Cœurs Vaillants 1941
ECIDEMENT, c'était série noire ! la tornade et la maladie ne suffisaient-elles donc _pas? Il ne manquait plus que les . ser– pents ! J.ocques, pâli par les émotions, se tenait debout près de la porte qu'un terrible veno secouait encore comme s'il avait voulu l'arracher de ses gonds. De vant lui, sur l'étroite couche tte où Io fièvre le clouait, son pè re écoutait en silence le récit de Compertino. - Ah ! Don Pedro ! Quel malheur ! Elle mourra... L'indien, s'aidant d e· grands gestes, rocontait le terrible occident dont sa fille Ang€1ina venait d'ê tre victime . De temps e n te mps, prenoot à poignée ses cheveux no irs et graisse ux, il faisait mine de les a rracher. '91 - Une morsure de tisnada, don Pedro ! Comment pourrais- je la sauver ? Jacques frémissait en évoquant Ange– lina, cette mignonne enfant de sept ou h uit ons qu'il al/oit si souvent vue joue r dons Io prairie et qui, peut-ê tre, n'y joue- rait plus jamais... - Povre cita..., comme disait Comper- tino, son père. Lo pauvrette.. . En allant cherche r d es bananes sous Io véranda, e lle avait é té mordue par un serpent qui se cachait dons le rég ime. Et quel serpent ! Une tisnada... Un d e ces petits re ptiles noirâtres dont le ve nin n e pardonne pas... Seule une injection de sé rum aurait pu e nrayer l'action lente mais imploçable du mol e t c'est sans d oute à ce sérum qu'ovait pensé Compe rtino en ve– nant trouve r don Pedro. es A ventures de. Hélas! Jacques rencontra le regard navré de son père ou moment où ce dernier mur– murait, d'une voix à peine distincte : •. Nous n'avons plus de sérum, Com– pertina. Toutes nos ampoules ont été bri– sées... Regarde... Lo main du colon se soulevait pénible– ment pour montrer les dégâts que la 'tor– nade ovait causés ou ranch. Les piliers du fond, rongés sournoisement par les termites, n'avaient pas résisté à l'assaut forcené du vent. Ils s'étaient écroulés, entraînant une partie de Io charpente, é,crosont la cuisine... Par miracle, quelques piliers avaient tenu · bon et, grâce à eux, le ranch ne s'était pas abattu tout entier sur ses occupants. - Mon fils a déjà examiné les décom– bres, reprit don Pedro. Natr.e pharmacie est en miettes. Compertino baissa le front. Il s'appuyait sur une canne et considérait désespérément sa jombe entourée d'un grossier pansement. - Ah ! s! au moins je n'étais pas blessé, don Pedro. J'aurais pu aller à Santiago... Ils ont peut-être du sé rum là-bas... Mais c'est à peine si j'ai pu me traîner jusqu 1c1... Un arpre est tombé pendant que j'essayais de mettre les bêtes à l'abri et une branche m'a à moitié estropié... Ah ! là là ! Mo pauvre Ange– lina... Le visage une douleur protesta : cuivré déjà de l'indien reflétait résignée. Don Pedro - Il ne faut pas abandonner 'tout espoir. Lo morsure du serpent le plus dangereux n'est pas obligatoirement mor– telle, Si le re ptile, peu avant de mordre, s'est dé jô attaqué à quelque proie, il ne lui reste plus assez de venin pour tuer. le blessé peut alors être très malade et, finalement, en rét:hopper. Garde confiance, Compertino, et prie Dieu... OMME l'indien s'éloi– gnait en boitant, don Pedro, épuisé, se laissa retomber sur sa cpuche, Son visage maigre lui– sait de sue ur. Maudite f ièvre, murmuro-t-il. Jacques gardait le silence. Il savait bien ce qu'aurait fait son père s'il n'avait été immobilisé par un accès de paludisme. Don Pedro se serait tout de suite mis en route pour Santiago, à Io recherche du sérum. Il n'aurait fait attention ni â la fatigue, ni à la nu.it, ·ni à l'orage, Comme il devait soufüir de son impuissance... - Va te repose r, mon petit, dit encore le colon au bout d'un moment. Tu sois que je n'ai besoin' d e rie n ... Jacques E!rnbrasso son père et se retira dons la p1ece vo1s1ne. Tout songeur, il s'assit sur son lit. Quand les d e ux hommes parlaient de Santiago, son premier mou– vement avait é té de crier : « Et moi ? Pourquoi n'irais- je pas? » Puis il s'était tu, sûr de Io ré ponse, du refus... Certes, la course présentait des dangers et il n'avait q ue quatorze ans. « Un gamin estimait son père. Mois pourtant, Io d' Angelina était en jeu ?... longtemps Jacq ues hésita. ÏI ,I- =---\:·: ,, - ~ ... -;._ Io malheureuse petite Indienne s'imposait à lui a vec une insistance sons cesse accrue. Bientôt il n'y tint plus et, pris d'une brusque résolution, il se leva. Hâtivement, il fixa à sa ceinture le revolver qu'il portait quond il accompagnait son père à Io chasse et, sons bruit, il sortit du ranch. E vent soufflait encore en rafales e t sa voix lugubre dominait Io fo– rêt enténébrée. Mais dès qu'on tendait l'oreille, an percevait les mille bruits Inquiétants de la brousse... Cette brousse qui ne connait jamais le sommeil et qui coche dons Io nuit une vie intense et mystérieuse... Lo volonté de Jacques chan– cela... Une peur sourde l'envahit... Il faisait déjà un pas en arrière pour r.et~ ouver Io sécurité du ranch Quand, à nouveau, surgit dans son esprit l'image d'Angelina agonisante. Cette fois, il n'hé– s ita plus et courut jusqu'à Io prairie. « Palomo ! Polomo ! », oppela-t-il à mi– voix, Un hennissement proche lui répondit. Le temps de seller Io jument et le jeune cavalier s'engageait sur le chemi11 de Santiago. Le chemin ? C'était en réalité un affreux sentier Qui serpentait de val en crête, s'accrochait tant bien que mol aux flancs de le montagnli e t plongeait fréquemment dans Io forêt. Lo Paloma, inquiète, flairait les ravins et, so.us ses sabots, des pierres roulaient dons le vide avec un bruit sinistre... Une maigre clarté lunaire baignait le paysage et, dans les espaceS" découverts, Jacques pouvait voir le sentier qui dérou– lait son ruban entre des chaos rocheux, mais quand le se ntier fonçait sous les cèdres géants pour se livrer un difficile passage dans la végétation folle des tro– piques, le jeune garçon s' en rem ettait entièrement à l'instinct de sa monture. Parfois une poussée de terreur le faisait frissonner. Autour de lui, il devinait la brousse hostile e t ses luttes cruelles : ici c 'était le c ri ou le rôle d ' un pauvre animal égorgé, là c'était le miaulement · rauque d'un chat- tigre. Des bruissements cont i– nuels lui rappelaient Io présence des ser– pents et des fauves. Des points brilla n ts, qui apparaissaient et disparaissaient dan s les taillis, lui semblaient autant d'yeux féroces fixés sur lui,,. Comme il atteignait le gué du rio Negro, un bruit sourd lui arracha une exclc– mation d'effroi. Là, tout près, les arbustes de la rive avaient croqué avec violence... Tapir ou caïman? La Paloma, affolée, s'était cabrée, désarçonnant son cavalier. Jacques, tout étourdi par Io chute, échoppa péniblement aux eaux écumantes et se traîna sur Io berge, Un instant, il faill it céder à la panique... Lo Paloma avai t fui et la brousse était plus menaçante que jamais. Jacques balbutia une prière. <{ Mon Dieu, ne m'abandonnez pas ». Puis il pensa à Io petite Angelina que guettait Io mort et ne voulut plus penser à out re chose. Rassemblant ses forces, se bouchant les èreilles pour ne plus entendre les rumeurs de la forêt, il se lança sur le sentier... EUX heures après, il atte ignait le petit ha– meau d e Candelorilla e t rencont rait des Indiens qui se levaient pour aller travailler. Les hommes, qui le connaissaient, lui prêtèrent un cheval pour poursuivre sa route. Désormais tout allo b ien. Le sentier, é largi, traversait un pla– teau et Jacques put atteindre Sant iago ou galop. L'aube naissait. Un a m i de son père se procura immédiatement le sérum et déc ida d'accompagner le garçon. Le retour fut rapide. Avant même d'aller voir don Pedro, ils se précipitèrent chez Com– pertino. Angelina, livide , respirait encore . Ils arrivaient à temps... .,, Quand Jacques revint au ranch, son père le considéra tout d'abord en sile nce puis, brusquement, il .l'attira contre sa poi– t rine. « Tu es un brave petit », fit- il simplement. Et les yeux humides de don Pedro bril– laie n t de fierté ... Georges MAR IEVAL. Parolœ : Abbé Jean POUZET, Air ,, tJbis Caritœ '' ~*#4i-=v4i-+- c -·'t-t=èl Lor~ - qu:: nous eu - nio ns en J~ - sus tous no!; fre - res. H ijtfl l ! ; · J li'EM' s t )' Dieu esr 0 a - vec nou9. L "a-mour in. h - ni de J~ - su~ !ï ~ C· Ji ~ j nous r.as - sem .. ble et nous ntl. Re • 1ou - issoôs nous ff! Ji ~ re! Res - tons joy - eu~! Ad - mi .. ron5 ta Bo n - té e t ... P u:s - sa n · ce du ~ft? Dieu vi - van•!i -- Et <Su rond d e nos cœ un . com - m e ~+==jj J1 ;1 Ji * 'isJf Les couplets ont été publiés de.rut • ChantOil!l en Chœur D page 48, ~ ANS la gr nde cité indusf'rielle, il n'était bru•t que de la sen– sationnelle déco u • verte qui devait révo– lutionner l'o utomobde. On disa1! qu'a' e 6tai t néo dan::. un modeste garag e situ~ en plein quar1:er ouvrier Elle n'éto 1f pa s t'œuvre d 'un ingénieur c6 lèbrf", ma ie. sim p lemenr o'un o nc e r. mécan1c1en â qé main· tenant e t qui o ccupa·! ses IC'\isir, ror cPs 0 mettre au point un projet cent fois étudié et cent fois abandonné au cours de sa carrière. C'était, à vrai dire, une véritable g ageure qu'if a vait a ffrontée avec une énergie farouche. Preoccupé du pro– bièm, des coïburants pour /Jautomobilc , le vieil ouvrier, le père M archand, comme on l' oppelùit dons le quartier, cherchait un mo en de se passer d'es– .lence. L'effroyable cat astrophe qui ~'était abattue sur la France en cette a nnée de défaite et la suppression radicale de l'automobile s'étoier.t char– gées de lui donner raison. En quoi consistait la découver te ? La oiture mise au point par le père M archand ét a it absolLiment merveil !eus~. C'éta it une a uto élect rique, sons accus lourds et capricieux, sons dynnrno p our ch arger, sans démorrcur délicat... Par fe jeu d'un certain nombre de cir– cuits oscillants mettant en action un pr cédé de télémécanique jusque-là inéga lé, l'inventeur utilisait, pour ac– t ionner le mo teur électrique de sa voi . ture, l'énergie rayonnée dans l'éther p ar u ne station é mettrice. Grâce à sa sensibilité incroyable, le circuit récepteur pouvait cap ter l'éner– gie dans un rayon de 150 kilomètres. Qu'on équipe la France entière de sta tions semblables de façon à pouvoir couvrir toute la surface du pays, et c 'était la solution élégante, économique, de l'inquiétant problème des transpor1·s apr):s guerre. Comme toutes les découvertes gé· n ioles, celle-là éta it d 'une simplicîté extraordinaire. il fallait y penser, voilà tout ; il avait fallu surtout mettre au point le procédé, Lo conduite du véhicule ne présen– tait aucune d ifficulté. Vous vous ins– tallez au vola nt, vous tournez un bou– ton d'ébonite fixé devant vous et qu i commande un cadre réglable situé sous le capot. Ce cadre est comme l'antenne réceptrice en l'orientant dans la direc– t ion de la stat ion émettrice, on obtient u ne oscillation , une énergie qui, par des relais, produisent le courant élec– trique nécessaire au moteur. Une lampe-témoin s'allume alors. écluirant les cadrons du tableau de bord, c'est signe que le circuit de la voiture est sous tension ; une légère pression sur une pédale pour la ncer le moteur qui se met à ronfler douce– ment.. . une pression plus forte sur la même pédale, un embrayage pro– gressif ... et voici la voiture qu i prend raoidement de la vitesse : dans un style souple e t puissant, elle atteint 60 kilomètres à l'heure en moins de 100 mètres. Quand la voiture sort de la zone d':?nergie, la la mpe du tableau de bord s'éteint. Dans l'hypothèse d'un équi– pement complet du pays, le conducteur n 'aurait qu'à chercher la nouvelle sta– t ion voisine g râce à son cadre orien - c-=~===------' table comme il chercherait un n ouveau post e émetteur sur un appa– reil de radio - il ~ accroch erait -. a insi une nouvelle source, sons même arrê ter la voiture. qui roulerait tou jou rs sur la vit esse oc uise. En f in , corn m e tout é tait pre vu , u n compteur total isant les kilomètres pc-r– courus fixera it la redevan!:e due pour le paiemen t de l'énergie consommée. N'y avait-il pas de quoi ta ire rêver les chauffeurs, de quoi fo ire pôlir d'envie les ingénieurs des grandes usi– nes, qui s'étaient ainsi laissés d istancer par un modeste chercheur ? Oui, le chef -d'œ uvre était b ien trouvé, il était là, dans l'a telier du père M archand. 11 avait fonctionné· pour de courts essnis, il était prêt à reprendre la rou te, il était m êm e b aptisé - formali te nécessa ire pour l'obtent ion du brevet d'invention : c'était la voiture 504 Z. HIS 1 Ol~E de •ï nven teur n'éra11 d·a 11-urs pas b ana le Vie il or r– g 1no 1 peu corn un1ca· tif. gr1richel X er oi~ri. il viva it seul On l'o – vo it •oujou" vu do ns cet atelier, ancien garage à , la clientèle autrefois assez nombreuse, aujourd'hui déserté. Les voisins ch•Jchota ient qu'il ava it eu une certaine q isance, rl1ais que les innombr~bles expériences entreprises pour réal iser son rêve fou l'avaient peu à peu ruiné. Sa femme éta it morte, ses enf ants l'a va ient quit té pour f oire leur vie au loin. Il était resté seul avec son idée en t ête, penché sur ses des– sins au m ilieu de ses moquettes, calcu – lant , t entant des expériences, toutes plus infructueuses,. plus décourageantes les unes que les ou tres. Les années avaient passé sans lui apporter la récompense de son opiniâtre volonté de réussir. Incompris, il en voulait à la fou le · de son indifférence et de ses moqL1e– r ies. Jamais personne n 'avait pu fran– chir le seuil de sa porte. Quelqu'un pourtant avait trouvé grôce devant sa mauvaise humeur, c'était un jeune g a rçon de la maison voisine : Pierre Lapra!. Un brave petit que ce Pierre visage éveillé, cœur délica t toujo urs prêt à rendre service. Un m at in d 'hiver, il y a deux ans, Pierre partait à l'école, il y ava it beaucoup de verglas. Au tournant de la rue, il avait trouvé le père Marchand qui venait de gl isser malencontreu– sement sur le trot toir et gisait par terre, incapable de se relever seul. L'enfant s'éta it précipité, sons perdre son sang-froid, avec beaucoup de pré– caut ions, il l'avait aidé, p uis l'ava it accompagné jusqu'à sa porte. Avant d e se retirer, il lu i avait demandé de lui permettre d'aller faire la comm ission interrompue. L 'homm e avait été touché sans l'avouer du geste charitable. C'éta it tellement inat tendu dans sa vie ! Quand Pierre était revenu avec le pain de M. Ma rchand, celui-ci voulut le récompenser d 'une pièce de monnaie, mais il s'était heurté a u refus formel du jeune garçon : - Oh ! non, M onsieur, un service, ça ne se paye pas. Je suis bien trop heureux de vous a ider. Je rev iendra i dem ain, voir si vous avez besoin de quelque chose. A u revoir, M onsieu r. Et petit à petit, l'enfant était entré ·dans la vie du vieillard solitaire. Avec quelle joie le père Marchand voyait arriver l'heure de sa visite ! C'était un bavardage sans• fin sur ce qu'il ava it fait à l'école, sur son groupe, son équipe, son dir igeant, son abbé, car Pierre était Cœur Vaillant et tout de suite il avait entrepris de faire partager son idéal à son vieil ami. Au début, le père Marchand, qui depuis longtemps ne croyait plus ni à Dieu, n i à d iable, ava it froncé les sourcils, mais devant Ja contrariété de Pierre, il a vait consenti à écouter. Puis Pierre n'ava it pu résister au désir de poser de prudentes quest ions a:.i tour de la voiture mystérieuse garée dans l'atelier. - M. Marchand, cette manette, elle sert à quoi ? Et ce bouton, là, près du volant ? M . Ma rchand, quand est- ce que vous a llez la faire m archer encore? Est -ce que je pourra i assister à votre essai? J'aime tellement la mécanique ! Et le père Marchand répondait, don– na nt de ci de là d~s explications acces– sibles à l'enfant. Ainsi Pierre se met – tait - il insensiblement ou courant d e tous les secrets de la 504 Z. T rois mois ont passé. Lo m ise au poin t est term inée ; le mécanic ien va ten ter Io g ronde randonnée qui donnera une idée définitive de son invention Il a agencé une petite sta tion émet– t rice d'une puissance réduite, m ais suf– fisante pour a limenter l'auto dans' un rayon de 50 kilomètres. Tout est prêt pour l'expérience finale. Ce samedi, Pierre vient voir son am i, i 1 le t rouve tout rayonnant : - Tu sais, Pierrot, c'est décidé, dema in sera no tre grand jour ; je profi– t era i de l'après-m idi de dimanche pour essayer la voitLire. Va vite demander à tes parents s'ils permettent que je t 'emmène... Le cœur ba ttant de joie, Pierre se précipite. M. et Mme Leprat hésitent un peu - c'est si compréhensible ! - mais confiants dans Io conscience pro– fessionnelle de M. f.."\archand, ils accor– dent la permission. OUS un beau so leil, d ernier sourire ce i:;:,;1~:~~;1~~~~~: donc da n' les oaraqes. Seuls M et Mme Leprot son t venus accompagner leur cher petit Pierre. L~ voyage danS' la gronde banlieue durera environ trois q uarts d 'heure et l'inventeur pense cou– vrir un circuit de t rente-cinq à qua– rante kilomètres. Le père Marchand s'installe au vola nt, son petit aide à côté de IL11. Silencieusement, sans à-coups, l'a uto démarre "et prend bientôt de la vitesse, elle a vite fait de disparaitre a u tour– n ant d 'une rue. Pierre ne se t ient pas de joie, rien ne lui échappe. Avec une docilité admirc ble, la voi-· ture répond a ux différentes ma nœuvres. La voici en pleine vitesse sur la route rectiligne. Le père Marchand, sûr de lui, ca lme, rayonnant de fierté, les mains rivées au volant, ne répond que par un sourire épanou i aux interjections enthousiastes d e Pierre. - Oh ! rega rdez donc le compteur, M. Ma rchand, on • tape • le 80 ! c'est m erveilleux ! Effectivement, sans le moindre inci– den t , Io voiture glisse silencieusemen t en donnant une rassurante impression de puissance. Mais voic i qu 'il fau t ra – lentir pour prendre le premier chemin à droite et revenir da ns la direction de la ville. La 50 4 Z est revenue à un régime réduit, elle a viré sons effort , puis a repris de la vitesse. Le père Ma rchand, sa tisfa it, laisse enfin tomber ces mots : c: M ain t enant je su is bien tranquille, je ne n1e suis pas trompé... >. Trois quarts d'heure après exacte– ment, nos deux voyageurs rentraient, enchantés d'une randonnée qui dépas- re;;o•;J:,7!~~''''::~~~:~ coup, puisque le :ac 1- turne père Marcha nd n'avait p JS voulu fai re connaître à !°ava nce sa tonta live. l a presse an pa rla •t longuement et domando it q u'on ulthsôt sans tarder cotte inventio n extra – o rdinaire. La ja lousie évidemment se f it jour. Après les dédains péremptoires sur 1es expériences du vieux mécanicien , c 'éta it chez certains de l'inquiétude e t même cJe la fureur : se voir distancés, ba ttus p ar un simple OU\ rier, quelle dérision ! Mauvaise conseillère, la déception fit germer dans un cerveau un projet criminel. Il fallait à tout prix· empêcher la sort ie de Io nouvelle voit ure, Io détruire ou, d u moins, la détériorer à t el point que l'inventeur n 'a urait n i le temps, ni le courage de la recons– truire. Soucoyer des malfaiteurs pour cette besogne infâme est, hélas ! chose toujours possible. Et c'est ainsi que, dans l'ombre, un complot se t rama contre la 504 Z du père Ma rchal'ld. Ce soir- là, Pierre p assait devan t fa maison de son vieil am i, quand il en – tendit des chuchotements dons la pé– nombre de l'allée.. 1 ntrigué, il ralentit le pas et prêta l'oreille. Qu'entend-il, mon Dieu ? • Alors, tu vois bien, l'entrée du garage est ici t u va s entrer avec ce passe-partout, '" iras à la voiture et tu feras cc que ~c t 'a i d it . A ttention , on ne doit plus en s, ,tendre parler !... >. Pierre est a tterré. Que faire ? Aller demander conseil à ses p arents ? à M. !'Abbé du potro ? Aller avertir le père Ma rchand ? Pendant ce temps, le malfaiteur pourra agir à sa guise. Une idée su rgit tout à coup dans la tête de Pierre : il a la clé de l'autre porte qui donne sur la rue voisine ; s'il pénétrait dans le garage tout de suite avant le bandit ... il se cocherait , il verra it tout ce qu'il ferait et pourrait ensui te avertir le père Marchand, le met tre ou courant de tout ! Aussitôt il se décide. Il risque gras ! Tant pis, un Cœur Va illant n'hésite pas devant le devoir. Pierre longe le mur à pas feutrés il arrive à le porte, f ait tou rner douce– ment le pène de la serru re, ouvre. P.ien encore. L'autre n'est pas entré Vite, on deux bonds, Pierre est près de la voiture, près de laquelle il se dissi– mule sous un tas de vieux chiffons et de pneumatiques. A tétons, guidé ' par un rayon de lune, il s'enfonce dans so cach ette Il est invisible, mais il verra tout . Il con· n ait à fond Io voiture ; aucune m anœu – vre ne lui échappera... Soudain l'autre porte grince sur ses gonds, un rais de lumière jaill it d'une lampe de poche éclaire les lieux, un hom me avance, il a un masque sur les yeux... Le voici arrivé près de la voi– ture, il la considère avec a t ten tion, relève le capot, se penche minutieu– sement sur le mécan ism e. Ciel ! que va-t-il fcire? Pierre suit le pinceau lumineux de la lampe, la main du malfaiteur, arm ' e d 'une p ince, d 'une lime. Il voit et note dans sa mémoire : deu x bornes au moteur dévissées, le circuit d'allumage d€ la lampe-témoin coupé au tableau de bord, trois lampes réceptrices d'énergie interverties - ce qui provoquerait une détérioration grave - le cadre récepteur déréglé et probablement coupé a ussi, Io pédale de démarrage sabo1·ée - Pierre a entendu le crissement de la lime - sabotés également le dif férentiel et la d irection . L'homme a achevé son abominable t ravail. 11 se frotte les moins et Pierre devine so joie m auvaise, à Ja pensée de Io grosse récompense qui l'attend .... puis il se retire, f ermant la porte avec précaut ion. Immédiatem ent Pierre est sorti de sa cachette ; vite de la lumière, son carnet , un crayon.. Il écrit f6brilement la langue énuméra tion des dégà ts com– m is. N on, il n'en a oublié aucun ! Quelle heure est-il donc? Et ses ,Jarents qu i doiven1 se morfondre d'in – qU1étude en l'attendant. L'enfont, souda in, reprend conscience d la réalité. IJ court, arrive chez lui, monte comme un fou dans l'escalier... • Enfin le voilà ! Mais qu'as-tu fait Pierre ? > . Pierre explique tbute l'aventure, <;Ons torfanterie, bien simplement. If s'ex· cuse : - Pardon de vous a voir mis dans Je souci, m ais n'est-cc pas, papa, que tu aurais fait Io même chose à tna place ? Une lueur de fierté passe dans les yeux du p apa. Ou i, Pierre est un brave pet it gars, mo is u ne chose p resse m ain – tenant : d'urgence il fau t aller avertir M. Ma rchand. UAND il aoprit ô la fois svn infortune er le geste si coura geux de so n pet<! ami, le père Ma rcha nd oleu· ra . Ma is c'é1ait _des !ormes d'émotion et ae fierté plus que de désespoir. Avec un courage renouvelé et grâce a ux précieuses indications du carnet de Pierre, le mécanicien remédia sans trop de peine aux sabotages criminels. Sa voiture éta it sauvée. Une pla inte à la police déclencha une enquètc qui aboutit à l'arrestation des coupables. Et voici que le dévouement de Pierre allait avoir sa suprême récompense. A quelque temps de ces incidents le père Ma rchand l'a ttendit un certain soir à son retour de l'école. Il avait l'air grava et heureux à la fois. - Poerrot, lui dit-il, ce que· tu as f ait pour m oi est si beau que ça m'a bouleversé. Vois-tu, je comprends que pour avoir agi comme ça, t u n 'es pas seul, une t erce puissante t'aide et t 'ins– pire, tu as le Bon Dieu avec toi, quoi ! comme tu dis. Cl A lors, je voudra is moi aussi con – nai tre cette relig ion si belle qui rend les hommes forts e t leur apprend à semer le bonheur autour d 'eux . • Tu me mèneras dema in vers ton abbé, je veux lui pa rler >. Et Pierre qui, sans défailla nce, depuis plusieurs mois, faisait prier toute l'équipe pour son vieil omi, Pierre se sent it cc soir-là tellement ému qu'il ne put trouver qu'un seul mot à d ire : - Ça ne fait rien, père Marchand.. ça ne fait rien, le Bon Dieu, tout de même, il est joliment chic. Guy DU MAS. Les Aventures de Jean-François, chef d'équipe Deva nt l'a ffirmation de Jean- François, Lucien C!lt resté " " petit moment silencieux. Une bonde bien plu~ nombro1rno encore que Io groupe Cœurs Vaillant s, ben vrai, ça doit être quelque a:hor.e f Et :;ona plus demander d'explica t ions, po rcc qu'il o co Af iaRce eomplèi'crncn~ dons &on ami, Lucic fl, d'un pos plus f erme, continue a ltè9rcrnoni', aux côté~ du chef d 'équipe, la route qui mène à l'é cole . Famc usemcni" agit ée, co matin, fc clesse de Moni;icur La croix ! Les élève::; n'en· finis!:ont plu!l de s'installer et depuis troj~ minute~ a u m oins que Io port e s'est ferm ôc sur Qo dernier arr;vant, poi:; un cahier sur la p iste du mystère••• ,.. n'est encore ouvert r;ur les pupitres en cffcr– vcsecncc. ([ Allons, allons, s'imp atiente le pro– fesseur, dépêchons-nous... nous n'avons pas de temps à perdre... Enfin~ ça y est. Dans un silence relatif, les garçons attendent le début de Io classe. Du regard ils in t errogent leur inst it ut eur, mais M . La cro ix, décidé ment , ne poroit pa s prê t à dict er ses problèmes. Ses yeux fixent obstiném ent quelque chose, à droite, au fond de Io classe. Quelque chose, ou quoi– qu'u n ? Jccf'l-fl'onçois, i ntrigué, tourne légè– rement Io tête et, tout d'un coup, il tressaille. L'élève que M . Lacroix est on train de d6vi - sogor, c'est Raoul... Raoul qui ç..~t très occupé à os!ïoycr d'a rracher de son coT1icr uno. page toute macul6c d'encre, La voix du maître reten– t it , sévè ro, dans le Gilencc q ui s'est foit tou t èi coup, parce que les élèves, inconsciemment, pressent ent quelque chose : c Raoul, a p porte z – moi votre cahier... o. Surpris en flagrant délit, Raoul est sub it ement devenu très rouge. De mauvaise grâce il s'approche de la chaire... M. Lacroix a jeté un coup d'œil sur le cahier et tout de suito il o eu· l'a ir très m6contcnt. Maintenant ,il montre à toute Io classe Io feuille que le mouva is 61èvo n 'o pas ou le t emps d'a rracher complètement et d 'un ton sévère, il parle de restrictions, do p a pie r gâché, de t emps perdu et de ces heures graves que tout Io monde,· môme et surtout un écolier, devrait a voir à cœur de bien employer,,. l os 61èvcs écoutent attentif s, mois J c on- Fror.ç:ois, lui, est :;ubitc mcnt devenu très rouge, Sur Io page de cahier que M. LacroiK vient de montrer à toute Io ~lasso, il y a , en-dessous d' une phrase m ystérie use que les élèves n'ont pos pu d échiffrer, trois grands XxX qu'a tracés ostonsiblomont u n e plume mala– droite,,, Un billet de la bonde dos XxX su• le cahier de Raoul, mois alors ? !A suivre.) Jean BERNARD.
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