Cœurs Vaillants 1941

,NOUS AVONS FILMÉ POUR VOUS... dont los unes transforment une bande de tôle en jantes de roues, des t iges d'acier en rayons, des tubes de cui– vre en guido ns, e tc. des ma– chines compliquées font les chaines et d'autres les billes des roulements. A peine avait-il mis le pied dans la cour, à son arrivée à l'é– cole, qu'un groupe s'était form.é autour de lui. Il y avait le grand Léon, un rouquin qui profitait de ses qua– torze ans pour brimer les petits. Il y avait aussi Lucien, surnom– mé cc Boulinette », parce que, avec son gros ventre et ses courtes pattes, il ressemblait â une ooule de billard plantée sur deux allu– mettes! Celui-là, il n'était pas méchant. Tout seul, ça aur ait même été un bon garçon. Mais dès qu'il était avec le grand Léon!... li y avait surtout Bernard. Ah! ce Bernard ! Grand, sec, nerveux, un sourire méchant et narquois au coin des lèvres, il menait toute la bande, et la menait fort mal. On les appelait les a. Démo– nios D, ce qui veut dire les a d ia– bles» en patois du . pays. Il est certain que leur réputa– tion n'avait rien d'exagéré. Depuis les ficelles tendues le soir au travers des rues, pour fai– re tomber les passa nts, jusqu'à la subite disparition des boîtes de réglisse à la devanture de l\1me Dupont, tout cela était signé : Dé– monios. En attendant, c'était toute la bande qui, ce vingt mars, entou– rait le jeune Pierre Mazot, réfu– gié des Ardennes. Les ·e xclamations ironiques, les éclats de rire fusaient dans la cour. On lui avait tout de suite trouvé un surnom, on l'avait ap– pelé : La Fille, ou mieux : a Ma– demoiselle D. Pourquoi ce nom ? P our le ::;a– voir, il vous faut d'abord connai– tre Pierre Mazot. Onze ans à l'automne. les yeux bleus, des yeux calmes et tran– quilles d'enfant sage, et surtout - c'est là que fût la cau se de tous ses malheurs - des cheveux longs! Des cheveu x d'un blond doré , bouclés et frisés, au'u:ie maman, p eut-être un. peu trop faible, n'a– v ait jama is voulu couper. Voilà pourquoi on appela Pier– rot : Mademoiselle. La cloche sonna , h eureuse d '– v ers ion pour notre ami et, dans un roulement de galoches , tout le monde se précipita en class2. Tout se passa fort bien... jus– qu'à la récréation. Dès sa sortie de la salle, Pier– r ot se trouva escorté de d eux gardes du corps · qu'il n 'avait cer– tes pa s r é clamés ! Ces deux c1 cha rma nts >> compa~nons. Ber – nard et Lucien, rivalisaient d 'es– p r it. 11 Mademoiselle va-t-elle b!en? Cette class e a -t -elle intéressé :Ma– demoiselle ? Mademoiselle veut– elle que je lui fasse des n attes? D e t d es « Ma demoiselle D à n'en plus finir, accompa gnés de cour– b ettes qui eurent pour effe t d 'at– tirer autour d e notre a mi un nou– v eau groupe de curieux. Le p auvre Pierrot n e savait quelle conte na nce p rendre. Il a vait hor reur des b ata illes, et, d 'ailleu rs, que pouvait-il faire contre soixante garnements? Il prit mala droitement le parti.. d e pleurer! Alors ce fut une belle explosion de huées ! Des mou– choirs se t endi.rent, obligeants; et le grand Léon e ut un succès fou en se mettant, lui au ssi, à pleurer, les deux poings su·r l~s ye ux. Tout à coup, un nouveau per– ~onnage fendit le groupe, s'ap– procha d e Pier r ot et, s'adressant aux a utres : « Ça su ffit ! Au commencement ça alla it ! Ma is maintenan t vous voyez bie n qu'il pleure ! Vous n 'avez p as honte ! L a issez-le tran– quille! ou vous a u rez affaire à moi... » - Hou l hou! Jacques qui se m et à faire le chevalier ! - Hou! hou! Tu étais avec nous tout à l'heure ! Traître ! - Laissez-le, c'est peut-être sa nounou! - Ha ! ha! Nounou Jacques ! - Oui, c'est vrai, j'étais avec vous tout à l'heure . et je le re– g rette! Et maintenant je suis avec lu i '. Parce que vous êtes ies lâ– ch es! Le grand Léon, · harg neux, prit la parole; - Laisse-nous nous amu~er. Il n 'est pas en -sucre, ce gosse! D 'ail– leurs, ça lui fait le caractère. - Avant de cc faire le carac– tère ll des petits, tu ferais mieux de t'occuper du tien ! Grande brute. ~ Grande brute, grande brute ! Viens le dire ici ! - Oui, j'y viens ! Et je n'ai pas p eur de toi! J acques retroussa ses manches et fit trois pas en avant d'un air résolu ; mais il se sentit brusque– ment tiré en arrière. C'était Pierrot. - Non, je t'en prie, ne vous battez pas! Bernard ne ,\nit 1·n3 1w !,e1•.. 1/ ~·e.n/oncG de; µlu~ eu J l fl:J .. Jacques lut une telle supplica – tion dans les grands yeux bleus f!xés sur lui, qu'il se sentit tou– ché ; et, au risque de passer pour un a capon », il r ecula. D'ailleurs, p lusieurs petits et m ême quelques grnnds, ~nés pa.r son attitude, s'étaient: -détachés du groupe et s'é taient placés derrière lui. - Ça va ! fit Léon, on se re– trouv era! - Q uand tu voudra s !... Allez ! viens, toi! Comment t'appelles-tu? - P ierre... et toi ? - J a cques. Viens a vec moi et avec ceux qui veillent m e suivre. No us .allons jouer aux barres. La conria'ssance étai t faite. La main dans 1a main, les deux amis s'en allèrent jouer a u x barres... J acques Vieille éta it un gra nd garçon de treize ans, aussi grand et brun que Pierre é ta it p etit et blond. G énéreux par nature, il se portait instinctivement vers les plus faibles pour les soutenir et les défendre . Il était doué, par d essus le m arché. d'un cara ctère gai et rieur, ce qui lui p ermettait d e mettre à leur service à la fois sa force et sa bonne humeur ; il n'avait pas son pareil pour co n – sol er les nouveaux qui voyaient en lui p lus un grand frère qu'un simp lé ca ma rade. C'est ce qui arriva pour Pier – rot. Il s e pr it bientôt d 'affection pour son d éfenseur et r edevint le Pierrot enjoué et souria nt qu'il était autrefois. Mais hélas! Jacques n 'était pas taujo.urs là ! Et les <c Démonios », furieux de voir leu r victime s'é– chapper, jurèren t de se ven ger et Eie se bien venger. Bernard e t Léon organisèrent un plan de enmpagne. Un or d re du jour flc:mh! >ya.nt fut affiché au quartier génér al de la bande et la bataille commença. Pourquoi cette rage à s'achar– ner sur Pierre H azot? Parce qu'il êta it nouvea u et surtout parce qu'il était l'ami de Jacques. On voula it lui faire payer cher cette amit ié. Et puisqu'on ne pou– vait pas se battre ouvertement , o n a lla it se battre sourno1sement. On lui p ren ait ses a ffaires, pour les déposer ensuite dans le bu– r eau d'un camarade, qui, tout heureux de l'aubaine, i;efusait de les r endre. Pendant les jeux , Lucien ou un a utre s'approcha it sans bruit et, pa n ! un grand coup de pied dans une flaque! Voilà Pierre tout couvert de boue tandis que le coupable s'enfuyait en ricanant. Le soir, papa grondait; maman - qui a tant à faire avec les pe– tits frères - pren ait la pauvre blouse ·et la n ettoyait de son mieu x tandis que Pierrot... pleu– r ait dan s un coin. Et c'ét ait comme cela, d'un bout de la se– maine à l'autre, du !und: au jeudi et du jeudi a u lundi! Pauvre Pierrot. Un samedi, l'école partit en pro– m enade. On a lla it à Saint-Geoire, pour examiner le terrain, ·les arbres, les fleurs, oour faire une vérita– ble explorâtion, en somme. Bref, c'était une chic ballade ! Jacques et son ami marchaient l'un à côté de l'autre. Ils par– laient de leurs prov inces, chacun vantant la sienne et cherchant· à convaincre l'autre. L 'un décri– vait ses Ardennes avec ses forêts de sapins et ses petites vallées en caissées où murmure un tor– rent qui frétille. L'autre, en bon Savoyard, van– tait les Alpes n eigeuses et leurs verts pâturages. Juste derrière eux, tous les c< Démonios » d iscutaien t aussi, mais à en ju ger par leurs éclats de voix et leurs rires ironiau es. ce n'était p as le mêm e genre â e con– versat ion. On longeait un petit étang. as– sez profond, situé à quelque s mè– tr es en dessous de la route. Tout à coup, un cri, une glis– sade qui fait ébouler des pierres, le bruit sourd d 'une chute puis... floc !... C'est Bernard qui vient de tombe r à l'eau en voulant cueil– lir une fleur. n se débat ... Il pousse des cris perça nts pendant que ses camara– des, p a r alysés p ar la peur, hur– lent d 'épouvante sur le bord. Pierre et J a cques ont entendu. Ils se sont r etournés et ils ont tout de suite compris. L e premier, Pierrot a bondi, et l'on voit c1 Ma– demoiselle la fille D se déba rras– ser de sa blouse en m oins de temps qu'il n e faut p our le dire , p r e ndre son élan et faire un su – perbe plongeon d an s l'étang, suivi de près par son ami Jacques. Ils ont atteint le p au vre Ber– n ard qui s'enfonçait de plus en plus, et - ma intenant, ' ls le r amè– nent à la rive ju ste à tem ps pour que le maîtr e qui vient d'a r riv er le saisisse par le col de sa blouse et le r amène sur la route. Quant à Pierrot, il tomba ma– lade le soir mêm e. Son b ain gla – cé - l'ea u n 'est pas ch au de en mars - lui va lut une g rosse bron– ch ite. Mais on ne vit jamais meil– leurs garde-m alade s que Bern ard et J acques, les deu x ennemis ré– conciliés ! Ils se succédèr en t au ch evet de P ierrot. lui racontant des h istoires, faisant a vec lui d 'in – te rminables parties de dam es. A date r de ce jou r , on n'enten– d it plus parler de la bande des a Dé mo nios ». XYZ . s nou Iles de TINTIN----- ----. Nous ovons reçu d es nouvelles de T intin ! Pas du désert où il étoit aux prises avec le mystère de l'Or noir : non lies comp~icotions interna tio na les interdise<it toute d ivulgation sur çe g enre d'événements ) , mois d'un iieu mysté rieux où il se repose de ses avent ures et où , décidés à fo ire l' impossible pour le re trouve r, n-OUS avo ns réussi à pouvoir le re jo indre . T rès touché d e vous savoir si impatie nts de le revoir., Tint in a bien voulu nous conf ier pour vous le récit d ' une de ses plus .,;f' .fÎes e t plu s pass·onna ntes aventûres... Ce récit ·commence ra b ien tôt, dons... Ma is chu t ! ceci est 12ncore un secret ... .••LA FABRICATION D'UNE BICYCLETTE électrique qui décompose des sels métalliques. , l es objets sont ens:.iite lo– vés puis polis ovec des dis ques de feutre. l e mécani– cien, en possession de tous les a ccessoires, commence par monter le pédalier, puis fixer les pneus et les cham – bres à air, et à les gonfler, naturellement. Peut-être, si tu te sens du goùt pour la mécanique, ocu rras- tu un iol.lr f abriQuer, toi aussi, de beaux vélo' si utiles en ces temps d ifflcttes : l ooùt 1940. La nuit est de feu. Tout dort à bord de 1' Angle-Saxon.. C'est une façon de pa rler d'ailleurs, cor, à bord d'un navire, les hommes ne donnent jam ais tous à Io f ois. Lo v1 1e de Quart veille, l'homme de la barre vc .llc et aussi, cc soir, le capit aine, à qui son fla ir de vieu marin o fait pressentir le danger Le danger est là, précisémen é, tout près, quelque part à i .000 milles à l'ouest des Açores, dons cette région de l'océan à travers loquelle bourlingue le navire marchand. Ce donger s'appel le Croiseur Veser, il be• pavillon a llemand. L'Ançilo-Soxun, lui, bat pavillon britannique. Et cela suffit à rendre Je drame inévitable. Il s'est p roduit brutalement, si vite qu'on ne saurait dire au juste ce qui s'est passé la torpille, la tôle du cargo déchiquetée, la course affolée des hommes - ceux qui survivent à l'affreux choc - la descente vertigineuse du canot de souvetage vers Io mer... quelque' minutes, quelques secondes peut-être... Des h omm es se sont em parés des a v irons A chaque coup de rames, l'un d'eux gémit. C'est Spark. Il est blessé grièvement. Dons un effort surhumoin, il s'est ottelé à Io tâche la plus urg ente qagner le laroe, s'éloigner du navire que l'eau. dans un instant, va absorber .D Le peti t jour. On se voit à peine, assez cepen– dant pour se co-npter. 11 n'y a là que deux ê tres vc 'ides, deux êtres qu'a épargnés le f er meurher de Jo torpille : Roy Widdicombe, le mécanicien, 24 ans, et un adolescent, même pas, un enfant de 13 ans, Toopscot, le mousse. Les au tres ont tous été touchés, plus ou moins sérieusem ent En vain Widdicombe a fou illé les coffres du canot. Ils sont ga rnis de prov isions - By God ! c'est une ch ance ! - mois ne contiennen t pas Io moindre p harmacie de secours. On ne peut p ourtant p as lai~ser exposées à l'air corrosif de la mer les ploies à vif des blessés. Sons hésiter. le petit Toppscot a retiré sa chemise. l'o d échirée en fines lanières. D'u ne ma in qui s'efforce de ne pas trembler, il emrnaillotte les iambes déchiquetées, les doiats arrachés. De– m ain , ce sera le tour de Widdicom be de socri- CHEF n•É_QiUPE Lo nuit est venue .)tir les m oisons, dont toutes les lum<ères s'éteigner.t une à une. Dans Io chambre qu'rl portage avec ses frères, Jeon– François a peine s'endormir. Tondis qu'il est Io, bien tranquille, que fait Louis ' Souffre-t-il un peu moins, ou bien, ou contraire?... Tout à l'heure, quand le chef d'équipe, a quitt.;, après une de;nière visite, Io m aison de son am i, 11 est passé prës de deux voisines qui cousaient sur le pas de leur porte et, dist inctem ent, une terrible phrase est parvenue jusqu'à lui " D'un m o me nt à t'outre, il fout s'attendre ô la d er– nière heure... u Lo dernière heure ? N on, non. ce n'est pas possible.. Et les prières du chef d'équipe se font. dans l'ombre, de plus en plus des chefs. Entre équipes, n'est-ce pas. on ne tait tous qu'une seule et môme famille... Trois joL1rs ont passé. Aux alentours de Io Chrétien1é, grande effervescence. Quarante mi– nutes ovont l'heu re habituelle, des garçons en grand unrformc franchissent dejà la porte de la cour, tandis qu'o l'intérieur, un remue-ménage indcscriptrble ameute tous les échos des vieux murs. Les bruits étranaes qui, depuis deux jours, éto notent déjà le voisinage, 5e sont omplrfiés d'heure en heure : chants de Joutes s? rtcs, commandements brefs, coups de marteau, ollée:s et venues s'c: i trecroiscnt en un magni– f 1<iue chori·1ori. Et Si 1ous entre~ dons la cour, c'P>t prrc encore. Le mât d'honneur se dresse 'on linge pour le même usage. Mini. le soleil est jusle au · dessus du canot qui dérive. Il n'y a plus une seule ombre sur Io mer, pas même ce lle, étroite e t co urte. des avirons. D'un commun ac– cord, on les a posés. A q uo i bon ramer 1 Lo 1erre est loin. les vivres limités, les forces défail la ntes dé jà . Inexorable, le solei l ta pe sur les nuques. applique sur les têtes dé nudées sa ma in de feu . Ce n'est pourtont que le pre mier jour de cet enfer. Il durera une gra nde sema ine. 0 28 ooüt. Ils ne sont plus que trois sur Io petite barque errante. Le soleil a achevé sur les autres son œuvre de m ort 1ls n'ont pu résister à sa brûlure affolante. !Js on t perdu la rqison , leur délire t ragique s'est terminé dons l'eau qu i ne les a p as rendus. Seuls, Spark Widdicombe et le mousse ont tenu le coup. Ils n'ont plus rien à _craindre de la ch aleur ma intenant, n i des rayons meurtriers. Le jour s'est levé ce mat in sur u ne mer sole qlle coiffe un ciel barbouillé. Lo fraîcheur Jes a dégrisés d'abord. Maintenant, ils grelottent, le b lessé surtou t, en qui Io f ièvre b at comme une pendµ le. Et brusquement, c'est la tem ête que le vent Q soulevée sons p récaution. La masse lisse et apparemment immobile de Io mer s'est tra ns– formée en un chom;') que laboure une invisible et rageuse charrue. · Autre martyre pou r les rescapés : deux jours et deux nuits de ce sombre enfer, après l'enfer incandescent du début... Une lutte acharnée contre l'attaque pressante des vogues.. DES chutes vertrgineuses dons les gouffres tout à ardentes. Cet te dern ière heure qui menace, il faut.. . il faut absolument qu'elle change de sens et que, demain , un grand espoir de- gué– rison fasse reculer, bien loin dons le pcssé, la dernière heure d'angoisse de la terrible molad1~. Et voici le Vendredi-Saint. trois heures. A tra– vers le monde p asse, solennelle et émouvontê Io gronde m inute de Io Rédempt ion. Et parce que tous les Cœurs Vaillants de Fronce ont réalisé Jeur mogn;f ique compagne, un même élan de ferveur et de recueillement unit. à travers tout le pays, des milliers de cœurs. Dons la chambre oli Louis lutte toujours contre la mqrt, un petit, tout petit groupe s'est formé au pied de l'aff iche, et du cœur d'une maman au milieu d'un impeccable rectangle dessiné à la choux, par terre. Au fond, une estrade déco– rée de branches de SO')in supporte un énorme chevalet sur lequel trôn<> une immense carie d 'ascension. Trois chefs d 'équipe sont debou t ~ur cet 1<> estrade, ré9étont une d<>rnière fois I<> rapport qu'ils vont lrre, tout à l'heure, en oublie. Dans quel(!ues minutes, Io Chréticntl St-Jean fêtera, au milie" de l'enthousiasme général, le résultat triomn· a l de son asccns:on. 11 y a plusieurs jours que )es gars prépara'ent cette fête, p lusieurs jours < ussi qu'ils en rêvent , olusicurs jours aussi ...!u 'il( en 1Jorlcnt partou t <qur donc a pu dire que le fi lles, seules, étaient bavardes ? J tant et si bien que 1·out le bourg coup c reusés, d 'où le cano t n'est remo nté cho– que fo is que pa r un nouveau mirac le. 30 août. Lo tempêle s'est co lmée. lt fai1 maintenant moyen. plulôt beou el assez doux. On va pouvoir vivre e nf in. O ui; ma is pa s d u tout. Spa rk, qui a gonise depuis plu· sieurs heures s'est éte int enlre les bras é plorés de ses compa gnons. - Tu diras la prière des merls, mousse . D'instinct W iddicombe a ch0isi l'enfa nt, olus près de Dieu que lui sons doute, pour rendre au ma telot, le d ern ier, le plus pieux de taus les devoirs. La voix du petit Toppscot s'est élevée, grave et t remblante sous le ciel. EV, dons Io grande tombe qu'il n'est p as besoin d'e creuser, le corps d u m alheureux a gl issé. A qu i le tour m ain tenant ? 1O septembre La situation des deux rescopés est inchangée ; ou plutôt elle s'est aggravée. Des vivres restent dons un des co ffres, mois la provision d'eau est tarie depuis quelques heures. Tout d evien t ;.iou r ces deux êtres anémiés un effort crucifiant. Tout d oucement ils commencent à d élirer à leur tou r ; m ois le dél re chez eux rest·e doux et patient. D ler octobre. Ce calva ire n'est donc pas f ini? Non. Ni près de finir. 11 o plu. Avidement , W1ddicombe et Tappscot ont recueilli l'eou salva trice. Désa ltérés, ils ont retroL1vé assez de force pour consti tuer une pet ite réserve d 'eau. 1 ls resten t étendus poL1r ménager leurs forces, sons p arler aussi. Que dire d'a illeurs ? Au début , ils d évora ient du regard l'horizon d'où f.louva it venir le sa lut. Aujourd'hui, ils n'ont ·plus la force de croire ou salut, ni de en larrl"'eS, monte ardemment cet te courte prière ~ Saint e V ierÇJe Marie, vous qui savez ce que c'est a yez p it ié de mon pet it... Les cloches de Pàcues sonnent maintenant don.; le matrn clo.r. Le soleil triompha l de la Résur– red.on est venu tout illuminer de sa grande espérance. Par le vol<>! à demi ouvert, il joue c;ut · le li t où se penche Jeon-Frônçois. Louis porait un peu plus calme ce matin. Contrai– rement aux sombres pronostics de l'au tre soir. Io maladie n'a pas empiré, on dirait même qu'il y a un léger mieux De ·ret our eu groupe, Jean-François harangue avec force son équipe : u Fout cont inue r à e n mettre ur, coup, les gars, je crois qu ' on l'aura... u Et les gars con- en est in form é et qu'au moment où, dans un îm'?ressionnont silence, les couleurs montent ou mât d'honncL1r 1 b ien des têtes se mettent aux fenêtres tout outour de la Chrétienté. Il y a •nêm c, dons le p et i t chem in qui borde Io cour riu cô1é des champs \vous savez, cc petit che– m in où ne passe !Jresque jamais personne }, ;1 y o même une silhouette immobile qui s'aplatit contre Io palissade pour <>ssoyer de voir c qui ce passe à l'intérieur. Cctt·e silhoucUc, ·QOI dons-la donc d'un oeu 9lus près : chcvc .~ rOLr<, cosqr.1ette de t ravers, chm.1sscttes qu i t ombenl , c'est.. mais ou· c'est Raouj.. Raol'I que 10llS les t-vP.11cmc1 "s de ces 1ours den 11 rs bor ~vcrsen t plus qu'il ne veut se l'ov •.1.r lu1-ml· 1e , surveiller son passage. lls ne sont pas décou– ragés pourtant . Quand le mécanicien reste prostré trop lon9temps, l'enfant lui adresse quelqu es mot s pleins d e vaillance q ui glissen t sur l'âme torturée de l'hom me comme un baum e ton if iant . M ois si la volonté t ient en core ch ez eux, le corps est à bout, tout couvert d'ulcères. 0 Le 26 octobre, Tappscot, qui vient de sou– lever péniblement sa pauvre tête à la fois si lourde et si légère, pousse un cri. Là, à bobard, pour Ja première fois depuis deux mois, une silhouette s'est dessinée sur l'hori zon. C'est un na v ire, mieux, un nav ire anglais. Vaillamment le petit mousse a essayé de se lever. Peine inutile, effort oerdu. Pour 1.m gros cargo pressé d'achever un voyage en ces 1emps si dongereux, le petit ca not n'est qu'un point impercept ib le et san s intérêt q u'on ne s'a t tarde pas à examiner. De nouveau Io mer est v ide et l'horizon désert. Les deux rescopés sont si épuisés qu"ils n'ont même p as Io force de souf frir cruellement de leur déception. Sans une plainte, ils sont retombés dans Jeur torpeur délirante. 30 octobre. Il tai t nuit pour la 64' fois depuis que 1' < Angle-Saxon • a trouvé en quel– ques secondes Io mort. Une lueur a frappé les regards éteints du jeune 9orçon. Est-ce une étoile ? Les étoiles sont, chocun le sa it, le symbole de l'espérance. - Un phare, Widdicombe ! Un pha re... Io terre... Par quel prodige sur– hL1moin l'homme e t l'enfant ont- ils réussi à reprendre les avirons ? 1 ls sera ient incapables de le dire. Ils ont agi comme dons un rêve jusqu'à ce que l'embarcation se soit échouée sur une plage, où des pêcheurs les ont trouvés évanouis ou pet it jour, sauvés par leu r force d'âme. Le dern ier acte de ce drame se passait à l'automne dernier, près du phare d'Elenthère, aux iles Bokamas. Claude Falaise. La e:rruèr e xe. t inuen t .. Lo compagne pascale est f in ie, mois qui oserait penser Qu'il n 'y a plus rien à f oire, plus rien à offri r ? Comme si un Cœur Vaillant . pouvait se trouver embarrassé sur cc chapitre– là ! Aussi, quand Jeon-François arrive, le jeudi mat in , ou loco l, pour un conseil des Chef s, c'est d'un air radieux qu'il att ire Daniel dans un co in : u Ils en metten t un coup, m es gors, tu sa is. Et ic v iens de p asser chez louis, le docte u r o dit q ue si l'accoltn ic se prolongeait, dans deu ~ ou trois jours, il n'y a urait plus de danger immédiat... " Alors Daniel a SQrré très fort la moin de Jean-Fronçois, tandis que M. Pierre fa isoit réciter pour Louis Io prière Raoul qui, décidément, ne peut empêcher la pensee des Cœurs Vaillants de hant<'r son esprit et qui, ce soir- là , n 'a p as pu résio;tcr au désir impérreux de savoir en quoi pouvai t bien consister cette farneusc féte. L'oreille collée aux planches, le chef de Io bande des XxX ne perd pas un mot du d is".:ours que prononce là-hout, sur l'estrade, un gorçon comme lui. Il est si attentif qu'il n'a oas entendu le pas lourd que l'herbe, d6iil épaisse, étou ffe à demi Tout à coup, une ombre se profile sur Io pal is– scdc et, avant que Raoul a it pu esquisser le moindre geste de d61.nse, L•nc main brutale s'abat sur son épaule . (A suivre.) Jean Bernard.

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