Cœurs Vaillants 1941

Nul no •avait d'où il venait. Il n'aimait pas causer. Avait-il de la fami lle ? on n'en savait rien. Il y avait quinrn ans qu'il s'é tait engagé au 2' zouave. Malgré son caractère taciturne, tout le monde l'aimait car il Otait doux et se;viablo. Il n'avait qu'une affection : son clairon, E>t il passDit à juste titre pour avoir le souffle le plus puissant do toute la ga rnison de Blidah ; de là lui était ve nu son surnom de Sirocco. Dès le matin rete ntissait la sonnerie allègre du ré veil. Les notes s' envo– laient vives et saccad6es : « Soldat, lève-toi ; soldat, 16ve -toi... » Tous les paresseux se secouaient. « Debout 1 De bout 1 >> se mblait dire le clairon, et tous obé issaie nt sa ns ra ncune, t ellement était gaie et enlevée cette sonnerie du r6veil. A dix heures, Sirocco sonnait fa soupe. Cette sonnerie etoit toujours la mieux accueillie. . Enfin le soir, quand 1., nuit était venue, Sirocco sonnait l'extinction des feux. Nul mieux que lui ne sa– vait moduler cette plainte triste dont les noie s lentes s'é grenaie nt d a ns la nuit, et ve naient ré pa ndre une ombre d e méla ncolie dans les d ortoirs. C ette méla ncolie nostalgi– que fa isait rê ver a u foyer, au pays lointain, et alors, une pri?re mont11it instinclive me nt a ux lèvres des pot its soldah . Le ouistiti fa1M1il ln iuic ctes ::11wu·t·"··· Un jour, Sirocco o bt int un gr•nd succès à la c aserne. N'ava it-il pas, e n 11ffet, ra mené un petit singe qu'il avait acheté à un Arabe ! C e ouistiti fit la joio dos zouaves qui le consid érè re d bie ntôt comme le ur mascotte. Sirocco Io ga rdait d a ns sa chambre ; le capitaine , qui avait d'abord fait la grimac e d eva nt c ette recrue d'un g enre qui n'é tait pas prévu par le règlement , accorda a u vaillant clairon la pe rmission d e garder son proté gé. C ela fit grand plaisir à Sirocco. Le pauvre zouave, isolé. de toute affection s'était attaché à so n ouistiti, et da ns un moment d'é pa nchement, li ava it ét é jusqu'à d ire que c'ét a it son seul a mi. Le si"ge s'était bien vite ha bitué au son du clairon, et à chaque sonnerie il so t e nait fiè reme nt perché sur l'é pa ule du vailla nt Sirocco. O r, un matin, le petit si nge n'a ccompagna pas son maitre comme à l'ha bi– tud e. Sirocco le t rouva pe lotonné sur lui-mê me dans un coin de sa chambre, apparemment très ma la d e. Ma lgré tous les soins que lui prodigua le zouave , le poti1 a nimal mourut da ns la journée. la doule ur d e Sirocco fut muette. A personne il ne fit part du cha grin qu'il é prouva it d e la perle de son seul ami. Mais il enterra le petit c11d avre au pied c:l'un arbre ,dans la cour d u quartier, et recouvrit d'une façon très touchante la t erre fraîche me nt remuée, d e petits ca:lloux bla ncs. Co soir-là Sirocco se retira bie n tristement da ns sa chambre... l e lendemain mal in, il fa llut bien pourtant sonne r le révail. Le zouave ombouclia son clairo n... mais co no fut pas la sonnerie fi ère et 111lègre do chaque malin q ui retentit, Il! sonnerie qui fait bondir les soldats, et donne la vie à t oute la caserne. Non, co fut une note longue et trist e . que le clairon fit e ntendre. Les hommes, à moitié endormi&, se dema n– de ient s'ils ne rêvaient p as. Chacun re ga rdait son voisin, cherchant à compre ndre ; en un instant tous fure nt a ux fe nêtres pour blaguer le clairon -qui so . permettait do semblables fa nta isies. Mais d eva nt le spectacle -qui s'offra:t à le urs ye ux, aucun ne d it mot. Tous ces soldat s e ndurcis aux fat igues et a ux d a ngers ét aie nt d eve nus graves et semblaie nt tout émus de co qu'ils voya ie nt. Dev11 nt e ux, on effet, Sirocco, sa ns s'être aperr,u de l'émotion qu'il a va it causé continua it à jouer, le regard perdu da ns le va gue. Il s'était placé d eva nt la p etite tombe recouve rl9 de ca illoux blancs, et là, e n dé pit d e sa volonté, e n d é pit du sole il matinal qui faisait scintiller les vitres de la caserne, Sirocco jouait .•• l'extinction des feux 1 Morisseau. \ I \ YJ Ohé ! le5 Cœur.s V~.. ~~) Est-a qr;e vou s pPn~ez à mon rentlez– vuus ? Vo us siwer liien, ce my~térieu:i; nmlez-vau> que .ie ·vous cti donné pnu1· le 11 mai ? Ce jour-lù., à tnw1·rs Iou le la F1·ance, les ,ie1tnP$ d.e cl1ez tiou" fèle– ronl leu!' chef cle /ile : Jeanne la L111·– rn i111; tilt cœar vaillanl. Ce inur-lù, 'jr. vau.-; ;·,;~rrre, nioi, une chie $Ur prù:e.. . Si vvtts oimez l'œveriltffe, rrjoui,q~c:i:· 1•1ms, r rijoui."cz-v01ts.. . ./ e ·11011~ Ni pn'– JilffC 1111c '/tti 1;01.1.~ c11.lltousiasmen1... L'A LPINI STE. une torpédo rnod è le (( t r anssaharien )) g a r anti•.. _ u n guide garanti b on teint et cou leur locale, tous les bagages dont s e rnunit le r eporter rnoderne 100 "/ "' et nous voilà paztis ... C'est en ces te rmes q ue Tintin . l'autre jour , d éb uta pour l'envoyé spécial cte C.V. Je ré cit d'une de ses p lus passionnantes aventures : un reportage s e n – sationnel en plein coeur de la brousse. Ce reportag e paraîtra a partir du 11 mai dans un suppléme nt illustré q ui contie ndra sur 8 pages d emi– format, en deux couleurs , u ne foule d'histoires, de jeux et de b ricolages .. Ce supplément paraitra tous les 15 jours - il ne coûtera q ue 50 centimes - 2!l...mi. le trouve ra pas dans les k iosq ues. - - - Si vous voulez connaître dès leur début LES AVENTURES PASSIONNANTES DÈ- TINTI.N DANS LA BROUSSE abonnez-vous d è s maintenant à notre supplémen t illustré hi-m ep su el. - Un an : 12 francs == LES DEUX AMPHORES Perdu dons son immense bure a u , Poul Jeonn=n, la tête dons ses mains, considé ra it a t ten tivemen t une gronde carte du dé: •rt saharien. Brusquement il oppuy(! sur une. sonnerie et quelques secondes plus tord un homme apparut. !I é tait plutôt petit de t iille, très h run, le t ein t nC"turellement hâlé, et ses yeux s'ùbrita ient derr1èr1:? de grosses h.inct tes d 'tcoille. ·- Ah ! Gaidon, j'ai besoin de vous. Vous sa ..·ez n'est-ce pas que les Beaux-Arts ont décidé de monter une expédition restreinte ofin de procéder à certoîne3 foui:Jes dons le désert, es– pérant ( i11si ret rouver quelques spéci– mens de cet a rt si cur:e ux du Hoggar. Il y o bien là-bos Michel Moillerois un jeune p lein d 'a venir, · seu iement il 1Jotdou s11i1:<1ir 11ttcu!1re111i'JJ( ln li!i·nc l rat'r'e.. manque encore d'expérience et j'aime– rais avoir sur place quelqu'un sur qui je pu isse pleinement compter J'ava is pensé à Dionneau, mais il est actuellement prisonnier. Il connaissait parfaitement Io contrée et aurait cer– tainemen t été d'un grand sec.ours Pour– tant je me suis rappelé que vous aviez fourni, :1 y a un or., un rapport t rès intéressan t sur cette région don t vous aviez donné une to,oqrophie détaiaée. Ce rapport était sensiblement le même que celui de Dionneau et voilà pour– quoi j'ai pensé vous envoyer à sa place. Go:don avoit tressailli. Une socte d'angoisse avait envahi son visage, un geste lui échoppait, geste de protesta – t ion, a ussi tôt ré!)rim é dons une volon– taire indifférence. • A vrai dire, Goidon était heureux de partir, m ois cette mission oui lui était con fiée l'épouvantait un ~e~, qu'allait– il rapporter de ces fouilles qu'on J'en– voyai! foire à défout d'un outre. pri– sonnier, et qui, il le savait bien, lui ét ait très supérieur ? Bah ! Il triompherait tout de même... Le voyage passa comme un enchan – tement, le ciel était si bleu et la mec si calme... Bientôt les côtes d'Afrique se dessinèrent à l'horizon. A peine Goidon eut-il mis le pied sur le qu oi qu'il vit bondir à ses cô– tés un grand garçon, au visage éner– gique et dont les yeux bleus réflé· toient Io franchise. Monsieur Goidon.. Michel Moi llerois... Javeusement les deux noms o voii?nt jo~ll~, et maintenan t les hommes se dirigeaient vers l'h ôt el où M ich,.. 1 avait retenu les ch ambres. ..\:ins:eur Gaidon, je suis te llement heureux de mener ces fouilles avec vous. J'ai eu l'occasion de l ire vot re beau rapport sur le Ho11gor et vraiment je suis t rès f ier de travailler avec un tel maître .. Encore ce rapport !... combien de tem ps o lla :t - il falloir en entendre par– ler ? Gèné, Goidon bredouilla. - Mois. moi aussi je suis heureux de t ravailler a vec vous, je suis sûr auc nous .allons faire des choses très inté– ressantes ensemble. Le soir, Io conversot:on se prolongea fort tare! dans le salon de l'hôtel et Goidon eut affaire à forté partie, cor M ichel M aillerais possédait de ré-elles connaissances archéologiques. Pourtant l'arrivant ne s'en tira pas t rop m a l A l– lons ! ce ne serait tout de m ême oos t rop dur. Si seulement il n 'y a vait Pas cette question de ra"J:Jort qui dev enait une véritoblc obsession ! • De;>uis déjO un m ois les. f ouilles se poursuivaien t sons résultot. Pourtant ce jour- là, Goidon, 0bondonnont Io pe- t it e équipe qui faisait la siest e, conti– nua it à creuser le sa ble. Avec mille précautions il mettait à jour une po– terie, sorte de petite amphore, presque intacte... Vivement il s'en saisit, et l'exami– na nt de près il bra ndit sa trouvaille à bout de bros : - Matllera is. nous sommes dans le bon coin, je viens de f oire la première découverte, cette amphore me semble fort intéressonte... a ucun doute possible quant à son ancienneté.... Très vite Michel accourut et oya nt sa isi l'objet il eut un petit sourire nor· quois qui échappo à Goidon trop a f– fa iré et trop f ier de sa découverte. • 011inze ja11rs plu• ta rrl, Mkhel à son tour découvrait une petite statuette de terre, d'une liqne très pure. M ois l'oyant fait examiner par Gaidon celui-ci fi t une moue signifi– cative - Chargez-vous de ça si vous le voulez, mon cher... mois elle ne pré– sente aucun intérêt . M ichel e~:omino à riouveau sa t rou– vaille et ne sembla !'OS du tout por– toper l'opinion du ch2f de fouilles. Depuis quelque temps déjà, un doute s'éôa1r glissé dons l'esmit de Michel, mais il l'avait toujours repoussé, se re– fusant à croire que Goidon n'était pas l'homme qu'il attendait. Cette fois poUrtant ~on ignorance s'avouait f la- . gronte... Il fallail bien songer au retour... les pro– visions s'épuisaient, et déjà les bagages étoient bien chorgés. Quelques statuet– tes, diverses m onnaies, Io précieuse amphore, rejoint e du reste par une se– conde de forme un peu différente et beaucoup moins jolie à l'avis de Goi– don qui l'aurait volontiers abandonnée sur place. Au fur- et à me.sure que le retour approchait, Goidon devenait de plus en plus t aciturne, et ce soir-là sur le ba – teau qui ramenait les deux hommes en France, il songeait à cette mission qu'il venait de remplir. Qu'allait en penser son chef ? Quel serait son cvis sur les t rouvoiJles faites ? Goidon était inquiet ; ces connaissances archéologi– ques, dont son fameux ra!)!)Ort oyait fait étala9e, il savait bien, au fond, ce qu'il fallait en penser... Comme un film , une partie de sa vie se déroulait devant ses yeux. Com– ment était - il arrivé à cet te situation si ce n'est en intriqont, en fa isant jouer des in fluences ? Et ce fameux rapport, ne l'avait- il pas copié, à peu de choses près, sur celui de Dionneau, dérobont ainsi à son collègue le frui1 de longues années d'étude ? Tout jeune déià, au collège, Gaidon vsoit sons scrupule de cette lâche ha– bitude : copier, toujour~ copier sur les outres, sons travail, SQns effort per– sonnel, voilà tout ce dont il éta it ca– pable.. Et maintenant, maintenant qu'il alla it falloir prendre des init ia t ives, faire preuve de valeur réelle, comment s'en t irerait - il ? Il était trop tord pour reculer, de– main le bateau toucherait terre et il taudro it rendre comote ou chef du travail accompli... • - Eh bien Goidon, votre m1ss1an je crois a é té couronnée de succès et vous me rapportez une collection intéres– sante... Voyons un peu. Oubliant tous ses soucis, Goidon pré– sentait triomphalement sa belle am– phore, mais à peine Poul Jeannin l'eu t – il prise ,qu'il éclata .de rire. Déconte– nancé, ne comorenant plus rien, Gaidon se tourna vers Maillerais dont les yeux brillaient d'une malice inoccoutumêe. Le chef, rendant l'objet du litige à Ga:don, lui dit en riant : • Eh bien, voLJS êtes devenu spirit uel durant votre voyage ! vous portez t rois mois au fond de l'Afrique pour me rapporter une amphore oue je trouverais à cent exemplaires ou marché voisin ! En ce qui concerne Io forme tout ou moins, quant à Io matière eile ne m e semble pas t rès ancienne non p lus, il s'agit sans doute d 'l.me cruche laissée par une t ribu r.omode et recouverte de sable pa r les simoun~. Ce fut alors que Maillerais intervint. Il venait d'avoir Io preuve de l'incapa– cité de Gaidon, mois une sorte de pit ié l'empêcha it de le laisser ridiculiser plus longtemps: - C'est moi qui a i joué ce tour à M. Géidan, chef, la véritable amphore Io voici, et bien d'autres découvertes encore qui, je le crois, seront très in– téressantes Goidon oyant repris son sang-froid oidait mointenant Michel à déballer les précieux o~jets qut s'alignaient sur le grand bureau, sous les yeux intéressés de Jeannin. - Oh ! voilà qui représente un réel enrichissement pour l'art frar,çais, je suis heureux de votre expédit ion, Gai– don, et pour couronner votre travoi1 îe proposerai cette année votre nomina– tion d'inspecteur des Beaux-Arts. Quant à vous, Maillerais, je vous félicite éga– lement. Vous avez été certainement t rès fier de travailler avec M. Goidon dont vous avez du lire le très intéres– sant rapport. Enfin c'était fini, M oi tlerois et Goi– don se retirèrent. Dès qu'ils se furent un peu ·é loignés, le regard très franc de Michel se plongea dons tes yeux de Goidon. Ce dernier, gêné d'abord, laissa écla– ter ce qui depuis trop longtemps l'op– pressait : - Oui, Michel, vous avez compris n'est -ce pas que j'étais un incapable. Ce rapport qui me vaut tant d'éloges, eh ! bien, il n 'était p as de moi je l'ai copié, oui, copié, volé à u n outre, qui est actuellement t>risonnicr. Mois c'est fini, vous entendez, et ce poste qui m'est offert, je ne puis l'accepter... a t tendez-moi une seconde... /Jiiclle! 11Ton[1ea son reynrd dans lt!s yeu.T. de son conwaanon vis1ble111e11t uênt!.... Avant que Michel oit pu foire un geste, Gaidon avait repris le chemin du bureau directorial. Brièvement il exposa à son chef l'é - tat de sa santé qui ne lui permettait pas de prendre la responsabilité des nouyelles fonctions qui lui étaient con– fiées, tandis• que Maillerais, lui ... jeune, plein d'avenir... ferait merveille. Après un petit moment de discus– sion, le chef accepta la proposition et quelques secondes p lus tard Michel, qui n'en croyait pas ses oreilles, a p– prenait par Gaidon sa nominalion. Comme il se penchait vers ce der– nier pour le remercier, il entendit sim– plement ces mots : - Non, c'est inutile... ne me remer– ciez pos, vous m' avez donné l'occasion a ujourd'hui de racheter Io plus grosse faute de mon existence.. C'est m oi qui vous en suis reconnaissant. Yves MICHEL. EN CE 3• TRIMESTRE•.• Nos grands frères d e Io J .E.C. lancent une grande campagne contre le cc copiage » . Cœurs Vaillants qui méprise;: Io là che té , Io paresse, le men– songe, unissez-vous à vos grands frè res pour combattre é n ergique– me nt dons vos é c ole s cet te la – m e n table habitude qui prépare d es ê tres sons conscience et sans volon té, indignes d e Io Fronce de demain ... - Ah '.. . par "xemple !.. . Ils sont partis !... - Ce n'est pas possible 1... C'éta it pourtant Io vér ité , qui risquait de devenir b ientôt t ra– g ique. Un instant, J acq ues Montla ur et Maxime Forestier demeurèrent fi – gés su r le seuil du temple de Io Nuit, en se de1Y.onda nt ce qui al – la it leur arriver et comment ils se tirera ien t de là. 11 faisait u ne cho~eur accablant e et le solei l dardai t avec · force . Toute l' i le d e Ceylan pora·ssoit brûler. On é ta it à q :.iinze jours de la saison des plu ies, et Io tem pé – rat ure devena it insupporta b le. - Rego r<1e-les f iler ' ... Aucun dout e. Le cor bondé de touristes se perdait à l' horizon de Io route poussiéreuse, dons ur. nuage b lanc. P lus personne !.. . Les d eux jeunes gens se trouvaien t seuls dans les ru ines d'Anouradha– pouro, les p!us cé lèbres de Ceylan. 1 ls ét·a ient venus pour les vis i– ter, am is inséparcbles nés dans l' ile p aradisia que, et, dont les pa– rents hab itaient une grande c ité proche. Proche, sans doute, relati – vement, mais d istante tou t de même de vingt- cinq kilomètres. Et la rég ion était déserte !... lls a vaient sei ze ans, · et le cœur b ien trempé. Aussi souria'ent– ils presque d e leur mésaventure . = JEAN::BRWt!ÇQlS .CREf" D'ÉQUil'E= Mois quelle idé e a va ient- ils eue de s'écarter du guide?... l ls étaient trop curieux. l ls ava ient vou lu s e rendre comp t e par eu x - mêmes, effec.tuer une p etite vis ite personnelle d es ru ines m il lé– na ires d 'Anourodhapouro. Mais ils ne s'étaien t pas mé fiés que ces temples. in d igènes souterrains, que l'on rencon t re à Ceylan comme aux Indes, compor tent une mult itude de solles en e nfiIode, consti tuent pa rfo:s un vér itab'.e la byrin the. - Quelle h i5toire !... - Le cor a ura it b :en pu ·nous attendre !... Mais le c hauffeur en livrée blanche ava it c ru son monde a u complet. Il ava it a ppuyé sur l'ac– célérateur sons se soucier de rien. - Alors, en rou te 1... - Ah 1 non 1... protesta Jac- q ues Montlaur. Tu n ' as pas peur, toi 1 - Peur de quoi ? - Oh !... pas des sectes secrè - tes, n i des derniers Thûgs é t ran– gleurs, cert es ! 11 y a longtemps qu ' il n 'y en a p lus par ici !... Mois d u soleil, t out simplement 1.. 11 y a de quoi tomber roide d'une in – so'.otion !.. . Maxim e Forestier fi t la moue, sans cependant poCJvoir se défen– d re d 'approuver. C'est bien vrai q u'il faisait une ch a '.eur torr ide, et q ue, de ce tra in- là, malgré leur casque co lon ial .. . - A lors, on attend Io nu it ? - Non, mo is du mo:ns un e heure ou d eux 1 ... Nos parents n e seron t pas inq u ·e ts . Nous bénéfi– c ierons de Io brise des coll ines pou r rentrer... - Si tu veux 1 .. . - En anendont, mettons-nous à l'abri .. . - Où cela? - Ma is, dans le tem p le . Là , au moins, il y a de l'ombre.. . Les deux amis tombèrent rapi – demen t d ' a ccord et repart irent d 'où i l~ étaient venu~. Chacun d'eux é ta it m un i d 'une la mpe é lec– triq ue de poche qui leur p ermet– tai t de se d iriger dans les méan– dres sou terrains du vieux T emp le de la N ui ~. 1 ls se rem iren t à cheminer dans des coulo irs obscurs, sons souci des c loportes n i des araignées. De n.ou – vea u, leu rs pieds foulèrent u n sol hum ide. Ma is ils n 'y prêta ient pas garde, et c 'est à pei ne s 'i ls se re– conna issaient dans ce . dédale . . Jot ques, to11t â couµ, ro11sse un cri : un mort ! Ils a lla ient de so l!e en sa lle, cô– toyant des colonnes de porphyre, foulan t des dalles de marbre pâ le Les murs étaien t g ravés d ' inscrip – t ions d iverses. T ous les cent pas, les jeunes gens se heu rta ient à u ne quel– conque s tat ue monumenta le , ju – crée sur un soc le de b ronze. - T iens !... Nous ne sommes joma :s venus là !.. . C'é ta it une salle sem b :able a u x a utres, peut - être u n peu p lu s vaste, avec une effig ie de V ichnou . 11 y rég na it une douce pénombre, e t u n peu de sole il fi lt ra it de la voûte. - Oh !... fit Jacques Montlaur, souda in . Il s 'orrê to , sais i. Et son cama– rad e murmura , d 'une voix étou ffée, c rispant ses d o ig ts sur son bras : - Un mort! ... Un homme gisa it n on loin , éten– d u su r les d a lles. Il présentait u n v·sage ascétique, d 'une maigreur effraya nte. 11 éta it couché sur le dos, les b ras le long du corps, e t ne fai sant pas un mouve m en t. Il portait pour tout vêtement un pogne et u n t u rban de Io même couleur écarla te. - C'est un fa kir... En e ffet, il s 'ag issait b ie n d 'u n c ingala is. l_t'S d eux je u nes gen.< se rapprochèrent de lu i à pas de loup , le cœur étre '·n t par une sourde a ngoisse. Le fak ir d u te m – p le ne fi t pas u n mouvement. A ce moment, M a x ime Fores – t ier sursauta. 11 é touffa un c ri de t erreur ; len t emen t , sur les dalles de marbre rose, un serpent g lissa it vers le corps étend u 1 C'éta it un crota le de Io p lu s beile espèce, dont le dard se dressa it, mena– çant et mortel ' ... Le jeu ne homme ne perdit pas son sang- froid. Avisant une d es nombreuses p ie rre s ébou lé es qui parsemaient le temple, il s 'en sa i– s it et l'abatt it de tou tes ses forces sur l'i mmonde reptile. Ce lui- c i tor– dit ses anneaux dans u n g ic lement d 'agon'e. 11 é ta it temps 1... C 'est alors que le fa kir remua, et que, stupéfaits, hagards, les deux jeunes gens recu lèrent dan s l'ombre. - Vous m 'a vez sauvé s d ' une / mort certa ine, é trangers 1 .. . d it le C inga la is d 'une voix sépulcra le. Merc i !... Puis il retomba dans son apa– th ie e t ·reprit sa pos it ion première, comme s i rien ne s 'é t a it passé. Les deux amis se regardaient, in terlo– qués. T o u t à coup, M axime se frappa le fron t : - J 'y su is 1 Il n 'était pas mort, mois seulement plongé · e n cata – lepsie, su ivant le r ite de sa race.. . Et les fa ki rs , à ce moment- là , ne doivent pas se soucier de ce q ui se passe au tour d ' e ux 1 Jacques, nerveux, saisit le bras de son camarade : - Sor tons 1.. . 11 en ovait assez de cette a tmo– sphère d 'a ngoisse et de mystère et c 'est avec un c ri de joie qu' il sa – lua Io lumière d u so le il. - 11 fait ch aud, m o is tant pis 1 Fi lons !.. . Et les jeunes gens s 'é lo ignèren t sur Io g rond'route, dans le s illage du cor perdu . Autour d ' eux, la na – t ure b ru issa it d ' une vie intense, e t tous les oiseaux de l'île verte en– tonnaien t un c h ant triomp ha l. Alors les deu x amis sen t iren t gran – d ir en eux la joie d 'avo'r sauvé Io vie d ' un homme, t a ndis que s 'es – tompait dans le lointa in Io trag i– que silhouette d u Temple de la Nuit ... André LIVREUSES. -'î Au contact de la main rude qui s'agrippe à son épouJe, Raoul sursaute violemment. Sur la palissade, une gronde ombre se profile, et dès qu'il a reconnu celui qui le surprend a insi en flagrant délit. d'espionnage, Raoul devient très rouge subitement. L'œil brillant, la figure mau– vaise, c'est Dédé qui est là derrière lui. Dédé, qui depuis des mois abrite sa lôcheté derrière le trop faible Raoul et qui est, en réalité, Je vrai chef de Io bonde des XxX. Raoul a pu se laisser intéresser inconsciemment par tout ce que Io vie des Cœurs Voillonts semble conte- nir de joie et d'entrain, Dêdé, lui, est plus que ja ma is décidé à ne pas se laisser faire. Et sa voix éclate, rageuse, assourdie : u Ah ! je t'y pre ndi; e n train de fa·re l'id:ot derrière leurs simagrées. Ça ne t e suffit donc pas de voir ces sales somins n ous souffle r les uns après les outres tous ~os types ? Il fout que tu t'y lafsses prendre, toi a ussi ?••. Un beau chef que tu fais, espèce de poule mouillée... Mais j'suis là, moi, tu e ntends, et ça ne se passera pas comme ça. Pierre a déjà ·eu de mes nouvelles tout à l'heure, il ne s'y rcfrottera pas de sitôf aux Cœurs Vaillonts. Toi, tâche de comprendre, sinon... '" Et un geste menaçant camr, lète Io phrose. Raoul, médusé, ne souffle Dos mot. Le grand Dédé vo s'éloigner, quond tout à coup il se ravise et revient en arrière : u Et puis, tu sais, ne crois pa s que tu vos être tranquille parce que l'école scro b icntOt finie c~ que i'vas aller en apprentissa ge... Il me restera toujours bien assex de temps pour t' empêcher de te dégonfler, tu verras ça ... n. Maintenant Dédé s'éloigne d'un grand pas nerveux et Raoul, indécis, le su it des yeux quelques instqnts... Sans qu' il puisse très bien s'expliquer pourquoi, ce grand garçon violent et bilieux a toujours exercé sur lui une sorre de fascin ation. Quand Dédé o dit quelque chase, Rooul est incapable de réagir. Il soit bien pourtant que Dédé, élevé por une pauvre grand'mère malade et trop faible, a p lus souven t tort que raison, mais c'est plus fort que lui, il ne peut lui résiste r. Et sans jeter un coup d'œ il sur Io cour joyeuse que le soleil couchant remplit d'un rayon rose, Raou l, les m a ins dans les poches, s'en va à son tour, lentement, sur le chemin désert que l'om. bre a rempli tout à ~ouo. Dans la cour, les chants, petit à petit, se sont tus. En groupes enthousiastes et bruyants, les Cœurs Vaillcmts sont sortis, portant leur joie et leur entra in à tous les échos du bourg. Les chefs d'équipe, eux, sont restés, retenus par M. Pierre. Les chefs d'équi!)e ? Pas tous cependant, cor Io cérémonie était · à p eine terminée que Jean – François, déjà , sortait en courant de Jo Chré– tienté. 11 y a deuY. jours que, pris par lou3 les préparatifs de Io fête, il n'a pas pu a ller voir Louis. Que se passe-t - il pendant ce temps chez le petit ma lade? Le cœur de Jean-François se serre un peu tandis qu'il approche de sa maison. Tiens ! les volets sont grands ouverts dans Io chambre de Loui; ... un rayon d'espoir foit brdler les yeux de Jean-François, et bientôt cet espoir se change en joyeuse certitude. Du plus loin qu'il a vu venir le Cœur Vaillant, René, le petit frère de Louis, s'est précipité à sa rencontre : Ça va mieu x, ça va mieux, Jean-François, le docteur a dit q u' ;I n'y a vait $)lus de dange r... n . Jean- François est si con tent qu'il fait sauter dans ses bras le petit gor,; qui rit oux éclats. Et les voici tous deux dons la chambre de Louis. Dès qu'il a vu entrer son chef d'équipe, celui-ci a soulevé légèrement la tête. Un g rand sourire illumine son visage pâle... c'est si bon de se sentir revivre quand on s:i été généreux à accep ter le sacri f ice cc On en fera des chics ch oses ensemble, h ein, mon vieux ? n. Oui, c'est sûr, l'équipe va connaitre maintenant des jours magnifiques et dé jà , des quantités de projets traversent la tête de Jean-François, qui s'en revient maintena nt vers la grond'ploce. Tou t à coup le chef d'équipe s'orrête net... un bolide vient de tra – verser la rue, fonçant droit sur lui. C'est Marcel qui sort en courant de Io réunion où il a rem– Plocé son chef d'êouir:ie. Ses traits sont boule– versés, sa voix hÔletante : " Jean- François... Jean- François... devine cc qui a rrive... Monsieur Pie rre ... n (A suivre.l Jean Ocrncird.

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