Cœurs Vaillants 1941

Un p:is, derrière moi, vient de trou– bler le silence. Lentement, pesamment, un homme monte vers le sanctuaire cc la Madone et, dans le soir qui tombe, sa silhouette se découpe bizar– re ment sur le ciel. Tout à coup, un cri de stupéfaction m'échappe. Cet homme qui monte là, ce t homme, c'est Zéphyrin, notre ami ?. ·,phyrin, parti en croisière l'an der– .,;er et dont jamais, ni mes compa– gnons ni moi, n'avions roçu de nou– ve lles. Les deux mains tendues, je m'avan– ce vers lui en criant bien haut ma surprise. Mois Zéphyrin a un air mys• térieux e t solennel qui décourage tou– tes les questions : q Pas ce soir, mon bon, pas ce soir... j'ai une dette à payer d' bord... il faut que je porte à la Sc ; ne Mère cc cierge et cette chéchia d'argent... après, après seule– me nt, je vous raconterai mes aven · !ures... 11 était inutile d'insister. Je me résignai donc à attendre et, le · len– demain, devant tous nos omis rasscm– bl6s, Zéphyrin commençait le récit de ses incroyables a ve ntures : - Comme vous save z, p uisque vous m'a ccompa gnâtes au port, il y a douze mo is, je me suis donc e mboréjué sur Io • Marie-Marthe >, cop itoine Olive Ca mpistro, pour aller vend re, comme choque deux années, une carga ison ou Gab on. Tout allo bien jusque par le Sud du Ca meroun, nous cabotions gentiment le long des côtes, l'équipage é tait gai, oierte, discipliné. J'ovnis emmené en plus des quinze hommes d'Olive mon pe tit groom Cyrille Poussi.. qui allait sur ses dix-huit ans, gai comme un pinson et que nous nommions c Pous– sinet ~ . Or, un mat in de grisaille, jour de fête de Io Bonne Mère, Je B septem– bre , il nous prit de regarder por le hu– blot de bobord, les vogues qui sont d'habitude frisées d 'écume par la vi– tesse de l'étrave. - Dis donc Poussirie t, regordE, on dirait que ça n 'avance guè ·e ce ma– tin! - Et cependant, patron, il y a de la brise ! Je vois voir le capitaine. - C'est ça, montons sur le pont tous Jes deux, on va p rendre un brin d'air a vant le groin qui se prép are... A peine sur le pont, nous fûmes fra ppés de Io te inte du cie l qui deve– na it gris rougeâtre . Les voiles toutes dehors, gonflées ô b loc, faisa ient cris– ser Io mêture et les vergues ; nol.!s devions filer nos quinze nœ uds. Ce – penda nt, ou bord du bastingage, le co– p1 to 1ne Olive se i:>enchait, un pli .sou– cieux ou fro nt. 1.w lt menJ, l homme monte tiet'B le sanctuaire... - Foi de Compistro jamais je n'a i vu chose pare ille, nous avons un alizé terrible, toutes les voiles sont ballon– nées à en crever et nous n'avançons: pas !... Je risquai un timide ovis : - Pas d'ava ries ou moins ? Pas de voie d'eau? Je reçus à bout portant un cou·p d'oeil flamboyant. C'est vu e t cuit, bagasse ! me la nça Olive. Po> une goutte de mer dons les cales ! et rien contre la co– que e t nous sommes d'un lourd !... Un matelot s'approcha : - Copitoine, nous sommes 'stoppés · e t l'homme de barre ne p eut plus manœ uvrer, Je g ouvernail est coincé Compistro devint rouge comme un . homard cuit : - Mille barcasses, rugit-il, jetez le loch et appelez-moi Loturnin. La turnin c'é ta it notre quartier- maî– tre, notre second, un vieux bvurlin– gucur qui ne s'épotoit pas pour peu. - Co~itoine, nous sommes stoppés par des lia nes, p or des algues ou par une é pave e t ses a ussières... - Jette le loch tout de même, ré– pé ta Olive. Dix hommes é taient rasse mblés sur la dunette d'a rrière, regardant pite u– se ment 1 a ffolés, ahuris, la bar(c im- 1·nobilisée. La turnin jet a le loch, le flotteur fit ploc ! le filin fit clic ! clic ! sur Io coque , mais le flotte ur ne bougea it pa s. mais comme il montait sur Io dune tte, Loturnin blême et stupé fié hurla dans le vent qui froichissait : - Le loch s'enfonce ! le loch sous Io cale, tirez sur le filin ! Les hommes tirèrent un grand coup. Patatras ! le filin cassa et toute l'é– quipe dégringola sur le pont en voci– fé rant. Poussine t avait bondi 0 l'arrière : - Capitaine ! crio-t-il; c'est un re– quin qui a avalé le loch, j'oi vu so'1 dos gris. · Il n'y . avait plus <le flotteur ! Le gouvernail était entortillé de · filin et Io • Marie-Morthe • n'avançait tou– jours pas. Campistro eut crainte pour Jo mâ– ture soufflée à fond mois lnertc ; les mâts croquaient. - Cargue z ·toutes, commondo-t- il sauf celle d'artimon, et sondez ! Lo sonde descendit à bâbord. - Cinq brosses ·annonça Loturnin. Il passa sur l'avant : - Dix brasses à l'avant ! Ça va ! :-- Passe sur tribord, ordonna Com- pistro. Stupeur et horreur ! Laturnin sentit le filin de Io sonde aspiré, tiré' à toute vitesse . par u ne force irrésistible ; il lui coupait les .. moins et le quortier– moitre épouvanté lâcha la sonde. --=- ·Encore le requin, annonça Pous· sinet, il diQè re l'acier, ce coquin -là... - C'est de Io sorcelle rie ! ·- On n'a jamais vu ça ! Lo tornade avançait sur l'horizon, le trois mâ ts commençait è tanguer sous Io houle malgré que les voilures fussent carg uées. Lo situation devl'!– ncn t périlleuse, Compistro était de plus e n plus rouge, exa spéré, furi– bond... Deux hommes remontaient, il les arrê ta : - Rien d'anormal en bas? - Non, capitaine, pas une buée, pos une goutte d'eau, mois on entend des fl ics <JI d es flocs sourds comme si on frapp ait sur Io coque <Wec des auss ières mouillées. - Bon ! ban ! et bien on va les cou per ces aussières ; qu'on amène les grappins, deux sur choque bord et les cà blcs de tirage au cabesta n. Lo– turnin? - Voilà patro n 1 - Vous allez immerger les grap- pins d eux pcr deu x, ils ploqueront contre Io coque puisque nous sommes à peu près immobilisés. Si ce sont des algues, des lianes ou des câbles d'une épove, nous allons bien en venir à bout, elles ne résisteront pas au co– be; ton. Tout le monde ou t reuil ! - Bien capit aine. Tout le monde ou treuil ! cria Loturnin. Les grappins glissèrent, rô[lèrent Jo coque . Po:.issinet s'é tait juché sur le bast inga ge, il les vit descenc!re dons l'e au, leurs griffes · acérées disparu– rent. - Enroulez ordonna Loturnin. Le treuil crissa _sous les perches qui tournaient aux bras des matelots. Les câ bles se t endaient puis deux ou trois secousses l~s agitère nt. - Ça vie nt ? demanda Olive. - Heu ! fit Laturnin, ço résiste, rien ne monte. Ça ne venait oos, rien ne montait en e ffet. Bie ntôt la force de six ma– telots fut stérile, neutralisée par Io résistance de l'obstacle. Par .contre, des coups sourds de plus en plus forts résonnaient sur Io coque. - Ame nez les grenades, ordonna le capitaine, e t les pétards ! Les grenades ? les pé tards ?... je sen– tis mon sang se gJocer dons mes veines. Booum ~ re ba oum .. !... l'ea u g icla sur le pont, Io coque resonna comme une grosse caisse, les grappins bougèrent un peu... Baoum ! rebooum !... deux nouvelles dé tona tions e t, tout de suite, un cri de victoire : - On le t ient ! criait Poussine!, ju– ché sur Je bordage. Hardi ! je vois remue r du gris sous l'eau. Le requin est assommé, il arrive ! Mais comme il avait sais i u ne gaffe pour a chever son requin, je vis dons une ~uée d'eau salée qui me trempa it, Io te te la plus horrible de mo vie. Un serpe nt ! une lanière, un form ida– ble câ ble gris, gros, fJasque, 1uisse– tont d'eau, terminé en pointe molle, décrivait au-dessus du bord une vo– lute, un ore de ce rcle sifflant. - En arrière tout le monde ! criait Olive, amenez les goff.es 1 Ah 1 ouiche ! La laniè re s'abattait· dé jà sur le pont e t je vis Poussine! tomber aplati dessous - p uis s'é lever, sortir du pont élevé en l'air - e t disporoltre en hurlent dons Io mer. - Le serpent de mer ! cria Lotur– nin. Lancez les bouées ! Mois eu m êm e instant, une, deux troi~ lanières, aussi grosses, a ussi gluantes que la première, sifflaient e t puis floc f fJoc. ! s'aplatissa ient sur les matelots. - C'est u~ pieuvre ! hurla l'hom– me ch! barre. Campistro, cep endant, ne p erdait pas le nord. - Roidissez sur les grap pins. Deux hommes ou cabestan e t souquez fenno ! - Allons, quotre hoches et des har– pons, e n vitesse ! criait Loturnin. Bientôt les hoches s'abattirent, tail– lant, tranchant dons les laniè res mol– les et gluantes ; clac f clac ! Il fa llait six à huit coups pour détache r un tronçon visqueux qui s'ag itait e ncor e, tordant son bout, pour a gripper u n soutie n. Je suivais anxieusement les prog rè s de Io lutte ; un des matelot s se trou– vait dégagé e t glissa it dé jà sur le pont eng lué de gélatine p oissonte. Lorsque, tout à coup, comme un mé – téore, Poussine! réapparut o une brosse ou-dessus du bastingage de bô- bord. Il avait une ceinture-bouée dons les b rb s et une é norme queue, u ne tenta cule de [lieuvre autour des re ins. En une seconde, il retombait p laqué dans le canot de sa uvetage qui grinça sous le choc. Je criai ; • Cromponr.e -toi, Poussi– net , j'arrive ! • et mon a ffect ion d~possont tou:i> p rudence je m 'é lançais en sa isissant une hoche vers le canot. J'arrivai, levai Io hache, fermai les yeux. Clac 1 j'avais coupé Je tentacule et je sautai dons le canot pour dé li· vrer mon petit Poussinet qui n'en pou– . voit plus. IJ était . évanoui, anéanti, aplati, trempé de bave et d'eau et ces ventouses qui ne le lâchaient p a s, qui Je suçaient, le pauvre, à lui gon– fler Io peau sous leurs entonnoirs. Comme je me penchais sur Poussi– net pour essayer de le ranimer, j'aper– çus sous le canot, où nous nous étions ré fugiés, une énorme masse grise qui émergeait de l'eau. Les gro!'lpins qui Io tenaient montaient avec elle e t sur l'arrière, au cabestan quatre gaillards souquaient dur [Jaur Io h isser. C'é tait le corps grisâtre taché de noir e t de blanc. gonflé, boursoufflé, visqueux et palpitant de la pieuv_re. Alors je me blottis dons le fond du canot sur Poussinet toujours évanoui. Et floc !. un tentacu le tomba comme un cerceau par dessus nous .! Le mons– t re nous voya it, ses deux énormes yeux– phosphorescents glauques, vitreux, dar– daient sur le pont juste ou bord de Io remborde. Je ·levai ma hache e t cloue! je cou– pai Io lanière. - Flic ! Flic 1 répondit Io Winches– ter du capitaine. Flic ! Flic ! reprit l'a (me outomotique. Olive ! Olive ! tu lui os crev6 )es deux yeux ! - Hé je le vois b ien ! répondit -il, allons coura ge ! Hissez toujours, mes petits ! On va l'avoir cette pieuvre de malheur. Elle mon te, mo is j e lui ai fermé ses hublot s ! - Lo ba rre est libre, je mc nœuvre ! cria l'homme du gouve rnail, on a vance par secousses ! Lo coque résonnait toujours sous des coups sourds, je soutoi du canot en faisa nt glisse r Poussinet et à q uatre pattes (tant ça glissa it 1 je me d iri– ge a is ve rs l'écoutille, j'y la issai glisser mo..n groom évanoui e t j'a llais l'y sui– vre lorsque, ploc ! la m asse é norme, le tas g luant e t immonde, Io bête em– barque e t s'éta la sur le pont e n fai– sant pencher Io coque. Je dispa rus dons l'écout ille p our soi– gne r P.oussinet et dès que je le vis reprendre vie , je remontai curieux sur le pont. Et j'en fus puni sévèrement cor je n'étais pa s ou bout du drame ! le p lus dur a rriva it e t je ne m 'en dou tais pas ! A mon appa rit ion Compistro fui· mina. Enfin te voilà Zéphirin ! tu te me ts à couvert, hein ? olJons ou t ra– vail, corne de bique ! t iens pre nds ce tte ga ffe et p ique-moi ces morcea ux par dessus bord. J'allais protester devant le repro– che immé rité, ma is ce n'était po_s le moment. Alors, sa isissant une pique, j'avança i vers le t a s immonde qui agi– tait ses moignons de pattes, cloqua nt de son bec de perroquet long de t rente ce ntimèt res e t chercha nt à l'aveu– g lette une p ro ie à déchirer. J 'a vais fait d eux pas vers le mons– tre lorsque deux des tentacules qui · pe ndaient e ncore dons Io mer par des– sus le borda ge, se ciétendire nt comme des ressorts à boudins, g iclant e n l'air à six mè tres de hauteur avec une barbe de f ilins et de lianes arrachée ou fond de !'Océan. En même te mps, la c Ma rie -Ma r.:. the • fit un bond, plongea de l'ava nt, pu is roule sur bord, projeta nt tout l'équipa ge sur le pont. Leste comme l'éclair, je sautai dons mon a bri de cordages. Hélas ! c'était trop tord. Le te nta cule me tomba des– sus, se mit à fouiller dons les spires des cord a ges. Ohé ! les gars, il y a une belle prime à. gagner ou Personne ne risquent d'en doit partir en yacances sa·ns son journal, tous les k iosques . n'e n ont pas manquer; faites donc souscrire à tous YOS omis des abonnements de vacances. Le! e- Bbonnemcnts de vac:inces dureront trois mois, du oumém do 13 juillet (n° ZS} nu ouméro da 28 eep tcm- • bre (o 0 39) ioclus. Leur prix sera de 12 frano9, maie ano réduction spéciale sera accordée P'"" toute ll•tc de 10 a bonne me.nts transmi& eo. même temps q ue leur moot3nt. DcmBodc-noa' nue lietc spéciale, et ta bénéficicroe pour chnque liste remf'liC par toi, d'une prime de 10 francs. T u nouo renverras cette liste ri:ccomp::ignée de son montant (120 fr. - 10 fr, soit 110 Ir-}. Si t u e9 abon né- individu el, envoie-nous ton odressc de vacances, mois n'oublie pas de joindre à ta lettre 2 francs en timbres. En C!Yont les prof09andistes, . You~ ayez un moyen unique de remplir vas caisses. - • Sainte Bonne Mère ! • m 'é– criai-je, oyez pitié de vot re fils ! Sa u – vez-le des griffes de Satan r je vous promets un cierge g ros comme mon b ras si vous me sauvez, s i vous fa ites périr ce monstre infernal. Je rouvris les yeux-, ma is je les re – fermai : horreu r, des ventouses suçon– tes me che rchaient p ar l'orifice béant ou-dessus de ma tête ; d'autre p a rt . les cordages glissaient sur leurs assises et je senta is mon abri se désa gré ger, j'étais perdu. • Je fis alors un effort é norme, je désarticulai le ta s de corda ges, je jouai des moins e t des pieds comme un désespéré et je me t rouva i ense– veli sous un écheveau entortillé de fi lins, de lianes et d'a ussières. Une hache miraculeuse ou bout du bras de Poussinet vena it de couper Je t entacule qui avait juré m o mort . - Ah ! Poussinet d e mon cœur ! tu me sa uves la vie ! - C'est ma reva nche, pa tron, a l– lons-y ! la b ête est morte, Io • Ma– rie -Morthe vogue, on a remis les voiles. On est sauvé ! Et mon groom endiablé se mit à danser Io g igue a utour du corps inerte d e Ja p ieuvre ; cela ne Jui su ffisait p as, il en avoit tant sur le cœ ur ! Il saisit une gaffe et tchoc ! tchoc ! il lardait Io bête en l'apostropha nt . Je m'a musa i à le contempler ou combat lorsque, ma léd ict ion ! Io p ieu– v re, usant d e sa dernière orme, vomit sur un cercle de dix mètres, un geyser noir acide et nauséabond qui me cou– vrit de sépia , enseve lit Poussine! tra ns– formé en nègre et macu la tout le p ont . Un immense éclot de rire .fusa de partout, Io ga îté reprenait et déten– dait Jes nerfs à bout d e lutte, mois · nous étions noirs et b rûlés pa r le je t de sépia indélébile et conce ntré ! :- Eh bé ! tu en as pour six mois. me lonço Compistro, on ne peut en– lever ça qu'en changeant de peau, mon bon 1 - Mille bordasses ! hud a i-je, ap– porte z-moi de l'eau ou moins a u lieu de rire là comme à Io foire ! J'é tais furieu){, sous ma p eau noire comme du jais et ço me piqua it ! ça me bril!oit l · Quant à Poussine!, il avait déjà d is– paru dans l'écoutille et se lovait da ns Io cambuse o l'eau douce a vec force savon mou. Je le suivis sons tarder, m ais croyez– vous ? tout l'équip age, même ceux qui é taient noircis et peau d 'ébène, se tordaient de rire ! ~~ Llt treuil crissa .. l es mains crisptts s11r le c/1ble, tes matelots t1.ra1e11t de towes Mlrs forces... . Une h eure après je remontais sur le pont. La • Marie-Morthe • fuyait sous toute.s ses voiles Io tornade ; toutes t races du drame a va ien t d isparu du na vire soigneusement lavé à Io po– t œse. Campistro é tait ga i, Loturnin éta it hilare. Poussinet t ransformé en négrillon, jouait de l'accordéon. Et moi j'éta is comme u ne p ie, noir po r e ndroits, blanc sur d'a utres, et com– p lè teme nt dégoûté des imprévus de la na vigation. Vous pensez si j'eus un succès à Libreville ; nous ne pûmes sortir en ville, ni paraitre chez des clienn; que poud rés de riz et fardés comme des négresses. Mois comme nous tron~pi­ rions Io-dessous, c'était un aésastra r e– nouvelé toutes les heures ; mo cham· bre 'd'hôtel devenait p our moi et pour Poussine! un laboratoire de crèmes et de savons hétéroclites pa rfaitement in– ca pa bles de faire de nous d es blancs normaux e t coquets. Tenez, j'en a i encore des traces ici su r les bros, où . le sole il ne d arda pas. Zéphirin avait f ini ! . - Ma is ou fait, Io chéchia d 'or-· gent ? Tout cela ne nous expliquait pas pourquoi notre a mi avait oorté à la Madone une chéch ia d'a rgent... A notre qL1estion, Z6phirin prit Ul'l a ir énigmat ique et solennel : . - La c héchia d'argent ? Ah ! mes enfants, c'est encore plus épouvanta· b le ! Mois ce soir je n'e n peun ,pfus ! Alors, cc sera pour une . o ut re fo'is, vous voulez bien ? Marc HERESSf. J 'ai une r..>: ~· . .... j'ai été d ernier, c'est parce q ue... p arce que... je ne vo1Jlo is p as... et puis, j'é ta is tombé et... je m 'éta is fait mal a u poignet. Ma is ma intenant, t errifia nts sa bata ille a vec une a rmée ça que je voula is dire ; je de ra ts, lors de son dernier ca mp sco u t q ue... que j e ne c rois p as qu' il ou châ teau de Ploumirec. -cet te nuit, pa pa. - ...Alors je suis entré dons Je sou - Peut-être, ma is il y a ura de ça va mieux, e t tu peux toujours es · terra in... c'é ta it tout noir... a vec des rosée dema in matin. Va vite, je soyer de .te mesure r a vec moi, Mon- toiles d'araignées... e t sur les t oiles, vois tout de même pas croire que t u sieur Ki-sé- tou, prince de sagesse et... d'a ffreuses bêtes çiluontes et visqueu- a s peur de foire c inq cents mètres • Jean-Pierre, Henri, rentrez dîne r ! ses, grosses comme Je poing, a vec des dons Io nuit ! D'a illeurs, qu'est -ce que -C'est l'heure ! " yeux verts c;ui clignota ient c'est que ça à côté d 'une ca ve où ;:iul- Cet a ppel vint heureusement a rrê ter - Et tu n'as pas eu peur dons le lulent ra ts et cha uve-souris ! Pierre, qui se voit déjà dévoré par le chat e t s'a ttend à cha que insta nt à p ope nous emmène au Bousquet, m anche l une conve rsation qui menaçait de mo l noir ? questionna Jacques. Jea n-Pierre n'a p lus rien à dire et Je voir bondir, double le pas. - Bon, bon, ça va ! Ce n'est pas Io pe ine de foire tant de bruit pour un petit ruisseau de rien du tout ... Pa rle -moi d es gorges de la Dordogne à Nîmes ! Ça... - La Dordogne à Nîmes !... Pour– q uoi p as à Pékin ? Ho ! ha ! Monsieur se d it calé en géo et Monsieur met Nîmes dons la Dordogne ! - Oh ! ça va, ça va ! Ne fois pas le f ie r. N'err.pêche que si tu m'a va is vu q ua nd je suis descendu a u fond de Io g orge, en m 'accrochant a ux rochers, a vec 300 mètres. ou-dessous de moi, tu ne te ma quera is p as tant. Tous les ou– t res a va ient peur, mê me les g uides ! Mo is moi, j e n 'avais p as peur, je n 'a i peur de rien... Et comment es-tu remonté ? '-- En m 'accrochant _avec Jes mains, en grimp a nt ; ço n'était pas facile. Les pier~es roula ient tout autour... j'au– ra is ;.>u me tue r cent fois. Si t u a vais vu ça !... - Tu os monté t rois cents mètres en t 'a cc roch an t oyec les m oins cu– dessus du t orrent ! Eh b ien 1 FéJicito– t ions... Mols, c'est curieux, tu étais 25• sur 26 e n gym le mois dernier. Et le prof a d it à maman q ue t u ava is peur de monter à la corde, oui, pa rfaite– ment ... Monseigneur Don-Quichotte· qui n 'a p e ur de rien... - Moi, p eur ? AJlons donc, tu veux finir et les de ux enfan ts p rirent leur tondis que Io oorte se referme sur Jui - Pourquoi ? Mais non, c'é ta it très ' éla n vers Io ma ison. Io voix moqueuse d e son cousin par- Jeon-Pierre e t Henri sont deux cou- a musant !... Et voilà que, .tout o coup, vient encore à son oreille. je sens un frôlement froid. sins germains, dont les fam illes, réfu- - C'éta it· Io frousse qu i t_e coura it Et si g iées toutes deux, ha bitent ma intenant e nsemble une vieille proorié té dons Je dons le dos ! murmure Henri qui ne ma in semble pas ca ptivé par le réc it. Bonsoir, ne t ue p as tous les rots! j'u vois u n f a ntôme, serre - 1.ui Io de ma pa rt ! Languedoc. Les enfants vont à l'école de Cor– d illac, font leurs devoirs en rentrant e t peuvent ensuite occuper leurs temps soit à jouer dons .le jardin, soit à ... se d isputer, b ien souvent Jes d eux en même temps 1 Jean- Pierre Je foudroie du rega rd. - C'éta it une chauve-souris énor– m e, avec des a iles qui m esura ient ou moins trois mètres de long et un bec crochu qui... Allons-y ! murmu ra Jean-Pierre qui commence à sifflotter pour se don– ner du courage. D'abord Io terrasse, ça c'est facile, c'est tou.t p rès de Io ma ison... Ouf ! la terrasse est fra n– chie... Abordons Io pelouse. Ça c'est plus dur, il y a de grands arbres qu i Juste à ce moment, Ja porte s'ouvre, remue nt et prennent des formes é tra n- Ca r Jea n-Pierre est t rès vant a rd. Il interrompa nt l'orateur. C'est pa pa ; Et puis il Y a cet te June, cette ne peut pas résister a u désir • d 'épa · p apa pour les uns, oncle Jean pour .les g~s ... ter • : outres. lune ronde qui tout en ricane nt Jà – hout, donne ô choque buisson une c Mon viellx, je vo is te raconter une a venture .formida ble qui m'est a rri– vée... • et pa ta t i et pa tata, le d isque est la ncé, impossible d'a rrêter Henri s'est bien vite o,perçu que son cousin n'en a va it pas fait ta nt qu'il raconta it , a lors comme il est très ta – quin... vous devinez ce qui se pa sse ! • Jea n-Pierre, tu os fini ta soupe? Oui papa. couleur verdâtre qui vous rend mal à l'a ise !... Tiens, ne d ira it-on pas q u 'un des buissons o cha ngé de p lace L.. Il Pourra is- tu courir jusqu'au fond n'éta it du ja rd in pour chercher mon Jivre que pas là ce ma tin... Hou ! hou– ouou ' fait le vent... Nous voilà ou mi!ieu de Io rielouse... Mo is... quel – qu'un a Q!JpeJé ? • Jean- Pie rre ! > ... Si j'a i oublié sur le banc ? Ou... oui, papa. Bon, va vite, j'ai peur q u'il mouille, et j'y t iens beaucoup . se c 'é ta it u n fan tôme ??? M ais non, c'est rid i.cule, en ava nt ! » Jean·Pierre se lève, un peu hésita nt, La la mpe électrique dont Jean-Pie rre plie s.o serviette a vec lenteur. puis va a eu soin de se munir découp e u n cer- En ce moment, les deux garçons sont vers la fenêt re, écarte le rideau , et cle ja une sur l'herbe sombre. Le gor · a ssis l'un à côté de l'autre devant d 'une voix mol assurée : çon sent un frisson lu i p a rcourir le deux assiettes de soupe fuma ntes et Le ciel est bien clair, papa... dos. odora ntes. IJs son t B à table, 8 cou- • Quelqu'un vient de p asser ià -b as... sins e t cousines dont tous les ye ux Ta nt mieux, Jea n-Pierre, tu n 'ou - Ça croque dons les buissons... Bo5t ! converg ent sur... Jean-Pierre évidem - ra s pas de peine à .t rouver Je liv re . ce n'e st qu'un chat !... Oui, mois c 'est m ent ! qui ra conte a vec force détails - Bien sûr , papa, ma is ce n 'est pa s peut-être u n cha t sau vage... • et Jea n- • Hou ! houou ! fa it le vent. Croc ! croc ! .font les brindilles qlli tombent des hê tres. • • On dira it quelque chose de bla nc... là -bas ! Le fantôme?... Non ; c'est le bla nc ! Ou f ! voilà Je livre ... Ma inte – na nt, vite à Io mc:iison... • Sons regar– der en arrière, Jea n-Pierre fonce vers Io terrasse, à toute vitesse, a ba ndon– nant lune, 'vent , b ranches, fantô mes et cha ts sa uva ges ! 11 bondit sur Jo porte et. a tterrit tout essoufflé au sc – ion a vec le livre. - Ça y est popo - Merci Jean- Pierre, c'est très b ien. Tu n'a s p a s e u peur ? Le petit gors hésite un insta nt. Est– ce que Je vila in démon de Jo van tar– dise va le reprendre ? Non, Jean- Pierre baisse Io t ête et répond : - Oh ! si pop o... un peu Lo plus g ronde récompense qu'eut Jean-Pie rre, ce fu t le soir même, qua nd Henri vint lui g lisser à l'oreille ovont d'aller se coucher : - Be n mon vieux, t 'as eu rudement du courage d 'a ller chercher Je bouquin a u fond du ja rd in. Moi j'y a u rais p as é té, qua nd même on m'aurait offert une p leine boite de ma rrons g lacés !!! et pourta nt, j'a ime ça !... XYZ. Tout le temps que Jean-François est demeuré seul a vec !'Alpiniste, l'équipe a ma rché en si– le nce, se demandant avec inquiét ude queJ a l– lai t ê tre Je résultat de la mystérie use conve r– sation. Mois lorsque, de loin, elle a vu Je jeune homme serrer avec effusion Io ma in du pet it chef, son a ttente inquiète s'est changée en une joie qui, deva nt les exp lications radieuses de Jean- François, est d~ ·eriue, que lques minutes plus ta rd, un véritable e n thousia sme. Et le voycge a cont inué, a nim é par d es d iscussions sons fin sur 10 meilleure manière de réa liser le fameux projet. Ma intenant , le soir tombe à derrri. Au bout de Io route poudreuse des si– lhouettes fQITlilières se dessinent. Encore quel– ques m inutes de marche et l'on sera a rrivé au villa ge dont les . toit s rouges se p rofi lent dé jà à l'horizon. Triomph a lement la Chrétie nté Sa int– Jeon y fai t son entrée, saluée ou passage par de joye ux bonjours. Tout à coup Jean-Fra n– çois, qui marche en tête de colonne, t ressaille et murmure q uelques mots à l'oreille de Ma r– cel. Là-bas, dons l'encoignure d'une porte voi– sine du local, une ombre semble . se dissimuler. Une même pensée t raverse l'esprit des deux garçons. Est-ce Que, non conte nt d'a voir brou illé les pistes, Raoul ?... Mois ·les Cœurs Vaillants n'ont pas Je temps d'achever leur pensée. Avec un gra nd cri joyeux l'ombre s'est redres~ée pour courir a u-devant des a rriva nts et un même nom s'é chappe de toutes Jes bouches : cc Louis f... " · C'est Louis, e n effet, qui, levé :'"-="-'- '{-:) -. depuis quelq ues semaines, fait a ujourd 'hui un e de ses premières sorties et qui a voulu foire à ses omis Io surprise de ve nir Jes a t tendre. Avec une joie facile à deviner, les équ ipiers de Jea n– François escortent le pet it gars jusq u 1 au co in d'équipe, ce cher coin d 'équipe qu'il o bie n fa illi ne îamois revoir et qui, en l'hon neur d e so guérison, portera désorma is le nom de Saint . Louis. " Cor tu sois, mon ~eux, explique Jea n– Fronçois, c'est décidé : le Z5 a oût, on bapti~cra solennellement l'équipe en ton honneur. Cc sera une fête. formidable, mois e n a ttendant, on en p répare une qutre... éco ute un pûu q u'on t 'ex– plique... n Et nous voilà d e nouveau en p lein mystè re . A vec des a irs d e conspirateurs Jes garçons exposent à Louis Je fameux p rojet qui, d'ava nce, fait brille r ses yeux d 'enthousiasme . Puis, il fout se sé;iorer. Quelques jours passent et voilà de nouveau tout le monde réuni a u coin d 'équipe dans un cha riva ri os.sourdisse nt. Grimpé sur u n bo rie, Roger, déguisé e n démon, se démène en d'ahurissantes contorsions qu i font fu ir Robert à l'outre bout de Io sa lle tondis que les outres garçons ·s'activent à dé- baller un volumineux p oquet a rrivé à l'instant même du Centre Na tiona l. Le dernier rassem– blement de la journée est à peine terminé que Jean-Fra nçois, un petit p aquet sous Je bra s, sort ra pidement pour se dirige r d 'u n pas dé– cidé, droit vers Io Moison -Haute. IA suivre. > Jea n Bernorc!.

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