Cœurs Vaillants 1941

RegardoL donc Bertrand qui va .a battre avec son beau coursier 1 - Tu n'arriveras jomais à Rennes. - Ton cheval crèvera en route 1 - Tu te foras désorc;onner à Io pre- mière charge ... et où trouveros-tu ton équipement et des armes 7 Les rires et les railleries fusent de toutes paris, mois qu'importent les mo– queries, le covolier o résolu d'oller participer aux lout~ois qui se donnent li Rennos, el très digne, il continue son chemin sur so vieille jument offlon– quée et ridicule. Il l~7 }Lo province de Bretogne ost en liesse li l'occasion du mariage de Jeanne d e Penthièvre ovec Charles de Chôtillon, comte de Blois, et les tour– nois qui vont être d isputés à cette occosi.:in mettent en lice J9s plus bril– lants seigneurs qu'une longue hllbitude cios combats a rendus aussi habiles que b rdves. Le pè re d e Be rtra nd est déjà parti e mm e na nt to us ses chevaux, .son éq ui– pement e l ses ormes ; que resle·t-il a u jeune homm9, si ce n'est cette vieille jument... De puis longte mps il o fait le pro– je t d'a ller lutter dans un brillant tournoi, il mo nte en effet admiro– bleme nt. et brule d'envie d'e xercer ses ta le nts. Po urlont son père e st parti seul, irouvont le gorçcn encore trop jeune p our l'accompagner. Mois lorsqu 'un projet est ancré dons Io tête de Ber- DERNIÈRE MINUTE Ir.and il y est bien el il n'en sort pos aussi facilement que calo. C'est pou– quoi, ce matin même, malgré la folie de son entreprise, il a sellé la vieille jume nt et il est parti... il veut a:ior à Rennes et il y arrivero . Maintenon+ qu' il est tout près du but et que la monture, hélas 1 est fourbue, le gorc;on se rend compte de Io folie de son projet ; il ne peut combotfre ovec un tel cheval, et c'est pourtant vrai qu'if n'a ni équipement ni ormes... que faire? Repartir 7... Jamais 1... li est venu pour combattre et il combattra. Puisqu'il est venu por ses propres moyens, il saura b ien trou– ver quelque seigPeur obligeant pour le tirer d'embarras. • Bertrand part donc en compagne et se met à parcourir Io ville pavoisée, fr6missante d'ollégresse qui déverse par ses ruelles tortueuses et pittoresques. une foule bruyante et chamarrée. Elle afflue de tous les coins de la sauvage Bretagne, il y a des paysans hirsutes, d es hommes de guerre. de brillants chevaliers, d e nobles dames et de gra– cieuses campagnardes à Io coiffe okïenne. · tW.:>ut à coup, le visage de Bertr11nd s'illumine. là, parmi tou<te cette foule qui se presse... il n'y .., pos de doute possible, mois oui, c'est bien lui... c'est le se igneur qui est ve ntJ chez ses pa– rents il y o peu de temps... un ami de son père. Bertrand se froye un passage et, sons hé !iter. simple ment, avec so fran– chise habituelle, il aborde le chevalier et lui expose son embarras, C elui-ci semble hésiter, il considère un mo– ment ce solide garçon de IB ons, ollX fortes épaules et... quand ses yeux rencontrent le regard droit et la phy– sionomie loyale du jeune homme, il cède à l'impulsion de son cceur_ Il possède un excellent cheval de bo– ta ille, une armure, d es armes ; que risque-t-il en les p rêtant à ce gorc;on si rompli d'enthousiosme 7 C'est donc entendu et Bertrand, joyeux, s'en va revêtir son équipement. Quelques instants plus tord, on pou– vait voir dans Io grand'rue qui mène ou lie u du tournoi, un mystérieux ca– valier, visière rabattue, à fière pres– tance, mor.tont un coursier superbe . Quand il entre en lice, les joutes vie nnent de commencer. A Io vue du nouveau combattant les trompettes On a trouvé u YSTÉRIEUX MESSAGE )l fout rebâtir la .fi rnna ~'impnrte comment ~ ~on! un mo1lèlq nous a été (tonné il a sept siècles } nous de le fiaire reuture. Une équipe que vous connaissez bien vient de découvrir, quelques heures ORNS la fin de sen Feu de Joie, le mystérleua message dont vous voyez cl-Joint la photographie• Cc mystérieux message reconstitué oprès bien des recherches par les gors de Jean-François contient certai– nement Io clef du rameux Grand Jeu dont nous vous parlions dans notre dt'rnier numéro. Il nous Joncera tous, pendant ces voconces. dans la plus formidable aventure qui soit. En ·calo. ou paire de vaconc s, che z ses parents, à la campagne, parloul, choque Cœur Vaillant aura son rô'.e à jouer el chaque semaine. c'es f dons l'histoire Jeon-Fronçois qu' il en découvrira les possionnonls Pour aujourd'hui, il s'agit de déc:ouvrh le nom de celui qui, il v a sept 11iècle11, bâtit chez nous la Cité modèle que nous voulons faire revivre. Cherchez bien... Les dix lettres de son nom ont été disséminées à travers c:e numéro. Pour que vous puissiez plus facilement les trouver elles sont écrites en caractères de l'époque. Qui de vous ·Uouvera le premier ? sonnent et un cerfei:i remou se foit dans l'ossistonce... Enfin un chevalier se détache du groupe. Quelle vo être l'attitude du nouvel 11rrivé. Celui qui l'offronte est un odversaire redou-toble . Lo foule attend, silencieuse. Les hérauts d'ormes donnent le signâl. le combot est accepté. Les deux cavaliers s'éloncent l'un contre l'outre au grand galop d e leur mon– ture_.. quel choc terrible. Pauvre Ber– trond (car le cavalier mystérieux n'était outre que lui) que vo-1-il deve– nir, lui qui combat pour Io première fois? Quelle folie que cette lutte !... Mois, que se passe-t -il, 111 foule pousse un cri d e joie qui ébronle tout, le p<Htenoire de Be rtrand vient d 'être dé– sorc;onné et roule dans Io poussière tondis que le jeune homme, à peine ébro nié par le terrible ;:hoc, recule ou fond de l'arène, lance ou po ing . p1ét à fonrnr. .%oudoin les occlomotions de la foule font place à un murmure d'admiration, u11 chevalier vient d e surgir, franch is– sant Io barrière, une tunique blanche b rodée d'un aigle noir bondé de rouqe recouvre Io lourde cotte de moilles, les mêmes armes se retrouvent sur le bouclier. Bertrand frémit... Que v11-t-il foire ? Pourquoi ne charge-t-il pas 7 Lo foule attend, tré pignant d 'impo – tience_ Va-t-il s'élancer ? Non... rnl!is qu'attend-il donc? ~h 1 le voilà qui se décide enfin , mois ou lieu du galop de tout à l'heure, c'est ou pas qu'il s'avance. Quelle est donc cette nouvelle tac– tique de combat?... Il est maintenant à dix mètres de son odversoire et devant toute cette foule ho 1 etonte qui 11ttend la prise de. c.:intact, Bertrand baisse so lance en signe de re spect... il refuse le combat. Un oh d'êtonnement et d 'indig na– tion g énérale s'élève. Comment. après un premier combat rondement mené et d'où il est !arti vainqueur, Ber– !rand ose refuser une seconde lutte 1 A que l mobile o-t -il donc obéi 7 Tandis quo le Seigneur surpris de cette conduite qu'il ne peut explique r se retire, un outre combottoot se p ré– sente. Que vo foire cet homme si étrange 7 C ette foi s le signal est donné, le combat est accepté et tler– trand e nc'>r' une- fois est vainqueur et celo ser 1 ainsi jusqu'ou douzième odve~aire. • Lo foule o c6mplètement oublié so déception et au milieu d es occlomll– tions d é lirantes Bertrand est nommé vainqueur du g ra nd tournoi tondis que les moré choux s'élance nt ou mil ieu d e l'arène pour le fé licite r e t le prie r de se faire connaitre_ Au premier pion, le seig neur ovec leQuel Bertrand o refusé de combattre est là, impatient d e connaître enfi n ce covolier extroordinoire, mois ceiui-ci l'Tl'Odestement, veut garde r so n secret . Pourtant, à ce mom&nt, Io foule enthousiaste ne veut pos se contente r d'un héros anonyme, elle veut con – naître ce lui d e celte journée, e t sons t enir compte des protestations véhé – mentes du je une homme un hé r.!!ul vie nt de lui enleve r la visière d e s;in casque. Alors, oh, stupeur, Io foule est mainte nant ob,olument d élirante, ce covalie r mysté rie ux, celui d eva nt qui aucun d e s parte na ires n'o pu résist er, c'est un très jeune homme , p resq ue un enfànt. Dons sa lourde cotte d e moilles, recouve rte par Io tunique blanche sur laquelle se détac he l'aigle noir bondé d e rouge , le seigne ur. égo!e me nt. ~ tressailli, ce gorc;on qui, tout à l'heure , o refusé de le combattre, c 'est Be rtrand Duguesclin, son propre fils Bertrand_ PETITS GARS et GRANDS CHEFS de chez nous Ardents à rebâtir la France par les efforts cachés de leur vie de tous les jours, les Cœurs Vaillaats savent aussi, à l'occasion, mont rer à nos grands chefs qu'ils sonr dignes de leurs aînés et que le Pays a raison de compter sur eux. • A Pau, à Marseille, à Limoges, partout où il est passé Ce3 d er – nières semaines, le Maréchal a été accueilli par le fier sourire de petits gars au béret brun qui, imp:'!cca– bles dans leur crâne allure, lon salué d'un a UNIS » retentissant qui traduisait leur volonté de s'unir au magnifigue travail entrepris Ear notre grand Chef pour rebâtir la France. Faut-il répéter qu'à P au un des chefs du Secrétariat de la Jeunesse a avoue a un de nos diri· geants que les publication de u Cœurs Vaillants " étaient les seules qu'il lisait en entier to•Jtes les semaines Î • A Alge r, ce sont des petits Croi– sés qui ont été reçus Jersonnellement par le Géné ral Weygan . a Mes consi– gnes, les voici. a dit le Général à ses jeunes visitems, il faut beaucoup prier pour la France, pour les petits enfants de votre age qui soutirent en terre de France. Jea nne d'Arc disait à ses soldats : Les hem mes d'armes bataille ront, ma:s e' est Dieu qui don– nera la victoire. Cela montre assez l'importance de la _prière avant tout. Mais il y a aussi un proverbe français qui dit: Aide-toi, le ciel t'aidera. Donc, mes enfants, travaillez, s inon le Bon Dieu dirait: Qu'e;t-ce que c'est que ces petits Croisés qui me prient bien et puis. . . qui bâclent en suite leur.s devoirs Î Ce sont des petits blagueurs. Votre tâche à tous, c'est votre devoir d'écolier, accomplissez-le très bien comme chacun doit accomplir son devoir de son mieux, où qu'il soit , et vous nous aiderez à sauver la France. ,, • A Rochetaillée enfin, une magnifi– que journée a réuni au pied de la Ma– done _plus de 700 Cœurs Vaillants de Saint-Etienne, auxquels d'importantes personnalités avaient tenu à faire l'hon– neur de leur présence. Au pied du mât où montaient, Hotcaient nos couleurs, tous ont tenu à leur redire la confiance du Pays. Voici entre autres quelques parcles de: M. ~imme~mann, _délégué de la Jeunesse: a Cœars V aillanis, je vous aime bren et c est pourquoi je vous parle li brement de chose s sérieuses. Autrefois les Français avaient oublié de s'aimer. Vou•, don t la de1Jise es! un symbole et une consigne, ayez toujours conscience de votre place, soyez bons, soyez oaillants et courageux. Le Maréchal e t le Pays comptent sur tJous. ,, M. Georges Potut, préfet de la Loire : a P ensez que cous decien d rez plus tard des hommes forts qui f eront honneur à leur pays. Cœur3 V ail/anis, soyez toujours fidèles à votre devise pour assurer plus tard la grandeur e t l'éternité de la France. ~ • , Cceu_rs Vaillants de partour, pendant ces vacances 1941, ·11ous au rez 1 occasion de vous manifester souvent devant d es chefs, des person– nalités officielles, des pa rents, d es amis, d e s inconnus. C 'est sur votre allure, vorre cran, votre te nue qu'ils ju~eront votre Mouvement, votre idéal. la tâche que vous voule z accomplir. Fiers de votre insigne, fiers de verre Foi, lien de voire Mouve. ment, il faut que, partout, vous leur fassiez honneur. li faut qu"à la seule vue de votre cran, de votre allure, de votre sourire, on sente revivre en soi la confiance en la France' nouvelle, la France q ui. demai!' , sera votre œuvre à tous et qui, aujourd'hui d éjà, revit dans votre ieunesse. Certes le seigneur sovait b ion que le molh1:>ure ux précepte ur de son fi ls n'avait jamais pu lui op prendre à lire, et que les luttes qu'il a vait avec tous les e nfants du voisinage d ésolaient sa mè re, mois ce qu 'il ne savait pos c 'était qu'il é tait un cavalier remo rquoble n'ignorant rie n du ma niement d es armes. • Bert ro nd o reçu les félicitations d 'usage. Mainte nant c'est son père qlli s'avance, le cceur rempli d e fi erté et, dons un g este que rien ne laissait p révoir, il porte son fils e n triomphe . Sur tout le parcours d u cortè-ge, ce ne so nt qu'occlamations cé lébran t le cou– rage et Io vole ur de Bertrand Du Gue sclin, vainque ur à 18 ans du plus grand tournoi de la province, Mointe nant, la ré putation de Be r– trand est établie et il n'est pas une passe d 'armes où il ne fig ure, pas un to urnoi o ù il n't'st vainq ueur. Mo is l'ôme guerrière d e Bertrand d evait l'appele r bientôt à des luttes plus nobles enco re ; les provinces étoie nt divisées, il e ntreprend d e les LE MouvEMENT Cœ.uRs VAJLLA.ns. unifier et livre une lutte sans merci 0 l'envohis~eur. Et quand il mo urra, en vra i soldat et en vrai chevolier, sur le champ d e bataille, ses d ernières paroles seront le reflet de so loyaut è et d e s~ g ran– de~r d'ôme. Tondis q ue ses sold ats rassemblés out our d e lui, le cœ ur brisé à Io pen– sée d e p erd re ce chef qu'ils craig nent certes, mais qu'ils a iment vraiment, il le ur dira simpl.:iment : - En q uelq ue pays q ue vous fo5- siez la g uerre, n'oubliez jama is q ue les ge ns d'église, les femmes et les enf ants ne sont pos vos en nemis. M. C h. de Le Gra~dvillo. IMPOSSIBLE DE PRENDRE PART A NOTRE GRAND 11 tu ne t•e s pas assur6, avant clo pa rtir , qua fon Journal t'arriverait r6gullèromont chaque somalno JEU DE UACQRCES Pour cela souscris de suite un abonne m e nt spt!clal d e vacances qui, pou r 12 frw seulement te permettre de recevoir ton journal à ton odresse personnelle du 13 Juillet au 28 Septembre. Il y o environ un siècle, s'éleva it sur tes côtes de Corse, un pha re placé 6 l'en trée d 'un possoge très da ngereux afin que le fanol brillant qu'on y te– nait ollumé toute Io nuit puisse g uider le~ nav ires do ns leur ma rche et les éloigner des brisa nts. Dons ce phare vivaient un gordien, - veuf depuis de longues années, et so n unique entant, un qorçon de dix ~ms, le petit Pa olo. Comme il le taisait choque ~emoin.e, Lucca , le g ordien, était parti o moree b a sse pour a ller se ra vita iller# - Je seroi de retour avant Io nuit, petit, avait -il drt à Paolo. Mes lampes sont prêtes, mais je remonterai quand même a vec Jo prochoine marée. Il fa udra fa ire bonne veille cette nuit, Io • Belle Estelle • doit rentrer des 1ndes, et sa carga ison est précieuse. Hélas ! Lucca ne ,se douta it pos que là-bos, dans l'ombre, des individus o u regard sombre, à l' a llure louche, cvoient décidé d'empêcher, ce soir, Je phare d 'accomplir sa m ission. Privé d e ce guide, le p réc ieux n avire s'échoue– ra it sur Io côte, et alors... • Cela se passa si vite que le vieux gardien eut à peine le temps de jeter un cri. Alors qu'il descendait le petit ra i– dillon qui mène à Io mer, Lucca t u t attaqué, ligoté, emmené dons une cahute obondonnée derrière )es rochers. - Veille bien sur Jui, d it celui qui devait être le chef de Io bande, à l'un dP. se s hommes . Nous, nous a llons à Io côte. Et dons un ricanement sinistre l'homme s'en a lla retrouver ses com – pognons de crime. • Lo ma rée montoit toujours. Depuis longtemps déjà Poolo scruto it la mer so ns pourta nt apercevoir Io frêle em– ba rca t ion qu'iJ con naissa it bien. Main – tenant Io nuit arrivait ; bientôt on n'y verra it plus rien... - Que peut faire père? Et voilà le temps qui se gâ te... l'orage est tout proche. Inquiet , une sourde a ngoisse au cœur, Poolo ne sovoit plus que pen– ser.,. Que foire? IJ était ma intena nt prison nier du phare, de ce phare qui ne pourrait éclairer Io mer, ce :loir, pu isqu e son g o rd ien ne rent ra it pas. Les gros nuoges qui s'étaient amon– celés do ns Io journée se mirent sou– da in à c reve r, puis le vent en furie se leva, dressa nt les vagues à .l'assaut du phare. - Père a dû être pris dons .la tem– pête... mois il est bon ma rin... Puis souda in la ph rase du gordien revient à Io mémoire du gorçon : c Lo c Belle Estelle • rentre cette nuit et so car– gaison est précieuse... » . Si elle a lla it s'échouer sur les récifs de Io cête... Il fout, il fout a bsolument ollume r te phore... Sans hésiter l'enfant o troîné Io lou rde échelle !)Our a tteindre Jo grosse lanterne, mais hélas ! tous ses efforts res tent vains. Lo mer meugle de p lus en plus... Tout à coup un éclair traverse l'es– pace, illuminant cour une seconde les terribles récifs dé Io côte. Paolo fris– sonne, cor ce qu'il vi~nt d 'apercevoir le glace d'horreur. Là, immobiles, sur Je haut de Io fa- toise, une d izoine de silhouet tes noires se détachent... des naufrageurs sons aucun doute... Paolo a compris ; son père o dû être attaqué par les band its. Dieu seul sait s'il reviendra jamais re– prendre so place ou pha re... Il faut a llumer le pha re... IJ tout allumer Je phare... Cette phra se tourne et retourne dons la tê te de l'enfant... Comme nt fa ire? Tout à coup, d'un bond, Paolo court jusqu'à Io cheminée, e t, tenant d ' une ma in un tison enflammé, il ouvre la lourde porte de verre entourée de bronze ... Un c ri de triomphe coupe le silence. Ha ute et claire la f lamme vient de s'élever... les noutrogeurs peuvent veil– ler, les navires leur échopperont... Mois hélas · ! brusquement, un coup de vent pénètre en tourbillon cons la lonterne, la flamme vacille ,puis, brus– que ment, s'éteint. PooIo o un mo– ment de désespoir, mois heureuse– ment il se ressa isit. Une fois encore il va essayer d 'atteindre la mèche, un~ fois encore il va recommencer le pé– nible effort. Le t ison lui brûle Jo main, la violente poussée du vent a ug m ent e , et tout à coup elle robot sur son bros la porte de la lanterne. • Se c ra mponnant à l'échelle de sa ma in valide, Paolo se dégage et retire sa moin meurtrie... Hélas ! Ja porte de Io lanterne s 'est coincée en se refer– mont, il est impossible de Io rouvrir. Refoulant ses larmes, Paolo descend à nouveau dons la p ièce qui sert à la fois de cuisine et de cha mbre. Après a voir rafraichi ses pauvres doigts écra – sés sous la violence du choc, i 1 vient s'asseoir tristement ouorès de Io che– minée où pét ille Je bois résineux. Alors, en écoutant chanter le feu, Paolo eut une idée. Tandis qu'au sommet des ro~hers, les noufrogeurs guetta ient leur proie e n se félicita nt de Ja b ienhe ureuse tempête qui favorisait leurs a ffre ux p roje ts, et que là -bas, b ien lo in ou la rge, Io frégote • Lo Belle Estelle > s'ovonçoit len tement dnns Io brume, c herchan t son chem in parmi le mou– tonnement des vogues e t le :1urlement du vent, le brave r.>etit se re mit à peiner dons Io tempête pour souver le vaisseau en perdition. Su r la plote-forme de cime,nt, de– vant le phare, il opporto des brossées de bois, et les omosso en bûcher. Plus d 'une fois il tomba, a veuglé nor les vagues dont l'écume otleignoit le pred du pha re, recouvrant parfois toute Ja p lote-forme. Lorsqu'i l eut entassé tout le bois q u'il a va it t rouvé, Paolo s' arrê ta épui– sé, mois à Io lueur d 'un éclair z igza– gant ou-dessus du goufre écumont, il a perçut Jo vo:li.;re d 'un n avire à Io crête des lames, et son couroge se ra– n ima . Dons Io cabane où il étoit enfermé. Lucas a va it vu Io nu it s'obsc.urcir et l'ourogon foire rage, et songeont oux' vaisseaux qui risqueraient }'e ngloutis– sement ou deviendroient Io proie des brigands, le malheureux se rongeoit d'angoisse et d'impatience. - Sûr qu'il ouro pensé à o llumer le phare, mon Paolo, mois il n'auro pas pu, le pauvre petit ga rs ! Et comme il doit être inquiet. Soudain le pauvre homme n'en put croire ses yeux... Uno lueur vena it de briller, et pos de doute, c'étort bien du !)hore . qu'elle venait ... Rouge, elle grandit dons les ténèbres, incendia nt Io mer... elle illumina les brisants... Là-bos, sur la plate-forme du phore . Paolo éta it couché auprès de ce bro- sier qu'il venait d 'allumer après com– b ien d 'inf.ructueux efforts... Sa ma in le faisait cruellement souffrir, et il avait si souvent trébuché en trainant les fo– gots qu'il s'était écorché ou V•Sage . Enfin il était tranquille à présent, le feu fl a mbait et les pilleurs d'épaves en serment pour leurs fra is. Mo intenont il pouvoit d istinguer la ... Belle Es tc :le • qui s'engagea it d a ns Io passe ; elle suivrait sans da nge r son chemin et gagnera it son port, ignorant à jorno.s quel danger elle ovo it couru. Les naufrageurs aussi a vaient vu le feu sa uveur e t, fous de roge, ils ovo.ent dû Quit ter Io place où ils n'a– va ient plus rien à faire. Au matin, le gordien, délivré par des pêcheurs q u i a va ie nt e ntendu ses a p– pels, leur conta ce qui s'éta it po5'é et se hàto de regagner le phore. 11 y trouva Pao lo e ndorm i e t t ra nsi ouprès des cend res du brasier. 11 l'é– veilIo doucement et l'enfant a lors ro– conto simplement ce qu'il avo it fait . Trop ému pour parler, Je popo plon– gea dans les yeux de son fils, un re– gard remp:i de fierté. Et ce regord fut Io p lus belle récompense de ce petit gars de 10 a ns q ui, p a r sa va illa nce et so présence d'esprit ovoit réussi envers et contre tout à taire joillir, ou milieu de Io t em!'ête, Io flomme qui sa uve t a nt de ma rins. Henriette HERVE. LA GRA~N])_E JOURNÉE Il y o plus de cinq minutes que Jeon-~ron­ çois attend en vain. Poul et Marcel n'arrivent pos. N'y tenant p lus, le chef d'équipe s'engage résolument dans Io rue qui mène chez Pierre. Voici so moison là-bas à 50 mètres. Attention, il s'agit d'être prudent. Rosant les murs, Jeon– François a rrive à s'approcher assez près pour entendre distinctement les bruits de voix qui s'échoppent à trovers )es carreaux. On diroit, mais oui, c 'est ce/c, fa g rosse voix de Paul e t celle de Marcel alterna nt, discutent avec ani– mation. Une outre voix a iguë leur répond , ce doit être celle de Pierre. Tout à coup, une porte cloque violemment et Jean-Fra nçois n'o que Je temps de se re;eter en a rrière. Deux ombres possent devant lui eM courant... Ouf ! ce ne sont que Poul et Marcel, mois si rouges, si a g ités qu'ils n 'ont même pas vu Jeur chef d 'équipe. En quelques enjambées celui-ci les re– io int, et tout en p re nant le c hemin du retour, les gorçons rendent compte ovec force gestes, de leur difficile m ission. - <t Ah, mon vieux, t u parles d' une a ffaire ! o - D'abord y avait personne chez lui. Il a fallu attendre qu'il rentre de commissions ! - Voulait rien savoir pour venir ! - l 'avait bien trop peur de Dédé, qu'il disait . - Quand il o su q u e Raoul vien· droit probablement, ça a été mieux ! - Mais alors c'est sa mama n qu'il a fallu aller voir a u jardin. - Elle a dit qu'il n' y avait rien à faire, que Pierre avait été insupportoble toute Io semaine, q ue c'était pa s le mom en t de le récompenser. - A lors on a insist é. On a pro.. mis qu'il fera it des efforts... - Mais ça n'a pas é té tout seul. On est rentré chez: luL - Il a fallu le conva incre qu'il fallait essayct d'ê tre chic rour ve nir. - Il o promis vogue- ment# Mais est-cc q u' il sera a sse: accroché pour tenir ? n Jea n - François a écouté en si– lence cc long discours. Et lorsqu'enfin ses deux équipiers se toisent , à bout de souffle, il les rega rde droit dons les yeux. - u Vous êtes chargés de conq uérir Pierre. l e. feu peut lui foire du b ien, faut qu'il y vienne... Vous sovex cc qu'il vous reste à faire. " Poul et Marcel ont incliné Io tête sons ré!)ondre, ma is dans leurs yeux Jean-François a lu qu'il pouvait compter sur eux-. Et le cœur plein de courage, tout le monde s'est mis cfe plus belle à Io pré– paration du fou de joie. Voici le grand jou r. Depuis plusieurs min utes les enfants s'affairent sur Jo place où, un à un, les invités commencent à a rriver. Derrière une t oile verte qu'on o tendue entre deux g.-os arbres, a cteurs et chanteurs s'agitent .fébrile– ment. Habillé l'un des premiers, Roger promène partout des cornes rouges impressionnantes et n 'en finit plus de grimacer près de cc pauvre Robert que sa tenue d'archange n 'arrive .PO~ à rassurer devant les contorsions de son bouillant odversoire. En retenant à grond'peine un fou rire, Jean-François entile Io gronde t unique b lanche qui sera son unique costume. C 'est fu i qui représentera le Christ tout à l'heure, et pour ce rôle magnifique, ce ne sont p as des costumes ex troord:noires qu'il fout... Jean-Fran– çois soit, Jui, comment il a !1ré:>aré son cœur, et dons ses yeux brille une lumière qui n'est pos celle des flammes allumées petit à petit aux quatre coins do la place... 9 heures son– nent ou clocher d u villoge. Lentement le ciel s'obscurcit et dons Io demi-pénombre du soir danses et chants se succèdent tondis que les Cœurs Vaillants en uniforme impeccable gui– dent vers leurs p laces Jes derniers orrivonts. Attisés par Jes diables qui soufflent comme des forcenés, les f lammes jaillies de Io haine se sont élevées avec furie dévore nt en un instant les fragiles constructions de papier et de bran– chages. A lors, dev a nt les hommes qui se bat– tent, Jeon- Fro nçois s'a vance. Ce feu qu'il fout allumer sur Io terre, cc feu que les Cœurs Voillonts, à Jo su ite des apôtres t?t des saints, veulent propa ger partout, c'est le feu d'amour et de charité , la flamme Qui rendra ou monde meurtri por Io guerre, la poix et le bonheur. Vibront·e, la voix de Jean-François s'élève dons le soir. a J e !iuis vcn" apporter le feu sur la terre, et qua puis-je Jéslrer sinon qu' il s'a llume ? n... Les fiommes d u feu met - tent une lueur irréelle sur Io physionomie soudain transformée du chef d 'équipe. Dons Io foule, l'émotion est intense et tondis que très doucement s'élève le cha nt des Ames Voillontes Il fa llait paur grou– per les cœurs u n foyer qui rassemble autour de sa douce chaleur ceux qui vivent e n– semble... Jcon-Fra r1çois fixe intenséme nt Raoul qui est assis ou premier ra ng entre son popo et so maman... Le pa;io, les yeux mi– clos, o laissé 'pénétrer d a ns son cœur le mcs– soge du Christ. Raoul, lui, garde une physio– nomie fermée. A-t -il compris ? <A suivre. 1 Jean BERNARD.

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