Cœurs Vaillants 1941

Les Indie ns eux- mêmes n'en pou– vaient plus ! Jamais il n'avait fait si chaud ! Les vêtements collaient à Io peau, Io sueur ruisselait sur les joues comme des larmes. La petite troupe n'avançait qu'avec lente ur, et l'on ne trouvait aucun réconfort aux om– brages de Io gronde forêt... - Ça va tout de même, Lulu ? - Mois oui ! Don Rodrig ucz se sentait égale– ment fort fatigué ; mois, pour lui, un unique souci p rimait : son je une neveu Lucien Bolcdo, âgé de quinze ans, qu'il se repentait presque d'a– voir emmené dons ce tte aventureuse expédition. Pourtant, Lucien se con– duisait fort bien, toisant montre de courage et d'énerg ie, e t tout permet– tait de Sl•p!)oser que l'ex!)édition se terminera it ou n1ieux. On é tait parti e n fo rê t. do11s les parages d e Io Cor– dilièrc des Condors, en cette région dérnlée et torride de l'Amérique du Sud, pour y relever l'emplacement de p lants cooutchoutitè res. Heureusement, l'heure approchait de Io halte, e t, bientôt, Je campe– ment s'6tobl1t. Lo nuit tomba avec rooiditc, n'opoortont que les Join– to.ins échos ·des miauleme n ts des chats souvoqes. Don Rodriguez juge.:J qu'il é tait absolument inutile d'ins– ta urer unl! garde nocturne auprès des feux de veine, cor Io région é tait non seulement paisib le, mois d ése rte. inhob i tée. C'est plus ou nord que l'on pouvait re ncontrer les premiers vi llages indiens. - Dormons tranquilles 1 ... Cela ne risque rien !. Bientôt, Don Rodri9uez, son n eveu et Jeurs six lndi<ms d'escorte furent p longês do ns un pro fond sommeil. Tout ét ait colme et s: lencieux. Et, cependant, Io qrontie aventure com – mençait , l' irnpr· visible s'amorçait !.. Dès l'aube, tout e ntra dons une phase nouvelle. Cor une information scn:sot1onncllc courait d e bouche e n bouche à tro' e rs le corn!) qui s'éveil– loit · - TunuhL1ac a d isparu ' Tunuhuoc é ta it l'un des Indiens de l'esco rte, dont la couche de fougères é tait vide. On !)UI croire un n1oment qu'il s'ét a it éloiqné et o lloit reve nir, mois il n'en :ut rien ; il ne ré pondit à aucun appel, e t les pre mière!; bot~ tues demeurèrent sons résultat. Dar. Rodrigucz te mpêtait, décidant que l'on r.c repartirait pas sClns re~ trouver J'lnd ien . Cette disparition é tait troo myst é rieuse pour ne point Io t irer au clair. Puis, Qu'é tait- il ad– venu de fâcheux â ce pauvre Tu– nuhuoc ?... 11 fallait absolument t en– tl.!r de le secourir. - Viens avec moi, Lulu !... Abandonnant Je comoement à Io garde des cinq outres 0 Indiens, Don Rodriguez e t son n eveu s'enga gèrent dans la forê t, à Jo dêcouvc rte du dispa ru. La chale ur reve nait, Io mé-me otmosohère qu e Io veille !... : •etait ~uffocont. Lo forêt dominait une voilée p rofonde, e t les deux hommes en sortiraie nt bientôt . Ils s'étaient mainte na nt é loignés du camp d'environ deux kilo mè tres... Et soudain... - Le collier de dents de puma!.. s'exclama Lucien Bo ledo. en se bais· sont pour ramasser queloue chose Ses yeux b rillaient. Don Rod riguez s'a rrê ta, l'air à Io fois s urpris e t so – t icofai t, murmurant : - Pas de doute 1... Tunuhuoc est DOS é par lâ... Cc collie r de denrs d e puma, g ros– sier bijou c11 faveur chez ce tte tribu indienne, opnorte noit en effet a Tu – nuhuac, ot il C::toit reconnaissable ou cordon de Cllir rouge sur leque l il étc1it mon té . - Mois a lors ?... C'est à ce mome nt que les deux hommes sortirent de )a forêt, e t qu'ils dcmturè rc nt saisis . stu;>éfoits, abasourdis !.. S'ils s 1 otte ndaient, par exemple, à dpcouvrir semblable spec– tacle dons cette région qu'ils ~royoient bien déserte !... • A leurs pieds s'é te n dait un vaste espace découvert, const itué p ar le fond de Io vallé e. On ne pouva it y accéder ctu'cn dévoloot, o u sortir mê me de le forê t v ie rge, une multi– tude de petits se ntie rs escarpés ser– pentant sur les fla ncs d'une haute falaise rocheuse. Là, croi5soient e n·· core des p la ntes nombreuses, des 1 iones rampantes, d'oli émergeaient deux énormes tuya u x mé t olliaues, de plus de deux mètres d e dia mè t re. de loin en Join, de solides otto· ches en relief, q ui les vissaiP.n t a u sol. Ces tuyaux, comparables un peu à des pipe-Jines, ét a ie nt peints e n ve rt, et semblaient se confondre avec Io végé tation. Puis, ds décrivaient un coude, et ils s'achevaient ou fond de Io voilée, comme plantés verticalement dons le sol défnché. 1ls aboutissaient donc à ce t espace découvert dont nous avons parlé, lequel était ceint de hautes palissades, et donnait asile à une petite voie circulaire de chemin de fer Decauville. Quelques Indiens allaient et venaient dons cette pn– cc1ntc, et un peu plus Join s'élevait un bungalow à usage d'habitation. Un soleil de feu dardait sur çe tte installation fantastique, inattendue, e t qui n 'était certainement pas le fruît d'un labeur indigène. C'é tait Je triomphe du Progrès, de la Science, ou sein d'une des régions les plus désolées du globe. Clan Rodriguez et sa" neveu en demeurèrent stupéfaits. - Qu'est-ce que c'est que cette usine ?... - Une mine de quoi?... - Ils ont choisi l'endroit le plus chaud, le plus ex-posé au soleiJ... Puis enfin ils s'exclomèrcn<, voyar.t un Indien gravissant. le sentier, vc · nont à eux, Jeur toisant de grands gestes : Tunuhuac !... Que fait-il fil ?.. • Immédiatement, les deux hommes se portèrent à la rencontre de l'in– digène. Mois, à mesure qu'ils s'en ror,prochoicnt, celui-ci leur .faisait signe de reculer, comme si un quel– conque danoer les eût menacés. En– fi n, ils se rejoignirent, à mi-chemin de l' 11,croyablc c usine • : - Tunuhuoc ! .. Que t'est-il a r– rivé?... - N'allez oos plus loin, Don Ro– driquez... C'est défendu!... Le Maitre dL' Soleil ne sera pas con1ent !... - Quoi?... Quel Maitre du So– le il ?... Et toi-même?... - Moi, Don Rodriguez, je me suis esquivé discrèt e ment, ce tte nuit, ne voula nt pas éveiller Io curiosité du com9, ryorcc que je savais aue ce c chantie r ~ é tcit secre t. J'ai voulL: orofite r d e J'occasion de me trouver don·s ses poraçies pour dire bonjour à mon cousin Ropohlli, oui est de mon village e t trovoillc chez le Mai– tre du Soleil. Il avait cnonçié d'é– quipe. e t c'est ce oui o re tardé mon re tour, mois ... L' indien s'interrompit net, car un nouveau oersonnoqe surg issait, sem– b lant oroduire su r lui une vive im– pression. Il bolbul ia : - Le Maitre du Soleil ! ... Un h omme d'ur.c cinoua ntaine d 'années s'avançai t. l'air énergique e t dur, taillé en athlète. Don Rodri– gue z voulut parlementer, mois l'outre ne l ui en laissa pas .le te mps. Il tran– r.ho: - Je n'aime pas Jes espions !... Puis, criant un ordre d 'une voix brève, il parut se désintéresser de Io !cène qui suivit. Celle-ci se déroula en moins d e t emps qu'il n'en fout pour Io relater. Er. un <:lin d'œil, Don Rodriguez, son n eve u, et Tunuhuoc se trouvè– re nt entourés !JOr les hommes du Maitre du Soleil, ligotés, entravés et conduits dons u ne grotte creusée ou flanc de Je montagne On les y abandonna qu'ils n'é taie nt pas en– core revenus de le ur stu~eur !... De u x sentinelles veillaient à l'ori fice lumi– neux de le ur sombre et sinistre prison. - Eh !... bie n, so<;0ira Don Rodri– ouez, tu os bie n travaillé, mon pou– ~rc Tunuhuac, en ve nant t e prome– ner par ici !... - Excuse-moi, maitre. Ils n'on t pas fait attention â mo i parce que j'é tais un Indien... - Qu'allon s-nous d eve nir?... Les co.,tifs n e devaient pas tarder d 'êt re fix és sur ce point. Bientôt, le Maitre du Sole il parut et d éclora, inexorable : - Je n'aime pas qu'on se mê le de mes affa ires. Vous allez être con– duits sous b onne oorde à cinquante kilomè tres d'ici. C'est le sort Je plus clém e nt que je ruisse vous réserver. - Moi~... m ois nous avons un campement, une escort e, des ba– gages... - Ça m'est égal !... Toutes les protestations inutiles e t, bientôt, les prisonniers furent mtJssés dons l'enceinte, ac– compagnes d'un qroupe d'1ndiens. C'est alors que l'un d'eux se déta– cha des uutres et vint se jeter aux pieds du Maitre du Soleil, implo– rant Io grâce des voya geurs mal– chanceux. Cet indigène compatissant, c'é tait Ropohui, le cousin de Tunuhuoc, que celui-ci avait commis l'erreur d e ve– nir v isiter. Or. il se trouvait Que Ropohui 1précisément lors de son récen t changement d 'équipe) , a vait rendu, dons son travail, un signalé ser•1icc ou Maître du Solei1, Cc d"rnier doii:ino · )'écouter, puis se radoucit . Se to urnant vers Don Rodriguez, il lui dit - Excusez-moi, senor, si Io co– lère m'o égaré. Je conçois mainte– nant que j'ai affaire à d 'honnê tes gens. Puis il donna l'ordre de libérer les captifs et a joutu : -- Pour mieux me foire pardon– ner, je vois même vous ré vi:le r le secret de mes expérie nces. Mais, tant que tout n'est pas ou point, je vous demande votre parole d'honneur de n'en rien révéler à Quiconque... - Vous a vez ma parole, et ce lle de mes co mpagnons, 'répondit Don Rodriguez, solennellement. Dès lors, Io situation s*on1élioro grandement et tout rentra dons l'o rd re . Le mystérie ux pe rsonnage co nduisit ses visiteurs involontaires jusqu'à Io base des grands tuya u<, dons l'enceinte . Don Rodriguez, intrigué et de plus en plus surpris, ne pouvait s'empêcher de s'écrier : - Ain si, vous êtes Je Maitre du Soieil !... Quel surnom b izarre !... L'inconnu euf un petit sourire l e Maître du Solei', fit -tl, c'est beaucoup dire !... . Les Indiens m'ont surnëmmé a insi. Je me p ré– sente : Don luis Rovolo . d.: Io Fa– culté /.méricoine des Sciences Na– turelles... J'ai choisi cette régir n parce qu'elle est torride ... Don Rodriguez et so.n neveu con– t e m p la ient â prë~ent, non so ns é tonnemant, Jo base des tuyaux', qui ne s'enfonçaient ooint dons Io terre, comme ils l'ovoinnt cru d'o· bord par suite d'une Illusion d'o!)· t ique, niais suPnon toient une? 5orte de coupole vitrée fixée au S.(ll. - Cesr un système à moi de miroirs convergents, poursuivit le sa– vant. Les iours où le soleil est le plus chaud, ie copte ses rayons, les concentre, conserve cette choleL1r oui atteint 2.000 degrés e r d evient une vapeur brûlante. - Mois dons quel but ?... Tout simolement dons celui d'utiliser Io forêe ascensionne lle de ce t a ir chaud à l'inté rieur de con– duitl'S, lesquelles aboutiraient à d es turbines mettant en action des gé– né ratrices d 'électricité. Depuis 1'0 01- t ioui té. on o cherché à capter aînsi Io chaleur naturelle, gratuite, du soleil, à l'aide de miroirs conver– gents. Je crois J'avoir trouvé. C'est tout, Messieurs !... - C'est admirable ! .. Don Rodrig:.Jez e t Lucien échon– çière nt encore quelques prooos avec Don luis Ravala, puis le laissèrent à ses travaux·, reprenant avec le bon Tunuhuoc le chemin de leur campe– ment. Ils parlaient peu, son geant aux · me rveilleuses perspectives o f– fertes à )'avenir par Io Science hu– maine combinée a vec les ressour– ces ê tern'!lles de Je Nature... En– fin , ils s'êloignè re nt. Jamais · il n'avait toit si chaud !... Les vê tements collaient ou corps et Io sue ur marbrait Jes visoÇies !... On o llc it, de nouveau, en forêt. .. Et, q ue lque port dons une va llée sinis– tre, œ uvrolt en silence, à l'écart, pou r les générations future s, le Maitre du Soleil, secondé par les descendants des plus anciennes tri– b us ind iennes... André LIVREUSES. Ec LAIREURS... Un é claireur, tu sais c:e que c'est, n'est-ce pas ? C"es! celui qui, san s crainte de l'ennemi caché dans le s ténèbres, s"en va, à travers les ferres inconnues, pour préparer la route ; c 'e st celui qui, sans souci de la piste incertaine, de l'<iccueil hoJtile, d u chemin difficile, part, le cœur fort et l'âme haute, pour p orter à tous le m essage de son m aître ; c'est celui dont rien ne peut abattre le cran et l'arde ur parce qu'il ·s "est donné tout entier à son chef e t que rien ne peut vaincre son amour. Des éclaireurs, il y en a eu beaucoup à travers les âges. Il y en a eu un s urtout , si chic, si fier, si intrépide que son souvenir est dem e uré vivant dans toutes les mémoires. et que, m a intenant encore, pour fêter son anniversaire on allume dans toutes nos campagnes d e g randes flammes claires, symboles de son â me ardente, de son cœur généreux, de la lumière apportée par Celui quïl é tait venu annoncer. Ces feux de la S aint Jean, beaucoup ne comprennent plus ce q u'ils représentent et c"est pour cela que nous avons voulu, nous, le leur expli. quer de nouveau. Car nous savons qui était cette lumière annoncée par Saint Jean. nous savons que Jésus, notre chef, est venu apporter au monde, non seulement la lumière qui é claire ec dis sipe les té nèb res , mais encore l'amour qui réchauffe et chasse les haines et que dans cette lumière et cet amour est contenu tout entier le s ecret du vrai bonheur. C'est pour cela qu'au soir de la Saint Jean (1) nous allons allume r un grand fe u autour duquel se d é roule ront toute une s uite de scènes représentant les hommes à la re cherch e du bonheur, les fausses lumiè res. allumées un peu partout par le diable, puis le Chiist apj.Jorta nt au monde la loi d'amour que se transmettront d 'âge e n âge, apôtres, saints, ch1étiens de chez nous. Ce sera une série de tableaux très chics e t 1rès émouvants qu'il nous fa udra jouer avec rout notre oœur pour qu'ils fassent vraiment passer o:h.ns l'âme de tous le m essa ge du Christ. Mais d'ici là, il nous faut redoubler d'ardeur pour nos préparatifs. t' •Il faut 'porter à t.;'us le livre imprimé spécialement pour notre Feu ('2}. Il contient la m e illeure invitation que vous puissiez faire car, c'est en le lisanr dé jà un p en à l'avance, qu"on aura envie de venir et qu"on pourra s uiv re vraiment tout le d é roule ment d e notre Je u (3). • Il faut le lire t ous e nsemble, attentivement, pour le bien comprendre et vous faire expliquer ce qui vous semblerait trop difficile. •Il faut pré parer .la scèn e que vou s devrez a jouter, d 'après le s résul– .ta ts de v otre exploration, sur le saint de votre pays. Ill Il faur ensuite vous distribue r les rôles, préparer les accessoires, com– biner les ré pé titions. avoir so;n d e tout prévoir en d étail, peur que tout soit vraiment réussi ('•). •Enfin et surtout, il faut continuer certe semaine les prières et les efforts commencés la semaine dernière ; car tout notre Feu ne servirait à rien. si nous ne demandions p~ à Jésus de préparer lui-même le cœur d e ceux qui nous entendront. Il le fera, si nous sommes généreu~ à vivre nous-mêmes ce que nou s vou lons mériter aux autres. Alors, à la suite de Saint Jean et du Saint de notre pays, nous se ron s vraiment des éclaire urs au regard fier, au cœur intrépide, à l'âme a1dcnte. èes .;claireurs d u C h rist, des semeurs d e bonheur. L'A lpiniote. Notre bo11he11r c'est dans la Joie que nous le ra)•o11nero11s. car notre sou– rire et 11,otrc bonne hu.meur sont notre meilleure façon d'attirer les autres. de les rendre sympat hiques à notre message. Aussi, en conclmian de cette ét ape, 11011-s écrirons sur notre carnet de route cel te der11iè-re phra!e : JOYEUX, MALGRE LES DIFFICULTES. Il ) Co:nmc ln Snint-Jrnn tombe cette année un mardi, il ne serait peut-être p:is facil e de faire vot re Feu de J oie ce jou r.13.. Dons ce cas, il fout Je repor– t er tout simplement :J.U jeudi Z6 ou nu dim:mche 29. (2) Co livret est en vente o C.V., 16, rue Nicnlnï, Lyon depuis le 8 j ui n. Il coûte 4 frs pièce franco, ou 3 frs ·à pot'tir de 10 1 port en plus. Si ce n'est pas encore fait, nous adresser d'urgence les commendes en prévoyant bien le nombre nécessaire aux acteurs et aux invités. (3) li n'est pas question naturellenient d'offrir le livret gratuitement, mais bien de le faire payer, ce qui est très possible, vu son prix peu élcve. l,4) C ertnins rôle~, chnnts, danses po urront êt re confiés ù des grands frères de mou~·cmcnts spéci11lisés, joc!stes, j:icistcs, scouts, etc., dont Foidc aussi ser~ très prêcieusc pou r les costumes et accessoires. Pour vous, les • cur1eux .. " Vous >avez tous, n'est -ce pas, que l'usage des fellX de la Saint-Jean re– mo nte t rès loin ; les anciens e ux-mêmes avaient l'habitude d 'al lumer ces feux. Mq1s il existe èncore d'autres coutumes plus OLI moins bizarres et il e n est de très amusantes. ' C'est surt out dons les pays d e montagnes que ces coutumes 'SUbsistent par exemple dons Io région d e Saint -Théoffrey, dons .l'Isère, le jour de 10: Saint Jean, les be rge rs se lèvent de grand matin pour conduire leurs t rou– peaux aux champs si tués sur les hauteurs qui environnent le vflloge. Ils do– minent ainsi le pays e t voient tout ce .Qui .s'y passe, ce qui est d'u ne gronde utilité, afin de bie n voir celui q ui emmèn er-0 son troupeou .le dernier. Ce dernie r est baptisé litchf- b irrier », ce qui veut dire lèche– beurrier. l e soir après la rentré!'! des b est ia ux, le a: litchibirrier » est coiffé d' u.ne couronne d'ellébore, et pro– mené dons Je vi lloge, sur un â ne qu'il monte à rebours, t ous Jes OLl– tres bergers suive nt en cortège, les uns frappant sur de vieilles çosse– roles, d' a utres souff la nt dons u ne corne ou agitant les grelots et les sonnettes de le urs animaux. Le spectacle n'est pas des moins amusant, mois le pauvre u litchibi r- rier D 1 je connais des gars Qui t ra- duisent déià par • tro." tord à Io so upe > ) est tout de mêrnc un peu ennuyé e t je vous assure que l'an– n ée su ivante il ne ~e laissera plus prendre. glacée tombe su r les venelles encor e ténébreuses du p etit village pyrénéen. L'aube vient de se lever, mais le ciel est si gris, ·les nua– ges si bas que c'est à peine si l'on peut se d iriger à travers la boue glis– sante des chemins. Pour comble de bonheur, le vent s'est mis à souffler en r afales e t ses hurlement s lugubres semblent défier les gen s assez fous pour s'aventurer dehors par un temps pareil. Une ombre pourtant se faufile à travers les flaques, m in ce, alerte , cho;sissant d'un pas sûr le chemin q u'elle poursuit san s hésiter ... · Voici l'église d u village dont le clo– cher trapu, encapuchonné de b rouil– lard, ressemble à un moine en prière... l'inconnu s'est engagé sans hésitation sous le porche obscur et il n'y a p lu s m ainten ant, dans la petite église p lei– ne d 'ombre, q ue la haute silhoue tte d "un homme agenouillé pour enten dre la Messe. Ill A la l ueur tremblotan te des deux cier ges qui mettent u ne petite ta che de lumière dans · la pénombre de l'église, le Saint Sacrifice se déroule lentement. P lusieurs fois le vieux curé à cheveux bla ncs se retourne vers le paroissien intrépide qui a b ra.vé le mauvais temps pour venir en ten dre la messe matinale. Dehors, les élé– ment s déchaînés continuent leu r ronde infernale. Dan s le clocher, le v en t A le vue des arriva nts, les qars qu i sçru– to'ent le chemin se sont précipités avec des c ris de joie. Et Jean-Fra nçois, tout cle sui1e, a vu s'envoler ses espo;rs. Non, !'Alpin iste et Io Guynemer ne sont pas re ntrés et bientôt les joyeuses exclamations s'éteignent po ur foire place à un silence angoissé. Dan iel se nt qu'il fout intervenir : " Allons, les gars, il est tard. L' Alp iniste no us a recommandé de dormir à 9 heures, même s'il n'était pas rentré. On va chanter Io prière potJr iui et les gars de la Guyne mer, et puis on obéira en vitesse, c'es t Io m eilleure manière de trovoiller à ce q !J'ifs reviennent bientôt... u Les paroles de Da niel ont été approuvées à l'unanimité et une d emi- Qu'est-ce que les équipes ont fait au cours des ollées et venues qui Jes ont dispersées, toute Io matinée durant, à travers les vieilles rues et J~s plus petits recoins du village char– gé de souve nirs ? Je ne !)Ourro is vous le dire, cor le plus strict sec,et o été qardé sur l'J"x – pérlit 1on e t si vous aviez essayf de quest:onner les troupes de garçons qui. des poq..iets b izarres sous le bras, remontaient en petit s graL1pes affairés le chemin du Monument, ils vous au– raient répondu, avec un air én igmatique et malicie ux : (1 Secre t p rofessionnel, Monsieu r, irnposoiblc de rien dévoiler... Le déjeuner, fa it trembler poutres et charpente, les tuiles s'entrechoquent , les portes gé– m issent et plus d 'une fois le vieux sacr istain, tout cour bé sur les marches de l'autel, frissonn e d 'épouvan te en agitant sa . sonnette ... Maintenant la Messe est finie. Le prêtre et son desse rvant sont rentrés à la Sacristie . L'inconn u, sur son banc, prolonge son action de gr âces... Mais que se passe-t-il dan s la petite pièce ? Des éclats de voix s'échappent à t r avers la port e demeuré e enfr'ou– vert e et, domin an t le fracas d u vent, parviennent jusqu'à la grande nef. Le sacristain doit être sourd pour élever ' la voix a insi, et ses phrases sont si sonores que l'inconn u , malgré lui, en surprend la plus grosse part : - Vous n 'entendez donc ni la pluie ni le vent ? Le chemin n'est qu'un éboulis, Monsieur le Cur é, on a beau avoir le bon Dieu avec soi, faut pas exiger des m iracles. À mon âge... Et b randissant son éteignoir enfu– mé, le vieil homme s'en r e\•ient d'un pas pesant vers l'a utel. Mais M. le Curé n'a pas dû êtr e impressionné outr e mesure par ses pr otestations. Il ne veut pas l'accompagner ? Eh bien, tant pis ! il ir a seul ; mais, il ne sera pas dit que pluie e t vent auront pu empêcher le v ieux prêtre d 'aller por- heure ne s'était p a s écoulée q u'un projond silenc ~ régnait dans la g range du père Mathieu. Il y avait b ien trois heures que tout le monde v dormait d'un cœur tranquille e t Je lune brillait depuis longtemps dons un ciel sons nuages, lorsque des aboiements réveillèrent tout d'un coup bêtes et gens. L'oreille attentive de Médor, le gros chien de la ferme, a va it perçu des bruits insolites sur !e gravier du chemin et tout de suite une mèi1'e phrcse courut d'un bout à l'outre de Ja grange : u Eux ? est·~cc qu e cc s ont eux ? n C'étaient eux... oui... ha– rassés, couverts de p oussiè re, tombant de som– meil, !'Alpin iste et les gars de Jo Gu ynemer tous - eurent tout juste Je courage de par contre, fu t aussi animé que l'exploration avait é té mystérieuse. Et Io derniè re bouchée avalée, I'Alpiniste eu t quelque !leine èi obtenir le silence atten tif que mé rita ient ses paroles : u Les gars, devai t-il annonce r a!)rès quelques minutes d'attente, notre exploration est termi– née, mois le p lus importan t reste à faire. A en juger par les apparences, vos travaux ont dû é trc fructueux, il' s'agit maintenant de passer à Io seconde partie des opérations . Dans quel~ucs jours nous fêterons celui qu'on appe lle l'ccloirc1.1r du Chr;st.. C'est sous sa protection quo n ous monterons nalrc grand ter le secou r s de son m inistère à un de ses paroissien$ en danger. - Le v ieux père Mathieu va mourir. Son gars est venu tout à l'heure pré– ven ir le p rêtre et comme il ne pouvait pas atten dre, celu i-ci lui a promis qu'il viendrait sitôt la Messe dit e, avec son sacrist ain. Mais la ferme du père Mathieu est loin du village, le sent ier mauvais, le temps affreux ; le vieil homme a renoncé à faire dans la tempête p areille randonnée. M. le Curé, lui, n'a r enoncé à r ien du tout et. calmement, le voilà qu i se dirige vers l'autel, sa grande pélerine soi– gn eu sement rabattue sur sa poitrine. L 'inconn u en pnere a dû tout com– pr en dre, lui aussi. Et lor sque le p rêtre est passé près d e lu i, simplement, sans rien dire, il s'est levé et, s'emp arant de la lanterne et de la sonnette que le s acristain avait abandonnées, il a poussé devant le prêtre la vieille porte de l'église. D Ils sont deux à mar cher maintenant sur le sentier déser t battu par l'orage. Les cailloux r oulent sous leurs p as, la pluie cingle sur leurs figures, la boue saut e sur leurs chaussures et le vent qui r ed ouble de furie s'engouffre sous les manteaux , découvrant par s'e nfouir dons le foin pour se remettre des émotions dont ils repoussaient ou lendemain le passionnant récit. Ce lendemain deva it être une jou rné'? t rès occu!)ée. .Levés a ux premiers sons des cloches, les Cœurs Vaillants, O!)rès une bonne toilette dons l'e au cla ire de Jo fon– taine, descendaient , impeccables, pou r Io mes~e matinale dons Io basilique d 'Ars. Un joyeux déjeu ner permettait ensuite aux oars de Io Guynemer de raconter, a vec force déta ils, leurs fantastiques a ventures : Io p iste brouillée, Io longue course à travers bois, l'atta que d 'un gros chien Qui qvait faill i dévorer Je second d'équipe, et p u is les hésitations, les sent iers s:.Jivis e t aba ndonnés e t finalement, en pleine Feu de Joie, cc feu q ui voudra it éclairer le cœur de tous nos frères pour y fa ire passer le mcssago du Sclgncur... Vous vcnc:i: de voir comment le Curé d'Ars s'y prenait r>aur cela , à vous de trouver ensemble comment vous prér>arcrc:r le feu qui doit porter le. vôtre. Vous pourrc:i- discuter de celo e n équipe tout le fang du retour. En route ! " Dons u n b rou– haha joyeux , Jes équipes se met tent en branle et, tout de suite, commence nt des d iscussions animées. Trois kilomètres durant , Jean-François et ses équip iers ont tenu. e n marchant, le plus mouvementé des consei ls. On o vu succcs- galonné chœur ... recueilli, celui-ci escorte fiè– rement Dieu caché que le prêtre porte s ur s a poitrine. Et petit à petit, comme si le Christ chassait loin devant lui les forces du mal, la tem– pête s'apaise, le ciel s'éclair cit un arc-en-ciel se t end comme un signe de triomphe en t re d eux sommets voilés de b rume b lanche... Voici la ferme du père Mathieu, perdue dans la montagne... Depuis quelques minutes le pr être y est ent ré et dans l'âme du mourant , un autre arc-en-ciel met son lumineux rayon de paix et d 'amour. Maintenant le chevalier inconnu reprend avec le prêtre le chemin du village et lorsque celui-ci est arrivé, san s encombre, au petit presbytère, l'officier s'en va, d'un pas r apid e, vers la ville où il doit pr endre son service. Il sera en retard ce matin, pour la première fois de sa vie, et lor sque ses compagnons étonnés l'accueilleront av ec des exclamations de surprise, ce fier capitaine au 12° Régiment d 'Artil– lerie d e T arbes répondra d'un air grave, avec sa sim plicité habituelle : « Désolé de vous avoir fait attendre, Messieurs, j'ét ais au service de notre Chef» . Edmée Bourron. '"'L'.A. -19 URNÉE- Du- MY-STÈRE ·nuit, lq rencontre de 1' Alp iniste ou mome nt o~ , découragés, les gars a v01ent décidé de dorm ir dons un tos~é en atte ndant le jour. Ah ! on s'en souviendra it de l'explora t ion e t du nou – ve a u tour de Io bonde a Raoul !... On deva it même s'en souven ir beaucoup olL1s longtemps que Jes gars ne le pensaient. Mo is ceci est une out re affa ire. <r Vous ovc:z: trois heu res · à employer à votre guise pour con t inuer vos explorations par équipe, a nnonça tout à coup I' A lpin iste en consultan t sa mont re , champ lib re pour tout le monde. Je demande seule– ment 5 volont aires pour s' occuper ovcc m oi du dCj~uncr. Rend ez- vous ici à m idi. Nous rcpar.. tirons tout do suite après avoir mangé... sivement Roger lever les bras en l'a ir avec indign ation, PauJ bondir comme si on lui annonça it que Jo Tour Eiffel avait fondu ou soleil, Marcel lui- même secouer Io tête ov<!c un a ir de doute, et puis, finalement, devant l'é nergie de Jean -François, les gars se calmer progressivement pour s'e nthousiasmer b ien tôt deva nt un mystérieux p rojet : un projet si mystérieu x que, p our le confier â )'Alp iniste, Jean- François a ralent i le pas e t attendu d'ê t re tout seul avec lu i dons un sentier touffu , entiè rement ÎSC"lé a u m ilie u du gra nd s ilence du bois. IA suivre. l Jea n Bernard.

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