Cœurs Vaillants 1941

Trois coups sourds viennent d'ébranler la lourde porte de chêne. Dans la pièce claire où pieusement ils achèvent en– semble la prière du soir, Juanito et ses parents se sont dressés, très pâles. - Des soldats ? ... à cette heure tar– dive ?... ce ne peut être qu'eux.• Ce sont a · eux » en effet, et avant que l'enfant ait pu se rendre compte de ce Qui arrivait, il se retrouve seul dans la chambre bouleversée. Connus dans tout le pays comme de fervents chrétiens, ses parents viennent · d'être arrêtés par les persécuteurs... Le petit gars est resté longtemps écroulé au pied du grand Christ d 'ébène, et • puis, comme on est jamais tout seul lorsqu'on est chrétien, iJ a retrouvé un toit et une famille. Ils sont là, deux garçons de son âge, deux garçons qui, comme lui, devaient faire, la semaine suivante, leur Première Communion. Et parce que, en ces temps troublés, les enfants plus que jamais, ont besoin d'être forts, il: a été décidé que la cérémonie aurait lieu tout de mê– me, en cachette, dans la nouvelle maison de Juanito. La r etra ite vienl de commencer. T.:>us les soirs, sous un déguisement, le Père réussit ?. venir pour pré parer les enfant:; n~1 gr and jour qui approche. Au fur et à mesure que passent les heures, la fer– veur de Juanito augmente , tandis 4ue là -bas, dans la prison sombre, ses parent>" l'accompagn ent de leurs prières et de leurs larmes. Le grand jour est arrivé. Au milie u de l'émotion générale, petits gars et petites filles ont reçu dans leur cœur Celui qui donne la force de fa ire face fièrement, a ux heures les plus tragiques. Maintenant, ce ·sont les Vêores. D'une voix claire, les premiers cômmuniants répètent, la main sur l'Evangile, les pro– messes de leur baptême. Tout à coup un pas pressé se fait entendrP dans le cou– loir,: quelqu'un s'approche du P ère , lui par le à voix basse. Une crispation dou– loureuse passe sur le visage du prêtre et, comme le dernier des e nfants vi~n! de nito a suivi ardemment ses paroles. Dans la petite assemblée, une même angoisse fait battre à grands coups tous les cœurs. Unis au Christ au'ils viennent de rece– voir, fiers de la ~'oi qu'ils viennent d'af– firmer, tous les enfams se sentent prêts à Lui rendre témoignage. Mais la prison est bien gardée, les soldats difficiles à tromper,. qui sera assez habile pour déjouer leur surveillance ?... - Père, j'irai moi, si vous voulez... C'est Juanito qui a parlé. Il est de– bout au milieu de ses camarades et la flamme qui brille au .fond de ses yeux est si ardente, son pâle visage si résolu que le prêtre, très ému, ne peut · qu'ap– prouver la généreuse résolution. • Un petit panier au bras, Juanito mar– che rapidement vers la prison. So~s l'humble serviette à carreaux rouges. il y a Quelques provisions, toutes pareilles à celles que, de temps en temps, les en~ fants du voisinage vont porter aux pri– sonniers. Mais contre le cœur de Juanito, sous la veste de drap, repose la petite custode où le prêtre vient d'enfermer deux host ies. Et de sentir son Dieu si près de lui, Juanito se sent prêt à af– fronter tous les dangers. De ceux qui vont mourir, il ne sait rien; ou presque. - « Tu demanderas le cachot No 25, a dit le Père tout à l'heure, c'est là f!Ue sont les prisonniers, quand tu -entreras ils te salueront de la main gauche, rapidement, c'est à ce signe que tu les reconnaîtras... Et l'enfant se hâie vers la citadelle aux fenêtres bardées de fer. C'est là que, l'autre jour, ont été amenés ses parents ; s'il allait les rencontrer, pou– voir leur dire la joie qui de puis ce matin, habite son cœur, les embrasser comme il se l'était bien oromis au soir d e sa Première Communion ? Voici la prirnn. Les hautes mura iUes se dressent à l'extrémilé de l a rue. De– vant la :i:orte plusieurs gardes bavardent bruyamment; Juanito, malgré lui, ralent it un peu son allure. S'ils l'empêchaient d'entrer? Mais non, les hommes, ce soir, ont l'air de joyeuse humeur. - Où vas-tu moucheron ? 111011110, mallrisu11t Jon émotin11 s'a1111·oc//t des aardu .. t erminer son serment, sa voix s'élè ve très grave, dans le silence : - Mes enfants, on vient de me prév enir que deux prisonniers d emandent d'ur– gence la Sainte Communion. Leur exé– cution peut avoir lieu d'une heure à l'au – tre, il n'y a pas une minute à perdre. Un frémfasement d'angoisse parcourt l'a ssistance. De nouveau la voix du P èr e s'élève. - Malheureusement je ne puis y aller moi-même... je sera is immédiat ement re – connu... Il me faut un messager sûr ... Les yeux fixés sur ceux du Père, Jua- - J e voudrais p or t er ces provisions aux prisonniers du ca chot N° 25. Un g ros rire secoue les soldats - Au cachot 25 ? Ils n 'y feront guèr e honneur à tes provisions !... E nfin passe toujours ! ce qui r estera ne ser a pas perdu... Avec un frisson, Juanito s'e n gage dans les sombres couloirs. Il n 'a que t rop bier: comoris la olaisa nterie d es soldats et d~ savÔir l'exéëution si proche décuple son impatience. - S'il allait arriver trop tard ? A LOURD.ES -----------------------li I L Y A Q UELQUES JOURS Pour a voir la for'ce de mener à b ie n ~a lourde tâch e , il s 'est mis , lui-mê me , sous la _p r otection d e Notre Dame de Lourdes Le Maréchal Pétain a voulu supplier la .sainte Vie:rge d 'accorder • Cœa.ys Vaillants ,l e Ma r é chal vous donne là un magnifique exemple. Que chaqu e jour d e ce m ois d e mai votr e priè re monte , ardente , ve rs Not re Dame, reine d e Fran ce . Que ,ses fav eurs à la France lUors, par Marie , ch aque jour aussi vous v ous efforciez d'accomp lir, mie ux que j 'llTlais vo~re tâc he qu otid ienn e . l a Fr anc e, UDie, forte et chrétienne retrouvera b ient&t LA PAIX ET LE BONHEUR ALLO, les Alpinistes ' • Aujourd'hui, fête de Jeanne d'Arc... A travers toute la Fronce, nous célébrons, dans l'enthousiasme, ce lle qui est pour nous, plus que jamais, un chef et une espérance. Or, c'est précisément ce jour-là que j'a i c hoisi pour vous réTéle r la fameuse surprise a nnoncée depuis plusieurs semaines. Exptè5 ? Pourquoi pos ? Quand nous sommes arrivés en haut de la mont agne, fiers de notre Tict oire, heureux de l'avoir conquise . ensemble, en équipe, vous vous êtes dit peut-être : « Dommage que ce soit fini... 1> Eh bien, justement, petits frères, ce n'est pas fini. Nous n'allons pas recom~ mencer. une nouvelle ascension. Non. Quand, une fois dans sa vie, o n a gravi, sur les pas du Guide, les pentes de la montagne, on a compris, pour ne plus l'oublie r, où se trouve le vrai bonheur. Il ne reste plus qu'à le co11struire, heure pa r heure, en vivo11t, uni au Christ, Io simple vie de t ous les jours. Mais ce bonheur-là, nous ne sommes pas seuls à en ovoir trouvé le secret. Avant nous, d'autres ont suivi le Guide, avant nous d'autres ont compris qu' ils ne devaient pas garder •pour eux ·seuls, la bonne nouvelle. A travers villes et campag nes, ils se sont faits apôtres, messagers, routiers du Christ••• Il y a des endroits où l'on a pieusement gardé leur souvenir. Il y en a d'a utres où l'on a perdu · leur piste, oublié leur meuage et où le bonheur est devenu un de ces ·beaux trésors lointains dont on parle toujours et qu'on ne voit jamais... Petits frères, ce magnifique trésor existe. Nous qui e n connaissons ie secret nous pouvons, si nous le voulons, le faire retrouver à nos frères. Voici les beaux jours. L'air est léger, le' temps propice a ux grandes e xplora– tions. Voules-vous qu'à travers les routes de France nous nous la ncions dans· un grand rallye .sur la piste de nos aînés ? Un peu partout, ils ont laissé des messages. Nous les découvrirons et lorsque nous aurons fini, nous rassemblerons nos trésors dans une fête triomphale dont, autour de nous, on gardera longtemps le. souyenir. Cela vous va ? Alors, c'est entendu ! En route 1 Il est bien évident qu'on ne port pas à 1 1 0 - venture sons foire quel– ques préparatifs. Lo se– maine prochaine, nous nous livrerons pour cela à un jeu possionnont. Mois dès aujourd'hui, je veu x vous poser une pe– tite question. Avez-vous des dispos:t ions pour le métier de fakir ? Oui ? Alors, lisez donc le petit ortic:e de Io poge 5.. L'·ALPINISTE·. iPOUJl~ f\DIDIER INO~ IFRflf\IE~ Quant ou dessin ci-con– tre ce n'est pa s une sim – ple illustration, mois un modèle d'affiche que vous allez tous fobr:quer, en papier de co1.;1leur dé– coupé, pour affirmer, oux murs du p a tro, v otre joie de partir en exploration. A ~lflTlf\OUWEI\ R.IE 130N'1EllJ11\ , ~~cM6 ~t~ ~ f"'O'ViMGW ,-f.c:- ~te. be. n.oiS ~. Pour ne pas éveiller les soupçons, le petit messager n 'a pas demandé son chemin. Voilà plusieurs minutes qu'il erre à travers le dédale des vestibules. Toutes pareilles, des port€s aux lourds cadenas s'encastrent dans l'épaisse mu– raille... 36... 22... Où peut donc bien être le N° 25 ?... Une sùeur fr oide aux tempes, Juanito court maintenant sur les dalles sonores. Brusquement il étouffe un cri. Emporté dans son élan il a heurtP un soldat qui venait en sens : nverse. Furieux celui-ci le secoue énergiquem ent - Eh bien, eh bien , garnem-ent ! où vas-tu comme ça ? D'une voix eritrecouoée. Juanito s 'ex– plique tant bien que Ïnal : - J e voudrais porter ces provisions aux prisonpier s du N ° 25, les soldats près de la porte m'ont p ermis d'entrer. - Et tu m'as l'air d'un drôle de com– missionna ire ? C'est la première fois que tu viens ici ? Juanito ne peut pas mentir : - L a premièr e fois, oui... - Hum ! pas bien clair tout cela, en- fin ! su is-moi, les prisonn ier s du N° 25 ne sont pas dangereux pour b[en long– t emps. Qua nt à toi... et un geste de menace achève la p hrase. • Plusieurs minutes durant, le soldat a conduit l'en fant, broyant dans sa main rude le frêle poignet ci.ui tremble. P uis il s'est arrêté devant une porte tou te sembla ble a ux a utres, il a ;fait Jou er dans le oène l'énorme clef de fer et poussant s on comra2non dan s le cachot humide il a crié avec un gros r ire : - V'là des orovisions de route, si vous voulez en prof;trr, dépêchez-vou s... En claquant la por te il ajoute : « Je revien drai dans d ix minutes, tâchez d 'a– voir fini... » Adossé à la mu ra ille, Juanito est resté quelques instants sans r ien voir . puis ses yeux se sont habitués à la demi– obscurité du cachot et, soudain, il a aperçu deux ombres qui se levaient pour venir ver s lui... Un rayon de soleil a filtré par l'ét roite lucarne... Alors un 1 r• p le> cri i'etentit entre les murailles de pierre - Papa, maman ! Mon petit... Quelques minutes se sont écoulées... quelqu es minutes boµleversantes pendant lesquelles on n'a entendu dans le sombre cachot que le bruit des baisers, d·es san– glots, de s mots entrecoupés... Le pr emier, le pa pa a r etrouvé son sang -froid : - Mon petit, le temps presse... Alo rs, J u anito, très pâle, s 'est re– dressé. Tandis Que son pap a et sa maman se rnnt agenouillés sur !e sol humide, il a tiré de sa veste la p etite custode... Il vena it à peine de déposer la deuxiè– me hostie sur les lèvres de sa maman qu'une t err ible détonat ion ébranlait les échos <les vieu x murs. Mis en défiance par les hésitations du jeune commiss:on naire , le soldat était r evenu l'épier du cachot voisin. F ou de r age il ven ait de tirer ... • E t tandis qu e l'on emmenait au pelo– ton d 'exécution son papa et sa maman, J uanito, le petit gars au cœ ur vaillant, s'e n fut rejoindre, au ciel, le Dieu de sa Première Commu nion. A L LO Joannès B . 1 CI LE CENTRE NATIONAL Le Cenhe National conunuzûquo : a Jean Vailfant demand e quj pourrai! lui d c nn9r l'adresse actue l1!3 du dirigeant Pie ne Bn ot de. Paris. !Il Par ~n!te do dilllcmltéo tecb n!quea le dé lai d 'en v01 des r apporls de groupes sur Jase a:ctivotés d e l'ann6e est repoaté "" 30 m oi. !..es ch e!o d'équipe ont donc jusqu 'du 31) mai (e t non plus "euletten• jusqu'au 10) pour e nvvyer au centre National ou au Ce ntre D iocésain , le s rapport!J qu ils auront dû rédiger. en répon– da nt ensemble au q ues·tionno..iro paru d ans « En Chré1ien té » n° !S. '-----lllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Tou t essoufflé pa r sa course, Ma rcel s'est a r– rêté net . Mo is Jeon· Franço1s le secoue de b elle façon : <= Eh bien, quoi, Monsieur Pierre ? dis vit e ! - Monsieur Pierre s'en va ... - Hein ~ u Le chef d 'équipe a bondi puis il se rassure t 0u t d'un coup. Si N1. Pierre s'a bsente, ce ne dc it pas être pour bien longtemps. Marcel a vite t o it d e dém olir ce frog lie espoir : u M.a is ! i, mo is si, c'est pour longtemps, pour toujours peut -ét re... " Cette fois Jean -Fronço:s ne com– pre d plus et com me son second s'embrouille dons des explica t ions bizarres, le che f d 1 équ ipe, d'un trait , court jusau'à Io ma ison du dirigeant . Dring, d ring... Io sonne rie, stridente, déchire le silence du vest ibule. Des oos su r le carreau, un e porte qui s'ouvre 1 voici M . Pierre en h a ut du perron. a Ah, c'c5t toi, Jean-François ! j6ot– tcndoi~ un peu ta visite. Entre mon garçon, du Groupe qui. demain, sera laissé oux seules forces des chefs d'équipe et cela juste ou mo– ment ou Io bonde des XxX semble devoir re– prendre de plus belle ses al toques ! Depuis quelques iours, en effet, Jean-François et ses équip iers ont remorqué d'inquié ta n ts indices. Cela dote de Jo fête du Groupe, exactement . Raoul, qui semblait plus socjoble, f 11it de nou– veau les Cœurs Vaillants ; le pet it Pierre mul– t iplie forces et menaces; quant à Dédé, choque fots qu'ils le rencontrent , les gcrs de Jean-Fran– çois ~e sentent froid dons le dos, fon t les yeux et les ncanemen ts du meneur se font insoients et provocateurs. Non, non, cc n'est pas possible, le Groupe ne peut pas rester seul, il lui tout un chef, un d irigeont.. Peti t à ç.et it, Jeron- entre... nous serons m ieux pour causer. )> Jeon– Fronçois est à peine installé dons le ;:>et it bu– reou.,qu'il interroge d 'une voix inqu iète : n Alors, M's ieu, c' est vrai ? ,, M. Pierre n'a pas· une hésitation : u Mais oui, c' est vrai... u et les expl.co t ions de venir , n ettes et c laires. Appe!é à Io direc t ion d'un Chantier de Compoçinqns, le jeune dirigeant n 'a oas cru devo ir se d érober. Quand on a décidé de SERV IR, on do it être prêt à ré.:iondre à t ous les appels. Les grands jeunes gen s qui· li.Ji seront confiés là-bos, c 'est aussi u n peu de la Fron ce nouvelle qu i do it ap– prendre, dons Io joie et Io d iscipline, à vivre le fier idéal des Cœ urs Va d:a nts. Jea n- François relève Io t éte. Bien sûr il comprend... M . Pierre a raison... ma is, ma is.. et Io quest ion angois– san te jaillit brusquement de ses lèvres : " Mais, le Groupe ? " Cette fois M . Pierre va bien être François qui s'agi tait dl!lns son lit se sent de– venir p lus calme. M. Pierre, t out de même, a bien du réfléchir à tout celo. Que signifiai t son mystérieu x souri re, tou t à l'heure ? Est -ce que, par hasa rd, l'abbé ? Mois non , ce n 'est pas possible. L'abbé est toujours pr isonnier dons SGn camp d'A llemagne et ses dernières cartes ne laissent pas prévoir une libéra t ion prochain e... a lors? Reno1 çont à solutionner le problème, Jean-François se laisse à nouveau gagner par un lourd ~ommei l peuplé de cau chemars. Il fait grand jou r quand il se . réveille. Des appels 1oyeux retentissent sous sa f enêt re : u Jeon– fra n çois, Jean - François, dépêche-toi , parcsscuu:!... M. Pierre o convoqué, pour 9 h eures, un conseil extraordina ire de che fs d'éq uipe... u Un crinsed Il En ce temps-là, il y avait grande pitié au royaume d e France ; le pays ét a it aux deux– tiers occu pé par l 'ennem i et p l usieur s pen – saient : « C'e n e st fin i ». Il se produisit a lors un fait unique dans l'hist oire des nations : ce fut Jeanne d 'Arc. En q uelques mois, elle redonna confiance aux F r ançais, rétablit l'unit é n ationale, amorça la libérat ion du territ oir e et, par son sacrifice autant que par sa v aillan ce, la F rance fut sa uvée. Décidémen t , l a Fran ce n 'e st pas u n pays comme u n aut r e. C 'est q u'elJe .est , en effet, comme le d isait le Pape P ie X : « L a pat r ie des saints ». Cœurs Vaillants, Ames Vaillantes, vou s allez consacrer ces semaines à mieux appro– fon dir l a vie des S aints et des Saint es de vos province5. Ce sont eux q u i ont donné à la F r ance son au.réale . M ieux connaitre leur vie c'est découvrir l'u n des plus .Pu issan ts motifs d 'espoir et le secr et de la gran deu r de notre pays. obligé d 1 avouer qu·11 o orta oe son inqu1êtude. Mois non, un myst érieux sou rire rllum.ne son re– gard , t andis au'i l reconduit Jean- Fra nçois jus– qu'à la porte : ci Le Groupe ? Ne t'en f ois pas, mon pe tit gars, il n'y perdra rien, ou co n– traire... n Jean- François renonce ô comprendre , e t comme il sen t qu·i1 est inut ile, ce soir, d ' in – terroger dovon toge, il s'en fonce dons Io nuit qui tombe doucem ent sur le village. 11 fai t t out à fait sombre mo.n tenont. Sur Io r ivièra dont les eaux ro ulent tumultueusement, g rossies p a r Io font e des nciqes, une barque f ile, rapide. ou gré d u courant . Il y a de nom– b re ux p assaqers à b ord, des passagers insou– ciant s q ui ch an t ent sans paraitre s'apercevoir du danger. Et pourtant le danger est là, réel, évident , caché sous les écueils, le s rochers, le courant trop fort . Et Io barque semble inhabile de chefs d 'équi9e ! D'un bond, voilà Jean-Fran– çois en bas du lit. Quelques secondes Plus 1·ord , il re·oin t Danie l q ui l 'attend er> sitflottont d 'un a ir allègre. u A l ors, il y a du nouveau ? n Daniel a un p eti t sour ire, cc mêrnc sourire qui se joue encore ce m a tin sur le visage de M. Pierre. <' Vous ê tes t ous là , les gars ? ~h bien o lors, tenez - vou s bien ! j'ai une nouvelle c;cnsotionncJlc à vous annoncer... Je vous oi dit hier Que j' a lla is quitter le Groupe dans quel– ques ;ours pou r otlcr dons u n Cha ntier de J eu· ncss.c e t je p a rie rais bie n que plusieurs d 'e ntre vous n'o nt pas dorm i, cette nuit, sur leurs deux oreilles... " Moiicieux. le regard de M . Pierre 5C pose sur Jeon- Fronçois qui devien t tou\ rouge <r Eh bien, rassur cx - vous, j' ai trouvé quelqu'un â déiouer ces embùchcs, on d irait ... mais non, ce n'est pas possible... on dirait qu'il n'y a personne à la barre, personne aux avirons.. c'est à peine si quelques mousses inexpérimen– tés os.surent, de temps à outre, u ne insu ffisante monœuvre. Et pourtant, là, juste ou milieu de ta rivière, un rocher se dresse plus menaçant que les au tres... Em!)ortée par son élan, Io barque f ile droit dessus, elle va s'écraser contre, chavirer, elle va... Ah, ça y ost !... dons un grand cri, Jcon- Fronçois exhale toute son an– goisse et ... se réveille rouqe, haletan t, au mi– lieu de ses couvertures en botoil le. Lo barque, Io rivière, tout cela n'est qu'u n rêve né des préoccupati0ns d 'hier soir e t q ui a f ait son chemin, pet it à petit , do ns Io nuit. Cor cette barque l ivrée à elle-même ou m ilieu du cou– rant, n'est -ce pas un peu l'imoqe du Groupe ? pour me remplacer... ,, Une enveloppe s'agite d a ns Io main du dir iqeant et a ussi tôt les questions s'ent recroisent, impatientes : u C'est quelqu' un qui n'est pos d 'ici ? - Il vous a écrit ? - C' est un de vos amis ? - On le con– na it ?... " De Io main, M. Pierre calme ses gar– çons, tondis qL1e son sourire se fait plus mali– cieux encore : u Oui, ou i, c'est quelqu'un que vous connaissc:z, qu elqu'un que vous aime: bien, et qui est de mes a mis, q ue lqu' un qui vous o dé jà emmenés en cKploration e t que vous ovcx suivi avec ent housiasme•.. '' Et cornm c les chefs d' équipe écarquillent les yeux sons comprendre, M . Pierre se retourne vers une gronde o ftiche opposée ou mllr du local... ! A suivre l Jean BERNARD.

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