Cœurs Vaillants 1941

Assis s ur le seuil de sa g ran:lc, ma ison lame nta blement \'ide, le!!_ coudes sur les genoux et le m e n – t on dans les mains. le vieux Yan rc>mâch e sa rancune a,·,ec sa chi– q ue... e t tout cela e t amer et s ombre comme ses p en sées... Son regard noir sous des sourcils hir– s utes f ixe interminablement la c haine de ses m a lhe urs... une lon g u e, très long u e chaine... A vrai dire. d e puis dngt ans, il n e connait plus le bonheur... On chu– chote a u village quïl reçut jadis « le mauvais œil ». et nul ne J'a p– pelle que Yan-le-Maudit... les , ·iei lie se s ignent furtivement en !"apercevant et les gamins fuient ~on bâton d e houx trop souvent ie vé ... - Où va -t-il e ncore, celui-là ? C"est un enfa n t ... un gamin d e s ix ans. . chétif et p a uvrement vêtu. q ui monte le ntement vers Yan -le-Maudit... - Qu·est-ce ?... et où vas-tu, esp è ce d e moucheron ? T imide, le 'g osse baisse la tête. - J 'sais pas, Mon sieur... j'che r– c he... Tu ch e r ches?... Tu cherches q u oi, sïl te plait ? Y a n est d e bout, tignasse en ba ta ille , la main sur s on ·bâton de houx. te rrible en . face d e ren– fa l!t blond... - Tu cherches quoi? m e le d iras -t u à la fin ? Domina nt h éroïquement e nvie d e pleure r . celui-ci m u re dans un s ouffle : son mur- J e che rche du g rand air... Et co mme Yan demeure une ~conde sans voix. il s'enh a rdit : - Dis . Monsieur g r a nd-père, c 'est -y par ici qu·ça se trouv e, d u g ra nd a ir? ... - Du g rand air... mai s . qu'est– ce q u e t u m e cha ntes là?... - Vois -tu, · Mons ie ur, c 'est pour rna sœ ur Marie, qu'es t malade ... la v ois ine a dit : « .. .lui faudra it d u g r a nd a ir... » et moi fai d e– mandé a u g ros Julot o ù c'est q u 'on trouva it d "ça... Il a ri, '.\ o n s ieur. !'gros Julot... m ais y m·a tout d "m ême dit qu"c'était dans la ca mpagne, loin n es... Alors j'ai mis tout seul mes galoches, et ïsuis p a rti e n tour– nant !'dos a u x grandes chemi– nées... Maintenant qu'on n e les voit plus . j"trouver ai -t -y du grand air pour ma sœur. dis. Monsieur ? Et plus bas, il a joute en pleu– rant a u r a ppel de ses misères: - J 'veux dans une mon pa pa comprends. pas qu'on J'emmène grande boite comme e t m a maman !... tu d!s. Monsieur? ... On a bea u être un deu x << dur– à-cuire », on ne saurait deme ure r insens ible au courage et à la détresse de cet enfant. - D is, Monsieur... p a r où qu'il faut a ller, sïl te plait? L a p etite main timide sur so n bras Je r a m è ne a u présent... N Er – veusement il se d égage et h a u sse les épaules... - Est-ce que je sais, moi?... Mais s oudain. poussé par je n e sais q u elle force devant la fri– mousse désesp é r ée, il 5e r eprend : - Ecoute, dit-il à l'enfant . peut-êtr e q ue je sa is... mais tu vas d'abord me ramener chez toi... La petite main s 'abandonne. confiant e, à la g rosse main du vieillard, et l'on voit cette chose inouïe Yan-le-Maudit, appuyé sur s on bâton d e houx, condui– sant un enfant par la m ain ... • - C 'est là, Mons'.eur le grand– père... « L à ». c'est une misérable pièce en contre-bas, s u ' ntant partout l"humidté... A la voix de r e niant. une g r a nde fille a ux joues trop blanches s'est dressé e s ur son lit : - Petit Pierre ! e nfin !... Et, d écouvrant Yan d errière J'en · fant: - Excusez-moi, dit-elle, je n e vou s ava is pas v u : j'é tais si in– quiète de Petit Pierre !... il s'était ~auvé sans rien dire ... Gauch e , ému. n e sach a nt com– m ent m e n e r à bien cett e ch os e extravagan te qu'il a résolue. Yan tourme nte sa casquette d a n s ses m ain s... - Faut pas !'g ronder. Mam'selle Ma rie ... il é ta it p a rti vou s cher– cher d u g rand a ir... L es yeux de la j eune fille s 'em– buent, tandis qu'elle serre farou- chement !"enfant sur son cœu 1'... Mais quant a u r ésultat. elle hoche la tête bien tristemen t : (;e n 'est p as a\·ec !"unique billet d e cent francs q u i reste d a m le por te – mon na ie qu'e lle pourrait s e payer le séjour a u g rand a ir q u i la sau– wrait... l\~ais P etit P ierre. déjà . s·est échappé de ses bras : - Dis, Monsieur g r a nd-père, tu vas me Je dire à présent : Yan pr.:nd dans les s iei~nes les deux petite s mains tendues Yers lui : - Ecoute, mon petit, dit-il. et n:.il ne r <ccnn a itrait en ce \'ieil– lard paternel Yan-le-Maudit. écou– te. c ·est chez moi... mais le grand air , mon pe: it hom ·ne. ça n e se cu e ille p as co:n m e le s ! leurs d es drnmps ç a s e re spire. jour a près jour... Et se tournant ver s la jeun e fille il ajoute : Ma · maison, là-bas. est s i g rande... il y a biel! de la p lace pour vous deux... • Six mois ont passé. Le beau printe mps ba t son plein. et la maison de Yan. coquette e t gaie. OU\T e ses fen ê tr es fleuries au so– le il de mai... A lerte. Marie - que le g r and air a g uérie - v a de la cui~ine à l'étable et au poulail– ler, tandis que Pet it Pierre re– v ie nt d e l'école e n bra ndissant son carnet de notes : - Pa-Yan, je s u is le premier ! Du s euil. le \"ie illard t end les bras a l"enfa nt... C-es t b:en. m0n P ie r rot !... P o ur i.a d' r e une r Éco:npense . h istoire... e Et ;andis que J"cn far: t d é ,·ore >a ta rtine , P a-Y a n comme n ce: Il é tait une fois... L es g r ands yeux de Pierrot se ' o nt levés \·ers le \·isage du vieil – lard, a v idemen t il écoute l'histoi– re si belle... s i be lle ... d "tm de il– lard a u cœur dur q u e tous ap– i;ela ie nt Yan- le-Maudit et qui sut . g r â ce à un p etit en fa nt blond. de ,·enir le bon P a· Yan. Si b ie n que c'est à peine si on se r a ppe lle, dans le \"iilage . du te rri ble b onhomme au pa ssa g e d u quel les v ieille s se sig n a ient et dont !Es gam in s fuya ient le b â – tcn d e houx. F . KANl\fEi\IE. UN JOUR AVEC L'AMIRAL ABRIAL Tandis que nos vlllcs de France fétent, les unes après les ouh es, le passage du Maréchal, les foules de l'Empire accueillent ovec enthousiasme les grands chefs fran~ois qui parcourent le ur pays. Un de nos grands omis o pu assister l'outre jour à un voyo9c de l'amiral Abriol dans le Sud-Oroncis et c'est une journée triomphale qu'il déc:rit pour vous dans c:c reportage ....._ : "' :; . ~- . ...... .. • of". - P.W . l27C.O L'Qrrivéc. - Le wagon spéciol, amenant le Gouverneur, est arrivé de bon mot~n, à c inq . heures e t demie, a vec Je train du Nord, dons Io petit e v ille OL.i .)lJO Oror,a1s. A u dehors la foule contenue par les a mogh ozeni :>, ces ager>ts de polioe indigènes à Io gronde cape bleue bordée de rouge, s'est massée sur le parcours que su ivra le Gouverneur. Et .les voiles blan cs d es femmes orobes, les grands burnous rouges des caïds, voisinent bruyamment ovec les tenues sombres des montognords et les habits de fête des Euro– pé~ns. En 1·ête de son équipe, une jeune cheftaine est un peu effrayée. Tout à 1heure .i lui ioudro commander le salut de ses gu:dcs devant le Gouver– neu r ; e lle ne soit t rop comment e lle fera. En t irent sur ses gants elle regarde anxie usement la porte du wago n çcr où il doit sortir .. Scudo111 des pas fermes résonnent sur Je quoi, p uis Io chefta ine sursau te : Une voix poternelle v:ent de lui demander • Alors, ~\odemo1selle, c·est vot re équipe ? • Elle se retourne devont elle, grand et droit dons son uniforme, se trouve l'om1rol ; il est descendu de son wo· gon par u ne outre porte.. Une t el le bont é se d égage de sa person ne que Io peur de Io cheftaine s"é·1onouit aussitôt , et c'est avec assurance qu'elle répond : a Oui, Am.roi, ce sont mes guides... ,, Et quand 1 après quelques a tres quest;ons l'om !ral s'éloigne, c'est d 'une voix joyeuse q u'elle com· mande a Guides.. salu.::z '. ~ » Et d 'un seul mou· vement les bâtons se dressen.t. Devant Io foule. Après Io revue de Io com;:>ognie de Io Lég ion, le v isiteur se fait présenter Jes personriolité s, et tondis que s'élèvent, fi nes et légères, jouées par des instruments indigènes, les notes de la Marseil– loise, !'Amiral sort de Io gore. Un peloton de goum:ers en grand costume, mon– tés sur leurs chevaux personnels, entoure l'auto dons laquelle il monte, ouis il port à travers Jes rues salué par ces bruits qui ne cesseront p lus du– rant toute Io journée Io musique grêle des flûtes o robes scandée par le ry thme sourd des tambourins et les coups de feu de~ ind.gènes, fiers de < faire perler Io poudre • en l'honneur du Grond Chef BIone. Au monument Lyautey. P w i <>.ïGI Un bref commandement < Présentez.. . ormes ! • Les Légionnaires se figent. rigides, et !'Amira l ovonce. Après ovoir so lué les troupes 11 monte rapidem ent les marches du monvment et s'incline en haut, déposan t u ne gerbe de roses... puis d s'immobil ise un instant e t aussitôt Io foule bruis– sonte se toit : Io minute de silence. Seuls les dr.opeoux frissonnent encore sous le souffle trois qui monte de l'oued... Alors, lentement , gravement une sonnerie de clairon. s'élève, aug– m ente, s'amp lif ie et meu rt : • Aux Ch amps ~ ... Le garde-à-vous des ossis– ronts est devenu plus rig ide, les veux bri lle nt étrangement : sur tous Ceux qui sont groupés là . quelque 9ort en ce coin de l'Emp11e let li y en a qui éto .ent à Dunkerque a vec l'Amiro l) passe le souvenir de ceu x qui ne re- v.endront plus jomois... qui sont morts pour que leur potrie soit plus belle . Che" les Pères Blancs Maintenant le Gouverneur orriv~ chez les Pères Blonos. En réponse a u mot d'ac– cuei l du Supérieur, le Père Jolivet, so voix s élève, r.ette et ferme : • Portout où j'a i vu les Pères Blancs, j'a i p u constater leur .esprit de dévouement et de patriot isme... Je vous fé licite d'avoir é té des prem iers à comprend re Io voleur de l'enseignement pro– t esstonnel. .. d 'a voir é té de ceux qu i ont tou;ours observé les principes actue ls du Chef de 1·Etat Fronçais.. > et se tournant 'ers les enfonts de l'école des Pères. qui l'ecou te n t, éme rveillés : c Mes pe t its, écou – t ez vns maîtres... vous serez alors sûrs de ne jomo is faillir... > Une belle histoire. En reve nant de chez les Pères . Bloncs, 1·Amiral passe à pied devant un groupe de mcisons nouve llement const ruites pour les cheminots, ebouche d'une coquette cité ou– ,vr,ère bàtie sur le sobJe. Sur le seuil d'une de ces mo;sons se tient une famille : Io momon je tte Vive Abriol ! • ... Alors ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~· souria n t , le voici qu; s'approche, e ngage conversation e t, t rès simple~ent, dema nde à visiter Io demeure. Le protocole est bousculé, l'hora ire un peu retardé, mais une fam ille en tière se souviendra t ou jours du passage chez elle du grand marin. l:APPEL ~ ~fo?ouœ EXPLORA.TElTRS!.· L~s routes que \'OUS parcourez. ont vu df:filcr à freivcr1 le' si~clc!, une foule de so.,·onl... de guerriers, de s~inls cl de s-,irk s qu i o nl co 11vi:.rt d .. gloire •H'lr~ por_i. Vous orr i,•cz: sur leurs troccs . c:1 vous voulez co mme eux ra,o:lncr 1~ bonheur ~ Do.1~ vo; prll11H.·nadcs et "''~ <',11plo– rolions chunkz "J' Appel de la Roule ' ' que noua avons liré pour VOU) de ' ' 1'-\or.ljoi<' " cl qui vou5 aid~re è semer du bonheur parloui oü ' ..:ius p<?S!icn·z. RE~OLUMENT §1PÎJ Jll'l J J 1 Jlf J J J' )lj FJJ ll Il C 'csl la roule rlcs pnlndi:ls. Rouit' gua riêrt' !:lie a \' li la mnrchc des sainfs \1 ers lt\ lumicrc Et lrurs pas so11( cncMc c-mprr.i:;ts D sns so vie.lie poussière . !Il Si Ion cœ ur parfois ~·ci;f Cmu Pour de grends rê' c ). 5i tu veux les fièrt's vertus Oui nous soulêvcnt Bien loin des sentine rebt\llus, .S11i$ la roule sens trêvt . IV Tu ~auras le!'! secrets nombreux D e cr llc roule Les Cohoircs drrssês a ux l·ir-u' So\I.., lù grnnd'"oôte Tu se-ri\S pour \"011our de" 1,.11\l·u;ii;. C hnquc jour tU't Cco:llr s. J• V G ua11d J., nuit 6u:-o d t:n.s le~ bu1:!. f '1il lc.- .!l-1lenl:c. Tu t'ti1dormirt1s ~cns Cmni. l.JIC"in cl . C!ilH' t 6 nCC f.! la \ Oix ciu 5ti\!ricu r. loi. Ser•\ la ret umpe.;1!-e. A Io fontasio. Quand \'Amiral ,arr ive à Jo fantasia, le soir même de son dépo rt , cette fête n'étant qu"une holte sur Io route du retour. il n'y o pas de service d'ord re. A:ors. suivi de Mme Abriol, du Colonel Commandant le· - _ to··es du Sud et des personnolités. il va sim- plemen t ou bord .du terrc.n, et là , op- ç:t.1yé su r so canne, s'a rrê te . Lo fou le in - d igène. étonnée et admirative, se ra p- proche de lui, mais ben q u 'il n 'y o it rien pour fa re tenir e ff ect .vement, e lle A ne se bouscu le p c s. l es cr is e t les excla ·1! morions guttu rales se sont 1 ~1s. et 1rut le specta{le ét 0urdissa:11 de la i ant·a sic se dêrou le t ondis que J.;1 même bon i&re de resp ec1· im rnob d1se tot1ÎOLirS le p ublic. Ce n 'est Que lorsque !'Am iral remon te e n voit ure que, de nou ... •eou , 1arl l.ssent les cris, les accla mations e nthousiast es e t bruyantes. • Tard d a ns Io nL1it ia vi lle qui avo d vécu cet t e rnerveilleusè: 1ou rnée d evait encore retentir des coups de feu et de Io chanson nost c lg ique d es f lût es dons p..,, HUG~ la nuit chaude . Ces ci·. •cs mao1fest~tiJns ap• ès le dé part de celui que les Arabes a nnt=-11:-nt Le U':-1 1"'\0 s'"'lldnt >>, nF- m o..,trPnt-elles pas to ut le orestigo e u e oeut laisser, g ravé dons les cœ urs. le simple possoge de cet homme Qui est un che t ? Jeon LEGEA IS. Aux Cœurs Va illa nts de Sainte-Bernadette. L o sœur de garde lâ ho son t ricot ot saisit le récepteur. - Allo... oui. .. ...Ah bien, Docteur ...Oui, il es t libre... ... Pour cc soir, à Tarbes ? Mais c'est imp ssible. A moins que... ~ ...Oui, c'est ça , justement, l'a vion: o quittez. pas, je vois pa rler à Mon· sieur !' Eco nome . Lo sœur reposa le récepteur et prit te t éléphone in térieur. - Allo ! Monsieur !'Econome ? _Monsieur !'Econome, le docteur Duteil, de Tarbes, demande d'urgence , pour ce soir, avan t sept heures, le pou– mon d 'acier .•. ...Eh oui, il est orès de deux heures. M ais peut- être un avion arrivera it - i l à t e mps..• . .Bien, Monsieur !'Econome. Et de nouveau le t éléphon e e xtérieur fut repris. Docteur, -c'est entendu. On va tâ· cher · d 'obte nir l'a utorisa t ion du tra ns– port por avion. Veuillez me donner vo tre numéro, je vous t iendrai ou cou– rant . M. ]'Econome du Grond Hôpitol de Lyon est un homme de décision. Un inconnu mourra d 'asphyxie, ce soir, s'il ne reçoit le poumon d'acier qui fera m ou voir sa poitrine para lysée e t lu i permettra de respirer. Il ne fout pas perd re une minute. Il o foit aussitôt charger le gra nd inst rument dons une voiture de )'hôpital, y monte lui aussi, et donne l'ordre ou chauffeur de se rendre à l'aé rodrome de Bron e t d2 foire vite. Il est deux heures. A !'a érodrome, celo ne va pas tout seul il o fallu .longuement parle- mentc r. t"nfin l'a utorisa t ion d 'un • t rans– port d 'objet médi~ol de Lyon à Tarbes • est a ccordée. L'a vion, un lêger avion de tourisme, est sorti de son hanga r, ces vastes hangars mé talliques où dor– ment d ep uis des mois, leurs a iles re: pliées, les qra nds oiseaux bleus, rouges, blancs, verts o'u gris. L'énorme pournon d'acier est ca sé difficilement dons le frêle avion. A deux heures quoronte sept e xacteme nt, l'a vion prend .la d irec– t ion du vent, roule sur le terrain , len– tement d'abord, puis de p lus en plus vite, puis tout à coup on le voit décol– le r, s'élever en montée douce, puis plus ra p ide, virer à gauche, faire un t ou r de terrain en pr~nant peu à peu de 1 ha uteur, foncer tout droit dons Io clire tion des Pyrénées, d im inuer, d im inu qr dons le ciel bleu, ouis bientôt, petit point imperceptible, disparaît re tout à fait . Cinq heures, déjà ! Le jeune çhef pilote, Robert "réflexion tout haut . Déjà plus qu 1 il est en rout e. Comme le te mps p arss Une heure encore et il se posera délicate '!è'll11."l:''V-.""- sur le terra in de Tarbes. Avent sept heu le pa uvre homme reprendre vie. ... Si rien n 'arrive..• Robert Lotil est un os de l'oviotion. tou t jeune comm e mécano à l'a érodrome de Marseille, il a, dès dix- neuf ons, passé son brevet de pilote, puis son brevet d'ocrobot ie, a con t inué ses ét udes e t est devenu che f-p ilote à l'aérodrome de Lyon-Bron. C'èst un ga rçon de trente ans, solide, mus– clé, d'un calme et d'une maitrise de soi à toute épreuve. Un jour - c'éta it penda nt Io guer– re - iJ perd une roue, ou décollage, et ne s'en aperço it p as. Un de ses ca ma ra des, a ussitôt, bondit dons un a ppa reil, re joint le lieutenant Lot il, se démène t ant et si bien qu'il lui foit comprendre l'occident surve nu. La t il remercie d'un signe, continue son voyoQe, remplit se mission jusqu'.ou bout, reçoit une ra fale de bal– les, revien t, se pose .. comme u ne fle ur » sur une seule roue, endommag ea nt à peine le t rain d'a tterrissa ge. Robert Latil éta it porfoitement maitre de son a ppareil et de ses ne rfs. ' ,. li est deyx heures moins cinq. Depuis une d emi-heu re déjà , des garçons très excités fra n– chissent en trombe la porte de Io Chrét ienté et ces gerçons portent ovec soin de mystérieux bagages dont les dimen, ions extroordino ires intrigueraient le plus calme des passants. A l'intérieu r d e Io cour, cela fait le p lus é t ra nge ra ssemblement qui puisse 6tre et, lorsque les deux diriq ecnts s'a va ncent ou p ied 1 d u mât d'honneur pour siffler le rossemblement, ils ont toutes les peines du monde à garder leur sérieux L'équipe de Jeon-f'ronçois, en port i– culier, offre un coup d'œil tout à fait pittores– q ue Ma rce l o complété son éa uipement habi– tuel par 1.m coutelos d'indien e t des chaussures f.errécs, Pou l brcnd it à bout rje bras un immense bâton et porte en bandoulière une carobine à · a ir comprimé, Robert abrite ses- yeux t imides derrière des lunettes de mo1ocycliste, quant à Roger, il bot tous les records : un casque d'ex– plora teur à visière verte, u ne poire de jumelles, un passe- montagne, un soc t yro lien, on d ira it vra imen t q u'il s'a p p rê t e à a ffro n ter t ous les dangers de Io brousse et du pôle réunis. Tttuuutt ... Je coup de sifflet a re tent i et oprès un <c Haut les Cœurs... Vaillants l> vibrant, les garçons s' immobilisent dons u n sile nce im – peccable. u Les gars, commence 1' Alpiniste avec le plus gran,d série ux, je vous a va is d it que nous portions a ujourd' hui en e xploration et je vois, avec pla isir, que pas un de vous ne l'a oublié. Je crois t outcfofo qu 'il y aura de légè res pi~te de tous les saints fronçais. C'est Io gloire d e n oh c patrie d ,.en posséde r t elle me nt q u' une ernnée entière ne suffirait pos à les découvrir. Cc q u'il fout chercher, c'est Je- s aint qui a vécu le l!llus près de vous, dans votre villogc, dons vot re ca nt on, dons vot re province•.• Sa pist e, on pe ut Io retrou'tcr de bien des manières : à l'ég lise, où il o sons doute u ne stat ue spé ciale, dans les e nvirons, o ù u n mon ume nt ra ppelle pcut .. êtrc son passage, dan~ fes sou ven ir$, les légende$, les hk;toirc~ qu'on d it I.e :;oir à Io voilléc, e t que vos gronds ..po rc nh; seront sûremen t conte nts de vous raconter. Il faudra it que choque équipe porte en chasse sur l'une o u l' o utre de ces pist es. Vous a vez cinq minu– tes pour vous partager le travail et puis, tout le monde se mettra en route... Cinq minutes pou r é tablir un pion pa re il, ce n 'est oos beau~ coup, a ussi 1 en u n clin d 'œil, vo ici ' res chefs d 'équ ipe rassemblés en une d iscussion o n imée, tondis que, sous Io direct ion de !'Alpiniste, tous les gors de Io Chrétienté cl1ontent le si chic chant de Io route : " C'est la route des pala– din!, route guerrière ... elle a vu la marche des sa ints vers Io lumiè re.-._ e t le urs p a s sont e ncore e mpreints dans so vieille poussiè re... g a rçon, garçon, e ntends-tu l'a ppel de Io route ? Un cou!) do sifflet, un bronle -bos de combat, u n brouha ha qui va en dim inua nt da ns un n uage de poussière : ça y est ! le dernier des garçons disparaît ou tournant de Io rue, les équipes se d ispersent en g rond mystère le long des chemins CA MORT Ce soir, il est partic ulièrement heureu x. Il y a si longtemps qu'il n'a pu voler. Et cette mission qui lui est confiée, il la regarde comme une c ha nce exception· nellc . Le temps est radieux, le moteur tourne bien rond, tout va bien, t rès bien, même. 11 y a cependant oette odeur d'essence, mois, boh ! ce n'es.t rien. Un vent léQer vous berce déli– c ie use ment. L'a ltimè tre marque 1. J OO mètres. Robert se penche à Io por– t ière dont il a baissé Io gloce et re– garde défiler a u-dessous de lui, len– tement, les orés, les champs, les vil– lages et les bois. 11 laisse sa pensée vagabonder. Comme on est b ie n, t out seul, si haut... Comme les petits sou– cis de choque jour para issent mes– quins, comme les disputes des hom– m es, oetites f ourmis inv isibles, de– vra ient être vite réglées... Et le jeu ne pilote pense que, sous lui, des hom– mes trovo illent , rient ou pleurent. Ff loouf ! D'un seul coup Robert est enveloppé de flammes. Inst inct ivement sa m a in s'est portée en ava nt, sur Io po:gnée de l'extincteur. Mal– heu r ! on o oublié J'ext inc teur ! Alors il t ire d'un coup Io poignée de la rgage de l'essence; l"essence tombe dons Je vide. Oui, mais Je rése rvoir d eva it avoir une lé- gère fissure l'esse nce s'est rép o ndue u n peu partout , et tout brûle outour du pilote Le moteur a calé... L'avion perd sa vitesse et pique du nez. Le vent produit por Io vi– tesse de chute chasse Io fla mme contre Robert n'en peu t plus. U ne ressource, une chute. Le porochute obiig ot oire pour les seule sa uter en para – ! Heuceusement qu'il est g rondes randonnées !... Ou i, mois est-il possib:e de g u ide r jusqu 'a u sol un avion en feu ? La brûlure est intoléroble ... ses mo ins, sor> visage sont léchés par les fla m– mes ; ses vêt e ments brûlent su r sa p oitrine. Alors ?.. 0 Alors, t rès colm , R bert s'est rossis. a ppe lé à lui Io Sainte Vierge, a poussé à le manche à balai et l'avion descend presc:tue vert icalemen t ve rs le sol qui monte, qui monte... 11 y a là, der– rière lu i, un instrument si rare et si p récieux. Et puis il 'y a , là -bas, c'cst– à -d ire bien près, mointenont, un hom– me quî meurt, qui sera mort ce soir. si lui, Robert, ne dépose à terre l'a p– pareil dont il est chorgé. Robert se dresse, vérifie Io boucle d'a ttache à sa ceinture, redresse 1-'a – vion qui a rep ris de Io vitesse, p uis.. Mois... voyo ns... 11 n'est pas seul, à bord... Robert penche Io tôfe hors de l'avion : e t il sauve ses yeux. Voilà le so l. Une prairie, là-bos... L'avion se redresse, et, tondis que le feu s'a paise, oyont dévoré ltout ce qu'il pouvo it dévorer, se pose déli– ca tement dons l'herbe fraiche. Il rou– la it encore quond Robert o souté. Il est fou de douleur, mais a ux paysans ocrnurus, il a pu, ovont de perdre conna issa nce, donner Jes indicat ions nécessaires pour que l'on emmène pa r Io route, bien vite, le poumo1. d'acier. . . Il est six heures. Çuond il revint à lui, Robert Lotil était dons un lit d'hôpital, à Tarbes. D'obord il ne se souvenait de rien ; mois ses douleurs atroces lu i ra ppe– lèrent vite Io réa lité .Alors il essaye de se sou lever un peu et de sa vo ix e ncore faib le i 1 dema nda - Le poumon est -il a rrivé à temps? - Oui, lui répondit Io sœur qui g uetta it son réve il, oui. Vous a vez ga– gné Io cou rse : vous êtes arrivé avant Io mort. Vou> avez sa uvé un père de s ix enfants ; il est ici, vous pour.rez le voir demoin. Et mointenont, mon petit, restez bien t ra nquille. Vos b)essures sont profondes, mois c uérissobles. Soyez calme et tout ira bien. - Me rci, m a sœ u r... Dieu soit loué ! Oh ! comme je suis heureux ! J EAN D'ACRE. adaptations à faire ou point de vue equ1pe– mc nt... 11 Un r ire discre t court sur les lèvres des chefs d 'équipe ... Ils ouroient parié que !'Alpi– niste a lla it fo ire cett e réflexion, m a is comme choque Cœ ur Vo illont devait se prépa rer seul à l'explora tion, ils ont respec té Io consigne e t g a rdé le silence ... L'Aip in iste, cependant, co nt i– nue L'exploration que nous allons faire, vous auriez pu cependa nt en deviner le secret ... Dimanche , lorsque nous avons fêt é Jeanne d 'Arc, ic vous ai dit qu'eilc !"l' avait pa s été seule à a pport e r le b onhe ur dans notre p a y9, que d 'au– tres ava ie nt passé en faisa n t le bien e t que, pour rendre le bonheur à nos frères, il nous faudrait re t rouve r leurs traces, me ttre à jour leur message, d écouvrir le ur secret . Cc sera cola not re exploration... Des exclomot1ons d iverses fusent de tous les coins. C'est sur les routes, sur les c hemins dè c.hez nous qu 'aura lieu l'exploration ! Mois a lors, le casque colo– nio l, le posse-montogne, Io corabinc ? Deva nt Io mine déconfite de Roger, Jean-François in ter- creux, Io Chrétienté St-Jea n est r-ortie en explo– ration... Lo o rande cou r demeure que loues ins– tants silencieuse. Et p1.1is, des pas se font enten– dre à nou vea u su r le gravier qui crisse . lls vien – nent du bureau des dirigeants, ce petit bureau clair où on n 'en tre jam a is sons en ressort ir plus vaillant et p lus joye1.1x. Les silhouettes sont houles, les démo rches rapides, on diroit ... niais oui, voilà M. Pierre e t l'Aloiniste... Ils son t lourdement chorgés, tout un c ttiroil mystérieux sort d u sac t yro lien q ue J'Alpiniste a accroché à son dos : bâtons, tic-~llcs, cartes d'é tot– ma jor, carnets, cro ies de couleurs... Est -cc q u' ils vont, eux· oussi, partir en cxplorot ion ? Les deux jeunes gens, après un ropide poin tage sur Io carte, se dirigent résolument vers le Nord. vien t à voix bosse n Tu n e croya is tout de même pas q u'on a llait file r c_n Afriquc, voyons f u Mo is s i, m ois si, Roger le croya it , Roger ne réfléch it jamais plus loin que le bout de son nez et dame ! quond' il s'agit de si longues dista nces, ç'est un peu court 1 " Nous rc fc ron.!i u nc Fro nce ... plus belle " · Le cri de !'Alpiniste o romené le silence et le dirigeant peut continuer ses exp licofions : n Il est bie n évid ent que vous n'olle% p as vous la nce r sur Io Pierre par pierre, les vo ilà o u i repèrent le ter– ra in, d iscutent à l'orée d 'u n chcn1in, t racent de grands signes mystérieux sur le sol, signes qu'ils reprod uise nt ensuite su r leur carte. Ah ca ! qu'est -ce qu'ils peuvent bien foire ? une piste ? Lin rele vé géogroph iq L1e ? dzs prépa ra t if s d'o ffen– sive? Ils sont si obsorbés par leur travail qu'ils n'ont pas vu ce tte omb re q ui les su it depuis la sort ie de Io Chrétienté, cette gronde ombre moigre ou regard mécha nt sous Io casque tte trop e n foncée, cotte g ronde ombre qui, bto t t ic derrière les buissons, les re vins, los rochers ne perd pas un seul de leurs gestes... <A suivre. > Jcon Berna rd.

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