Cœurs Vaillants 1941

L e train eotreit lentement en g"orc. Lo puis· eante locomotive élcctriq'Ue, par– foitcmcnt oilen· cicusc, ~l_issait douce· ment sur les rails corn· me un cygne aur ua ennui tranquille cl finis· sait par s'ort'êtcr 6ane heurt, juste li l'entrée LE DRAlllE DU CODIPARTllllEnT 5 - Oui, Monsieur, voici ma vaJiGe voyez la morque de Io douane. De plu9, j'ai été fouil1é mi· nuticu::JCmenf ... Avez vous d'autres bogoge5 ? -L-:==========================================-~ - Non, monsieur. Je n'ai :ibso1ument que cette valise, que vou9 pouvez ouvrir du tunnel qui succède ù Io gare en - Tiens, petit, je veux te faire llD tranchée de Robnt·Ville. Son imposante cadeau. C'est un kodok. Prends.le, je te sérénité faisait contraste nvcc le brou· Io donne : il marche à merveille et tu bobo de la foulo qui s'artit:iit sur le pourras foire de mo{lnifiques photo' avec quoi : voyo~eurs qui. arrh·nicnt de Ca- tes camorndce. soblonca chargés de fHH'1'UCtG, outres Jacques savait que l'on ne doit pas oc.. voyageurs fie pressant pour monter à ccpter les dons des pcrlionocs que l'on leur tour don!1 l'express, familles qui ne connait pas. échangeaient d'ultimc9 adieux, de GU· prêmes rccommondotiona•.• N'é~arc pas ton passeport, mon Jacquot, et si tu OB besoin de quoi que cc soit, adresse-toi sons crainto au con· trôleur, je vois t e recommander ù lui... - N 'nio pos peur, maman, ce n'est pa:s la première fois que je fois le voyage tout seul, j'en ai l'habitude 1 Jocquco Lefort, en effet, suivait de.. pui!I deux an!I les cours du collège des Frères à Tan~cr. A chaque fin de va .. cancc3 1 ues pa rents le mctroicnt dans Je train à Robot, trnchont qu':l Tanj?cr l'un des rcli~icu""C de l 1 élahlisscm1?nt ~ccait à la gare. pour l'accnc i11ir. Quel dan:!ct", d'oillrurs. peut courir en chemin de fer un grand ~nrc;on de douze ons qui n'a poc; (1 chanter de voiture durant tout le oarC'oure P Quant 011 possaf.e de la fron· t ièrc a 1a limite de lo zone espagnole, c'c5t une formalité peu compliquée pour c:eu"t qui, comme Jacques, ont tous Jcuro papiers en rèi:?lc et rien ù se rcp-rocbcr. Mais déiii le hnut-porlcur installé sur le quai de la gnro unsilloit Io phrase c9utur.iière : - Messieurs lee voyageurs pour Io direction de Port·Lyoutey, Petitjean, TnnlJcr, en voiture 1 Et peu oprèo !c t rain n'ébranlait tiOD!I bruit, pour dioporoitrc oua~itôt dooc lo toancl. D DanG Je compartiment où il o'étoit casé, Jocqueo eut d'abord 10 compagaie d'un aviateur, d'un gros colon du Rharb, d' un notable indigène et d'une mère de famille avec ses deux jeunco enfanta ; C::ioio tous cea voyo~curs · dcsccodircot pen à ocu en cours de route, si bier1 qu'après Io station de Sou!<-E l-Acbo-du- · Rharb notre ami ac trouva seul daoo son compartiment. Lo t.roin roul::iit à bonne vitesse ou rntlie11 d'un hlcd immense couvert do cérbleo jnunissonteo ; on était ù Io 6n dc!I voeoaccs de Pûqueo et Ja moisson, ou Maroc, débute ou moio de moi. Jocque!J, lé6èrcmcnt rêveur, contcm· plait avec indifférence ce paysage trop connu, quand la porte à glissière de son compartiment fut tirée brusquement par un indi,•idu oui la referma derrière lui cvce précipitation. L'homme tenait ù la main nne lourde valioe qu'il jeta datis te filet ; puis il s'assit en face de Jocquea. 11 était vétu d'un complet bri~e à cor· reoux et portait une large cravate aux couleurs criordc.!I ; son visage étnit pôle, mois des gouttes de sueur perlaient ù son front. Il tira de son vesfon une PO• chettc en soie jaune et e'épon~ca les tcmpee on instant. Pois, sur un ton rade et ovce 011 fort accent étran;:,cr, il adressa 1o parole ao jeune aarçon : - Dis-moi, petit, jusqu'où vas..tu P - J usqu'à Tanger, répondit Jacques noMment. L'inconnu ricana en oe frot.tont len mains : Bien l très bien 1 Il BC levn. descendit SCl VOJi8C 1 J'OU• vrit, en Gortit l'étui d'un appareil pho· toirophique, referma Io valise et la re· plaço dono le filet. Ensuite, oc tournant vçrs Jacquets : · - Merci, monsieur, je a'co ai pos besoin. L'inconnu insista vivement. Il soit très contr:irié de cc refus. parois· - Non, je vous dis que je ne le veux pas, reprit J acques d'une vobc plus ferme en posant ô. côté. de lui l'appareil quo son interlocuteur lui O\'OÎt mis de force entre les moins. Le visa~c de tout ù cuu[>. Ses - ...sinoo, bien P moins comme Terrifié, Jacques sa1s1t l'opporeil d'une rnoin tremblante et se blottit silencieuse· mcnr. dnns son coin, sons parvenir à ~orr.prendre la significntion de cette scène bizarre ni la raison de ces ·menaces de mort. Peut-être avait-il nffDire tout simpJe.. ment à un fou ? Quelques minutes p)us tard, le tr-ain arrivait en gore d' Alcozarquivir, station frontière. Les douaniers passnicnt dans les wa· sons. Ils iospcctèreut longuement Io valise du voisi n de Jacques et fouillèrent ees poches, tuut en s'excusant : - C ontrôle des changes, vous savez. Nous sommes obligés d'accomplir 5tric· tcmcnt notre service, cor il r.c fait de– puis Ja guerre, sur cette ligne, un trafic scandaleux d'exportation de capitaux... · - Eh bien, mc1;SÎ(!urs, faites votre de· voir, r~pondit le voyoge9r en se prêtant de bonne J.!rûce à la fouille. Le gouvcr· ncmcnt a raison de réprimer durement cette contrcbondc ; et .je troûve· même 'que les sanctions ne sont pns assez sévère~ ... - Oh 1 Dour ça, vous \'OUS trompez, répliqua l'un des douaniers. Sévèr 0 cs, UN JRJ8:VJB: QUJ[ JPJ[NJE1C MA\.J~ elles le sont assez, les sanctions, croyez• moi : plusieura années de prison, des amendes s' élevant à dix fois le montant de la fraude, cc n'est déjà. pas mol.. Seulement, ln difficulté, c'est de pincer 1es contrebandien : vous ne soupçonnez pas comme ils sont malins, ces gaillards· là... La vjsite des bagages de Jacques fut plus rapide. Cependant, les douaniers avisèrent l'appareil photographique que Jacques avait mis en bandoulière : - Il est à vous, cet appareil, jeune homme P Un regard terrible du mystérieux in· dividu foudroya le pauvre Jacques. - Oui, craintive. - Est-il balbutia neuf ? l'enfant d'une voix L'homme à l'accent étranger s'cmpres. sa de rêponJre à ln · place de l'inter· pell6 : - Non... non, messieurs, rassurcz·voas. Lo petit me l'a montré tout à l'heure p 0 cndant le voyage ; c'est son papa qui lui en a fait cadeau pour sa première c9rnmunion ; il s'en est déjà servi plu– sieurs fois, et il y a même un roule:m de pcllicuJc entamé à )'intérieur : car jJ a pris G'Uelques photos avant de partir..• Les douaniers, S3ns insister, saluèrent et se retirèrent. Mois Jacques remorqua qoe le front de eon compagnon de voyage était de nou– veau couvert de sueur. • L:i porte du compartiment se rouvrit peu après. Cette fois, il s'agissait du visa dee passeports. de nouveau, si vouo y tenez... Hn mf mc temps, Murcieno jetait à Jacquco un nouveau regurd oigmficatif, empreint d'une froide cruauté. Mais notre omi commençait à corn· prendre. Couragouserilent, Goutenaat le regard chorgé de haine de Murciono, il déclore en s'adressant à l 1 inspecteur : - Non, ce n'est pas v rai, cc mon.. 'ieur possède encore quelque chose... - Tois-toi, petit menteur I hurla Mur· ciano en se précipitant sur Jacques, Io main levée. Mais il fut arrêté par la poigne solide du policier qui, en même temps, deman– dait au jeune garçon : - Quoi donc P - Cet appareil, monsieur•.• lui, et noo à moi••• • li eot il L"épioode oc termina dans le bareou du commissaire spécial. Le kodnk était truqu6 : à l'intérieur de ce qui semblait être le rouleau de pellicule se trouvait un cylindre d'alu· minium contenant cinquante louis d'or. En présence de ces pièces à convie.. tîon, Murciano dut entrer dans Jo voie des avcu11:; : il avait mis ou point, aveo plusieurs complices, une "este organisa• tion d'exportation de métaux précieux dont l'affaire du kodak ne constituait que le coup d 1 essai. Ainsi, gr ôce à lo crânerie et à. l'esprit de décision doot il avait fait preuve, en dépit des menaces qui lui avaient étô prodi~uées, Jacques avait permis aux no• writés françaises de mettre la main our toute une bande de dnngereuJ< spécula· teors. A la voe de celui de l'étranger, l'in•• Les pcctcur eoreauto : compliments que lui adressa le - Murcionot Mois vous noas êtes ei· ~nalé ... - Voyons, c'est impossible, s'écria l'homme en blémissont. Il y n erreur... - Vos bagages ont-ils été visités por ln douane ? trancha l'inspecteur d'un ton ~cc. Si les restrictions sur le gaz font parfois craindre à votre maman d'avoir à vous servir un diner cru, il n•cn est pas do m~me pour ce fermier de Ch&· tillon en Hnute-So· voie. Figurez .. vous ~ 0 que ce .mons!eu.r a d ...u . ..-:.. · gaz... JO dirais me• me plus, i1 ea a tel- lement qu'il ne prend ) pas - lo peine, le aoir - - lorsqu'il s'endort, de ~ · fermer le robinet i Io : rnison est peut-être · · que son instnllation bien curieuse ne connait pas cet en~in de sécurité, et ainsi dans cette ferme, jour et nuit, le gaz brûle sans arrêt. V raiment cette histoire est nn pea exastérée et vous pensez qae je vous ra– conte des contes venant tout droit de Io Conebièrc. Vous allez voir qu'il n'en est rien du tout. Un benu jour, le père de ce bien· heureux fermier labourn\t son champ en fumant sa pipe, Jusqu' ici ti ! D d'ex.. traordinoirc, mois n'ouvrez pas .Jes yemc ronds, c'est grûto à cette pipe que l'on découvrit le pot aux roses ... s'il est per– mis de s'exprimer ainsi pour une. nappe de ;!oz qui, depuis lon~tcmps, répandait jusque dons l'hobitnt:on même,. une odeur qui n'a rien à voir avec celle de 1a reine des· Beurs. Donc, le vieuit fermier ayant allumé sn pipe jeta son allumette encore- en• flammée duos le sillon qu'il était en train de creuser. E t, oh t stupeur, une flamme bleue et haute de plusieurs ccn· timètree se mit à coorir tout le long des mottes de terre... Vous jugez. de l'ahurissement de notre bonhomme qui pourtant ne pe·rdit pes son sang-froid, éteignit cet incendie d'un nouveau genre et rentra chez lui. commissaire le dédommagèrent ample· ment de la peur qu'il avait tout d'abord éprouvée, m:iis Io meilleure récompense ce fut, quelques semaines plus tard, In simple phrase qu'npportn an collégien ln lettre de &oa papa : <r Jacques, tu e~ un homme... t>. Robert GERBIER. Et co qu'il y a de l!loo extrnordi· oeire c'est que toute Io famille qui ba· bite cette maison n 'a jamais été incom· modée d•oucune façon par ces émana· tiqns de gnz. Je vous laisse à croire combien cc fermier est ma:otcnant envié par tous ses voisins, lesquels, privés des précieu• ses bouteilles de Butagoz, donneraient cher pour avoir aussi chez emc, leur nappe de gaz particulière. Souhaitons pourtant que cett~ richesse ne reste pas improductive. Plusieurs in· génieurs étudient actuellement le moyen de l'utiliser d'une foçon industrielle, et vous vous doutez des services ~ppré· cinbles que cela rendro duos toute la région, • UN CONCOURS ORIGINAL... Puisqae nous venons de passer ln pé– riode de fièvre des examens, je veux vous parler d'un concours d'admission qui. est pour le moins original : il s'agit du concours qui élimine des goûtcurn d'eau de Io Compot.oie... des eaux, évidemment... vous vous en doutez bien. Voa~ savez toos quo l'eau qui alimente leo grondes villes est soi• gneusement filtrée et même aseptisée n.n moyen de proàuits pharmaceutiques... Eh 1 bien, vous douticz ..vous qu'il y avait dee gens spécialement désignés pour goûter cette e:iu afin justement de nous éviter les potages ou goût de phénol dont pourtant nous ovoos quelque.fois In sur– prise. Là.,, il reconnut que l'odeur qui flot· T--~L~~~z::~~~~~~=L ______ jf~~~-~~--~--~W~~~~~~~~--~ ~d~~~~=~~~ililom~e L..,r-----==--~--:!__,..-_ . qoo celle dégagée par Io terre qu'il ve- Voilà comment se poc;;se cet étrange concours. On place cho(ftle concnrrent devant cinq verres d'eau ; un seul de ces verres contient do l'eau de source; dons tous les outres un produit phor· maceutiquc ou chimique différent a ét6 dilué. nait de labourer. Sans plus atten dre il écarta les lames de parqnet et ayant promené une allumette enfiommée à Io surface du plancher, il put constater que celai-ci flambait à son tour. Ceci se pnssoit pendaat la guerre de 1914-1918 et notre homme oublia tant ooit peu son étonnante découverte jos– qu'eu jour où il vint à monquer de pé .. trole pour alimenter oo lampe. Plus moyen de lire le journal le soir... Ob 1 le problème lut vite résolu, il enlunm dons le sol de BO chambre, une longue eanne creuse, et ainsi chaque aoir il 't)Ut o'écloire·r à l'aide do ce lnmpndoire im· provie6.. Et le goûteur qui o devinô cxat.!tC· ment Io nature du produit contenu dons chaque verre obtient son titre de goût~ur d'eau. On lui confie le soin de veiller de très près au contenu des immenses r éservoirs que nécessite l'alimentation d' une gronde ville. Cinq verres d'eau... pas Io mer à boiro en somme... Du reste le• « got11eurn » "Ont aidés dans Jeut tâche par des trui.. t es... m::iis oui. Ceg poisson~. ptacés danS des aquariums epéciou:t, offrent diverses réaction9 ouivant la composition de t'eon. et ccln, pornît-il, simplifie do beaucoup l e travail... Nous voulocs bien le croire. Le Prince M adiane historique g ira n dl rée i ~--r--------...~~ ....---.....,.,.-___.,..__.-,.________ par HERBE .,; Poul Halle,, prenant plusieurs pa p iers sance, d it-il aux soldats noirs auj veil- iUsumd - une r C1:01tc vient d't!.ctate1· au. Sé1uua1. Les dissidents avmzfiltnt ra,ii<lement et t·1J11t prendre 1•ossessio12. du /01·l fran çais de M etlin.;. Paul flolle, ro111ma11dant civil du fort, denuw.dti u n llommc de ..;onJiauce pour al/(.i' vo1·1cru11 pli sccrel a11 co1H111a11aant Faid1ie1·oe n.o prince Modiano sur sa table, les tendit ou prince laient en sentinelle. Ordre du Cam- Modiane : mondant •. - • Tu sois, expliquo-t- il, que je - • Prends garde à ces chiens de sllis résolu à défendre Médine jusqu'au Toucouleurs, recomma nda l'un des sol– bout. Mois pour écarter El Hadj Oma r dots. Ils sont venus ce soir tout près et le rejeter dons l'est, il fout J'aide de nous >. · di,i dehors. J 0 1 en.oyè des messages Madione fit un ceste d'abandon. aux chefs des postes de Denoudebou - • Lo ilah ill allah, murmü~o"t-il, et de Bokel, les olus proches de nous ; Mohammed reçoul oulloh • ( 1 ) •' roois ils ne po1.1rront aue nous ravitailler Piquant des deux, il di.si >orui· dans un peu en munit ions et n ous aider indi- I' b reçtement en efTl!)êchont les villages om re... · droite saisit son fusil tondis que Io gauche contenait El Bouïdo : Co doit être une sentinelle avancée, pensa-t - il. S'il t ire, je J'abats et je possc... • Presque aussitôt un coup de feu cla– qua dans Jo nuit. Prompt comme 1'(. clair, Modiane épaula , visa au jugé et t ira. Un cri de douleur puis le bruit sourd d 'un cor!)S q u i tombe lui prou– vèrent qu'il avait visé juste. En même temps il lança El Bouïdo dons Io gorge étroite ou delà de .laquelle s'ouvra it une pla ine p lus sûre... De toutes port s l'alerte était donnée, mais nul cheva l ne pouvait gagner El Bouïdo à Io course :oourvu · que ce fut en terrain relativement plot. Modione le sava it.. Qu'il atteigne seulement Jo plaine et il serait sauvé... Dons un nouvel effort, El Bouïdo franchissa it les derniers détours du défilé quand, brusquemen t, des cla– meurs jaillirent ou flanc d 'un mamelon sur le côté gauche et u ne nuée dd covoliers enveloppa le fug itif. - c Il nous a coûté cher, rnurmu– ro-t-il, mois je crois b ien que Io prise est bonne... Allons, vous outres, or– donna-t-i I à ses hommes, prenez- le et conduisez-le ou chef ; c'est lui qu i dé– cidera de son sort... • Modiane a va it scruté le . visage dC' l'inconnu courb6 sur lui et, à Io clarté de la lune, avait reconnu en lui You.. goulle, le chef des Sofas (1 ) d'El Hadj Omar. Je suis p ris et bien gardé,. pensa-t-il... Bah ! je trouvera i bien d m'e n tirer... mais où est El Bouïdo ? ., Madiane aperçut sa· jument en sueur, immobile à quelques mètres, les rênes traînant à terre. Dons Je brotf. haho de Jo lutte, personne ne s'était encore accu:oé d 'elle. Madiane rassem– bla ses forces e t cria à p lP.ine voiK . - c El Bouïda... sauve-toi ! sau~cf toi !... » Lo jument tress~illit, pointa les ore illes, se cobra violemment quand l'un des cava lie rs voulut s'eml)orer de ses rênes et, s'échappa nt ou galop disparut dons la nuit ; Madia ne saurit ironiq uement e n cachette. Un Khossonké de magnifique pres– tance entra dans sen buieou et se tint rigide, ou g arde à vous. Poul Helle le regarde droit dans les yeux et exa mina en silence !'allure à Io fois forte et souple du jeune noir. Satisfait de son examen, il lui fit signe d'approcher. • Ton nom ? , interrogea-t-il. 4 Madia ne :r>, voisins de se joindre à l'a rmée du pro– phète. Le vrai secours ne peut venir que du Gouverneur. Prends donc ces lettres. franchis les lignes ennemies et va jusqu'à Saint- Louis malgré tous 1.,s obstocles. Le .sort de Médine sera entre tes moins... Tu os compris ? ~ En mission d'alerte Lo nuit éta it cla ire... Ralentissant l'a llure d'EJ Bouïda à mesure qu'il s'éloignait de la ville, Modione tra– versa les ravins de Mokho-Fokha-Kho le et de Kommontero. Les champs éta lent déserts e t les huttes que longeait Je cava liers é taient vides de leurs h abi· tants. Tous a va ient fui à l'approche des Toucouleurs. Au sommet d ' u n ma– melon, le prince Madione s'a rrêta un - c Pour le momen t, voilà les dé– pêches à l'a bri... Bien fin qui les dé– " ~couvrira sur moi... a ,· ""\:, Prisonnier d'El ~adj Omor • Tan âge? • a Vingt ans •. ïu conna is b ien Io contrée en– vironnante et les oays aue longe Je Sénégal? " - ·• Oui, · commandant • , déclora avec fermeté le prince Modiane. Poul · Holl"e réfléchit quelques ins– tants - • Oui, commondonl, à fond >. - • Tu connais Saint-Louis sur la. - c Tu diras ou Gouverneur Que ie pourrai tènir peut-être durant... deux mois. .. Après ce délai, ce sera à Jo grâce de Dieu... > insta nt pour bien choisir son ch.emin. / A sa gauche, les eaux du fleuve bril- a1 laient d'un éclot orgo:nté. Vers la '.!' côte? • · - • Oui, commandant, j'y ai vécu plusieurs a nnées, ou coflèqe des Otages et à l'école de Io "Missinn. Je porte toujours Io médaille qu'on <n'\i a don– née • . . . • Je le lui dirai >. - c Va donc, prince Mad'ane. Si tu réussis, le Gouverneur lui-même te récompensera. Quand pa rs-tu ? • droite, ou loin, des feux s'allumant ln~Wt, de·ci de-là, annonçaient que les t rou- ' q/i 1 pes d 'EI Hadj Omar s'installaient pour 1 Fiè rement, Je prince Madione, dégra– f ent son burnous, montra au comman– dant une chaînette pas•ée à son cou. - • Bien, re!)rit Je ~hef fronçais. Es-tu capable de te rendre le p lus rapidement possible à Saint-Louis, près du gouverneur Fa idherbe ? • - < J'essaierai 11. - • C'est un voyage de 250 lieues à foire... • -:-- c J'ai un bon cheval •. - c If faudra traverser les rangs des· Toucouieurs, les soldats d'EI Hadj Omar... Je les traverserai ., 11 faudra risquer ta vie et, s'il Je falla it, mourir plutôt que de livrer les dé!)êches à l'ennemi. Je mourrai s'il le fout • . Bien. Je compte sur toi... Ecou- t e-moi bien... • · - c Ce soir même •. - c Bien •. Le prince Madione salua le comman– dant et sortit. Quelques heures plus tard, alors que Io nuit O!Jprochoit, Je prince Madiane acheva de seller sa jument El Bauïdo , ou c Blanchette >, du nom de sa robe à la couleur éclatante. C'é tait une bête de race, nerveuse et rapide, toute frémissante sous Io main qui caressait son encolure. Le p rince Modione g lissa les papiers rem is par Poul Halle dons l'é!Jpisseur de sa selle de cuir rouge orné d 'argent. Il jeta sur son épaule son fusil à deux coups, i:;.>asso ses ;>istolets et son sobre de damas dans sa ceinture et, bon– d issa nt en selle, il lança .sa monture vers l'une des ::iortes de Io ville. - c Je vais faire une reconnais- la nuit . Je dois pouvoir passer encor" par le défilé qui longe le fleuve, .mur– mura Madiane... Au besoin je m'ou– vriroi un passage... > Il inspecta a vec soin son fusil, véri– fia les p ierres, renouvela la poudre de.; bassinets et, plaçant l'orme en travers de la selle, il dirigea El Bouïda vers l'étroit passa ge qui s'ouvrait ou p ied des collines. La bête allait d'un pas sOr, sile ncieuse, attent ive... Courbé sur sa selle, aux écoutes, Mariane sur– veilla it les moindres bruits... Le choc d'une pierre, tombée du haut d'un rocher, l'immobilisa. Il de– vina dans l'ombre une silhouette se pencha nt vers lui. Une voix appela... Modicnc ne ré pondit pas, mais so m a in (1) « li n'y o de Dieu <iUO Dieu et Mohamcd (Mahomet) es: oon prophète l>. -~~- DontliJSont Cii .<elle. le cai·atier lanra sa·monture <l toute allure•.. Le prince Modione déchargea son fusil sur J'un des assailla n ts, jeta un a utre à terre d'un v iolent coup de c rosse tondis qu'EI Bouïdo se cabrent et ruant désarçonnait un troisième en– nemi. Saisissant ses pistolets Ma.dia ne abattit deux outres Toucouleurs qui le serra ient de près... Il cherchait à dé ga iner son yatagan quand il se sent i tout à coup enveloppé pa r les pans d un b urnous qu'un homme ve nait d• lui jeter sur Io tête. Les bras para lysés •!)Or ce manteau, Madiane fut b rut a lement saisi à bras- le-corps, a r– ra ché de cheval e t renversé à terre ou les soldats d'EI Hadj Omor lui lièrent les bras en retirant Je burnous qui l'étouffait. Un homme ôQé, coiffé d 'un g rond chapeau de p aille, se pencha sur lu i : I E front r~yon· na nt, le visage hâlé, le~ yeux encore pleins de l'a· de ,plantes et de fleurs en les serrant bien sans les abîmer et en faisant atten· tion de ne pas y introduire de ter re, ce qui risquerait de froisser les corolles. ties trop feuillées. Puis, en zu r. e t de la lumière des hauts sommets, Alain revient de quinze jours passés à la recherche de fleurs et de plan!e; rares qu'il rapporte à bra~sées. N'allez surtout pas croire qu'Alain res– semble à ces vieux collectionneurs, mai– gres aux cheveux hirsutes, aux lunettes démodées sur un nez trop long, et qui portent toujours un filet à papillons sur l'épaule. · - Et qu'emportes-tu en~ore pour her– boriser? - Un solide couteau à lame fixe dans le genre de celui des scouts et qui me sert pour déterrer les plantes sans· en détériorer les racines ; un baromètre de poche pour me rendre compte de l'alti– tude à laquelle je trouve telle et tel'.e variété de plantes ; des étiquettes et du fil pour marquer les espèces récoltées et aussi bien souvent mon appareil pho- je place chaque mise de papier Une heure p lus tord, la t roupe des Sofas, encadran t le p risonni'er, s'o rrê – t"ait ou centre du camp, à u ne ving la ine de mètres d 'une gronde tenrc sé– vèrement gardé e. A l'entrée de Io tente, un homme d'assez haute taille à barbe bla nche et à Io prestance im– posante, réfléchissa it... C'éta it El Hadj Omar... Au b ruit, il se redressa et fit signe à Yougoulle d 'approcher : - • Qu'y a-t- il ? > de.ma nda-t- il. Yougoulle s'a va nça, fi t un p rofond sa lut e t répondit : - c Je viens de ca p turer un cava– lie r qui s'échappa it de Médine et ne peut ê tre qu'un messager de Paul Holle. Je te l'ai a mené. > - • Bien. L'os-t u fouillé? • - c Oui. sur lui... :. .. - • Quel nom? > M a is je n 'oi rien trouve est -il ? et quel est son - c J'ai reconnu e n lui le nevPu même du roi de Médine, le prince Mé– dia ne... Pour qu'il soit sorti lui-même il fou t que 'Io m ission soit ci'impor– tance... > lA suivre. ! '1) Les Sofas sont d'anciens esclaves devenus soldats et formaient comme Io garde d'honneur de El Hadj Omar. Non, Alain est un botaniste , moderne, tographique - je possède tout un lot de un gars au regard franc au petit menton photos de fleurs et de paysages où je volontaire, aux cheveux foncés qui s'obs- les ai cueillies, ce qui augmente pour \, ., tinent à friser malgré les coups de pei- moi la valeur de mon herbier. J'emporte Le premier jour je change au moins ~· .. : tt .... gne et les aspersions d'eau. Alain est aussi un carnet où je note avec le nom "\. ~"",..~- • un Cœur Vaillant simple et courageux. des plantes, l'altitude, l'endroit, la date deux fois les chemises Q.Ui sont devenues -l. o 7,1''1l> ~ d __ Quand il part en expédit"on il n'emmène du jour et la nature du terrain où je les humides, je redresse les corolles et les ·q; ~ ec ~..,. -,~ ""L ~ pas tout un matériel encombrant de ai trouvées, ainsi que des remarques feu'.lles. Le deuxième jour, je n'ai be- ~ o , ~ ·,,~ ~ -~ vieux collectionneur. Il s'est fait un équi- personnelles. C'est en somme un petit soin de les changer qu'une fois, le troi· <:,~· ~., • ~ , ~ ,:; ~~ pement moderne bien plus pratique. carnet d'herboriste que je mé suis corn.- ~ième jour de même et ainsi .de suite 7'.;~~~1 ,.. ~. ~ ck. /J'<-<-t. ~ 7'~ ' · d 3usqu'à ce que mes plantes sOJent par- ,\\Mil' 0 ~ ~ t!n. il ~~ · )'Ul.(J Vous voudl"iez bien savoir en quoi posé et qui fait, lui aussi, partie e mon faitement sèches. Toutes peuvent être ';/,(e~ c/_ ~~ / 7eÎ"'c~ , consiste ce fameux équipement? vous rê- herbier. traitées d e cette façoh à part quelque~. :>'c ·~ ;_, ~ -i{ / · le~- vez de belles vacances et vous voudriez _ Mais, quels sont les plus beaux exceptions (joubar bes, orchidées, campa· ' , 0 -v~ 1 pl -~ M,,. · ,· ~'°'l.. faire comme Alain un magn'.fiQue ber· mois pour herboriser? nules, violettes) <:?.Ui réclament une pré o veu: ~~-./~~~ bier? Alors, écoutez bien. ce qu'il va paration , spéciale et minutieuse si or. e ~ ~ . ~ vous dire... - Juillet et août surtout, à la rigueur veut conserver leur fraîche coule~r. 1 . • <:?• ..../ 7'~·~A • ~.:::.- (·v 1 - C'est très simple. J'emporte deux mai et juin, •', .___::.,. ~(Î. •~'-'-<-""«l'o~~'?. ~ li,. ou trois pochettes de toile cirée blan- Alain a fini. Mais ce que'· · _,, 0 ~ç;q.j' ~~· ..;~~ che de la forme des musettes de soldats - Avant de mettre les ·plantes dans vous voudriez bien voir o q ~ ~ _ c'est ma sœur Q.Ui me les a faites ton herbier, quelle préparation leur . fais- mainte~ant, c'est son he~- I : ~~ elles sont très faciles à confectionner tu subir? bier, n est-ce pas ? Il do .t ~- • ~ . - Je co· té c1·re' est à l'extér1"eur·. Au dé- · d être si joli ! Eh bien, ré- 1 / - Voilà... après les a voir sort·.es es · · Al · 1 i\ A 1 part je les humecte de quelques gouttes pochettes de toile cirée je les trie pour iomssez-vous, ain vous e ''°" .:.,, 1.l.ozJI " ! d'eau à l'intérieur, puis je les roule et les choisir les plus belles. Je prends ensuite décrira. la semaine prochaine. ,.._ " '1 i.fi ~-~-;:•·"'~~ gl:sse dans mon sac alpin. C'est dans ces un canif très aiguisé, je sépare en deux -~ ~ .:..-..1~" pochettes que je placerai ma cueillette les tiges trop épaisses, j'éclaircis les par- E.-D. BOURRON. '"'-'U.... -~ . 0 0 r.:\ r::.. r.:-...1":'. V. ~~~~'VJ...,,_, . €.X0-:e~0:0~0:~0'~:0~~~ 0 '0< • :~~~{0:0<0:0c@'J0::e~0~0~0,~~(~ .. ~c~~©{\!J~ , , __ .

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