jociste. Il marche en plein ponr le Maré<:hol n'en rencontre pas nussl des " D édé " eur ea route ? la conq uête Vous croyez qu'on serait ' Dites donc les gors, les choses dures ? »... Un ·tout petit moment d 'hési– des vrais C.V. s i on le laissait se tation passe sur l'équipe et puis, tout d'un coup, jaillit du plus profond de• débrouiller tout seul ? n L es gars ne jeunes cœurs un formidable... u Ça me p lait 1 » En criant oa volont~ d'avoir répondent pas. Au fond d 'eux-mêmes ils du cran, l'équipe Saint Louis a retrouv~ tout son courage et c'cGt d 'un pa.a sentent bien que leur chef a raison. Seule- allègre qu'elle attaque maintenant , en chantant, la petite route q ui mène au ml?nt, tout de me.me, s'attaquer à Dédé, chantier. A l'approche des Cœura Vaillants deux ouvriers ont tressailli our c'est un peu dur... On dirait que Jean- leur échafaudage : René, le jociste, dont la figure franche s'éclaire d'un l:irge François a deviné leurs pensées : e< Rebà 00 ~ourire et puis, un autre garçon à la mine inqui~tante sous le béret couvcn tir la France, c'est pas quelque chose de poussière. Ce garçon reste d'abord pétrifié d'étonnement puis, tout b coup, de facile et pourtant faut que tout réalisant ce qui arrive, il a un rugissement ~touffé où passe à la fois Ja surpnse, le monde s'y mette. Vous croyez que la rage, l'indignation et, plantant là son travail, il plrt Cl') courant, une lueur mauvaise au fond des yeux. René a aauté en bas de son perchoir 1 cr Bonjour, petits frères... c'est chic <le venir nous voir. Le chantier est à vous, tout ce que vous ne comprenez pas vous n'avez qu'à me le demander. Le cran et l'en– thousiasme sont contagieux. Devant l'attitude du jociste les Cœurs Vaillants ont senti s'envoler la mauvaise impression produite par 1'accueil de Déd~ et quelques minutes s'étaient à peine écoulées qu'on pouv:iit les voir dispersés à travers le chan– tier, examinant les moindres outils, ass.:iillant de questions l'infatigable René. Lorsque, midi sonnant au clocher du village, il fallut GOngcr au retoW', Jociste et Cœurs Vaillants avaient encore tant de choses il se dire q u'il fallut prendre un rendez- 0 .MARIE ..- REINE o~ fRAIHE // BENIRA LA CITE NouVEUE QUE . NOu.S VOuLO..S BÂTIR 0 Pl)IJI\ LA LIJt C.oNFïE~ uRAND~ VEILLEE. vous pour le lendemain : "C'est en tendu, petits frères, demain soir à 8 heures, je serai chez vous... Le lendemain matin, les garçons qui arriv::tient au patro sont :ittirés par une grande affiche qui a pris, sur le mur, toute la place des annonces h::ibituclles. La première minute de surprise passée les Cœurs Vaillants, comme des bolides, se précipitent sur leurs chefs d 1 équjpe : u Alors, c'est vrai ? - Y aura une grande fête jeudi ? - Mals mon vieux, jeudi, c'est dans deux .tours, on n'aura jamaJs le temps de la préparer! Jcan– François est littéralement assourdi. « Hé là, hé là 1 les gars s i vous parlez tous à la fols -je n e pourrai pas vous r épon– dre. Oui, on fait une grande fête jeudi, mols pour la pré- parotlon, vous en faites pas, vous avez dMà tous commencé n. Les Cœurs V:iillants ouvrent des yeux ronds. u Commencé ? on o commencé Io prépo– dtlon ? mols puisqu'on ne savait même prui · qu'il y avait une fête 1 » Ccrte fois Jean-François rit de bon cœur : « Qu'est-ce que chacun d evait faJre depuJs la semaine dernière. Voyons, toi, Robert .1 » Robert se précipite vers l'armoire d 'é– qu.ipe et en sort un grand bloson qu'il exhibe triom– phalement. Peintes sur du contreplaqué les armoiries de l'éq uipe sont terminées. Su.r un fond tricolore une cathédrale dorée symbolise la France chrétienne reconstruite par les efforts des Cœurs Vaillants. Jean-François se frotte leo m:iins : u Bravo, bravo 1 Le p rln– clpol est fait 1 n Lo principol, leo armoiries 1 Cette fois los garçons n 'y comprennent plus rien du tout, maio le chef d'équipe no semble pa!J o'en soucier le moins du monde. u Et toi, Paul ? » Paul était chargé de collec– tionner les premiers vaillants gagnés. c1 J .'.200 en 8 jours. ce n'est pas rital du tout. Combien as-t u acheté de _) -- c . pierres avec ça ? 24 ? Bon ça va. Garde-les précieusement car ce n'est pas à cette fête-cl mols à la prochaine qu'elles nous serviront.).) A la prochaine ? Q uoi 1 il y aura encore une autre fete après ceUc~i ? Jean-François se mord les lèvres. u Zut 1 je suis trop bavard, les gars. J •aurllis dü rien dite. Oubliez vite ça. » Les gars de la Saint Loii1! sont de chics types. Devant la confu– sion de leur chef aucun d'eux n'in- sistera et pour changer de conversation Roger, très vite, rend compte de sa mission. u Mol, je devais faire la liste des outils de M. Jeaoneteau . Voilà... » L'équipe éclate de rire. << Tout ça! mais mon vieux tu n'y penses pas, c'est pas une maison;- c'est un gratte-ciel qu'il faudra construir e pour les loger. tous ! ,, Jean-François lui, a gardé so.n sérieux. « C'est très bien Roger, tu as eu ralsoq de pren– dre beaucoup de renBelgnements. Ils ne ser ont pas de trop la semaine prochaine qu and Il faudra qu'on cons– truise chacun un outil pour meubler notre' maison. Nous n'avons plus qu'une. chose . à préparer, c'est le chant qu'on mimera au commencement de la fête, écoutez, j'en al trouvé un épatant dons un vie ux b ot!quln que René m ' a pr~té. u Le chant dev:iit ~tre épatant, en effet, car, toute la matinée, les gars l'ont répété avec enthousiasme... Maintenant, si vous le voulez bien, ·nous laisserons nos équip iers passer un après-midi passionnant dans les bois de Castellouis pour les retrou– ver le m!me soir à 8 heures réunis autour de René dans le petit jardin du chef d 'équipe. Pour une chic réunion, ce fut une chic réunion. Avec un enthousbsmc commu– nicatif René a expliqué pourquoi il·a choisi son métier, pourquoi il l'aime plus que tout autre. u C 'est un d ur m étier, les gars: J'avais t out j uste !'Age 'de Dédé q uand pnpo o commencé mon opp.r entlssage et je vous assure que plus d'une fols, le soir, j 'étais moulu de fatigue. Pourtant, Je devais encore étudier des cours que papa folso.lt veolr de ta. vUle pour m 'apprendre le de.sgln, · la géométrie et bien d'aut res choses qu'il tout savoir pour être capable de bdtlr un mur droit. Et ce n'est pas tout: dans no tre métlcr U faut aussi du s ang-froid et de la sobriété c11r Il faut savoir tenir en équilibre entre ciel et terre sur le · dcrnJer échafaudage d e Io maison. Malgré t outes n os précautlons, Il y a quelquefois des accl<lents.•• ce n'est pos toujours facllc de bâtir, mols c'est tellement chic 1 » La flamme d'enthousiasme passe de nouveau dans le• yeux de René qui répond maintenant aux questions den Cœurn Vaillants : u Oui, c'est vrai, dens notre métier on est très unls, Justement à eau.se des dJff!cuJtés qu'on apprend à vaincre ens<omble Qua.nd a commencé la corporation des maçons? A la construction de la cathédrale de Strasbourg.•• Robert a un sourire malicieux : il aavait bien pourquoi il choisiasait cette cathédrnle pour la mettre aur les armoiries. Les autr•• exultent dt joie. Ils ont joliment bion fait de choi– oir ce métier-là ! Et tout en reconduisant René chez lui, lc:i petits enro peru:ent à eett.i phrue que le joci3u n proncmcée tout à l'heure : • Ce n'est pBB facile de bêtlr, m als c'est tellement chlc... Oui, c'es~ chic et si la tache est rude les Cœuni Vaillants ne a ont pas seuls li l'avoir entreprise. Comment ne pas se sentir pleins de courage en regardant tous les ifrands frères qui, eux aussi, veulent refaire une France fière dont les troie couleurn flotteront bien haut à la face du monde 1 Deux joi'.imées ont passé. Dans la cour du patro un magnifique reposoir a été dressé devant la statue de la SainteVierge. Lorsque 8 heu– res sonnent chaque chef d'éqµipe, gravement, fait l'appel de sa • corpontion • tandis que bannières et fanions claquent à la brise du aoir. ~ jeux et chants commencent, magnifiques d'entrain et de pittore•que. Petit à petit la nuit tombe et, à la lueur tremblante des torcbea 1 .. chefs d'hju.ipe a'avanceat pour prélenter leur •corporation• à Notre-Dame. Voici le tolU de Jean-François. Avec tOUI "" pn, il commence le petit chœur parlé, que, tous t ruemblc, ils ont improvisé : u Notre-Dame, pour·· reconstruJre la Fronce, l'équipe Saint Louis se consacre à vous ... - Nous avons choisi la corporation qu'ont fondée n os Pères les bêtls– seurs de cathédrale. Comme eux, nous serons... - fiers... - volllante.•. - unis... - Joyeux. Nous r ebêtlroos chez. nous la France.•, - chrétienne... - Ce sera dur... - ce 11era long... - MaJs vous sere~ avec noue..• Notre-Dame de France... Nous avons confiance en vous..• Quelques instants de silence et puis, un chant monte, ardent ,de tous lu ca:urs : « 0 Vierge de lumière, ~toile de n~ cœun, entende notre Prl~re, dans le calm e du Jour qui meurt... Maintenant, Jeo prçoru 1'en vont. Une ombre demeura cepen- dont a2onouilléc devant le reposoir. Quelques instants encore Jean-Fran– çois prolonge 02 prière à la douce Maman des Cœ~ Vaillants. Sans qu'il sache trop pourquoi une sorte d'in.. quiétude ! 'oppressa ce soir : Raoul et Piarre ne sont pas rcvonua à l'équipe, Dtdé n':i pas donné siifn.c do vie depuis l'incident de l'autre jour. Que ailfnilic ce myattrieux oilcnce 1 (A 1uivre.) Jean BERNARD.

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